Le Réseau d’Informations et d’Appui aux ONGs (RIAO-RDC), a, à travers son président, Jean-François Mombia, exprimé de vives critiques, à l’encontre du Mécanisme indépendant d’examen des plaintes (ICM), une initiative conjointe des banques de développement allemande ‘’Deutsche Investitions- und Entwicklungsgesellschaft’’ (DEG), néerlandaise ‘Financierings-Maatschappij voor Ontwikkelingslanden (FMO) et de Proparco, filiale de l'Agence française de développement (AFD) dédiée au secteur privé.
Conçu pour faciliter la médiation entre Plantations et Huileries du Congo (PHC) et les communautés locales, ce dispositif, selon Jean-François Mombia, président de RIAO-RDC, n’a pas atteint les objectifs escomptés. Appelant à tourner la page d’une médiation jugée inefficace, il plaide désormais pour un dialogue direct et renforcé entre PHC et les communautés, sans intervention d’un médiateur externe, afin de bâtir une relation plus sincère et durable.
Les origines d’un processus prometteur
Lancé en 2018 à la demande des représentants des communautés locales, avec le soutien d’organisations telles que le RIAO-RDC, le mécanisme ICM avait comme objectif d’examiner des plaintes liées à des abus présumés, notamment des arrestations arbitraires et des licenciements abusifs.
‘’Notre démarche n’avait pas pour but d’accuser PHC, mais de présenter les doléances des communautés locales’’, précise Jean-François Mombia.
Le processus de médiation avait été confié à un Groupe d’experts indépendants (IEP), spécialisé en droits humains et en médiation communautaire, sous la supervision d’un médiateur principal. Sous l’égide de ce groupe, PHC et les représentants des communautés locales ont entamé un dialogue structuré.
Bilan mitigé
Malgré des débuts encourageants, le processus a été suspendu pendant la pandémie de Covid-19, avant de reprendre en 2021, sous la conduite d’un nouveau médiateur. En mars 2023, des accords ont été signés à Mbandaka et à Kisangani, visant à apaiser les tensions et à améliorer les relations entre PHC et les communautés.
Cependant, selon Jean-François Mombia, ces avancées n’ont pas suffi à combler les attentes.
‘’La médiation s’est transformée en un processus coûteux et inefficace, semblant davantage profiter au médiateur qu’aux communautés locales. Des sommes considérables ont été dépensées pour des voyages et réunions sans impacts tangibles. Ces ressources auraient pu servir à des projets concrets comme la construction de routes ou le développement agricole’’, déclare-t-il.
Il critique également la gestion du médiateur, dénonçant une centralisation des décisions et un rejet des propositions constructives de collaboration.
‘’Un médiateur doit être à l’écoute de toutes les parties prenantes pour refléter leurs points de vue. L’objectif initial de cette médiation était de transformer les relations conflictuelles en une coopération mutuelle axée sur des objectifs communs. Malheureusement, cette vision a été compromise par une approche trop centralisée et un manque d’ouverture’’, déplore-t-il.
Une nouvelle approche : le dialogue direct
Convaincu de la nécessité de réinventer les modalités d’interaction entre les entreprises et les communautés locales, Jean-François Mombia plaide désormais pour un dialogue direct entre les parties prenantes, sans intermédiaires.
‘’La médiation avait pour objectif de faciliter la résolution des différends et de créer un espace de concertation. Mais après six années de médiation, il est clair que cette approche n’a pas produit les résultats escomptés. Pourquoi les communautés et la société PHC ne pourraient-elles pas échanger directement, dans un cadre de confiance et de respect mutuel, sans recourir à un médiateur externe ? Un dialogue direct a le potentiel de renforcer durablement les liens et d'améliorer la compréhension mutuelle, a affirmé le président de RIAO-RDC.
Par ailleurs, il insiste sur le fait que cette nouvelle approche pourrait marquer un tournant décisif dans la gestion des relations, en privilégiant une communication ouverte et une implication directe des parties concernées. ‘’Nous préconisons cette voie pour instaurer des relations plus fortes et plus transparentes’’, a-t-il conclu.
Dans une lettre ouverte à Mme la Ministre des Droits Humains, ce mardi 10 décembre 2024, les Orphelins de Franck Ngyke Kangundu et Hélène Mpaka appellent ce membre du Gouvernement, en sa qualité de garante des droits humains en RD-Congo, de plaider en faveur d’une justice réparatrice en faveur des défunts et de prendre des mesures concrètes pour que ce crime odieux, qui reste un symbole des attaques contre la liberté de la presse et des droits humains, ne sombre pas dans l’oubli.
Lettre ouverte des Orphelins du journaliste Franck NGYKE KANGUNDU à son Excellence Madame la Ministre des Droits Humains de la République Démocratique du Congo (RDC).
Kinshasa, le 10 décembre 2024
Excellence Madame la Ministre,
En ce jour symbolique où le monde célèbre le 75ᵉ anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'homme, nous, les Orphelins du feu journaliste Franck NGYKE KANGUNDU et de son épouse Hélène MPAKA, nous vous adressons cette lettre avec le cœur lourd et l'esprit marqué par une profonde injustice.
Il y a 19 ans, dans la nuit tragique du 02 au 03 novembre 2005, nos parents ont été lâchement assassinés à bout portant dans leur résidence à Mombele, sous nos yeux innocents. Ce double meurtre, qui demeure à ce jour impuni, représente une violation flagrante des droits humains les plus fondamentaux : le droit à la vie.
Franck NGYKE KANGUNDU n’était pas seulement un journaliste engagé, mais aussi un père de famille, un époux et un citoyen qui croyait aux valeurs de la liberté et de la justice. Peu importe les raisons qui auraient pu motiver ses bourreaux, il ne méritait pas, pas plus que notre mère, d’être abattu de manière aussi barbare, devant ses enfants. Ce double crime n’a pas seulement ôté la vie à nos parents, il a également déstabilisé la nôtre à jamais.
Sur le plan social, éducatif, psychologique et économique, cet assassinat nous a plongés dans une souffrance profonde et continue. En nous privant de nos parents, les auteurs de ce crime ont violé notre droit à vivre comme tout autre enfant et ont bouleversé nos perspectives d’avenir.
Madame la Ministre,
Nous vous interpellons aujourd’hui, en tant que garante des droits humains, pour que justice soit enfin rendue. Ce double meurtre, qui reste un acte ignoble et une atteinte grave aux droits de l'homme, ne doit plus rester impuni.
Nous appelons à l'application de la vision politique de l'État de droit prônée par Son Excellence Monsieur le Président de la République, Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. Il est temps que les valeurs de justice et d'équité deviennent une réalité pour les orphelins des journalistes assassiné.
Nous vous demandons solennellement :
De plaider en faveur d’une justice réparatrice pour nous, les Orphelins de Franck NGYKE KANGUNDU et Hélène Mpaka ;
De prendre des mesures concrètes pour que ce crime odieux, qui reste un symbole des attaques contre la liberté de la presse et des droits humains, ne sombre pas dans l’oubli.
En mémoire de nos parents et pour l’avenir des générations futures, nous espérons que vous prendrez à cœur cet appel pour que notre quête de justice trouve enfin une issue.
Dans l’attente d’une action forte et décisive de votre part, nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de nos salutations respectueuses.
