Il est devenu très courant d’observer un groupe de personnes assises ensemble, sans rien avoir en commun. Chacun s'entretient avec un partenaire lointain sur son téléphone. Cette attitude constitue une rupture anthropologique par rapport aux bonnes manières reçues des parents. Ces bonnes manières consistaient à prêter attention à la personne présente. Une expérience grandeur nature avait été menée en Angleterre. Dans une famille de quatre adolescents accros aux réseaux sociaux ; on a fait venir une famille amie. Curieusement, les enfants ne se sont même pas aperçus de la présence de leurs amis jusqu'à leur départ. D’où la question éthique de savoir qui est mon prochain? Est-ce celui qui se trouve au bout du fil avec qui je cause ou celui qui est présent géographiquement à mes côtés ?
L'histoire du bon samaritain reprise dans la bible incite à se poser une question fondamentale: qui est finalement mon prochain?
L'histoire du Bon Samaritain est une parabole racontée par Jésus dans l'Évangile selon Luc (Luc 10:25-37). Elle raconte comment un homme, attaqué et laissé pour mort sur le chemin de Jéricho, fut secouru par un Samaritain. Alors que deux autres personnes, un prêtre et un lévite, l'avaient ignoré.
Voici le récit détaillé :
Un homme, probablement un voyageur juif, est attaqué par des bandits, dépouillé, battu et laissé à moitié mort sur le bord de la route entre Jérusalem et Jéricho.
Un prêtre juif, voyant l'homme blessé, passa de l'autre côté de la route et l'ignora.
Un lévite, un autre homme religieux, fit de même.
Un Samaritain, membre d'un groupe ethnique souvent méprisé par les Juifs, passa par là. Il fut ému de compassion en voyant l'homme blessé.
Le Samaritain soigna ses blessures, l'emporta sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui.
Le lendemain, le Samaritain donna de l'argent à l'aubergiste, lui demandant de continuer à prendre soin de l'homme. Il promit de rembourser tous les frais supplémentaires.
Jésus posa ensuite la question à un enseignant de la Loi : « Lequel de ces trois, à ton avis, a été le prochain de l'homme attaqué par les brigands ? » L'enseignant répondit : « C'est celui qui a eu compassion de lui ».
Jésus conclut : « Va, et toi, fais de même ».
Qui est donc mon prochain? Celui avec qui je suis assis face à face ou celui qui fait partie de mes “amis” sur les réseaux sociaux et avec qui je “chatte” ?
Dans les sociétés prémodernes, les relations se faisaient face à face. Aujourd’hui, on peut former un groupe sur les réseaux sociaux sans devoir faire quoi que ce soit ensemble. A force de ne plus rien avoir à faire ensemble, c’est la société qui se défait, surtout quand, comme aujourd’hui, elle est soumise à la logique de l’accumulation capitaliste. La grande différence entre ce que nous étions et ce que nous sommes aujourd’hui, sous la domination totale par le capitalisme, c’est que nous produisions pour reproduire la communauté. On allait à la chasse pour chercher les gibiers que l’on allait manger à la maison avec les voisins. Aujourd’hui lorsque le chasseur trouve un gibier, il le vend, quitte à se nourrir du pondu à la maison. L’économie était au service de la survie de la communauté, c’est d’ailleurs l’origine même du mot dans sa version grecque oikos, le management de la maisonnette. On produit pour reproduire la communauté. Le plus important ce sont liens sociaux et l’économie servait à reproduire ces liens sociaux. C’est cela que Marx appelle, dans un vocabulaire spécial, la valeur d’usage. Je prépare le foufou pour nourrir ma famille et la garder ainsi en vie. Aujourd’hui, la société est soumise à la logique productive et accumulative capitaliste. On produit pour vendre, pour accumuler davantage. L’économie s’est détachée de la société. Ce qui est devenu central dans nos sociétés aujourd’hui, ce ne sont pas les relations de complémentarités entre les hommes en tant qu’êtres sociaux, ce sont plutôt les rapports d’échange de marchandises. Nous avions des relations qualitatives interhumaines. Elles sont aujourd’hui remplacées par des rapports d’échanges subordonnés à la logique purement quantitative d’accumulation.
L'économie s’est autonomisée et a pris congé de la société qu’elle était sensée reproduire. Il en est de même de l’économie numérique. Elle disloque les relations sociales autant que les activités humaines. Qu’ai-je encore en commun avec la personne qui est assise à côté de moi, qui ne m’adresse pas la parole, mais qui cause avec une autre personne à mille miles du lieu ? Est-ce vraiment mon prochain ? Il est évidemment le prochain géographique, mais le capital qui fournit les téléphones impose un autre type de relation à l'autrui géographique. En fait, le téléphone détruit les rapports sociaux de proximité en faveur d’un ailleurs impersonnels. Le face à face prémoderne avait l’avantage de voir l’autre en face, de le sentir et de communier avec ses désirs et son regard dans une volupté infinie du désir. L’intermédiation numérique ou téléphonique a défait ces types de rapports. La vente et les avancées dans la production des téléphones ont pour but de détruire définitivement les liens avec le prochain géographique. Elles sont dans la logique d’une production qui détruit la communauté pour construire le marché. On ne produit plus pour reproduire la communauté, mais pour le marché. L’économie s’est éloignée de la communauté dans laquelle elle est née et pour laquelle elle a été conçue.
Karl Marx nous dit que le capitalisme va mourir comme il est né. Les hommes et les femmes ont en propres et en exclusivité, le désir infini d’amour et de présence physique. Comme l'illustre ces deux danseurs fortuits. Un soir, sur l’avenue Logec, leurs regards se sont croisés au cours d'une partie de danse, lors d’une fête. Cette proximité humaine, la sensation de sentir et de toucher l'autre, pas virtuellement, mais physiquement, le fait de se rapprocher, etc., ont conduit ces deux danseurs à se dire finalement “oui” à jamais. Le capital ne saura jamais détruire cela. Les humains demeurent des êtres d’amour et de désir infini de volupté. Le capital peut tout avaler sauf cet amour qui nous est propre en tant qu’humains.
Il y a des gens qui s’aiment sur les réseaux sociaux, c’est encore la marchandisation de l’amour qui est une sphère particulière non-marchandisable, non-monnayable et non appropriable. L’amour appartient à ce que nous sommes fondamentalement: il est notre ipséité. Le capital ne saura jamais le briser complémentent. C’est la vielle taupe dont parle Marx, et qui surgit toujours. Il ne meurt jamais. Il est la sotériologie humaine face au capital envahissant. Il nous rappelle que le prochain géographique est la condition humaine d’amour et de volupté.
(Par Bikelebieto Wata Félix, Universitaire, Diplômé en Histoire ancienne et contemporaine, Consultant en Economie forestière & Développement durable)
Les plus optimistes parmi les Congolais l’attendaient comme une panacée mais aussitôt publié l’accord censé stabiliser l’Est de la RDC et le tirer des griffes des prédateurs tapis dans l’ombre, n’en finit pas d’alimenter les polémiques et controverses les unes aussi virulentes que les autres. L’opinion congolaise avait pris date pour mi-juin et tous les regards étaient tournés vers le pays de l’Oncle Sam où se jouait le destin de leur pays, ce géant d’Afrique centrale.
L’annonce a finalement été faite par le Département d’État américain : Les experts gouvernementaux de la République démocratique du Congo et du Rwanda ont paraphé mercredi 18 juin à Washington en présence de la sous-secrétaire américaine aux affaires politiques, Allison Hooker, le texte du futur accord de paix entre les deux pays en conflit armé.
