Dans le cadre de sa vision humanitaire et patriotique, Sa Majesté Joseph Mukungubila Mutombo a procédé à l’inauguration officielle d’un Centre de Santé Intégré au bénéfice des populations de Kisaala et des localités environnantes, dans le territoire de Kabalo, province du Tanganyika.
Une infrastructure moderne au service de la communauté
Ce centre, véritable pilier sanitaire pour la région, est doté de plusieurs services médicaux essentiels :
Médecine interne et générale
Service de réflexologie thérapeutique
Unité de soins de réhabilitation et de récupération des signes vitaux
Salle de massage thérapeutique, équipée de dispositifs spécialisés de haute technologie pour le massage plantaire, favorisant la détente neuromusculaire et la stimulation circulatoire.
L’ouverture de cette structure incarne l’amour profond de Sa Majesté pour la République Démocratique du Congo et pour son terroir natal, Kabalo. Elle s’inscrit dans une dynamique de développement communautaire durable, visant à renforcer l’accès à des soins de santé de qualité dans les zones rurales.
Une inauguration marquée par des actes concrets
La cérémonie a connu la présence du Directeur de la Fondation MUK, le Prince Nathanaëlle Mukungubila, qui a lui-même expérimenté une séance de réflexologie plantaire, illustrant l’efficacité des soins proposés.
Le centre est approvisionné en médicaments essentiels, équipements biomédicaux et consommables, garantissant un démarrage opérationnel immédiat.
Il est, par ailleurs, souhaitable que le médecin-chef de zone de Kabalo accompagne cette œuvre en apportant un soutien technique et administratif, afin de moderniser et d’élever ce centre au rang d’établissement de santé de première ligne.
Un accueil enthousiaste des populations
Les responsables du centre ont exprimé leur gratitude et leur engagement à servir les populations locales notamment, celles de Kikunu, Kabujilwa, Luala, Kaindji, Kala, Mukomwenze et Kisaala centre. A peine inauguré, le centre a déjà accueilli ses premiers patients, venus en consultation.
Le bâtisseur proche de son peuple
Après la cérémonie, le bâtisseur de Kisaala s’est rendu à l’atelier de soudure local pour encourager un jeune artisan impliqué dans les travaux d’aménagement de la cité. Ce geste symbolise son attachement au développement participatif et à la valorisation des initiatives locales.
« Construire Kisaala n’est pas un hasard, mais une mission, une vision… une recommandation venue du ciel, mon père. »
Dès sa prise de fonction à la tête de la politique budgétaire de la République Démocratique du Congo, Adolphe Muzito, le nouveau VPM en charge du Budget, a frappé fort en affichant son ambition de « doubler » le budget national. Certains y voient une provocation, d’autres un coup de bluff, mais le véritable mérite de cette annonce est ailleurs. Au-delà de l’effet d’annonce, le mérite de cette déclaration est d’avoir replacé au centre du débat public la nécessité de repenser en profondeur le modèle économique congolais. Car les années passent, les promesses se succèdent, malgré des ressources minières colossales, des forêts inestimables et un potentiel agricole gigantesque, la RDC reste enfermée dans le paradoxe du pays riche en promesses mais pauvre en résultats.
Rappelons que le Programme quinquennal présenté par le gouvernement Suminwa devant l’Assemblée nationale pour obtenir son investiture tablait sur un budget total de 92 milliards USD, soit environ 18 milliards USD par an. En d’autres termes, le plan initial ne prévoyait aucun saut budgétaire majeur durant ce second quinquennat de Félix Tshisekedi. L’ambition de Muzito de faire passer le budget de 17 à près de 34 milliards USD tranche donc radicalement avec la prudence de la Cheffe du Gouvernement et projette une vision beaucoup plus offensive.
Mais pour atteindre cet objectif colossal, il ne suffit pas de gonfler les chiffres sur le papier. Il faudra accroître significativement les recettes publiques, optimiser les dépenses et, surtout, s’attaquer aux failles structurelles qui grèvent les finances de l’État congolais.
L’hémorragie fiscale qui vide l’Etat
D’une part, l’administration fiscale en RDC fonctionne comme une passoire. Dans un pays de plus de 100 millions d’habitants, à peine 200.000 assujettis sont identifiés, laissant l’essentiel de l’activité économique hors du champ de l’État. Le commerce extérieur accentue cette hémorragie. Près de 5 milliards USD disparaissent chaque année à cause de la fraude douanière, alimentée par le transbordement qui prospère comme une économie parallèle autour de chaque poste frontalier. Dans le secteur minier, pourtant poumon économique du pays, les contrats léonins étranglent les finances publiques.