Les Orphelins de Franck NGYKE KANGUNDU et Hélène MPAKA
En RDC, la problématique de la révision ou du changement constitutionnel telle que prônée par Félix Tshisekedi, Chef de l’Etat et Garant du bon fonctionnement des institutions de la République, continue à faire parler la classe politique à travers des sorties par grappe des propositions, parfois même des contestations pour essayer de barrer la voie à l’accomplissement de la vision du Président de la République déjà évoquée dans sa propre famille politique où il trouve du soutien inconditionnel de Plusieurs acteurs. A ce jour, Noël Tshiani, porteur de la proposition de Loi de ‘‘PERE, de MERE et d’EPOUSE’’, a suggéré une litanie de propositions, une vingtaine, qu’il faille, selon lui, prendre en compte qu’il s’agisse de la révision ou du changement de la loi fondamentale. Il l’a dit dans un message adressé à un public important au Collège Boboto de la Gombe.
Une épineuse question qui rencontre des têtes bien pensantes pour apporter des propositions des dispositions qui, d’après elles, nécessitent d’être étudiés en profondeur en vue de garantir une souveraineté et une intégrité territoriale efficace et adéquate. Dans son adresse, Noël Tshiani déclare avoir détecté plusieurs faiblesses et impuretés dans la Constitution du 18 février 2006 et qui méritent d’être corrigées afin de faciliter le fonctionnement des institutions.
«En relisant la Constitution, j'ai détecté plusieurs faiblesses et impuretés qui méritent d'être corrigées pour mieux protéger notre pays et sa souveraineté et ainsi faciliter le fonctionnement fluide des institutions sans gaspiller beaucoup de ressources qui peuvent être affectées à des projets de développement», dit-il. Lisez-le à travers les lignes qui suivent.
Adresse de Noël Tshiani Muadiamvita au Collège Boboto sur la Révision Constitutionnelle ou le changement de la Constitution
Mesdames et Messieurs,
Mes Très Chers Compatriotes,
Je suis très heureux de prendre part à cet évènement pour parler des choses que j'ai toujours considérées très importantes pour notre pays depuis plusieurs années.
En effet, une fois rentré des Etats Unis d'Amérique au pays en 2016, j'ai pris le temps de lire tous les articles de l'actuelle Constitution de la RDC. Durant la lecture, je me suis rendu compte que la Constitution comportait des impuretés énormes que ça soit sur le plan politique, économique qu'institutionnel. N'ayant aucun pouvoir d'agir immédiatement pour changer les choses, j'avais commencé par dénoncer. Je peux vous rassurer que ce travail m'a coûté très cher ! J'ai dépensé beaucoup d'argent et beaucoup d'énergies pour faire comprendre à mes compatriotes que cette Constitution est une bombe à retardement si l'on ne fait pas attention. Aujourd'hui, je suis très content que mes compatriotes ont compris le danger de garder la Constitution dans sa forme et avec son contenu actuel.
Je vais partager avec vous une petite anecdote. Après l'élection du Président de la République Félix Antoine TSHISEKEDI, je passais dans un quartier populaire de Kinshasa et j'ai entendu plusieurs personnes qui criaient ''DE PERE ET DE MERE, merci d'avoir sauvé le pays avec la loi Tshiani. Nous l'avons appliquée dans les urnes en votant le vrai compatriote''. Partout où je passe, dans toutes les provinces, je suis accueilli par mes compatriotes avec les mêmes cris. Je suis très ému de l'entendre. Même si certaines personnes ne me donnent pas du crédit, je peux vous assurer que la Loi Tshiani de père, de mère et d'épouse a largement contribué à déterminer l'issue de l'élection présidentielle en 2023. Et il en sera ainsi désormais car le peuple a compris et a intériorisé le message.
Mes Très Chers Compatriotes,
En relisant la Constitution, j'ai détecté plusieurs faiblesses et impuretés qui méritent d'être corrigées pour mieux protéger notre pays et sa souveraineté et ainsi faciliter le fonctionnement fluide des institutions sans gaspiller beaucoup de ressources qui peuvent être affectées à des projets de développement. Ainsi, j'ai fait les propositions suivantes qu'il faille prendre en compte, qu'il s'agisse de la révision ou du changement de la Constitution :
1. L’adoption de l’anglais comme la deuxième langue officielle de la RDC ;
2. La réduction du nombre des partis politiques de plus 1000 actuellement à quatre partis politiques au maximum ;
3. La réduction de la taille du Gouvernement de près de 60 Ministres à 25 Ministres au maximum, y compris le Premier Ministre ;
4. La suppression de certaines institutions budgétivores et inutiles pour dégager des épargnes à investir dans des activités à impact social visible et dans des projets de développement. Ces Institutions sont le Sénat, les assemblées provinciales, le Conseil Economique et Social, et certaines structures rattachées à la Présidence de la République, à la Primature et aux ministères ;
5. La suppression du mode de scrutin indirect tant pour le Sénat que pour les Gouverneurs de provinces ; ce mode de scrutin indirect est un canal ouvert à la corruption ;
6. Le changement du mode de désignation des Gouverneurs de provinces et Administrateurs de Territoires qui seraient désormais nommés par le Chef de l’Etat ;
7. L’allocation d’un délai de trente jours au maximum après investiture du Président de la République pour désigner le Premier Ministre, et même délai à ce dernier pour former le gouvernement et obtenir son investiture par l’Assemblée nationale ;
8. L’interdiction formelle, sur demande de qui que ce soit, de céder la souveraineté nationale et compromettre l’intégrité territoriale du pays ;
9. La reconnaissance de l’exclusivité monétaire nationale et l’interdiction formelle de la circulation des monnaies étrangères sur le territoire national ;
10. L’interdiction formelle du tribalisme qui menace la cohésion nationale ;
11. La réhabilitation explicite de la loi Bakajika qui décrète que le sol et le sous-sol appartiennent à l’Etat ;
12. L’adoption du principe de l’irrévocabilité de la nationalité congolaise d’origine, c'est-à-dire qu'aucun congolais d'origine ne peut perdre la nationalité de la mère patrie ; le principe de la double nationalité sera adopté avec tous les pays du monde sauf avec les pays voisins qui sont sources de conflits et de malheurs.
13. L’adoption de la proposition de la Loi Tshiani de Père, de mère et d’épouse pour les fonctions régaliennes afin de protéger la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale ; ces fonctions sont les suivantes : Président de la République, Président de l'Assemblée Nationale, Président du Senat, Premier Ministre et les Ministres régaliens (Finances, Défense, Affaires étrangères, Intérieur et Justice), les Hauts Magistrats de la République, les fonctions clés a l'Agence Nationale des Renseignements, à la Direction Générale des Migrations, dans l'Armée, la Police et à la Banque Centrale du Congo ainsi que les Ambassadeurs de la RDC dans les pays étrangers.
14. L’adoption des conditions d’études minimales pour les mandats électifs à tous les niveaux ;
15. La réintroduction de l'élection présidentielle à deux tours ;
16. L'appropriation par le Ministère de l'intérieur de l'organisation des activités électorales actuellement gérées par la CENI, ce qui renforcera la laïcité de l'Etat et la séparation entre l'Etat et l'Eglise ;
17. La précision que le Président de la République et le Premier Ministre sont justiciables devant la Cour Constitutionnelle pour des faits et actes commis pendant leurs fonctions ;
18. La précision sur l'imprescriptibilité des actes de mauvaise gouvernance avérés tels que la corruption, le détournement des fonds publics, le blanchement d'argent et la prédation des ressources naturelles.
19. La réaffirmation de la laïcité de l'Etat et de la séparation claire entre l'Etat et l'Eglise pour mettre fin au méli-mélo et à la confusion que nous constatons actuellement dans la pratique ;
20. Dans le cas de la révision constitutionnelle, le maintien de l’article 220 de la Constitution qui fixe le mandat du Président de la République à cinq ans renouvelable une seule fois. Cette disposition tombe dans le cas d'une nouvelle Constitution et la décision reviendra au peuple à travers un referendum.