L’accord, qui sera signé lors d’une réunion ministérielle le 27 juin, a-t-on appris, s’articule en plusieurs axes majeurs pouvant se résumer en « 1. Cessation des hostilités, fin des combats ; 2. Mise en place d'un mécanisme conjoint de coordination sécuritaire opérationnel dans les 30 jours après la signature de l’accord avec pour missions : identifier, localiser et neutraliser les éléments armés des FDL; les deux parties doivent coopérer pour vaincre ce groupe armé et leurs affiliés ; 3. Le texte évoque aussi la nécessité de continuer les négociations entre le gouvernement congolais et l'AFC/M23 avec la participation de ce groupe à un dialogue inter congolais ; changement notable le document publié ne fait plus état des préalables antérieurement évoqués par les deux parties ; 4. Sur le plan économique Kinshasa et Kigali s'accordent à lancer ou étendre leur coopération : objectif sécuriser les chaines d'approvisionnement en minerais et mettre en place des chaines de valeur transparentes et formalisées en partenariats si nécessaire avec les USA et les investisseurs américains ; 5. Enfin la signature de l'accord ne réunira pas uniquement les présidents Felix Tshisekedi, Paul Kagame et Donald Trump mais un sommet plus large ouvert à d'autres chefs d'Etats africains comme témoins ou garants….. ».
D’autres dispositions annexes relatives notamment à l’intégrité territoriale, au désengagement, au désarmement et à l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatique, le retour des réfugiés et des personnes déplacées internes, l’accès humanitaire, ainsi qu’un cadre pour l’intégration économique régionale renforcé méritent d’être mentionnés.
Le Qatar, engagé dans une démarche parallèle de facilitation avec les États-Unis, a pris part aux discussions afin d’assurer une coordination harmonieuse entre les deux initiatives diplomatiques.
Ce processus complexe et délicat, amorcé par la signature d’une déclaration de principes le 25 avril dernier, a connu une avancée significative grâce à trois jours de discussions approfondies et constructives.
Si la signature attendue de cet accord démontre à suffisance que les efforts diplomatiques en faveur de la paix et de la stabilité dans la région des Grands Lacs viennent de franchir un palier décisif, il n’en demeure pas moins vrai qu’il suscite de nombreuses controverses et interrogations au sein de l’opinion congolaise visiblement très divisée.
Spécialiste en Histoire ancienne et contemporaine, nous nous livrons à un exercice critique d’éclairage stratégique rigoureux mettant en évidence les failles, les non-dits et les enjeux géopolitiques autour des cinq points que voici :
1. Sur la “cessation des hostilités” : un langage creux sans engagements clairs
L’expression « cessation des hostilités » et « fin des combats » est une formulation diplomatique générique qui masque l’absence d’exigence concrète et vérifiable : aucune mention explicite du retrait des troupes rwandaises (RDF) des zones occupées dans l’Est du Congo, notamment à Rutshuru, Bunagana ou Masisi et moins encore dans quel timing sans non plus évoquer le mécanisme de monitoring sur le terrain.
Cela ouvre la voie à un statu quo militaire sous couvert d’un cessez-le-feu : un gel du conflit favorable au Rwanda, consolidant ses gains territoriaux et son influence.
Observation critique : Ce silence tactique sur les détails du retrait militaire dénote une volonté de légitimer de facto et prolonger une présence armée étrangère compromettante sur le sol congolais. C’est une concession majeure, dangereuse pour la souveraineté nationale.
2. Le “mécanisme conjoint” contre les FDLR : le faux prétexte réchauffé
Bis repetita. L’idée d’un « mécanisme conjoint de coordination sécuritaire » avec mission de neutraliser les FDLR est une redite des processus de 2009 (Accords de Nairobi et de Goma). Ce narratif sécuritaire autour des FDLR a toujours servi de paravent à l’interventionnisme rwandais. La nouveauté n’est que formelle.
Failles principales :
L'identification et la localisation des FDLR sont connues depuis longtemps et avaient été circonscrites. En son temps en 2009, l’armée rwandaise avait été autorisée d’entrer sur le territoire congolais et y avait réalisé des opérations de nettoyage des poches de FDLR. Toute menace d’envergure semble avoir été écartée. Dans l’hypothèse où subsisteraient des poches résiduelles, celles-ci constituent désormais un prétexte plus qu’un acteur réel de déstabilisation contre le Rwanda.
Question essentielle : Qu’est-ce qui expliquerait le traitement asymétrique sur la question des groupes armés ? Pourquoi en territoire congolais dans le cas de groupes pro-rwandais comme le M23, on insiste sur la nécessité de dialoguer avec leur possible intégration conditionnelle au sein de l’armée congolaise sans par exemple parler de leur éradication ou accorder le droit de poursuite à l’armée congolaise en cas de repli dans des bases arrière situées dans les pays voisins ?
A contrario, pourquoi se focaliser uniquement sur l’éradication des FDLR dont personne ne détient formellement les preuves d’existence avérée alors que les agressions évidentes les plus récentes et la déstabilisation avérée d’un pays, la RDC dans le cas d’espèce, sont clairement attribuées à l’AFC/M23 qui visiblement bénéficient d’un traitement de faveur ?
3. Dialogue intercongolais avec AFC/M23 : une légitimation politique camouflée
Faire participer l’AFC/M23 au dialogue national revient à blanchir un groupe armé responsable de massacres et de déplacements massifs de civils. Le texte de l’accord semble installer une symétrie politique entre un gouvernement légitime et une rébellion armée instrumentalisée par Kigali, ce qui pourrait déstabiliser davantage le jeu politique congolais en créant des précédents.
Danger sous-jacent : cela ouvre la porte à la future intégration des cadres de l’AFC/M23 dans les institutions (armée, gouvernement), un scénario déjà vu après les accords du CNDP/M23 de 2009–2013 avec les conséquences désastreuses que l’on connaît.
Peut-on s’étonner de la position du Prix Nobel Dr Mukwege qui dénonce un accord marqué par le sceau de l’impunité ? A en croire la clameur publique, ces critiques semblent rencontrer l’assentiment de Congolais dans leur majorité écrasante.
Visiblement, au regard des zones d’ombre qu’elle laisse entrevoir et de nombreuses interrogations qu’elle suscite, si l’on n’y prend garde, cette mouture d’accord préliminaire ressemblerait au cautère sur jambe de bois.
En effet, que peut-on construire de solide en faisant clairement l’impasse sur l’agression du territoire congolais, le soutien du Rwanda au M23, ou sur l’absence de justice pour les crimes commis dans l’Est de la RDC ?
Un accord qui passe sous silence les massacres de masse à grande échelle, les viols de masse, les millions de déplacés peut-il être viable ?
Peut-on construire une paix solide sur pied d’un accord qui a vocation à blanchir les crimes du passé au bénéfice d’une paix fragile fondée sur la cogestion de nos ressources minérales, nos parcs nationaux avec en prime aucune sanction sur la responsabilité du Rwanda au sujet de plus 12 millions de morts Congolais ?
Quid de la Résolution 2773 du Conseil des Nations Unies qui exige le retrait immédiat des troupes rwandaises du territoire congolais presque laissé dans les tiroirs ?
4. Coopération économique “USA-compatible” : sécurité ou mainmise sur les ressources ?
L’objectif affiché de « sécuriser les chaînes d’approvisionnement en minerais » et d'établir des chaînes de valeur transparentes est présenté comme un progrès. Mais dans les faits, cela entérine une forme de tutelle économique partagée entre Kigali et Kinshasa sous le parrainage des États-Unis.
Problème majeur : dans un contexte d’occupation militaire de facto, parler de coopération économique est une manière d’officialiser le pillage sous forme “légalisée”, sous couvert de rationalisation du commerce des minerais stratégiques.
Point d’alerte : cette approche néglige la souveraineté économique congolaise, qui se voit externalisée au profit de multinationales américaines et d’un partenaire agresseur.
Clairement, les Américains n’ont qu’exhumer la vieille recette Sarkozyenne du 17 février 2009 soutenue devant le Parlement basé sur la mutualisation des espaces et des richesses de la RDC avec le Rwanda.
5. Sommet élargi avec garants africains : la stratégie de dilution de responsabilité
Faire intervenir d'autres chefs d'État africains comme “garants” a pour but de donner à l’accord une légitimité politique régionale, mais cela dilue aussi la responsabilité directe du Rwanda. Le danger ici est de transformer un conflit d’agression en crise régionale multiforme, avec des garants qui auront peu de pouvoir contraignant.
Critique centrale : cela sert aussi à désamorcer les critiques internes en RDC, en présentant l’accord comme validé par l’Afrique. Une imposition diplomatique camouflée en initiative consensuelle.