De l’autre, la Banque mondiale, dans son rapport du 29 juillet 2025, alerte sur le poids écrasant des incitations fiscales actuelles. Ces avantages et exonérations, censés stimuler l’investissement, engloutissent une part considérable des recettes nationales sans pour autant générer un réel impact sur l’économie. L’institution de Bretton Woods souligne que ces mesures profitent souvent à une minorité d’acteurs privilégiés, tout en privant l’État des ressources nécessaires pour financer les infrastructures, les services publics et la stabilité macroéconomique.
Il faut également rappeler que la RDC ne connaît toujours pas, à ce jour, avec exactitude le nombre réel d’agents et de fonctionnaires dans l’administration publique, l’armée et la police. Cette opacité sur les effectifs alimente un problème chronique de "salaires fictifs", où des milliers de personnes fantômes perçoivent des rémunérations qu’elles ne devraient pas toucher. Chaque mois, ce système grignote des millions de dollars au Trésor public, asséchant des ressources déjà fragiles.
La révision des accords chinois en 2024 a permis à l’État de récupérer 7 milliards USD supplémentaires, démontrant qu’une négociation ferme et stratégique peut rétablir l’équilibre et soulignant l’ampleur des ressources colossales que l’État laisse encore échapper, alors qu’elles sont cruciales pour le pays. Dans le même esprit, la rationalisation des incitations fiscales, tout comme la mise en place d’un recensement exhaustif et d’un système de gestion transparent des agents publics et de leurs rémunérations, n’est plus une option mais une urgence absolue.
Le mode d'emploi est connu
Repenser la politique fiscale devient indispensable pour servir l’intérêt général et soutenir un développement économique durable.
Dans son ouvrage « Congo Kinshasa. Quand la corruption dirige la République », le Professeur Venant Ambroise Bukassa estime à près de 12 milliards USD par an le manque à gagner du Trésor public à cause de la corruption, une somme vertigineuse qui s’évapore dans les pots-de-vin, les contrats opaques et les réseaux parallèles enracinés au cœur de l’Etat.
Pour freiner cette hémorragie, il ne suffit plus de discours, il faut renforcer drastiquement les instances de contrôle comme l’Inspection générale des finances (IGF), la Cour des comptes, la Cellule Nationale des Renseignements Financiers (CENAREF) et l’ensemble des services d’audit fiscal, en leur donnant des moyens réels, une autonomie totale et des protections contre les pressions politiques. Sans un tel arsenal, chaque dollar collecté continuera de se volatiliser dans ce puits sans fond où prospère la corruption.
Pour maximiser ses recettes et restaurer la maîtrise de ses ressources, la RDC doit engager une transformation structurelle profonde. Il faudra automatiser les paiements et numériser l’ensemble des procédures dans les ports, les postes douaniers et les guichets publics, afin de réduire drastiquement les fuites de recettes et fermer les brèches où disparaissent des milliards.
Cette numérisation doit s’accompagner d’un renforcement des postes frontaliers pour mettre un terme à l’entrée massive de produits déchargés dans des dépôts clandestins situés dans les pays voisins, puis fragmentés pour franchir la frontière illégalement. Le pays doit également créer des mécanismes de contrôle sur toute la chaîne de valeur, depuis la production jusqu’à l’exportation, en passant par le traitement des ressources.
Dans ce cadre, la mise en place d’une bourse minière nationale devient stratégique, car elle permettrait non seulement de centraliser les ventes, mais aussi d’influencer les prix afin d’assurer des transactions équitables.
Parallèlement, des niches fiscales inexploitées doivent être mises à contribution, notamment dans le secteur foncier, grâce à une réforme foncière et cadastrale ambitieuse. A cela s’ajoute la nécessité d’une réforme du climat des affaires pour simplifier la fiscalité des PME, attirer les investisseurs et créer des zones économiques spéciales performantes.
Enfin, l’opérationnalisation effective de la Direction générale du Compte unique du Trésor est cruciale pour centraliser les recettes de l’État, accroître la transparence et rationaliser les dépenses publiques.
La RDC demeure un géant fiscalement sous-exploité, assise sur des richesses immenses mais incapable d’en tirer tout le potentiel pour alimenter son budget national. Entre des recettes minières mal captées, une assiette fiscale dérisoire et des fuites colossales aux frontières, le pays se prive de milliards de dollars chaque année.
La liste des réformes, combinées, représenterait à lui seul une véritable offensive structurelle capable de transformer le système fiscal congolais, de stopper les fuites de capitaux et de redonner à l’État les moyens de financer son propre développement, est longue, exhaustive et pleinement disponible. Cela vaut de même pour les experts capables de mettre en œuvre une feuille de route qui va précisément dans le sens de doubler le budget national.
Le fait d’en détailler certaines réformes ne vise pas à noyer le lecteur sous des propositions techniques, mais à démontrer que les leviers sont là, les compétences et expertises congolaises aussi. Pourtant, le vrai défi pour Muzito pourrait bien se trouver ailleurs.
Volonté politique ?