Mesdames et Messieurs,
Toutes les modifications que je propose peuvent être réalisées à travers une révision constitutionnelle profonde. Mais, ces modifications sont tellement nombreuses qu'il convient de se demander s'il ne faut pas tout simplement envisager de réécrire une nouvelle Constitution. Personnellement, Je suis pour la révision constitutionnelle ou la nouvelle constitution aussi longtemps que le nouveau texte inclut la Loi TSHIANI DE PERE, DE MERE ET D'EPOUSE afin de protéger la souveraineté nationale et l'intégrité du pays.
Henry Ford visitait une usine automobile à Chicago en compagnie d’un délégué syndical. Dans un atelier ou les robots avaient complétement remplacé les ouvriers, d’un ton ironique Ford lança à l’endroit du délégué syndical : « à ceux-là, ça va être difficile pour toi de refiler une carte syndicale ! » Et le délégué syndical lui répondit sur un même ton narquois, « Sans doute, mais à toi, ça va être difficile de leur vendre des voitures » !
La recherche revêt d’un double enjeu pour qui souhaite bâtir une société démocratique. D’un côté, le lieu de la liberté au travail du chercheur, liberté qui provient du fait que l’on fait ce que l’on aime, de l’autre, celui de la coopération et de la connaissance pour le monde, au bénéfice de l’humanité. Cependant, avide de profit, le contexte néolibéral encourage des recherches qui non seulement s’articulent avec les besoins du patronat mais également participe à la fabrique d’un citoyen devenu consommateur et auto entrepreneur de sa vie. Subordonner les chercheurs à la prescription néolibérale devient alors le moyen de subordonner les futurs citoyens à ces exigences.
En effet, le travail du chercheur n’est pas une chose aisée. Faire de la recherche, c’est faire vivre un conflit permanent entre ce que fait le chercheur et le réel de sa situation de travail dont « l’évaluation par les individus et les collectifs dépend des critères de performance qu’ils se donnent. » (Bourgeois et Hubault, 2013).
La double lecture d’un texte
Quel que soit le texte en notre présence, il existe deux manières de le lire. Mêmes les textes bibliques font objets de deux types de lectures s’ils sont considérés premièrement comme des textes au même titre que les autres textes de la littérature.
Un texte peut être lu comme un fossile qui éveille les choses du passé et qui plait à ceux qui veulent que le présent demeure tel qu’il est, inchangé et inchangeable. Les disciples du statu quo sont généralement ravis par ce type de lecture car elle ne change rien à la donne existante. Ce type de lecture est un supplément d’âme à la névrose du monde. Lorsqu’on a fini la lecture, il n’y a aucun impact sur sa vie et sur le cours des événements.
La lecture dans ce cas de figure est une accumulation des connaissances qui ne servent à rien dans l’existence concrète. Ce type de lecture est quasi talmudique et débile et se contente de répéter des hochets théoriques sans aboutir à une transformation de la vie personnelle ou communautaire.
La Bible ou le Coran peuvent aussi être lus de cette manière au terme de laquelle le texte reste un fossile et la vie du lecteur n’en subie pas le moindre impact.
Plusieurs personnes qui lisent la Bible sont dans ce cas de figure lorsque cette lecture ne change pas leur vie et ne les mobilise pas pour lutter contre l’aliénation historique qui a pris en otage notre être générique fait d’éros, d’amour et de volupté. L’amour est ce qu’il y a de plus indocile et rebelle a toute objectification de la personne aimée. Dès que vous vous sentez utiliser comme un objet dans une relation, vous devez l’arrêter pour être fidèle à votre être générique. C’est cette fidélité que nous recherchons dans chaque texte que nous lisons.
Le second type de lecture est celle qui considère qu’un texte va toujours au-delà du texte et permet d’aller à la matérialité pratique des luttes quotidiennes de la vie. Le texte procure au lecteur la capacité offensive pour aller à la lutte contre toute tentative de domestication de la vie humaine.
Il existe en chacun de nous une flamme insurrectionnelle qui reste allumée et qui nous pousse à changer les choses dans notre vie et dans la vie de notre communauté. Comme je l’ai dit plus haut, nous sommes des êtres dotés de ce que les Grecs appelaient “éros”, l’amour qui nous pousse à nous rebeller contre les forces qui tuent la vie en nous. Lorsque nous lisons un texte, quel que soit le texte, nous devons chercher les liens entre ce texte et notre vie et celle de notre communauté. Tout texte nous renvoie à la vie courante, à l’histoire de nos insatisfactions et de notre domestication. Le texte a donc pour rôle de maintenir allumée la flamme incendiaire que nous portons en nous.
Même la Bible, elle doit être lue de la même manière avec la flamme insurrectionnelle qui est en nous. Jésus n’a pas fondé d’Église, mais une « ecclésia » qui signifie une “assemblée insurrectionnelle” contre tout ce qui détruit la vie humaine. Vaincre la mort dans la Bible signifie s’opposer à ce qui détruit la vie. La mort est l’ensemble des forces qui détruisent la vie. La flamme insurrectionnelle que nous portons en nous est allumée par la lecture du texte biblique ou de tout autre texte. Sans cela, nous devenons des cadavres vivants.
Malgré les difficultés que nous traversons dans notre pays, nous voulons une chose, rester en vie, c’est-à-dire tuer tout ce qui nous empêche de vivre heureux. En d’autre terme nous voulons garder cette flamme insurrectionnelle en nous, nous voulons la garder allumée en toute circonstance. Au-delà de sa texture, tout texte nous conduit à raviver notre flamme incendiaire contre la mort physique ou sociale, à la manière du “conatus” Spinoziste.
Notre sante se conserve et se développe lorsque le travail que nous faisons fait sens. La crise de la Covid 19 nous a permis de poser la question du pourquoi nous travaillons, pourquoi nous faisons de la recherche ; un travail qui n’est pas que douleur et souffrance, mais aussi source d’épanouissement, espace des liens sociaux, lieu de la créativité humaine. Il existe un lien indéfectible entre santé au travail et le sens que chacun y met ou y trouve.
Un intellectuel n’est pas quelqu’un qui pense.
Il est quelqu’un qui congèle la pensée dans une relation narcissique, prétentieuse et égotique. L’intellectuel a la prétention de découvrir, de créer.
Marx, reprenant les présocratiques et Hegel, nous a appris que “chaque fois que je lis quelque chose d’intelligent, quelque chose de profond, je ne fais qu’épouser la naturalité du cosmos qui parle en moi et que je recueille.
Le logos, la radicalité du logos, le fameux LG, le logos, c’est la parole qui recueille. Dans les circuits linguistiques des vielles matrices indo-européenne, c’est le verbe par lequel le chasseur-cueilleur exprimait qu’il récupérait, cueillait, qu’il collectait une bête.
Le logos est la parole du vrai parce qu’il épouse la rationalité de l’authentique et qu’il se borne avec humilité de le recueillir. La véritable pensée est anti-intellectuelle parce qu’elle récuse la division du travail, qu’elle soit qu’il n’y a pas de création personnelle. Toute intellection radicale et vraie est impersonnelle. Elle est humble, elle est transmission de radicalité profonde.
La soi-disant création personnelle est une imposture narcissique du fétichisme de la marchandise. Un intellectuel, c’est la pensée du faux omniprésent. L’intellectuel a la culture narcissique de la représentation et il épouse le mythe, il est le représentant de cosmos. Il marchandise le savoir et accusent de plagia ceux qui s’en serve sans son aval comme s’il en était le producteur ontologique. Ce narcissisme est le signe marquant de l’intellectuel ignorant de la puissance social à la base du logos.