Conclusion : Accord de paix ou capitulation géostratégique ?
Ce projet d’accord, s’il se matérialise tel qu’il est esquissé, ressemble moins à un traité de paix qu’à une manœuvre diplomatique d’endiguement, où la RDC accepte des pertes géostratégiques majeures (justice, ressources, souveraineté) contre des promesses de stabilité sécuritaire et de gains économiques incertains.
La critique principale est l’absence de contreparties concrètes du côté rwandais et la reconduction de schémas ayant échoué par le passé. A plusieurs égards, il apparait sans l’ombre d’aucun doute que tout semble ficelé pour protéger Kigali qui a longtemps joué le rôle d’un proxy fidèle.
Côté congolais, il est urgent d’injecter une mémoire historique et une lecture stratégique critique dans les cercles de négociateurs congolais pour éviter les erreurs du passé.
Kinshasa, 23 juin 2025."Jadis pays d’espoir, aujourd’hui prison des rêves brisés". La République Démocratique du Congo, ce vaste territoire au cœur de l’Afrique, célèbre ce 30 juin 2025, 65 ans d’accession à la souveraineté internationale. Un moment qui, dans un pays normal, aurait été celui du bilan glorieux, de la fierté partagée, de la projection vers un avenir rayonnant. Mais en RDC, cette date est devenue un rappel douloureux d’un gâchis historique, un triste anniversaire d’un peuple trahi, d’un destin saboté.
Un Etat sans Etat : La faillite politique organisée
Depuis 1960, la RDC n’a cessé de naviguer dans les eaux troubles d’une gouvernance prébendière. À l’exception de quelques sursauts patriotiques vite étouffés, la classe politique congolaise a pris l’indépendance non pas comme une mission, mais comme une opportunité d’enrichissement personnel. Le pouvoir est devenu un butin, et non un service. Les élections sont devenues un théâtre de manipulations, les institutions des coquilles vides, les lois des armes de neutralisation politique. La méritocratie est piétinée, les compétences sacrifiées, l’intelligence bannie.
Un pays riche, un peuple misérable : Le scandale économique permanent
La RDC est assise sur des montagnes d’or, de coltan, de cobalt, de pétrole, de terres fertiles et d’eau douce. Mais paradoxalement, plus de 70 % de sa population vit avec moins de 2 dollars par jour, sans électricité, sans soins médicaux, sans accès à l’eau potable. Où sont passées nos richesses ? Elles sont parties dans les poches d’élites corrompues, dans les circuits opaques des multinationales prédatrices, dans les paradis fiscaux. Le pillage des ressources est systémique, planifié et exécuté avec la complicité des gouvernants successifs. La dilapidation des deniers publics est un sport national.
12 millions de morts : Un génocide oublié
Le silence complice des autorités face à l’un des conflits les plus meurtriers depuis la Seconde Guerre mondiale plus de 12 millions de morts selon certaines sources est une insulte à l’humanité. Des villages entiers rayés de la carte, des femmes violées par milliers, des enfants enrôlés de force… Et pourtant, aucune justice, aucune reconnaissance officielle, aucune réparation. Au contraire, les bourreaux sont parfois promus. L’impunité est la règle, la justice une exception.
La haine et le tribalisme : Cancer de la République
Au lieu de construire une nation unie, les discours de haine et les manipulations tribales ont été institutionnalisés. La politique congolaise est devenue une arène où l’appartenance ethnique prime sur le mérite, où la division est un levier de pouvoir. Les autorités actuelles sont-elles conscientes de cette honte nationale ? Comment peut-on prétendre diriger un pays qu’on contribue à diviser ? Comment dormir tranquille pendant que des populations entières sont abandonnées à la misère, aux balles et à la boue ?
Diplomatie d’impuissance et souveraineté factice
On nous a dit que nous sommes indépendants. Mais les prix de nos minerais sont fixés ailleurs, les décisions stratégiques se prennent à Washington, à Bruxelles, à Pékin ou à Doha, parfois sans même informer le peuple congolais. La RDC n’a ni armée réellement républicaine, ni banque centrale forte, ni industrie stratégique. Notre diplomatie est souvent de façade, naviguant entre dépendance économique et humiliation internationale.
Ecoles sans bancs, hôpitaux sans médicaments : Le drame social
Après 65 ans, nos écoles tombent en ruine, nos hôpitaux sont des mouroirs, nos routes sont des pièges à mort. Les jeunes fuient le pays ou sombrent dans le désespoir. L’éducation est sinistrée, la santé agonise, l’emploi est un mirage. Quel pays lègue-t-on aux générations futures? Peut-on parler de progrès quand les Congolais n’ont toujours pas accès aux besoins sociaux de base ?
Interpellation forte : À l’élite politique et à la jeunesse
Le peuple congolais n’a jamais manqué de courage ni de résilience. Ce qu’il lui manque, c’est une élite véritablement au service du bien commun. À vous, dirigeants d’hier et d’aujourd’hui :
2. Vous avez trahi le peuple. Il est encore temps de réparer. De démissionner si vous êtes incapables. D’écouter si vous êtes sincères. D’agir si vous êtes patriotes.
À vous, jeunesse congolaise : Ne vous laissez plus berner. Refusez la manipulation. Exigez des comptes. Refusez d’être les soldats de la haine, les otages du tribalisme. Reprenez la RDC. C’est votre pays. Soyez le centenaire du redressement, pas celui de la honte.
Bâtir l’avenir, c’est maintenant
À 65 ans, la RDC ne peut plus se permettre des excuses. L’heure n’est plus aux bilans tièdes ni aux célébrations folkloriques. Il faut une réforme en profondeur de l’État, une moralisation de la vie publique, une révolution de la conscience. Si nous voulons que le centenaire de l’indépendance en 2060 soit célébré avec dignité, le changement doit commencer maintenant. Rien n’est plus fort qu’un peuple debout et conscient de sa dignité.
« Quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre. » Proverbe africain
Indépendance ou imposture nationale ?
Kinshasa, 20 juin 2025.A l'aube du 30 juin, que fêtons-nous réellement ? Une indépendance devenue un rituel sans impact, une cérémonie folklorique dans un pays à genoux, pillé, humilié, gouverné par une classe politique atypique et insensible à la souffrance de ses citoyens depuis 1960. Depuis des décennies, les mêmes visages, les mêmes promesses, les mêmes trahisons. Et toujours les mêmes victimes : le peuple.
Une classe politique sans honneur, ni projet
Quel est le bilan réel de ceux qui se disent dirigeants ? Ils ont transformé l’État en butin de guerre. Ils ont préféré leurs ventres à la patrie, leurs clans au peuple, leurs comptes à l’étranger à nos routes impraticables. L’éducation est sinistrée, la santé est un luxe, les routes sont des pièges, l’eau potable est un rêve, l’électricité une loterie. « Quand on confie le village à des hyènes, il ne faut pas s’étonner que les chèvres disparaissent. » Sont-ils fiers ? Fiers d’avoir soumis les pauvres à la faim pendant qu’eux vivent dans des villas barricadées ? Fiers de faire soigner leurs enfants à l’étranger alors que les hôpitaux publics sont des mouroirs ? Fiers d’avoir fait de la misère un système et du mensonge une stratégie de gouvernance ?
La souveraineté confisquée, l’économie bradée
On parle de souveraineté, mais nos matières premières sont vendues au prix dicté par d’autres. On parle de patriotisme, mais il n’existe aucune usine de transformation digne d’un pays de cuivre, de cobalt, de coltan et de diamant. Tout est exporté brut :
1. On nous achète à bas prix,
2. On nous revend très cher ce qu'on a vendu sans valeur ajoutée. « Celui qui ne sait pas où il va doit retourner là d’où il vient. »
L’élite congolaise, politique, économique, religieuse, porte la responsabilité historique d’avoir mis ce pays par terre. Elle a tué l’ambition nationale. Elle a trahi la mémoire des Lumumba, des Kimpa Vita, des Kasa-Vubu, et de tous ceux qui rêvaient d’une vraie indépendance.