Le dessin affiché par Adolphe Muzito de doubler le budget national ressemble autant à un acte d’audace qu’à une gifle politique adressée à la gouvernance Suminwa, essoufflée, incapable de définir une trajectoire claire pour remettre la RDC sur les rails de l’émergence économique. Ce contraste devient d’autant plus frappant que, dans un moment de crise nationale, après l’occupation de Goma et de Bukavu, le président de la République avait tendu à Judith Suminwa une passe en or.
Il lui confiait la mission historique d’ouvrir une « ère de paix et de prospérité ». Pour la première fois dans l’histoire du pays, une femme accédait à la Primature, investie d’un mandat historique : restaurer la dignité nationale, bâtir une armée moderne, puissante et dissuasive, et poser les bases d’une économie de guerre capable de soutenir l’effort de souveraineté.
Au lieu d’une vision structurée, la gouvernance Suminwa s’est arrêtée à une mesure symbolique consistant à doubler le salaire des militaires et policiers. Une décision certes populaire, mais insuffisante et déconnectée d’une stratégie globale. Pire encore, le train de vie des institutions est resté intact. La preuve saute aux yeux : un énième gouvernement pléthorique de 53 membres, absorbant des ressources colossales.
Pire encore, malgré un budget rectificatif 2025, l’équipe Suminwa a engagé des dépenses de fonctionnement bien supérieures aux prévisions initiales, favorisant les institutions politiques au détriment des investissements stratégiques dont la RDC a tant besoin.
Dans ce contexte, la posture de Muzito prend des allures de rupture. En affichant son ambition de doubler le budget, il s’impose comme le seul au sein du gouvernement à proposer un cap audacieux. Mais un budget national ne se double pas à coups de slogans : cela nécessite la mobilisation de tous les ministères, des réformes profondes et une discipline budgétaire sans faille.
La question qui se pose désormais est simple : Judith Suminwa soutiendra-t-elle ce projet ambitieux pour redonner un souffle au Gouvernement ou le combattra-t-elle pour préserver une ligne de gestion qui semble déjà à bout de souffle ?
(Par Jean Aimé Mbiya Bondo Shabanza, Analyste Socio-Politique, Expert en Administration Publique, Vice-président Fédéral et Représentant Adjoint de l’UDPS/Tshisekedi-USA)
Introduction Il y a des mensonges qui blessent et des impostures qui tuent. La République Démocratique du Congo en est la preuve vivante : un pays riche, mais meurtri, qui n’a cessé de saigner depuis plusieurs décennies sous les coups de rébellions meurtrières. Toutes naissent et prospèrent sous le même prétexte fallacieux : celui de « protéger les populations » et de « libérer le peuple ». Mais derrière ces slogans séduisants, se cache une mécanique macabre : celle de l’occupation, du pillage et du massacre. Car la vérité, implacable, est que jamais un peuple n’a été sauvé par ceux qui l’égorgent.
Depuis les collines du Kivu jusqu’aux forêts de l’Ituri, les Congolais connaissent trop bien cette farce tragique. Les prétendus libérateurs arrivent toujours armés jusqu’aux dents, jurant fidélité à la justice et au peuple, mais ne laissent derrière eux que des villages incendiés, des charniers anonymes et des millions de déplacés. Comment croire à la sincérité de ces criminels quand ce sont les femmes congolaises qui portent le fardeau de leurs viols, les enfants congolais qui deviennent les orphelins de leurs guerres, et les hommes congolais qui meurent dans l’anonymat des fosses communes ?
Aujourd’hui, l’histoire se répète, plus cynique que jamais. Sous le label M23/AFC, le Congo voit ressurgir un hydre déjà bien connu, financé, armé et dirigé par le régime expansionniste du Rwanda. Derrière cette nouvelle bannière se cache une alliance contre-nature, un attelage hétéroclite composé de criminels de guerre récidivistes et de traîtres à la patrie : Corneille Nangaa, l’ancien président de la CENI devenu rebelle ; Bertin Bisimwa, l’idéologue au service des intérêts étrangers ; Sultani Makenga, bourreau multirécidiviste de l’Est congolais ; et toute une cohorte de mercenaires sans foi ni loi.
Ce qui rend cette imposture encore plus insupportable, c’est l’arrogance avec laquelle ces seigneurs de guerre prétendent parler au nom du peuple congolais, alors même que leurs mains dégoulinent du sang des innocents. Pire encore, ils osent accuser le régime du Président Félix Tshisekedi, élu dans un processus démocratique, tout en servant ouvertement de sous-traitants à Kigali. Le mensonge atteint ici son paroxysme : les bourreaux se présentent comme des sauveurs, les pyromanes se déguisent en pompiers, et les traîtres réclament l’étiquette de patriotes. Une injure à la mémoire des victimes et un affront à la conscience nationale.