La puissance Sociale
Une expression de Marx qui articule la qualification du travailleur avec sa capacité à prendre sa part dans l’Histoire. Le patron acquiert dans l’échange la puissance de travail de celui qui reçoit un salaire. La puissance sociale n’est pas une notion rattachée à un individu, mais a un collectif. La puissance de la classe dominante découle de ce qu’elle possède, mais la puissance sociale du travailleur découle du pouvoir qu’il a sur sa tâche, son organisation, ses finalités et les outils nécessaires à son exécution. Une cherche digne de ce mot émane de la puissance sociale. Comme Marx le stipule, « Plus l’ouvrier s’extériorise dans son travail, plus le monde étranger, objectif, qu’il crée en face de lui, devient puissant, plus il s’appauvrit lui-même et plus son monde intérieur devient pauvre, moins il possède en propre. » En d’autre termes, tantôt le travail contraint aliène l’individu qui se perd, tantôt il devient émancipateur pour l’individu qui porte les choses à l’existence (Canguilhem 2002).
Conclusion
Ce par quoi se différencie le chercheur, c’est génériquement la permanence de logos critique et la volonté subversive contre des tentatives de simplement réaménager la technique du pouvoir de l’oppression, mais de se débarrasser totalement de l’Etat oppressif. Le chercheur est celui qui refuse la falsification générale de la réalité afin de faire œuvre révolutionnaire de retour ontologique à la primordialité de l’Être.
Alors que Marx en prolongement des luttes de classes ouvrières réelles, avait toujours souligné que l’auto-émancipation du prolétariat devait être l’œuvre du prolétariat lui-même pour éradiquer le salariat et l’Etat. Le chercheur court toujours le risque de se transformer en une avant-garde intello-bureaucratique extérieure au prolétariat pour diriger et fusiller ce dernier sur les routes barbelées de salaires de misère de la part de l’Etat Congolais. En revanche, il est évident que tous les errants narcissiques en mal de notoriété spectaculaire dans le monde dé-spiritualisé de la nouvelle religion du marché, ont toujours eu besoin dans leur irrépressible besoin de se faire voir et valoir, d’adhérer à des théâtres de rédemption et à des milices messianiques…Mais tout cela c’est en fait uniquement du théâtre pour les crédules jobards de l’impuissance existentielle.
C’est finalement ce par quoi l’intellectuel en tant qu’égotiste divaguant représente bien le pôle le plus extravagant de la division du travail aliénant par ce refoulement de toute vérité vécue sous la présence réelle de la fausseté régnante qu'assure l'organisation de l'apparence dans la réussite sociale du parvenir autolâtre le plus à la mode.
Comme le disait Marx dans L'idéologie allemande : « Toute l'illusion qui consiste à croire que la domination d'une classe déterminée est uniquement la domination de certaines idées, cesse naturellement d'elle-même, dès que la domination de quelque classe que ce soit cesse d'être la forme du régime social, c'est-à-dire qu'il n'est plus nécessaire de représenter un intérêt particulier comme étant l'intérêt général ou de représenter "l'universel" comme dominant (…) Dans la vie courante, n'importe quel boutiquier sait fort bien faire la distinction entre ce que chacun prétend être et ce qu'il est réellement; mais notre histoire n'en est pas encore arrivée à cette connaissance vulgaire. Pour chaque époque, elle croit sur parole ce que l'époque en question dit d'elle-même et les illusions qu'elle se fait sur soi. ».
Comme le disait Marx dans le Manifeste, « Les conceptions théoriques des communistes ne reposent nullement sur des idées, des principes inventés ou découverts par tel ou tel réformateur du monde. Elles ne sont que l'expression générale des conditions réelles d'une lutte de classes existante, d'un mouvement historique qui s'opère sous nos yeux. » Dans ces conditions et comme l’avaient fort bien compris Héraclite et Parménide, la saisie correcte du logos du monde en tant que rationalité historique du devenir telle qu’elle fixe la cohérence du logos de la pensée prend son départ critique dans l’identification dialectique de la vérité et de l’être.
Éric Arthur Blair de Barcelone a souligné cette chose essentielle que celui qui ne récuse pas absolument et définitivement la domestication politique ne peut produire autre chose qu'une ultime variante théiste du mensonge marchand : la mystification de l'Etat décent.
La République Démocratique du Congo (RDC), avec sa richesse naturelle et culturelle, possède un potentiel touristique exceptionnel qui mérite d'être exploré et valorisé. Classée parmi les pays à méga biodiversité, la RDC abrite une variété d'écosystèmes, de faune et de flore qui attirent l'attention des passionnés de nature et des chercheurs. Toutefois, malgré cette richesse inestimable, le secteur touristique congolais souffre encore de nombreuses entraves à son plein développement. Dans cette note je me propose d'examiner les atouts indéniables de la RDC en matière de tourisme ainsi que les défis auxquels elle fait face, tout en suggérant des stratégies pour transformer ce potentiel en une réalité tangible.
La richesse naturelle et culturelle de la RDC
La diversité biologique de la RDC est frappante : le pays abrite 480 espèces de mammifères, 565 espèces d’oiseaux, 350 espèces de reptiles, 220 espèces de batraciens, plus de 10 000 angiospermes, et une multitude d'autres espèces animales et végétales.
Environ 70% de son territoire est couvert de forêts, offrant ainsi un habitat riche pour de nombreuses espèces uniques, telles que le gorille des montagnes et l'okapi. Ces caractéristiques font de la RDC une destination privilégiée pour l'écotourisme, mais aussi pour d'autres formes de tourisme, telles que le tourisme culturel, avec plus de 400 groupes ethniques aux traditions variées.
Les parcs nationaux tels que le Parc National Virunga et le Parc National de la Salonga sont des trésors à explorer, et le gouvernement a récemment identifié 1142 sites touristiques intégrant la biodiversité, des réserves et parcs d’exception, son relief, sa variété climatique, sa diversité ethnique et son rayonnement culturel.
Cependant, ces atouts ne suffisent pas à eux seuls à attirer les visiteurs en raison des défis structurels et politiques qui freinent le développement du secteur.
Les défis du secteur touristique
Mais, malgré ses immenses potentialités le secteur du tourisme, qui a certes souffert des conflits armés que connaît le pays dans sa partie Est, considérée comme fleuron du tourisme congolais, peine à prendre de l'envol.
L'industrie touristique, dominée par l'hôtellerie et la restauration, contribue très peu aux richesses nationales. Sa part dans la production intérieure brute (PIB) et aux recettes de l'Etat demeure négligeable. En comparaison internationale, le tourisme génère et rapporte chaque année plus de 200 milliards de dollars américains au Trésor des États Unis, plus de 100 milliards d'Euro à la France, plus de 25 milliards de dollars américains à la Thaïlande et plus deux milliards à l'Egypte et au Kenya pour ne citer que ces pays-là.
L'industrie touristique en RDC est peu développée, alors qu'elle est florissante dans les pays voisins de la région, notamment le Kenya, la Tanzanie, l'Ouganda, et même le Rwanda dont l'entrée sur le marché touristique est récente. Le nombre de visiteurs est très faible et semble être composé essentiellement de voyageurs d'affaires régionaux, des travailleurs humanitaires internationaux et des ONG. Les attractions touristiques sont nombreuses mais non aménagées pour la plupart.
Les conflits armés, principalement dans l'Est du pays, ont largement contribué à dissuader les voyageurs internationaux. De plus, les conditions d'entrée, telles que le coût élevé des visas et des billets d'avion, constituent des obstacles significatifs.
Le manque d'infrastructures adéquates, notamment en matière de transport et d'hébergement, rend difficile l'accès aux sites touristiques. Les hôtels et lodges sont souvent insuffisants pour répondre aux besoins des touristes, limitant ainsi le flux d'arrivées. En outre, le secteur souffre d'un manque de promotion et d'une image souvent perçue comme peu accueillante, ce qui retarde encore davantage son développement.