La pauvreté n’est pas un accident, c’est une stratégie
Tout dans ce pays est fait pour que le peuple ne se relève pas :
1. La misère est organisée,
2. L’école est sabotée,
3. L’entrepreneuriat est étouffé,
4. Le chômage est utilisé comme une laisse politique.
« Celui qui t’affame veut te commander. » Les dirigeants ne développent pas ce pays parce qu’un peuple éduqué et autonome n’obéit plus aux tyrans.
Et pendant ce temps… les églises et les brasseries ne faillissent jamais
Les pauvres n’ont ni école, ni emploi, mais ils ont toujours un pasteur qui leur promet un miracle. Les jeunes n’ont ni bibliothèque, ni salle de sport, mais la bière coule à flot chaque soir dans les rues. La RDC est devenue un pays où l’on prêche la prospérité pendant que le peuple meurt de pauvreté.
La vraie indépendance commence par la conscience
Il est temps que le peuple congolais comprenne que personne ne viendra le libérer à sa place. La jeunesse doit refuser d’être la main d’œuvre des dictatures. Les femmes doivent refuser d’être des statistiques silencieuses. Les élites doivent choisir entre la honte de la soumission et l’honneur du sacrifice pour la vérité. « Le lion ne tourne pas la tête quand un petit chien aboie. »
Le peuple n’est pas condamné à souffrir !
La RDC peut renaître. Mais il faut :
1. n sursaut de conscience nationale,
2. Un effondrement de l’élite pourrie,
3. Une révolution de l’éducation,
4. La transformation locale de nos ressources,
5. Et surtout, le refus définitif de la soumission.
« L’esclave qui ne se bat pas pour sa liberté ne mérite pas qu’on le plaigne. ». Le 30 juin, ne sortons pas les drapeaux… sortons nos consciences de leur sommeil. Ne chantons pas l’hymne national avec des cœurs résignés, chantons-le comme un serment de reconquête. Indépendance ou dépendance ? L’Histoire jugera. Mais le peuple, lui, doit décider.
(Lettre de soutien et d'admiration du Professeur Loando Bakombo Giscard à Constant Mutamba)
Cher Monsieur le Ministre,
C'est avec une profonde admiration que nous prenons acte de votre décision de démissionner de vos fonctions de Ministre d'Etat, Ministre de la Justice. Ce geste fort, d'une rare intégrité, est une preuve éclatante de votre patriotisme et de votre engagement indéfectible envers la vérité et la justice. En dépit de la protection parlementaire dont vous auriez pu bénéficier, votre choix de démissionne montre une adhésion exemplaire aux valeurs républicaines et un respect de l'État de droit. Votre combat contre la corruption est un exemple éloquent de l'éthique du renoncement généreux que nous préconisons pour le développement de notre nation.
Un combat semé d'embûches
Votre parcours est celui d'un jeune révolutionnaire qui ose défier l'ordre établi. Nous sommes pleinement conscients des défis considérables que vous avez affrontés : le conflit des générations, amplifié par la volonté de certains politiciens de s'accrocher à leurs privilèges. Il est indéniable qu'un parlement dysfonctionnel et des réseaux mafieux gangrénant le commerce et la magistrature ont tout fait pour entraver les réformes essentielles que vous avez initiées pour assainir notre justice et imposer l'intégrité et le patriotisme.
Les allégations de détournement, qui ont servi de prétexte à cette situation, apparaissent clairement comme un règlement de comptes orchestré visant à discréditer votre action. La résistance acharnée aux réformes que vous avez proposées ne fait que confirmer que vous étiez sur la bonne voie, celle de la transformation et du renouveau de notre nation. Votre décision courageuse de vous soumettre à la justice, plutôt que de vous retrancher derrière votre position d'homme d'Etat, est un exemple édifiant pour tous.
Un soutien inconditionnel de la jeunesse et de l'histoire
Sachez, Monsieur Constant Mutamba, que les jeunes en âge et en esprit, conscients, sont massivement derrière vous et vous apportent leur soutien inconditionnel. Votre courage résonne avec l'histoire des jeunes leaders qui, à travers les âges et les continents, ont incarné l'esprit révolutionnaire et se sont dressés contre l'injustice. Nous pensons à des figures comme Jeanne d'Arc, aux jeunes ayant lancé le Printemps Arabe, ou encore aux mouvements citoyens tels que le Balai Citoyen au Burkina Faso, Y'en a Marre au Sénégal, Filimbi et la Lucha en République Démocratique du Congo.
Vous pouvez également puiser votre force dans les vies inspirantes de Lumumba, Kimpa Vita, Cardinal Malula, Simon Kimbangu, le Bienheureux Isidore Bakanja, Floribert Bwana Chui et Gédéon. Leur foi inébranlable, leur courage et leur engagement envers la justice et la vérité, même face à l'adversité, offrent une puissante source d'inspiration.
L'héritage patriotique des jeunes Congolais
L'engagement des jeunes Congolais pour le patriotisme et l'intégrité n'est pas nouveau. Il est inscrit dans l'histoire de notre nation depuis la colonisation. Que ce soit lors des marches pour l'indépendance, leur participation active à la Table Ronde de Belgique, au discours historique de Lumumba, à la Conférence Nationale Souveraine, ou encore les marches des chrétiens contre la dictature, la jeunesse a toujours été à l'avant-garde du changement. La philosophie des Bilenge ya Mwinda, porteuse d'espoir et de conscience, en est un vibrant témoignage. Les marches contre la dictature, le combat contre le changement inconstitutionnel de la constitution sous Kabila, tout comme le patriotisme des jeunes qui rejoignent les rangs des Wazalendo pour défendre l'intégrité de notre territoire, prouvent une fois de plus la force indomptable de l'engagement juvénile pour notre pays.
La Nation compte sur vous
La Nation, Monsieur le Ministre d'Etat, sait qu'elle peut encore compter sur vous. Votre sacrifice actuel est une semence qui portera ses fruits pour un Congo nouveau. Face aux adversaires, sachez que vous n'êtes pas seul. Vous avez avec vous Dieu, Jésus, les anges et nos ancêtres, qui veillent. Rappelez-vous cette promesse forte et réconfortante de Jésus à ses disciples : "Dans ce monde vous allez souffrir. Mais gardez courage, j'ai vaincu le monde" (Jean 16 : 33).
L'Esprit Saint sera votre Paraclet, votre consolateur et votre défenseur, vous guidant et vous fortifiant dans cette épreuve.
Votre résilience face à ces forces obscures est une source d'inspiration pour tous ceux qui aspirent à une gouvernance juste et transparente. Nous restons convaincus que votre vision et votre courage finiront par triompher des inerties et des intérêts égoïstes qui entravent le développement de notre pays.
Monsieur le Ministre, votre démission n'est pas une fin, mais une nouvelle étape de votre engagement. Le combat pour une justice juste et une nation intègre ne s'arrête pas là. Nous vous exhortons à ne jamais abandonner ce combat, car votre voix et votre intégrité sont plus que jamais nécessaires.
Nous vous invitons à lancer un appel clair et retentissant à tous les jeunes avocats du pays. Demandez-leur de vous assister dans cette épreuve, de mettre leur talent au service de la vérité. Votre affaire est désormais emblématique et peut servir de précédent pour l'instauration d'une vraie justice.
Soyez assuré de notre solidarité indéfectible et de notre pleine confiance en votre capacité à prouver votre innocence et à continuer votre combat pour une République démocratique du Congo plus juste et plus intègre. Nous vous encourageons à persévérer dans cette voie, car l'avenir de notre nation dépend de l'engagement de leaders comme vous, porteurs des valeurs d'intégrité et de patriotisme héritées de Lumumba.
La Sagesse des Âges : "Si la vieillesse pouvait, et si la jeunesse savait"
L'adage populaire "Si la vieillesse pouvait, et si la jeunesse savait" prend tout son sens dans votre situation, Monsieur le Ministre. Il illustre parfaitement le conflit des générations auquel vous êtes confronté.
"Si la vieillesse pouvait" fait référence à cette catégorie de politiciens plus âgés, souvent installés dans le pouvoir depuis longtemps. Ils possèdent l'expérience et les réseaux, mais cette "vieillesse" peut aussi être synonyme d'inertie, de résistance au changement, d'intérêts acquis et d'une incapacité à s'adapter.