Le mensonge de la protection : un discours creux Ils disent protéger le peuple. Mais de quel peuple parlent-ils ? Les chiffres sont implacables : plus de 6 millions de déplacés internes dans l’Est de la RDC selon le HCR, des milliers de morts recensés par la société civile, des villages entiers rayés de la carte dans le Nord-Kivu et l’Ituri. Derrière leurs armes, Nangaa, Bisimwa, Makenga et leurs complices ne laissent derrière eux que des fosses communes et des camps de déplacés.
Comment oser parler de protection quand les enfants sont arrachés à leurs écoles pour devenir chair à canon, quand les femmes sont réduites au viol comme arme de guerre, quand les terres agricoles sont transformées en bases militaires pour servir un agenda étranger ? Le peuple congolais n’a pas besoin de ce genre de « protecteurs ». Il a besoin de paix, de justice et d’un État qui défend réellement ses citoyens.
La trahison de Corneille Nangaa : du juge électoral au criminel en treillis Le cas de Corneille Nangaa est une trahison nationale. Ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), il avait entre ses mains la mission sacrée d’organiser des élections, de protéger la démocratie et de proclamer les résultats. C’est lui qui, en 2018, a déclaré Félix Tshisekedi vainqueur de la présidentielle. Comment expliquer que, quelques années plus tard, cet homme troque son costume d’arbitre pour revêtir celui d’un rebelle armé, appelant à renverser le même président qu’il avait validé ?
Cette métamorphose n’est pas une reconversion politique : c’est une chute morale abyssale. Nangaa incarne la faillite des élites qui, au lieu de servir la République, se mettent au service d’agendas étrangers. En rejoignant un mouvement criminel, il signe son acte de trahison et devient un fossoyeur de l’État de droit.
Bertin Bisimwa : le faux idéologue d’une guerre sale À côté de Nangaa, se dresse Bertin Bisimwa, présenté comme le « cerveau politique » de l’AFC. Mais quel projet politique peut naître des larmes et du sang ? Bisimwa n’est qu’un autre visage de la duplicité : un Congolais de façade, mais un exécuteur zélé de la stratégie rwandaise d’occupation et de balkanisation de l’Est congolais.
Ses discours accusateurs contre le régime Tshisekedi ne sont qu’un écran de fumée. Car pendant qu’il dénonce Kinshasa, il ferme les yeux sur les convois militaires venus de Kigali, sur les livraisons d’armes et sur l’exploitation illégale des minerais congolais qui alimentent cette machine de guerre.
Le rôle du Rwanda : un secret de Polichinelle Il serait naïf de croire que ces criminels agissent seuls. Le Rwanda, par son régime expansionniste, est le véritable donneur d’ordre. Les rapports successifs de l’ONU l’ont démontré : Kigali arme, finance, entraîne et dirige ces rebelles sous-traitants. Leur mission est claire : affaiblir la RDC, contrôler les richesses minières du Kivu et imposer une tutelle de fait sur des provinces congolaises.
Et pourtant, avec un cynisme sans bornes, ces marionnettes accusent Félix Tshisekedi de tous les maux. Ils osent se présenter comme les alternatives, alors qu’ils ne sont que des pions d’une stratégie étrangère. Accuser Kinshasa, c’est détourner l’attention de leur propre barbarie.
Conclusion : nommer les bourreaux, refuser l’imposture Il est temps d’appeler les choses par leur nom. Corneille Nangaa n’est pas un opposant : c’est un traître à la Nation, un homme qui a foulé aux pieds le serment républicain pour se livrer aux ambitions étrangères. Bertin Bisimwa n’est pas un idéologue : c’est un complice servile, un agent zélé d’un agenda de balkanisation. Quant à Sultani Makenga, il n’est pas un chef militaire, mais un criminel de guerre récidiviste, un bourreau de son propre peuple. Et le M23/AFC n’est pas un mouvement protecteur : c’est une milice terroriste, sous-traitante du Rwanda, instrument de destruction et de honte.
Le Congo ne peut pas se laisser berner par des imposteurs qui se déguisent en sauveurs. Notre peuple mérite mieux que des slogans hypocrites qui masquent la barbarie. La vraie protection ne viendra jamais de ceux qui tiennent des fusils contre les civils, mais d’un État fort, souverain, réformé et capable de défendre son intégrité. C’est dans les institutions républicaines, et non dans les baïonnettes des mercenaires, que réside l’avenir de notre Nation.
Ceux qui, sans honte, osent accuser Félix Tshisekedi pendant qu’ils massacrent des Congolais, doivent être démasqués et traités pour ce qu’ils sont : des criminels. L’Histoire les jugera comme tels, mais avant cela, le peuple et la justice internationale doivent les dénoncer, les isoler et les condamner. Car laisser prospérer leur imposture reviendrait à normaliser le crime, à banaliser la trahison et à mépriser la mémoire des victimes.