Stratégies pour le développement touristique
Pour capitaliser sur son potentiel, la RDC doit mettre en place des stratégies ciblées. D'abord, il est crucial d'améliorer les infrastructures de transport et d'hébergement. Cela implique non seulement la construction de routes et d'aéroports, mais aussi la création d'établissements hôteliers adaptés aux différents segments de marché. Une attention particulière doit également être portée à la formation des acteurs locaux, afin de leur permettre de valoriser leur culture et de participer activement à l'accueil des touristes.
Ensuite, une stratégie de marketing touristique efficace est nécessaire. Cela peut passer par la création d'une marque nationale forte et l'utilisation des réseaux sociaux pour promouvoir les richesses naturelles et culturelles du pays. La simplification des procédures de visa et la mise en place d'incitations fiscales pour les investisseurs pourraient également encourager le développement du secteur.
Par ailleurs, la préservation de l'environnement et la durabilité doivent être des priorités. La mise en œuvre de pratiques de tourisme responsable et l'encouragement de l'écotourisme contribueront à la protection des écosystèmes tout en sensibilisant les visiteurs à l'importance de la conservation.
Le tourisme souffre de certains handicaps qui pénalisent grandement son développement en RDC. Outre le contexte géopolitique de ces dernières années qui n’a pas favorisé l’éclosion tant attendue des activités touristiques, il y a lieu de noter que les conditions très difficiles et le coût très élevé d'obtention de visa d'entrées en RDC constituent entre autres, des véritables freins à l'émergence du tourisme. Le visa d'entrée en RDC est l'un de plus cher au monde. Il en est de même des billets d'avions ou de navires maritimes pour les destinations de la RDC qui sont très chers car fortement frappés par de multiples taxes et prélèvements.
Enfin, le tourisme demeure encore perçu comme "expérimental" dans la mesure où il est très peu développé et encadré, et les mesures du gouvernement sont de fois contradictoire comme l'atteste les régulations très restrictives et couteuses en matière de visa d'entrées, et de taxations de billets d'avions ainsi que de billetteries de sites touristiques. Par ailleurs, le tourisme, un secteur d'exportation par essence, ne bénéficie pas des mesures promotionnelles classiques reconnues au secteur d'exportation, tels; le non-paiement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA au taux zéro ou remboursable). Tout ceci n'est pas de nature à encourager la consommation touristique ou d'attirer des investisseurs dans le secteur. Il y a lieu de repenser la tarification et la taxation dans ce secteur pour impulser son émergence.
Conclusion
Le secteur touristique de la République Démocratique du Congo présente un potentiel prometteur qui pourrait non seulement stimuler l'économie nationale, mais aussi préserver sa biodiversité et valoriser son patrimoine culturel. Toutefois, pour réaliser cette promesse, un engagement soutenu de la part des autorités, des acteurs privés et des communautés locales est indispensable. Les défis sont nombreux, mais avec des stratégies adaptées et une vision claire, la RDC a toutes les cartes en main pour devenir une destination incontournable sur la scène touristique mondiale. La semaine touristique à Kinshasa organisée par le Ministre Didier M’pambia, dont nous félicitons l’initiative, pourrait être un tournant décisif pour amorcer ce processus et mobiliser les ressources nécessaires à cet effet. Debout congolais ! Mobilisons-nous pour le développement touristique du pays.
Le Pape François a autorisé lundi 25 novembre, la béatification d’un jeune congolais, le serviteur de Dieu Floribert Bwana Chui Bin Kositi, fidèle laïc. Né le 13 juin 1981 à Goma, il a été tué dans la même ville, en haine de la foi, le 8 juin 2007.
Le martyre de Floribert Bwana Chui Bin Kositi, laïc originaire de la République démocratique du Congo a été reconnu. Le Saint-Père a autorisé lundi 25 novembre sa béatification. Né le 13 juin 1981 à Goma dans l’Est de la RDC, il a été assassiné dans la même ville en 2007, en haine de la foi. Floribert Bwana est issu d'un milieu aisé et a étudié le droit et l'économie.
Ce jeune chrétien catholique âgé de 25 ans, a été enlevé puis tué dans la nuit du 7 au 8 juillet 2007, pour n’avoir pas cédé à la corruption. Ce jeune congolais débuta sa vie professionnelle à Kinshasa comme commissaire aux réclamations au sein de l’Office Congolais de Contrôle (OCC), organisme de l'autorité nationale de contrôle des marchandises où il était chargé d’évaluer la conformité des produits passant la frontière Est de la République démocratique du Congo. Il fut ensuite transféré au poste de Goma comme chef de bureau de l’OCC. Durant ses années d'études, Bwana Chui a rejoint la Communauté de Sant'Egidio. Il a aidé comme bénévole et s'occupait des enfants de la rue.
Dans l’exécution de sa mission, Floribert Bwana est confronté au problème moral d’autoriser l’entrée au Congo Kinshasa de denrées alimentaires venant du Rwanda voisin, et qui n'avaient pas obtenu les autorisations nécessaires pour leur commercialisation et leur consommation. Selon des témoignages, «Bwana Chui a préféré mourir en refusant de faire passer de la nourriture qui aurait pu empoisonner un grand nombre de personnes».
Quatre martyrs ont été béatifiés à Uvira
Quatre martyrs ont été béatifiés à Uvira en RD Congo. L’Eglise universelle, et particulièrement celle de la RDC, compte quatre nouveaux Bienheureux. Trois missionnaires xavériens et un prêtre diocésain, témoins de la foi, viennent d’être béatifiés.
Le refus de « l’argent sale » lié à des transactions illicites a été la cause de sa mort. Il jugeait immoral de laisser passer des tonnes de denrées avariées et toxiques à destination des populations en échange de quelques milliers de dollars. Il avait fait détruire des lots de riz périmés et refusé des pots-de-vin. Cette intégrité lui a coûté un enlèvement suivi de son assassinat. Des témoins affirment qu’il disait souvent : «L’argent disparaîtra vite. Quant à ces personnes qui auraient consommé ces produits, que serait-il advenu d’elles ?» « Est-ce que je vis pour le Christ ou pas ? Voilà pourquoi, je ne puis accepter. Mieux vaut mourir que d'accepter cet argent».
Selon le témoignage de Mgr Faustin Ngabu, alors évêque de Goma, « Floribert Bwana Chui Bin Kositi est mort en raison de son honnêteté. C’est quelqu'un qui a su conserver sa liberté dans une situation extrêmement difficile. Ce qu'il a vécu a été une manifestation forte de sa foi chrétienne».
La notoriété du Prof Kabamba, son rôle dans l’élaboration de la Constitution de 2006 et l’intérêt ainsi que l’actualité ont donné un relief particulier à sa prestation. Aucun Acteur politique et Patriote ne peut rester indifférent aux propos du Prof Kabamba, en réponse aux questions de Pie Tshibanda. C’est dans ce cadre que j’interviens pour noter les observations suivantes :
Dans ses déclarations, le Prof Kabamba semble minimiser, voire banaliser la place de l’état psychologique des populations congolaises dans l’élaboration de la Constitution.
En effet, les explications et la rationalisation de certains faits traumatisants vécus dans leurs chairs par les populations de l’Est ne peuvent éliminer dans l’âme et l’esprit des congolais les inquiétudes vis-à-vis de Kigali ni les appréhensions de balkanisation projetée par la Communauté Internationale.
En tant que Garant de la Nation, le Président Tshisekedi se doit, comme il l’a fait à Kisangani et à Lubumbashi, de rassurer l’opinion nationale en annonçant et en prenant des dispositions adéquates pour apaiser les congolais.