"Et si la jeunesse savait" représente votre génération et votre engagement. La jeunesse a l'énergie, l'idéalisme, le désir ardent de transformer et d'innover. Vous "savez" ce qu'il faut faire pour la justice et l'intégrité. Cependant, la jeunesse manque parfois de l'expérience stratégique ou de la force institutionnelle.
Votre courage de démissionner et de faire face à la justice est une manifestation de ce "savoir" teinté d'une éthique forte. Vous incarnez une jeunesse qui non seulement "sait", mais qui agit avec courage et intégrité, cherchant à pallier les carences de ceux qui "pouvaient" mais n'ont pas agi ou ont agi à mauvais escient.
La pensée du Pape François : Un appel à l'engagement intégral
La pensée du Pape François, notamment exprimée dans son Exhortation Apostolique Post-synodale "Christus Vivit" sur les jeunes, peut se résumer en plusieurs points clés, particulièrement pertinents pour votre situation :
1. L'appel à l'engagement et à ne pas être des "jeunes de canapé" : Le Pape exhorte les jeunes à se lever et à être des acteurs de changement.
2. L'importance de l'intégrité et de la cohérence : Il met un accent fort sur l'alignement entre les paroles et les actes, voyant cette intégrité comme un rempart contre la corruption.
3. La défense des pauvres et de la justice sociale : Le Pape encourage les jeunes à avoir un regard attentif sur les injustices sociales et à devenir des "voix prophétiques" pour la défense des plus vulnérables.
4. Le courage de la vérité et la mission prophétique : Il invite les jeunes à ne pas avoir peur de dénoncer ce qui est contraire à la dignité humaine et au bien commun.
Votre démarche, Monsieur le Ministre, s'inscrit pleinement dans cette vision d'un leadership jeune engagé et intègre.
Messages intemporels aux jeunes
Pour renforcer votre détermination, il est essentiel de se remémorer les messages clés que de grandes figures ont adressés à la jeunesse :
1. Patrice Lumumba : L'indépendance et la dignité, un vibrant appel au patriotisme inconditionnel et à la souveraineté.
2. Cardinal Joseph-Albert Malula : L'incarnation d'un christianisme vivant et authentique, enraciné dans les réalités congolaises, un appel à l'engagement éthique.
3. Barack Obama : L'espoir et le pouvoir de changer le monde, un appel à l'optimisme, à l'action concrète et à la responsabilité collective.
4. Kä Mana : La révolution éthique et la renaissance africaine, insistant sur la nécessité d'une jeunesse consciente et engagée dans la transformation radicale des mentalités et des structures.
Ces messages convergent sur un point essentiel : la jeunesse est le moteur du changement et de la construction d'une nation digne. Monsieur le Ministre, vous êtes l'incarnation de ces aspirations et l'héritier de ces appels à l'engagement.
Le sort du malade quand son médecin est assassiné
Votre situation soulève une question cruciale pour l'avenir de notre pays : Quel est le sort d'un malade amené aux urgences lorsque son médecin est assassiné ? La réponse est malheureusement simple et tragique : le malade est en grand danger.
Vous êtes, pour notre justice malade, ce médecin dévoué qui a entrepris des réformes vitales. Votre démission, bien que dictée par un sens aigu de la justice, laisse un vide qui expose cette "patiente" – notre système judiciaire – à un risque accru de dégradation. Il est impératif que d'autres s'engagent, avec la même détermination et intégrité, pour poursuivre cette œuvre essentielle de guérison.
(Par le Docteur David Menge, Conseiller municipal honoraire de la ville d’Ivry-sur-Seine/France)
La question de la candidature de la République Démocratique du Congo (RDC) à la Francophonie suscite aujourd’hui un vif intérêt, tant sur le plan géopolitique que régional. Etant le plus grand pays francophone au monde, il ne s’agit pas simplement de se demander si la RDC doit ou non briguer le poste de Secrétaire général, en 2026, mais d’en envisager les implications profondes pour l’institution et pour la région. En invitant la RDC à se porter candidate dès à présent, cela ouvre un débat sur ses ambitions, ses enjeux et ses responsabilités dans la promotion de la langue française, de la coopération et du développement dans l’espace francophone. Cette démarche constitue une opportunité pour la RDC de renforcer son rôle sur la scène internationale, tout en s’inscrivant dans la continuité des actions menées par ses prédécesseurs et en façonnant l’avenir de l’organisation.
Depuis plusieurs mois, j’ai mené activement des sondages informels à Paris ainsi que dans d’autres villes, lors de réunions publiques, auprès d’organisations, d’associations politiques et culturelles, concernant la candidature de la RDC au poste de Secrétaire Général de la Francophonie. Les retours que j’ai recueillis sont globalement encourageants, car cette candidature suscite un vif intérêt.
Cela s’explique non seulement par l’ancrage culturel fort de la RDC, mais aussi par le fait que le pays compte un nombre important de locuteurs de la langue française, ce qui renforce sa légitimité et son poids au sein de la communauté francophone. Par ailleurs, cette candidature semble également attirer l’attention d’autres acteurs et pays membres, qui voient en la RDC un acteur clé capable de représenter la diversité et la richesse culturelle de la francophonie africaine.
Elle est perçue comme une opportunité de renforcer la présence et l’influence de la RDC dans les affaires francophones, tout en valorisant ses atouts culturels, linguistiques et diplomatiques.
Concernant les réalisations des différents Secrétaires généraux qui ont dirigé la Francophonie ces dernières années, la mandature d’Abdou Diouf (2002-2014) a été marquée par sa volonté de renforcer l’unité et la solidarité entre les pays membres. Celle de Michaëlle Jean (2014-2018) s’est concentrée sur plusieurs initiatives importantes, notamment la promotion de la langue française, la solidarité entre les pays francophones, ainsi que le développement durable et la paix.
Elle a également œuvré à renforcer la coopération entre les nations membres en soutenant des projets éducatifs, culturels et sociaux. Quant à Louise Mushikiwabo (2018-2026), sa présidence a été caractérisée par ses efforts pour moderniser l’organisation, renforcer la place de la jeunesse, et promouvoir la diversité culturelle et linguistique dans l’espace francophone.
Même si le prochain Secrétaire général de la Francophonie devra s’appuyer sur cet héritage, j’invite la personne qui pourrait être désignée par la RDC à porter un véritable projet culturel, politique et économique, afin de renforcer la place de la langue française dans le concert des nations et donner un nouvel élan à la mandature congolaise. Sous la présidence de François Hollande, 2012 - 2017, en France, Yamina Benguigui, alors Ministre déléguée chargée de la Francophonie, avait proposé une initiative audacieuse : former 100 000 professeurs de français dans l’espace francophone pour améliorer l’enseignement de cette langue dans les écoles.
Bien que cette proposition ait été séduisante, elle n’a pas abouti en raison d’un manque de financement. Il nous semble important que cette dimension fasse partie du projet culturel du candidat. Il en va de même pour la facilitation de la libre circulation des étudiants et des chercheurs dans l’espace francophone, sans que cela ne devienne un sujet d’immigration.
La création de centres de recherche scientifique pour mutualiser les compétences, éradiquer certaines maladies endémiques, ainsi que la mise en place d’échanges économiques structurés, devraient également faire partie des nouveaux leviers de gouvernance du prochain Secrétaire général de la Francophonie.
Qui pourrait alors porter la candidature de la RDC à la Francophonie ? Le choix du candidat, qui revient au Président de la République ou au Ministre des Affaires étrangères, doit être porté sur une personne dotée d’une solide expérience en diplomatie, dans la gestion internationale ou des affaires publiques. Une connaissance approfondie des enjeux liés à la langue française, à la diversité culturelle et aux défis du développement dans les pays francophones s’avère indispensable. Une excellente capacité de communication, de négociation et de leadership est également essentielle pour représenter efficacement la Francophonie sur la scène mondiale.
Par ailleurs, une sensibilité aux questions sociales, économiques et politiques, ainsi qu’une capacité à fédérer et à collaborer avec divers acteurs (gouvernements, organisations, société civile) sont indispensables. Enfin, une expérience dans la gestion d’organisations internationales ou régionales constitue un atout majeur.