Le sang des innocents crie plus fort que leurs mensonges. Aucune propagande ne peut effacer les larmes des mères, le silence des villages vidés de leurs habitants, ou les tombes anonymes qui parsèment l’Est du pays. Ce cri traverse les frontières et appelle à la responsabilité de tous : autorités congolaises, partenaires internationaux, société civile et diaspora. Car il ne s’agit pas seulement d’un combat militaire, mais d’un combat pour la dignité, la justice et la vérité.
Tôt ou tard, la vérité les rattrapera. Les criminels tomberont sous le poids de leurs crimes. Les traîtres seront emportés par la honte de leur trahison. Mais le Congo, lui, se relèvera. Plus fort, plus uni, et déterminé à ne plus jamais laisser ses bourreaux se déguiser en protecteurs.
« Congolais, debout ! Ne laissez plus les imposteurs masquer la mort et la destruction sous le voile mensonger de la protection. Dénoncez-les, refusez-les, résistez à leurs manipulations. Chaque voix, chaque action pour la vérité et la justice est un pas vers la paix et la dignité retrouvées. Le Congo appartient à son peuple, pas à ses bourreaux. Aujourd’hui, plus que jamais, unissons-nous pour défendre notre Nation, protéger nos frères et nos sœurs, et écrire ensemble l’histoire d’un pays libre, souverain et respecté. »
(Par : Jean Aimé Mbiya Bondo Shabanza, Vice-président Fédéral et Représentant Adjoint de l’UDPS/Tshisekedi-USA, Analyste Sociopolitique et Expert en Administration Publique)
Introduction
À l’aube du deuxième Congrès de l’Union Sacrée de la Nation, la République Démocratique du Congo se tient face à un moment décisif de son histoire. Chaque citoyen, chaque acteur politique, chaque force vive de la nation doit se rendre à l’évidence : le Congo est à la croisée des chemins.
Les crises sécuritaires se multiplient, les institutions vacillent, l’économie peine à répondre aux besoins du peuple, et la souveraineté nationale est mise à l’épreuve par des menaces internes et externes. Dans ce contexte, certains leaders politiques apparaissent détachés, distraits, obsédés par leurs ambitions personnelles et leur confort matériel, oubliant que leur rôle est de servir la nation et non leurs intérêts mesquins. Ces acteurs, pourtant investis de responsabilités sacrées, sacrifient le bien commun pour préserver leur ventre et leur pouvoir, mettant en danger l’avenir de millions de Congolais.
La réforme constitutionnelle n’est plus un choix politique parmi d’autres. Elle est un impératif de survie nationale, un acte de patriotisme, un appel à la mobilisation collective. Chaque Congolais qui croit en la grandeur et au futur du pays est interpellé : il est temps de se lever et de dénoncer l’immobilisme et l’opportunisme de ceux qui compromettent la stabilité du pays pour satisfaire des intérêts égoïstes. L’histoire du Congo ne peut plus attendre les calculs politiciens de quelques-uns. Elle exige du courage, de la lucidité et une vision claire pour protéger la République et ses institutions.
Sous la direction de président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, la réforme constitutionnelle représente le levier stratégique d’une renaissance nationale. Elle vise à renforcer la sécurité, consolider la démocratie, moderniser les institutions et inscrire la gouvernance dans une dynamique durable. Mais ce projet ne peut réussir que si le peuple et les forces vives de la nation s’unissent véritablement, au-delà des divisions partisanes et des alliances fragiles. Il est temps de rappeler à ceux qui occupent des fonctions publiques que le patriotisme ne se limite pas à des discours, mais se manifeste dans les actes concrets qui mettent la nation au-dessus de tout intérêt personnel.
L’Union sacrée de la Nation doit être totale et inclusive. Elle ne peut se contenter de quelques leaders ou d’alliances opportunistes. La société civile, la jeunesse, les acteurs religieux, les intellectuels, les milieux académiques et la diaspora doivent se sentir acteurs et responsables de cette refondation nationale. Le Congo a besoin d’un patriotisme actif et d’une mobilisation collective qui transcende les querelles politiques et les ambitions personnelles. C’est cette responsabilité partagée qui constitue le socle d’un nouvel élan républicain, capable de redonner au pays sa stabilité, sa dignité et sa souveraineté.
Plus qu’un débat juridique ou institutionnel, la réforme constitutionnelle est un acte de courage politique et citoyen. Elle doit permettre de refonder l’État, de consolider la paix et de poser les bases d’un développement durable. Chaque Congolais, chaque acteur politique, chaque citoyen engagé est appelé à prendre conscience que le temps de l’inaction est révolu. Les calculs mesquins, la complaisance et la distraction ne sont plus acceptables. L’avenir du Congo exige responsabilité, courage et patriotisme.