Une interprétation sociologique confuse et douteuse. En établissant une équation surprenante entre le comportement des familles régnantes coutumières et le comportement de l’ethnie tutsi, le Professeur fait une regrettable confusion des genres qui ne contribue nullement à la connaissance et à la solution des rapports entre l’ethnie tutsi et les tribus environnantes au Kivu.
La réalité que vivent les populations est simple : les Autorités de Kigali instrumentalisent la présence des tutsi pour réaliser leurs visées prédatrices et hégémoniques sous le couvert d’une intervention humanitaire en faveur des tutsi du Congo qu’elles décrètent comme la seule et unique population minoritaire du Congo.
L’argumentation selon laquelle il suffit de répliquer aux prétentions territoriales au Congo qu’à une date donnée, le Rwanda et l’Ouganda faisaient partie du Congo manque de pertinence dès lors que ce sont les Dirigeants rwandais qui sont à la base de cette psychose en RDC par le souvenir des raids contre Kitona, Kinshasa (Tshangu) et des massacres à répétition à travers leurs hommes liges notamment après leur expulsion par M’zee.
Ne dit-on pas que contre les faits, les arguments ne valent rien ! Les exemples de l’Erythrée et du Sud Soudan devraient inciter le Président Tshisekedi à plus de vigilance et d’ardeur – la balkanisation est une option qui risque de se réaliser si nous sommes distraits.
De toutes les façons, la prudence n’est pas un vice surtout au niveau des responsabilités Du Chef de l’Etat.
L’équation établie entre Nouvelle Constitution et Coup d’Etat est aléatoire à la lumière de notre Histoire : la Constitution de Luluabourg n’a pas nécessité un coup d’Etat pour sa légitimation et celle de 1967 d’ailleurs.
Il n’est pas exact d’affirmer qu’un coup d’Etat crée un vide juridico-constitutionnel, alors que la première déclaration des auteurs des coups d’Etat, c’est de rassurer sur la continuité de l’Etat tant sur le plan interne qu’externe.
A ce propos, il conviendrait de déterminer la notion de coup d’Etat.
Du point de vue sociologique et juridique, un coup d’Etat est une interruption brusque et brutale du processus de gouvernance sous la légalité constitutionnelle ancienne ou la neutralisation par un organe dirigeant des autres organes qui participent au pouvoir de décision.
Dans tous les cas, l’adoption d’une nouvelle Constitution ne signifie ni coup d’Etat ni vide juridico-institutionnel puisqu’il y est déterminé sa date d’entrée en vigueur.
De toute évidence, la Constitution en vigueur fait partie d’un plan de mise sous tutelle de la RDC et du Peuple congolais.
Les propos du Prof Kabamba poussent malignement par mimétisme vers la voie de l’Union Européenne par sa lecture de l’article consacré à l’abandon de souveraineté… alors que le Rwanda mène une guerre en RDC. Etait-il pensable d’envisager l’Union Européenne lorsque l’Allemagne occupait l’Alsace ?
Dans ces circonstances, il n’est pas judicieux de condamner le Président Tshisekedi à cause de sa méfiance légitime vis-à-vis de cet article pour la protection du Territoire national.
Pour le reste et pour l’Histoire, le Prof Kabamba ne peut que se battre bec et ongles pour sauver sa Constitution.
Bref, le mimétisme constitutionnel et le droit comparé comme motivation ultime et profonde n’est pas un argument massue qui enlève au Président Tshisekedi et aux Congolais toutes raisons à réfléchir sur l’efficacité de sa Constitution, à l’épreuve des faits pour concevoir une réponse crédible à leurs inquiétudes et à leurs aspirations concernant la République Démocratique du Congo, d’après leur génie propre.
La Prospérité – L’élection de Trump constitue-t-elle une menace pour l’Afrique ? L’Afrique ne peut-elle pas, au contraire, voir dans cette élection une opportunité pour affirmer sa souveraineté ?
Christian Gambotti – Le 20 janvier 2025, Trump sera officiellement le 47è président des Etats-Unis. Or, les Africains le savent, l’Afrique n’est pas une priorité pour Trump. Le message du slogan « America First » est clair : réduire l'abyssal déficit commercial américain. Trump cherchera à renégocier tous les accords commerciaux de libre-échange, y compris avec l’Afrique. Trump va-t-il annuler, suspendre ou limiter les accords de l’AGOA, dont on célèbrera, en 2025, le 25è anniversaire ? L’objectif de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act) est de promouvoir la croissance économique de l’Afrique subsaharienne. Les pays éligibles ont un accès au marché américain avec, pour plus de 6 500 produits, la suppression des droits de douane et des quotas d'importation. L'AGOA a permis de stimuler la croissance économique et la création d'emplois dans certains pays. Cependant, l’impact de l’AGOA reste faible pour les pays n’ayant pas, pour de multiples raisons, une capacité d’exportation suffisante. Alors que l’administration Biden envisageait de prolonger l'AGOA de 16 ans, Trump pourrait supprimer cet accord commercial historique, ce qui, bien entendu, fragiliserait encore plus l’économie subsaharienne déjà fragile. L’élection de Trump constitue une menace pour l’Afrique, si les Etats africains sont incapables de développer les échanges commerciaux intra-africains et lever les obstacles qui retardent le projet de la ZLECAF (Zone de Libre Echange Continentale Africaine), projet phare de l’Union Africaine. L’élection de Trump est un avertissement envoyé aux Etats africains. Cet avertissement leur dit : « Les échanges intra-africains constituent une véritable opportunité économique et stratégique pour l’Afrique et l’affirmation de la souveraineté. ». Les Africains ont deux mois pour se préparer.
La Prospérité – Vous parlez d’opportunité économique et stratégique pour l’Afrique. La question qui se pose n’est-elle pas celle de la place de l’Afrique dans le monde actuel ?
Christian Gambotti – Longtemps tenue à l’écart des affaires du monde, l’Afrique a été niée dans son identité avec la colonisation, dépossédée de sa souveraineté pendant la période de la « Guerre froide ». L’indépendance politique des années 1960 a été une étape nécessaire, mais le continent a continué à porter le lourd fardeau de l’Histoire. Avec la fin de la « Guerre Froide », l’Afrique qui n’est plus un enjeu géopolitique, est marginalisée. Elle n’existe qu’à travers l’APD (Aide Publique au Développement), une aide sans véritable enjeu d’efficacité avec des prêts et des restructurations de dettes sans fin. Aujourd’hui, c’est un monde nouveau qui se construit, le monde de l’Après-Yalta. L’Afrique, devenue un formidable enjeu géoéconomique, géopolitique et géostratégique, est courtisée par toutes les puissances étrangères, grandes et moyennes. Face à l’urgence des réponses qu’elle doit apporter aux défis qui se présentent à elle, l’Afrique est tentée de se vendre à la coupe à des puissances étrangères auxquelles elle soustraite son développement et sa sécurité. Or, le continent doit apporter aux questions qui se posent à lui des réponses africaines, ce qui signifie qu’il doit trouver en lui les ressources et les capacités de son développement, de sa sécurité et de sa souveraineté. Le continent dispose de 3 atouts : des richesses naturelles qui semblent inépuisable, un poids démographique considérable (la puissance est aujourd’hui liée au poids démographique) et un vaste marché avec des centaines de millions de consommateurs d’ici la fin du XXIè siècle. Mais, le continent doit faire face à un handicap majeur : l’Afrique n’existe pas, il existe 54 Etats différents avec des intérêts divergents et des approches idéologiques actuellement irréconciliables. L’Afrique peut-elle sortir du piège que représente le mythe trompeur du panafricanisme politique et faire en sorte que les Etats africains se rangent sous la bannière d’un panafricanisme économique pragmatique ? Le chef d’orchestre des relations intra-africaines ne doit être ni l’Occident, ni Moscou ou Pékin, mais l’Afrique elle-même à travers l’Union Africaine. C’est à cette condition que l’Afrique prendra la place qui lui revient dans les dynamiques nouvelles du nouvel ordre mondial multipolaire qui se construit aujourd’hui.