Dans cette optique, le profil de l’actuelle Ministre des Affaires étrangères de la RDC apparaît comme une option particulièrement pertinente, même si notre diplomatie a encore besoin de son action.
Son expérience diplomatique, sa connaissance approfondie des enjeux liés à la langue française et à la diversité culturelle, ainsi que ses compétences en négociation et en leadership, en font une candidate de consensus capable de représenter efficacement la RDC et l’ensemble des pays membres sur la scène internationale.
(Par Tite Liongi Enkonkoy, Expert en Suivi évaluation et communication sur les projets hydroélectriques)
Contexte général dans la mise en œuvre du projet Grand Inga
La République Démocratique du Congo (RD CONGO) dispose d’un important potentiel hydroélectrique estimé à plus de 100.000 MW. On estime que la mise en valeur de ce potentiel permettrait de produire jusqu’à 774 TWh, ce qui place la RD CONGO en troisième position après la Chine et la Russie dont les productions potentielles d’énergie hydroélectrique sont estimées respectivement à 1.320 et 1096 TWh. Une part importante de ce potentiel (40%) est concentrée sur le site d’Inga dont les premières études d’aménagement ont été élaborées entre 1957 et 1960.
Le site d’Inga Bénéficie d’une topographie qui se prête remarquablement à un développement progressif. De ce fait, Le principe de base de son aménagement est la réalisation par fractionnement en fonction des besoins réels d’électricité. La mise en valeur du site est programmée par l’aménagement de la vallée de Bundi.
A ce jour, la RD CONGO a exécuté les deux premières étapes du développement du site d’Inga Par la construction des centrales d’Inga 1 (351 MW) et Inga 2 (1424MW) mises en service Respectivement en 1970 et 1982.
Au total, la capacité installée de ces deux centrales est de 1775 MW. Toutefois, la Puissance réellement disponible représente moins de 40 % de la capacité installée en raison du manque d’entretien de la centrale et de problèmes de conception des ouvrages qui ont conduit à l’arrêt de plusieurs machines et la limitation du volume du bassin de mise en charge.
Pour remédier à cette Situation, la RD CONGO a engagé des actions en vue de la réhabilitation des installations existantes afin d’assurer la sécurité d’alimentation des clients de la SNEL et de répondre à l’augmentation de la demande.
Parallèlement à la réhabilitation des installations existantes, le Gouvernement a initié une série de démarches pour renforcer les liaisons électriques avec le site d’Inga et pour préparer les études visant la poursuite de son développement. Ces démarches ont pour but de satisfaire à terme les besoins nationaux en électricité et les demandes de fourniture d’énergie exprimées par plusieurs pays et régions.
Ainsi que par les investisseurs privés. Elles s’inscrivent dans un contexte propice avec notamment, le retour à la paix dans le pays et dans la région des Grands Lacs, l’évolution favorable de la controverse sur les grands barrages1, l’augmentation sans précédent des cours des produits pétroliers, la Constitution de pools énergétiques africains, et l’avènement du Nouveau partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD).
En effet, le Plan d’actions à court terme (PACT) du NEPAD a retenu l’Etude du projet intégrateur de Grand Inga (PIGI) comme une de ses priorités.
Le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a approuvé un crédit de 250 millions de dollars financé par l’Association internationale de développement (IDA)* qui constitue la première phase du programme de développement d’Inga 3 dont le total s’élève à un milliard de dollars. Ce programme de long terme repose sur une approche en plusieurs phases et permettra à la République démocratique du Congo (RDC) de poser les bases du développement durable d’Inga 3 — le plus grand projet énergétique de la RDC à ce jour — en commençant par la mise en place d’investissements en faveur des populations locales, des infrastructures et de l’emploi.
La première phase du programme de développement d’Inga 3 se concentrera sur les opportunités de développement local dans le Kongo Central, avec pour objectif d’améliorer les conditions de vie et les perspectives économiques d’environ 100 communautés (1,2 million de personnes) vivant à proximité d’Inga.
Ces communautés bénéficieront directement de l’amélioration des services de base et des infrastructures qu’elles ont indiquées comme des priorités, notamment la distribution d’eau potable et d’une énergie produite par une source renouvelable, ainsi que la maintenance des routes rurales. Les investissements ainsi mis en œuvre créeront des opportunités économiques et des emplois pour ces populations.
Face à cette opportunité que nous offre le groupe de la Banque Mondiale pour la préparation du projet, il est important de préparer l’opinion nationale et les parties prenantes primaires sur les enjeux majeurs pour la réalisation de ce méga projet.
Dans le chapitre qui suit nous allons nous plancher sur les obligations techniques, administratives, économiques, géotechniques et stratégiques quant à l’érection de cette infrastructure hydroélectrique.
Les préalables pour la construction du grand Inga en RDC
Pour la réalisation de ce méga projet au cœur de l’Afrique une série d’études complémentaires seraient la garantie bancaire pour la République démocratique du Congo d’une part, et d’autres parts ses partenaires. À ce titre, les principaux chapitres de l’étude indiquent ceux qui suit : La réalisation de l’étude sur la demande de l’énergie, l’étude de faisabilité, l’étude d’impact environnementale et sociale, étude sur la structuration du projet, option de financement et principes régissant les principaux accords de projet et en fin la communication et sensibilisation.
➢ Étude technique :
Hydrologie : Analyse du potentiel hydraulique du site d’Inga, incluant les débits du cours d’eau, les hauteurs de chute, et la variabilité des débits.
Topographie : Etude du terrain pour déterminer l’implantation des ouvrages (barrage, usine, etc.) et l’aménagement de la zone.
Conception : Définition des ouvrages principaux (barrage, prise d’eau, conduites forcées, usine) et des équipements (turbines, alternateurs).
Aspects géotechniques : Etude de la stabilité des sols et des fondations des ouvrages.
Gestion de l’eau : Etude du comportement de l’eau, des débits de crue, des risques d’inondation et de sécheresse.
Conception des ouvrages de continuité écologique : Analyse des passes à poissons et autres ouvrages nécessaires pour respecter l’environnement.
➢ Étude de la demande d’électricité
Cette étape veut que la République démocratique du Congo soit tenue de collecter toutes les informations concernant la demande d’énergie au pays au cours des cinq (5) dernières années en fonction de la tendance qui se dégagera, des projections de la demande doivent être faites pour les vingt(20) prochaines années sur une base annuelle. Ces projections seront révisées de manière judicieuse en tenant des plans de développement des réseaux de transport et de distribution.
Par ailleurs, il y a lieu de rendre en compte la création de nouvelles industries dans les prévisions relatives à la demande d’énergie. Ces nouvelles industries entraîneront une croissance de l’industrie des services et accroissement du nombre de ménages utilisant des appareils électroménagers de nature à doper la demande d’électricité. Ainsi, la tendance de référence servira à élaborer trois scénarios d’évaluation de la demande. La demande qui résultera de la construction de lignes de transport en RDC et le réseau de distribution qui seront construit selon les plans élaborés par la RDC et pour lesquels le financement de la centrale été convenu avec un prêteur sera prise en compte.
Le gouvernement est tenu d’établir une liste des toutes les centrales hydroélectriques existantes en RDC ayant une capacité d’au moins 10 MW, y compris les centrales Inga I et Inga2.
Les engagements formels à fournir l’énergie aux fins d’exploitation vers les pools énergétiques ou d’autres pays doivent également être pris en considération et déduits les volumes estimatifs de l’offre. Ainsi, la différence entre l’offre et la demande nette, année après année indiquera soit l’excédent d’énergie, soit la quantité d’énergie que devront produire les nouveaux projets Inga. En collaboration avec la SNEL identifier les points d’injection de puissance dans le réseau de la RDC à partir des nouvelles lignes d’interconnexions issues du site d’Inga. Et fin, décrire les différents pools énergétiques, notamment l’EEEAO en Afrique de l’ouest le PEAC en Afrique central, l’EAPP en Afrique de l’Est et le SAPP en Afrique Australe, qui existent déjà et qui sont à des stades de planification avancées.