Le Congo ne peut plus attendre. Le Congo doit se lever. Le Congo doit agir. Il est temps que la nation se rassemble derrière une vision claire et ambitieuse, qu’elle défende sa souveraineté et qu’elle construise, enfin, un État capable de protéger ses citoyens et d’assurer un avenir digne à ses enfants. Chaque Congolais a désormais un rôle à jouer. Et ceux qui restent attachés à leurs intérêts personnels doivent choisir : servir le Congo ou se retirer de l’histoire. L’heure de la réforme est arrivée. L’heure de la responsabilité nationale est venue. Le Congo doit triompher.
I. Contexte Actuel de la RDC
Depuis plus de six décennies, la République Démocratique du Congo vit au rythme des convulsions politiques et des crises répétées. De l’euphorie de l’indépendance aux années sombres des dictatures, en passant par des guerres sanglantes et des transitions chaotiques, l’histoire récente du pays témoigne d’une instabilité chronique. Si la Constitution actuelle avait pour ambition d’asseoir la démocratie et l’État de droit, force est de constater que son application a souvent été dévoyée par des pratiques politiciennes qui privilégient les intérêts particuliers au détriment du bien commun.
Aujourd’hui, la situation est d’autant plus critique que la nation fait face à une agression militaire extérieure qui remet en cause son intégrité territoriale et menace directement sa souveraineté. Les institutions peinent à répondre efficacement à ces défis, accentuant le sentiment d’abandon au sein de la population. Dans ce contexte, la RDC a besoin non seulement d’un cadre juridique et institutionnel plus robuste, mais aussi de leaders visionnaires, capables d’incarner l’intérêt national, de prendre des décisions courageuses et de porter des réformes de fond.
C’est à ce prix seulement que pourra s’instaurer une stabilité durable, condition préalable à tout développement économique et social. La réforme constitutionnelle apparaît dès lors comme une nécessité impérieuse : elle doit offrir des garanties de continuité politique, renforcer la légitimité des institutions et créer les bases d’une gouvernance crédible, tournée vers l’avenir et la sécurité des générations futures.
II. Nécessité d’une Réforme Constitutionnelle
L’Union Sacrée de la Nation ne doit pas se limiter à des rencontres de façade, ponctuées de discours convenus et de per-diems distribués aux participants. Elle doit devenir un cadre d’anticipation et de réflexion stratégique, une véritable plateforme nationale où s’élaborent les réponses aux défis existentiels qui menacent la République. Dans un contexte marqué par l’agression militaire, la fragilité institutionnelle et l’instabilité économique, il serait irresponsable de réduire cette initiative à une simple alliance conjoncturelle.
La Constitution de 2006, bien qu’ayant favorisé le pluralisme politique, révèle aujourd’hui ses faiblesses structurelles. Elle n’a pas su prévenir les crises institutionnelles répétées ni assurer une continuité dans la gouvernance. Plus grave encore, elle empêche d’inscrire la présidence dans une vision de long terme, indispensable à la stabilité et au développement. C’est pourquoi une réforme constitutionnelle s’impose, non pas comme une option, mais comme une exigence patriotique et stratégique.
Face aux menaces actuelles, il est vital de consolider le pouvoir exécutif afin de garantir la sécurité nationale, de protéger l’intégrité territoriale et de préserver la souveraineté de l’État. Cette réforme doit permettre d’éviter les blocages politiques, de renforcer l’autorité de l’État et de donner au Congo une gouvernance durable, affranchie des cycles électoraux qui fragilisent les acquis.
Dans ce contexte, maintenir Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo à la tête de la Nation au-delà de 2028 apparaît comme un choix de raison et de responsabilité. Son pragmatisme et la dimension de providence que beaucoup reconnaissent à son leadership constituent des garanties pour la consolidation de la paix et la stabilité de la RDC. Organiser de nouvelles élections présidentielles dans une telle période d’incertitude reviendrait à exposer le pays à de nouveaux risques de division et de fragilité institutionnelle.
La véritable Union Sacrée, élargie aux forces vives – société civile, acteurs religieux, monde académique, secteur privé et diaspora congolaise – doit donc porter cette réforme. Car il ne s’agit plus simplement d’écrire une page de notre histoire, mais de bâtir les fondations d’un État solide, stable et souverain, capable de répondre aux aspirations profondes du peuple congolais.
III. Félix Antoine Tshisekedi : Leadership et Clé de Voûte de la Réforme Constitutionnelle
Dans une nation traversée par des décennies d’instabilité, la question du leadership n’est pas secondaire : elle est décisive. La République Démocratique du Congo a besoin d’un capitaine capable de tenir le cap au milieu des tempêtes, d’un dirigeant dont la légitimité et la vision puissent transcender les divisions pour fédérer toutes les forces vives autour d’un même objectif. Ce rôle, aujourd’hui, revient incontestablement à Son Excellence Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Son accession à la magistrature suprême a marqué une rupture avec les pratiques politiques du passé. En plaçant la paix, la diplomatie et la réforme institutionnelle au cœur de son action, le Chef de l’État a démontré un pragmatisme lucide : gouverner non par idéologie, mais par la recherche de solutions concrètes aux problèmes réels du pays. À ce pragmatisme s’ajoute une dimension de providence que beaucoup de Congolais reconnaissent en lui, voyant en sa présidence une opportunité historique offerte à la Nation pour rompre avec le cycle de la fatalité.