La Prospérité – Vous dites que l’Afrique n’existe pas, mais qu’il existe 54 Etats souverains, dont les intérêts sont divergents. Comment l’Afrique doit-elle se situer dans ce « Sud global » devenu une réalité géoéconomique et géopolitique ?
Christian Gambotti – Le « Sud global » est un concept nouveau certes, mais il recouvre une réalité ancienne, celle qui renvoie à l’ensemble des pays appelés autrefois « Tiers-Monde ». Cet ensemble est devenu « pays en développement ». Soyons concrets : la plupart des pays du « Sud global » sont des pays pauvres, voire très pauvres, et en retard de développement par opposition à un « Nord global », qui regroupe les pays riches occidentaux. Pour moi, il n’est pas scandaleux que se constitue un « Sud global » qui nous oblige à réinventer le monde. Le danger est le suivant : ce « Sud global » est en train de devenir sous l’impulsion de certaines puissances un monde militant en guerre contre l’Occident. Or, le « Sud global » est un ensemble très hétérogène, dont les membres doivent refuser de s’aligner sur l’une ou l’autre des grandes puissances du « Nord global », - je pense aux Etats-Unis -, ou du « Sud global » - je pense à la Russie ou à la Chine. L’Afrique doit se situer dans le droit fil de l’ancien mouvement des pays non-alignés. Je ne prends qu’un exemple : la lutte contre le terrorisme. Pour que l’Afrique occidentale ne devienne pas un nouveau califat, qu’elle est la meilleure réponse dans la lutte contre le djihadisme ? La CEDEAO ou l’AES (Alliance des Etats Sahéliens) ? La meilleure réponse est évidente : il s’agit de la coopération entre la CEDEAO et l’AES pour offrir, dans l’ensemble de la sous-région, des opportunités de financement, de meilleurs équipements et un partage de renseignements. La CEDEAO avait un centre antiterroriste au Nigéria. La Chine considère qu’il faut y associer le Mali, Niger et le Burkina Faso, qui sont en première ligne dans cette lutte. C’est une bonne idée, mais c’est évidemment plus facile à dire qu’à faire, tous les pays de la sous-région ayant des intérêts différents et divergents. Mais, il faut retrouver l’élan de l’Initiative d’Accra, lancée en 2017 par les pays du golfe de Guinée. L’expérience montre que le G5 Sahel n’était pas la bonne solution. Le développement et la sécurité, comme les réponses aux crises climatiques, sont des enjeux globaux qui nécessitent, dans l’intérêt des populations, le refus de tout enfermement géographique et politique.
Son constat est sombre. Et sa recommandation, pleine de lumière. Réfléchissant sur le sort de sa chère patrie, la RD. Congo, Me Dieudonné Tshibuabua Mbuyi s’attèle, dans sa énième tribune, sur l’épineuse question de la croissance et performance des établissements et entreprises publiques du Portefeuille. Dans sa réflexion, cet Avocat aux Barreaux de Kinshasa-Gombe, de Kananga et de Bruxelles épingle le constat pénible, en RDC, du choix porté sur des mandataires publics sans compétences managériales avérées, ni requises. Pour lui, la désignation des acteurs politiques aux fonctions de mandataires ne favorise pas la croissance, encore moins la performance des entreprises publiques. Ce, étant donné, que ces acteurs politiques portent l’écharde morale envers les intérêts de leur parrain, à savoir leurs partis politiques ou Autorités Morales. Pour juguler ce mal qui ronge l’arsenal du Portefeuille de l’Etat Congolais, il recommande, in extenso, le mode de recrutement de gestionnaires sur base d’un profil managérial avéré ou par un concours indépendant, avec un contrat de performance à la clé, dont les objectifs devront être réévalués périodiquement. Ainsi que l’annulation d’un des décrets de l’ancien Premier Ministre Jean Michel Sama Lukonde précité qui va à l’encontre de l’article 18 de la loi du 07 juillet 2008 qui organise les entreprises publiques.
La dépolitisation des établissements et entreprises publiques du portefeuille est une condition sine qua non à leur croissance et leur performance
Une entreprise publique est toute entreprise du portefeuille de l’Etat dans laquelle l’Etat ou toute autre personne morale de droit public détient la totalité́ ou la majorité́ absolue du capital social. La loi du 07 juillet 2008 a procédé à la transformation des entreprises publiques du portefeuille de l’Etat en sociétés commerciales. Ces entreprises publiques du portefeuille de l’Etat sont régies par le droit commun et prennent l’une des formes prévues par le Décret du 27 février 1887 sur les sociétés commerciales. Les représentants de l’Etat dans les entreprises du portefeuille sont des mandataires publics et ceux-ci forment le conseil d’administration.
Parmi ces mandataires, il y en a que l’on qualifie de mandataires actifs dont le Directeur Général (DG) et dans une moindre mesure, son adjoint. Il y a également les administrateurs, avec le Président du Conseil d’Administration (PCA) en tête, qui sont des mandataires passifs.
Etant donné que ces entreprises sont transformées en sociétés commerciales, elles se retrouvent dans un marché concurrentiel, vu la libéralisation de notre économie, et elles sont régies par le droit OHADA.
Ces entreprises mènent des activités lucratives et se doivent d’être performantes. D’où la nécessité de placer à la tête de ces entreprises, qui pour certaines, ont la taille des multinationales, des personnes ayant un profil de bons managers ainsi que des comités de gestion performants.
Le triste constat est qu’en RDC, la gestion de la plupart de ces entreprises est confiée à des mandataires n’ayant pas les compétences managériales avérées et requises. A la place, c’est un partage de gâteau entre politiciens ou partis politique, dans le cadre d’une récompense pour loyauté ou fidélité à un groupement ou à une certaine autorité morale.
Nous ne contestons pas le fait que certains politiciens peuvent aussi être des bons managers, mais la dette morale dont la plupart se sentent liées les amène à travailler non pas dans l’intérêt de la croissance et de la performance de l’entreprise et par ricochet de l’Etat, mais plutôt pour l’intérêt de leur parti politique ou leur autorité morale. Ainsi, la majorité des entreprises publiques deviennent des lieux de recrutement et d’embauche des membres des partis politiques, des membres de famille des mandataires, ou des personnes qui ont été recommandé au détriment du mode de recrutement classique et utile basé sur les besoins de l’entreprise.
La majorité de ces entreprises sont moins performantes, puisque la masse salariale absorbe tous les bénéfices et que le management s’effectue de manière hasardeuse.
Dans l’intérêt du pays, il est grand temps de mettre un terme à ce système et de privilégier les compétences et la méritocratie. Il y a des personnes qui possèdent des compétences avérées, mais qui, faute de soutien politique, ne peuvent pas accéder à la gestion de ces entreprises.
Par ailleurs, les conseils d’administration de la plupart de ces entreprises sont fortement politisées, avec comme conséquence des rivalités entre les membres du conseil d’administration dont la plupart aboutissent à une guerre acharnée entre le Directeur Générale ( DG) et le Directeur Générale Adjoint, qui souvent convoite la place du DG, ou encore une guerre ouverte entre le DG et le Président du Conseil d’Administration ( PCA), qui oublie son rôle passif et veut supplanter le DG, dans la gestion quotidienne. Il n’est pas rare de voir que le DG, par représailles, bloque à son tour, les avantages des membres du conseil d’administration avec toutes les conséquences sociales qui s’en suivent…Dans une telle situation, il est illusoire de penser que ces entreprises peuvent être performantes.