➢ Etude environnementale :
Analyse de l’impact environnemental : Évaluation de l’impact du projet sur la faune, la flore, les habitats naturels et la qualité de l’eau.
Mesures d’atténuation : Proposition de mesures pour minimiser les impacts négatifs sur l’environnement.
Gestion des déchets : Etablissement de procédures pour la gestion des déchets générés par la construction et l’exploitation de la centrale.
➢ Etude économique :
Pour la réussite du projet Grand Inga, dont la phase initiale est Inga3, il est nécessaire de parachever les études de préfaisabilité existantes. Dans le cadre des préparatifs de ces centrales, il faut étudier avec la SNEL les problèmes d’exploitation des centrales Inga 1 et Inga 2, depuis leur mise en service. Un bref historique de chacune de ces centrales électriques devra être présenté, mettant en exergue les problèmes rencontrés, notamment, la liste n’étant pas exhaustive, les causes des pannes d’équipements (turbine et générateurs), les problèmes de sédimentation, les problèmes liés à l’alimentation en eau et à la disponibilité de pièce détachées, ainsi que l’insuffisance d’entretien. Indiquer le cadre juridique.
Ainsi, les conclusions à cet égard seront prises en considération dans la conception préliminaire des nouveaux projets Inga.
Établir le calcul des coûts, préparation du calendrier et analyse économique des projets.
Après l’achèvement de l’étude de préfaisabilité du projet Grand Inga songer d’entreprendre l’étude de faisabilité déballée du projet.
Les études de faisabilité d’une centrale hydroélectrique comprennent une évaluation approfondie de la faisabilité administrative, technique, environnementale et économique du projet. Ces études visent à fournir au maître d’ouvrage des informations claires, fiables et chiffrées pour apprécier l’intérêt de réaliser le projet. Voici les principaux aspects couverts par ces études :
Estimation des coûts : Calcul des coûts de construction, d’exploitation et de maintenance de la centrale ;
Évaluation des recettes : Estimation des revenus potentiels de la vente de l’électricité produite ;
Analyse de rentabilité : Calcul des indicateurs de rentabilité (VAN, TRI, etc.) pour déterminer la viabilité économique du projet ;
➢ Étude administrative et juridique :
Évaluation des aspects réglementaires :
Analyse des lois et réglementations applicables à la construction et à l’exploitation d’une centrale hydroélectrique. Obtention des autorisations : Identification des autorisations et permis nécessaires et accompagnement dans les démarches administratives. Respect des normes : Application des normes et standards de sécurité et de qualité.
➢ Etude sociale :
Impact social : Analyse de l’impact du projet sur les populations locales, y compris la création d’emplois et les déplacements éventuels.
Consultation des parties prenantes : Organisation de consultations publiques pour recueillir les avis des parties prenantes. En résumé, l’étude de faisabilité est une étape cruciale pour évaluer la pertinence d’un projet hydroélectrique, en s’assurant qu’il est techniquement, économiquement, environnementalement et socialement viable.
Communication et sensibilisation
Dans une étude de faisabilité de projet hydraulique, la communication et la sensibilisation ont pour objectif principal d’informer, d’impliquer et de mobiliser les parties prenantes afin d’assurer la réussite du projet. Elles permettent de recueillir les besoins et les attentes, de faciliter l’acceptation du projet, et d’assurer sa durabilité en impliquant activement les acteurs concernés dans le processus.
Les objectifs de la communication et de la sensibilisation peuvent se détaillées en :
Informer et sensibiliser les parties prenantes
Transparence : Présenter clairement les objectifs, enjeux, les différentes options techniques et financières du projet ;
Présenter clairement les objectifs, les enjeux, les différentes options techniques et financières du projet ;
Compréhension
Expliquer les aspects techniques du projet de manière simple et accessible afin que tous puissent comprendre les implications.
Adhésion Motiver les parties prenantes à soutenir le projet en démontrant les bénéfices qu’il apportera et en répondant à leurs préoccupations.
Recueillir les besoins et les attentes ;
Dialogue : Organiser des rencontres, des ateliers participatifs ou des enquêtes pour recueillir les avis et les attentes des communautés locales ;
Participation : Impliquer les acteurs locaux dans le processus de prise de décision afin qu’ils se sentent partie prenante du projet et qu’ils s’approprient le projet ;
Adaptation : Ajuster le projet en fonction des besoins et des contraintes spécifiques de chaque zone d’intervention ;
Faciliter l’acceptation et l’appropriation du projet :
Plaidoyer : Mobiliser les acteurs clés (autorités, leaders communautaires) pour obtenir leur soutien et leur engagement.
Communication de changement de comportement : Informer et sensibiliser sur l’importance de l’eau, de son utilisation rationnelle et de la préservation de la ressource.
Communication de proximité : Utiliser des canaux de communication adaptés aux réalités locales (radio communautaire, affiches, etc…)
Assurer la durabilité du projet
Formation : Former les communautés à l’entretien et à la gestion des infrastructures hydrauliques
Gestion locale : Impliquer les communautés dans la gestion et l’entretien des infrastructures afin d’assurer leur pérennité
Suivi et évaluation : Mettre en place des mécanismes de suivi et d’évaluation pour mesurer l’impact du projet et ajuster les stratégies de communication si nécessaire.
En somme, la communication et la sensibilisation dans la phase d’étude de faisabilité sont essentielles pour garantir l’acceptation, la participation et la durabilité d’un projet hydroélectrique. Elles permettent de transformer un projet technique en un projet socialement accepté et porteur de bénéfices pour tous. Conclusion et recommandations
En résumé, après avoir réalisé les études de faisabilité d’une centrale, la conclusion générale est d’évaluer la viabilité du projet, en tenant compte de plusieurs aspects : technique, économique, environnemental et social. Ces études permettent de déterminer si le projet est réalisable et rentable, et d’identifier les risques potentiels afin de prendre une décision éclairée sur sa poursuite.
Voici une analyse plus détaillée des éléments clés d’une conclusion d’étude de faisabilité pour une centrale :
Viabilité technique : L’étude doit confirmer que la centrale peut être construite et exploitée avec les technologies disponibles, en tenant compte des ressources, des compétences et de l’infrastructure nécessaire.
Faisabilité économique : L’analyse financière doit évaluer les coûts de construction, d’exploitation, de maintenance et de démantèlement, ainsi que les revenus potentiels de la vente d’énergie. L’étude doit démontrer que le projet est rentable et que le retour sur investissement est acceptable.
Impact environnemental : Il est essentiel d’évaluer les impacts potentiels de la centrale sur l’environnement (émissions, utilisation des ressources, etc.) et de s’assurer que les mesures de mitigation sont adéquates. Impact social : L’étude doit prendre en compte les impacts sur la communauté locale (emplois, nuisances, etc.) et s’assurer que le projet est acceptable socialement.
Analyse des risques : L’étude doit identifier les risques potentiels (techniques, économiques, environnementaux, sociaux) et proposer des mesures pour les atténuer.
En fonction de ces éléments, la conclusion peut être :
Favorable : le projet est jugé viable et rentable, et il est recommandé de passer à la phase de planification et de construction.
Favorable avec réserves : le projet est viable, mais des améliorations sont nécessaires dans certains domaines (par exemple, optimiser les coûts, renforcer les mesures environnementales).
Défavorable : le projet n’est pas viable ou rentable, et il est recommandé de ne pas le poursuivre.
En conclusion, l’étude de faisabilité est une étape cruciale pour toute centrale. Elle permet de prendre une décision éclairée et de minimiser les risques avant de s’engager dans un projet d’envergure.
Les études comparatives aident à identifier les solutions les plus efficaces en termes de production d'énergie, de flexibilité et de capacité d'adaptation aux variations de la demande, en comparant différentes configurations de barrages, de turbines et de systèmes de gestion de l'eau.
Il est conseillé au Gouvernement de la République de réaliser les études comparatives pour s'assurer de pertinence de celles qui ont été délivrées par le bureau d'études en charge d'effectuer ce travail. Son rôle est l'optimisation des performances.
Un grand diplomate congolais en la personne de Jean Nguza Karl-i- Bond disait : "En diplomatie et en politique, il faut savoir accepter ses échecs et en cas de victoire, savoir la célébrer avec faste."