L’Union Sacrée de la Nation, telle qu’il l’a initiée, n’est pas une coalition opportuniste mais une vision stratégique : rassembler toutes les énergies, bien au-delà des clivages partisans, pour bâtir un État stable et résilient. Ce projet ne peut se limiter à un mandat présidentiel limité par une Constitution désormais dépassée. Car la réalité est claire : changer de leadership en 2028, au moment où le pays lutte pour sa survie et sa stabilité, serait une erreur historique.
En vérité, Félix Tshisekedi incarne aujourd’hui la clé de voûte de toute réforme constitutionnelle crédible. Sans son impulsion, son autorité morale et sa capacité de rassemblement, le risque est grand de voir s’effondrer les efforts entrepris. C’est pourquoi, loin d’un simple calcul politique, le maintien de son leadership au-delà de 2028 s’impose comme une exigence patriotique et stratégique pour la continuité de l’État et la paix durable en RDC.
L’avenir du Congo dépend de la consolidation de cette vision : une Union Sacrée authentique, élargie aux forces vives de la Nation, et une réforme constitutionnelle qui garantisse la stabilité nécessaire pour transformer enfin le potentiel congolais en réalité.
IV. L’Union Sacrée : Socle d’une Révolution Patriotique
L’heure n’est plus aux demi-mesures ni aux alliances de circonstance. Face à l’agression extérieure, à l’instabilité chronique et aux fragilités institutionnelles, la République Démocratique du Congo a besoin d’un sursaut collectif. L’Union Sacrée de la Nation, telle que pensée par le président Félix Antoine Tshisekedi, doit se transformer en une force patriotique structurante, capable d’incarner la volonté populaire et d’imposer une nouvelle dynamique politique.
Cette Union ne peut plus se réduire à un simple partage de postes ou à des rencontres de façade. Elle doit devenir le laboratoire national de la réflexion stratégique, où se conçoivent les réponses aux défis sécuritaires, économiques et sociaux. En intégrant toutes les forces vives – société civile, diaspora, jeunesse, acteurs religieux et monde académique – elle peut devenir l’expression authentique d’un peuple rassemblé derrière un projet commun.
C’est dans ce cadre que la réforme constitutionnelle doit trouver son ancrage. Non pas comme un artifice juridique, mais comme l’acte fondateur d’une révolution patriotique, celle qui vise à consolider l’autorité de l’État, à assurer la continuité des réformes, et à placer la Nation au-dessus des calculs électoralistes. Maintenir Félix Tshisekedi à la tête du pays au-delà de 2028 n’est pas un caprice politique : c’est la condition pour préserver la stabilité, éviter une rechute dans le chaos et garantir la paix durable.
La RDC se trouve à la croisée des chemins. Elle peut choisir la voie de la division et de l’instabilité, ou celle de l’unité et de la réforme. L’Union Sacrée, portée par le leadership de Félix Tshisekedi, doit être le socle de cette révolution patriotique, celle qui permettra d’écrire enfin une page glorieuse de notre histoire nationale.
V. L’Heure d’une Révolution Patriotique
L’histoire nous enseigne que les peuples qui refusent de subir et qui choisissent de prendre leur destin en main sont ceux qui parviennent à transformer leurs épreuves en victoires. Aujourd’hui, la République Démocratique du Congo se trouve face à ce moment décisif. Confrontée à l’agression militaire, à l’instabilité politique et à la fragilité institutionnelle, notre Nation ne peut plus se permettre l’attentisme ni les demi-mesures. Le temps des réformes timides est révolu : l’heure est venue pour une révolution patriotique.
Cette révolution ne se fera pas par les armes, mais par l’unité et la volonté collective. Elle exige une réforme constitutionnelle profonde, adaptée aux réalités actuelles, qui consolide l’autorité de l’État et garantisse la continuité des réformes. Elle requiert une Union Sacrée authentique, élargie à toutes les forces vives, où chaque Congolais – de l’intérieur comme de la diaspora – trouve sa place et contribue à la construction d’un avenir commun.
Au cœur de cette dynamique, le rôle du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo est incontournable. Par son pragmatisme et la dimension providentielle de son leadership, il incarne aujourd’hui la stabilité et la vision nécessaires pour guider la Nation à travers la tempête. Maintenir ce cap au-delà de 2028 n’est pas une option secondaire, mais une exigence patriotique, afin d’éviter la rechute dans le chaos et de préserver la paix durable.