A cela, il faut rajouter deux décrets de l’ancien Premier Ministre Sama Lukonde signés le 12 avril 2023 portant sur les avantages des mandataires publics dans les entreprises de l’État qui octroient aux mandataires non actifs (passifs) une rémunération régulière, au mépris de l’article 18 de la loi du 07 juillet 2008 qui organise les entreprises publiques, et qui par contre fixe leurs avantages en jeton de présence pour participation aux réunions du conseil d’administration. Par ailleurs, ces décrets leur accordent également d’autres avantages tels que : des soins médicaux, des frais funéraires, des frais d’installation représentant six mois de rémunération, des indemnités de sortie représentant 6 mois de rémunération, des frais de mission et des droits au remboursement des dépenses engagées et billets pour des voyages effectués dans l’intérêt des entreprises, avec comme conséquence que certaines de ces entreprises déboursent des centaines des milliers de dollars mensuels juste pour la rémunération des mandataires, alors que les employés souffrent de grands retards de paiement.
Nous proposons que désormais, le mode de recrutement de gestionnaires se fasse sur la base de leur profil managérial avéré ou par un concours indépendant, avec un contrat de performance à la clé, dont les objectifs devront être réévalués périodiquement. Par ailleurs, nous recommandons l’annulation du décret de l’ancien premier ministre précité qui va à l’encontre de l’article 18 de la loi précitée et d’octroyer uniquement des jetons de présence de participation aux mandataires passifs.
Sous l’œil du Ministre de tutelle et de différents organes de contrôle, tout gestionnaire qui n’aurait pas rempli ces obligations managériales devrait être remercié et remplacé. Ainsi, nous pourrions sauver toutes ces entreprises publiques de cet état de quasi- faillite dont se retrouve la plupart d’entre elles, et, les rendre performantes dans un marché concurrentiel largement dominé par les entreprises à capitaux étrangers, ce qui permettrait certainement d’atteindre au moins un des piliers de l’action gouvernementale, à savoir, la création et la préservation d’emploi stable.
Me Dieudonné Tshibuauba Mbuyi
Avocat aux Barreaux de Kinshasa-Gombe, de Kananga et de Bruxelles
Vice-Président du Centre de Recherche et d’Information pour la Protection des Consommateurs en RDC
Le principe moniste, qui établit une hiérarchie des normes en plaçant les accords et traités internationaux au-dessus des législations nationales, suscite des débats intenses au sein des États souverains. En République Démocratique du Congo (#RDC), comme dans d'autres régions du monde, cette dynamique soulève des interrogations cruciales concernant la souveraineté nationale. Comment concilier l'engagement d'un pays envers la communauté internationale avec le besoin de préserver son indépendance législative et politique ? Dans cette note, je me propose d'explorer ces questions en examinant le principe moniste, ses implications pour la souveraineté nationale en RDC et les enjeux globaux qui en découlent.
Le principe moniste : définition et implications
Le principe moniste repose sur l'idée que le droit international et le droit national forment un tout intégré. Les traités et accords internationaux, une fois ratifiés, ont force obligatoire au même titre que les lois internes. Cela signifie que, dans les cas de conflits, les normes internationales doivent prévaloir. En théorie, ce principe vise à assurer une cohérence dans le respect des droits humains, de l'environnement et d'autres normes globales. Cependant, cette hiérarchie des normes pose un défi pour les États, notamment en matière de souveraineté.
La situation en République Démocratique du Congo
La Constitution de la RDC contient des dispositions qui déterminent son rang normatif. Il s’agit principalement des articles 215, 216 et 217 de la Constitution. L'article 215 confirme le caractère moniste du droit congolais. Cet article 215 met en exergue l’autorité supérieure des traités sur les lois tandis que l’article 217 conditionne la ratification des traités internationaux à leur conformité à la Constitution. Quant à l’article 216, il prévoit un contrôle préventif de la constitutionnalité qui porte sur tous les traités ou accords internationaux, c'est-à-dire aussi bien sur ceux qui sont soumis à l'approbation parlementaire avant leur ratification.
En RDC, la question de la souveraineté nationale est particulièrement sensible. Le pays, riche en ressources naturelles, a souvent été confronté à des interventions étrangères, tant militaires, politiques qu'économiques. L'application du principe moniste pourrait signifier que des décisions prises à l'échelle internationale, comme celles concernant l'exploitation des ressources ou les droits des peuples autochtones, aient un impact direct sur les lois congolaises. Ainsi, la RDC se retrouve à naviguer entre ses engagements internationaux et la nécessité de protéger ses intérêts nationaux.
Les enjeux globaux
Au-delà de la RDC, d'autres régions du monde partagent des préoccupations similaires. Les États en développement, souvent soumis à des pressions extérieures pour adopter des législations conformes aux normes internationales, craignent une dilution de leur souveraineté. Par ailleurs, la montée du nationalisme dans divers pays remet en question l'adhésion à des traités internationaux, illustrant une tension entre les impératifs globaux et les aspirations locales. La question se pose alors : jusqu'où un État peut-il se conformer à des normes extérieures sans compromettre son autonomie ?
Vers un équilibre entre souveraineté et coopération internationale
Pour la RDC, il est impératif d'envisager des mécanismes qui permettent de concilier les exigences du droit international avec les besoins spécifiques du pays. Cela nécessite une approche proactive, où la RDC pourrait jouer un rôle actif dans la formulation des normes internationales, afin de s'assurer que celles-ci tiennent compte des réalités locales. Pour cela le pays doit se doter d’une législation et de structures sur la normalisation qui n’existent pas en RDC. Je prépare un projet de loi dans ce sens au Sénat.
Renforcement des capacités nationales
Un autre aspect essentiel est le renforcement des capacités institutionnelles et juridiques au sein de la RDC. En investissant dans la formation des juristes et en améliorant le système judiciaire, le pays peut mieux intégrer les normes internationales dans son cadre législatif sans sacrifier son autonomie. Cela passe également par la sensibilisation des acteurs politiques et de la société civile sur les enjeux liés au droit international et à la souveraineté nationale.
La voix des citoyens et des acteurs locaux
Enfin, il est crucial d'inclure la voix des citoyens et des acteurs locaux dans le débat sur le principe moniste et la souveraineté. Les populations congolaises, souvent les premières affectées par les décisions prises à l'échelle internationale, doivent avoir l'opportunité de participer activement aux discussions sur les traités et accords qui les concernent. Une approche participative permettra non seulement de renforcer la légitimité des décisions, mais aussi de garantir que les intérêts locaux soient pris en compte.
Conclusion
Le principe moniste, en plaçant les accords et traités internationaux au sommet de la hiérarchie des normes, offre une vision intégrée du droit qui favorise la coopération entre les Etats.
Le principe moniste représente un couteau à double tranchant pour la RDC. S'il offre des opportunités de coopération et de développement à l'échelle internationale, il pose également des défis significatifs pour la souveraineté nationale.
A l'aube d'une nouvelle ère de relations internationales marquées par l'interconnexion et l'interdépendance, il est crucial que la RDC et d'autres Etats en développement trouvent des solutions innovantes pour naviguer ces tensions. Cela nécessitera une vision stratégique, un engagement sincère envers les droits fondamentaux et un équilibre délicat entre l'adhésion aux normes internationales et la préservation de l'intégrité nationale.
La route à suivre est complexe, mais elle est essentielle pour garantir un avenir où la souveraineté et la coopération peuvent coexister en harmonie.