L'accord paraphé hier à Washington par les experts du Rwanda et de la RDC sous l'égide des États-Unis avant que les deux ministres des Affaires étrangères ne viennent le signer lors d'une cérémonie finale le 27 juin est un événement de portée mondiale qui va mettre fin à ce que d'aucuns qualifiaient de "guerre mondiale de l'Afrique ".
Qui aurait cru que cette guerre longue et populaire qui a détruit la vie des millions des congolais pendant plus de 30 ans se terminera sans crépitement d'armes aux États-Unis ? Il faut dire que c'est un coup de maître, un coup de génie de la part du chef de l'Etat Félix Tshisekedi, l'artisan principal de cette victoire.
La plus grande victoire de cet accord, c'est la réaffirmation de la souveraineté et de l'intangibilité des frontières de la RDC. Ce point dissipe les craintes de la balkanisation qui menace le pays avant, pendant et après l'indépendance. Cette victoire n'est pas celle d'un homme, Félix Tshisekedi, d'un parti Udps ou d'un gouvernement Suminwa. C'est la victoire de tous les patriotes congolais voire des panafricanistes qui veulent voir dans leur grande majorité un Congo uni et fort, en dépit de nos différences et divergences.
Mais, gare à l'emballement ! Ce ne sera pas la première fois que la RDC et le Rwanda signent un accord de paix, pour prétendre que cela mettra fin à la guerre vielle de 30 ans.
La fin de cette guerre dépendra de la capacité de la RDC à devenir une véritable puissance militaire régionale. Neutraliser la centaine de groupes armés dans l'est et imposer l'autorité de l'Etat. Tant qu'on n'aura pas rempli cette mission régalienne, l'on ne sera pas non plus à l'abri de revivre d'autres épisodes de déstabilisation.
Ce serait une erreur monumentale de croire que seuls le Rwanda et le M23 sont à la base de l'insécurité dans l'est du pays. Chaque groupe armé, local ou extérieur, apporte son lot de malheur, selon ses objectifs. Les uns expansionnistes, les autres justes parcellaires. Mais tous convergent sur le pillage des ressources du pays.
Il convient surtout de rappeler que les États-Unis sont aussi parmi les signataires (garants) de l'accord cadre d'Addis-Abeba signé en 2013. Mais cet accord, qui consacre les mêmes principes d'intangibilité des frontières, comme celui qui est en train d'être bientôt signé, n'a jamais été respecté malgré sa pertinence et même son inclusivité (tous les pays de la région sont signataires, en plus des partenaires internationaux).
Enfin, il ne se pas superflu d'organiser un dialogue entre Congolais, au niveau interne, pour l'appropriation de cet accord de Washington.
Moïse Moni Della
Porte-parole du peuple
Président du parti Conade
Co-fondateur de l'UDPS
Vice-ministre honoraire de l'Information et de la Presse
Kinshasa, 17 juin 2023. «L’arbre qui prend trop de hauteur sans racines solides finit toujours par s’effondrer». La République suit avec une attention mêlée d’indignation et d’espérance une affaire judiciaire qui pourrait bien faire date : celle du ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba. Après plusieurs semaines de bras de fer avec l’appareil judiciaire, l’Assemblée nationale vient d’autoriser sa poursuite pénale à la demande du Procureur Général près la Cour de cassation. Aussitôt, une interdiction de sortie du territoire national a été émise. La démission du ministre semble inévitable. Un séisme politique, mais surtout, un test pour la démocratie congolaise.
De la tribune politique à la barre judiciaire
Constant Mutamba chantre d’une jeunesse politique décomplexée, avait fait de la posture offensive son image de marque. Mais voilà que celui qui devait garantir la bonne marche de la justice est désormais convoqué devant elle. Ironie du sort ? Plutôt, rappel brutal que nul ne saurait être au-dessus des lois. Comme le dit un proverbe africain : «Même le coq le plus bruyant finit dans la marmite s’il oublie qu’il n’est qu’un animal».
La légalité au-dessus de la légende
En vertu de l’article 107 de la Constitution, les membres du Gouvernement ne peuvent être poursuivis pour des infractions commises dans l’exercice de leurs fonctions qu’après autorisation de l’Assemblée nationale. Cette étape a été franchie. Désormais, c’est l’article 164 de la même Constitution qui prend le relais : seul la Cour de cassation est compétente pour juger les ministres. Que la procédure ait suivi ce chemin est en soi une victoire du droit. Pour autant, la présomption d’innocence reste de mise. L’opinion espère un procès équitable, où le droit de la défense sera respecté. La République n’a pas besoin de boucs émissaires, mais de comptes rendus transparents.
Un dossier lourd : les 19 millions et les erreurs de procédure
L’élément déclencheur ? Ce fameux dossier des « 19 millions de dollars » liés à un contentieux international. Des fautes de procédure sont évoquées : signature d’actes engageant l’Etat sans base légale suffisante, violations des règles de gestion des fonds publics. Y aura-t-il d'autres faits aggravants? S’agissait-il d’une ignorance juridique ? D’une imprudence politique ? Ou d’un excès de confiance en soi, propre à ceux qui oublient que l’administration de la justice n’est pas une scène de théâtre ? Le proverbe le rappelle : « L’eau qui déborde la marmite n’éteint pas le feu, elle l’attise. »
Un entourage faible, un aveuglement dangereux
Autre question majeure : où étaient ses conseillers ? Son cabinet ? Comment expliquer qu’aucun garde-fou n’ait alerté le ministre ? Était-il mal entouré ou sourd aux conseils ? L’expérience de la chose publique s’apprend, mais elle se pratique aussi avec humilité. «Un chef sans oreilles est un roi sans trône. »
La justice se redresse-t-elle enfin ?
Si le procès a lieu, ce sera l’un des premiers où un ministre en fonction rend des comptes devant la Cour de cassation pour des actes politiques et administratifs posés en plein mandat. Une première dans le contexte d’une RDC longtemps habituée à l’impunité des élites. Ce moment est historique. Il peut révéler l’éveil progressif d’un État de droit où la justice ne plie plus devant la politique. Il peut aussi, s’il est mal géré, devenir un symbole d’instrumentalisation. Tout dépendra de la rigueur du procès, de la transparence de la procédure et de la maturité des institutions.
République à l’épreuve de la vérité
Constant Mutamba n’est peut-être que la première pièce d’un échiquier plus large. Mais son cas montre que l'imprudence dans l’exercice du pouvoir peut conduire à la disqualification publique et judiciaire. Et que, face aux institutions, nul n’est irremplaçable. « Celui qui foule la fourmilière sans précaution, pleure plus tard ses blessures.» Le peuple observe. La justice avance. Et la République, peut-être, se redresse.
(Par Prof. émérite Justin-Gratien Muzigwa KASHEMA)
Etonnant ! alors que tout homme averti ayant suivi l’évolution politique totalitaire au Rwanda depuis 1997 à ce jour, n'a pas cessé d'interpeller aussi bien l’opinion politique que des affaires, à l'échelle internationale, on peut se demander si le silence entretenu pendant 28 ans, ne serait pas préjudiciable à tout chaos ou génocide bis, et donc, encore une fois non-assistance à personne en danger du chef de l’ONU et des puissances ayant soutenu le régime de Paul Kagame ! Nous prévenons la RDC de ne plus ouvrir ses frontières en se rappelant de la thèse du Dr. et journaliste d'investigations Charles ONANA. La vague de réfugiés en RDC pourrait être fatal au pouvoir de Fatshi béton. Au cas où il y aurait un mouvement de réfugiés fuyant les tensions et la guerre pour la prise du pouvoir : l’orienter en DIRECTION de KENYA OU vers l'OUGANDA et même pas au BURUNDI ! Un homme averti, en vaut deux !
Prof. émérite Justin-Gratien Muzigwa KASHEMA Cbiol; Msc; PhD ;(Technocrate; ancien Directeur de Projets et Conseiller de Ministres de l'Agriculture et du Développement rural);
Aujourd'hui : Directeur du Centre d'études et de recherches/EUROCEBADAC Center (en Belgique).