Le Congo ne peut plus rester spectateur de son destin. Comme d’autres peuples avant nous, qui ont eu le courage de se lever pour bâtir un avenir digne de leurs sacrifices, nous devons aujourd’hui écrire notre propre page glorieuse. L’heure est venue de rompre avec le cycle de la fatalité, de nous unir autour d’un projet national et de hisser haut le flambeau d’une révolution patriotique pour la stabilité, la dignité et le développement de la République Démocratique du Congo.
Le travail représente une composante de l'activité humaine impliquant la mobilisation des connaissances scientifiques, des technologies et des structures organisationnelles. Compte tenu de cette réponse, il serait surprenant que le Fonds Monétaire International (FMI) considère que les enseignants n'exercent aucune activité professionnelle. Cependant, il convient de noter que, selon la perspective du Fonds Monétaire International (FMI), le travail doit générer de la valeur économique.
Le travail capitaliste se caractérise par deux dimensions essentielles, dont l'une est l'exploitation du travailleur. Il est constaté une production de valeur par l'individu, dont une fraction substantielle est appropriée par le détenteur des moyens de production. Telle est l’origine de la profitabilité. La collaboration s'avère nécessaire à la création du profit. À titre d'illustration, on peut mentionner le propriétaire du véhicule et le chauffeur de taxi. Le premier individu tire un avantage économique du travail effectué par le second. Il convient de noter que le profit diffère du bénéfice. Le cultivateur ou l’artisan qui commercialisent respectivement leurs légumes ou leurs masques réalisent des bénéfices, et non un profit.
La seconde dimension du travail se caractérise par l'aliénation. Le contenu du travail n'est pas déterminé par le travailleur. Il en résulte une aliénation. Le travailleur ne détermine ni la nature de sa production, ni sa pertinence sociale. L'implantation verticale du système Licence-Master-Doctorat (LMD) engendre une certaine aliénation chez les professeurs.
Il est communément admis que la société contemporaine adhère aux principes fondamentaux du capitalisme avec une ferveur comparable à une adhésion religieuse. Il existe une certaine acceptation des idées véhiculées par le capitalisme. L’énonciation « je cherche du travail » ou « je ne travaille plus » n’implique pas nécessairement l’absence de toute activité chez l’individu concerné. Néanmoins, le capitalisme ne prend en compte le travail que dans la mesure où il est validé socialement en tant que producteur de valeurs économiques. Le Fonds Monétaire International (FMI), la Banque Mondiale et l'ensemble des institutions des Nations Unies sont appréhendés comme des entités néolibérales pour lesquelles le travail constitue le facteur de production de valeur économique. Le néolibéralisme se définit comme une modalité du capitalisme dans laquelle l'État est entièrement dédié aux intérêts des entités économiques dominantes. D’après ces institutions, les enseignants universitaires produisent des biens non marchands, lesquels ne possèdent pas de valeur économique. La formation des étudiants ne représente pas une valeur économique. La rémunération des professeurs est assurée par des prélèvements fiscaux effectués auprès des entreprises générant de la valeur économique. Dans cette perspective, les enseignants représentent une charge financière pour l’État. De surcroît, lorsque le Fonds monétaire international (FMI) préconise une diminution des dépenses publiques, il implique également une réduction de la rémunération des enseignants, lesquels contribuent à la production non marchande. Au cours des années 1980, le programme d’ajustement structurel (PAS) imposé par le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale a entraîné une réduction drastique des salaires des producteurs du secteur non marchand. Il est estimé que la rémunération mensuelle d’un enseignant à cette période n’excédait pas cent dollars américains. Cela marqua l'amorce du déclin des économies africaines.
Le travail concret se définit comme l'activité productrice de richesses, lesquelles se manifestent sous forme de biens et de services contribuant à l'utilité sociétale. Les professeurs contribuent à l’enseignement, à la recherche et au service à la communauté, autant d’atouts précieux pour la nation. Néanmoins, la richesse ne saurait être assimilée à une valeur économique selon les institutions néolibérales exerçant un contrôle sur notre balance des paiements. Il apparaît donc nécessaire de remporter une confrontation d’idées à ce niveau, afin d’établir que la valeur économique ne saurait constituer la mesure exclusive de l’utilité sociale. Les professeurs contribuent à la production de valeur, certes non marchande, mais indispensable à la constitution de la valeur marchande telle qu’elle est. La religion capitaliste a induit la conviction que le travail concret est le vecteur de la production de richesse, c’est-à-dire des biens et services utiles à la société. Le capitalisme n’a aucune considération significative pour la valeur d’usage. L'élément prépondérant réside dans le travail abstrait qui génère de la valeur économique. Dans ces circonstances, la rémunération constitue la contrepartie de la force de travail.
La création de valeur économique requiert une rémunération, représentant une avance monétaire sujette à remboursement ultérieur. Dans l'éventualité de la création d'une entreprise de menuiserie, il est envisageable de solliciter un prêt bancaire afin d'acquérir l'outillage nécessaire à son fonctionnement. Il est attendu que mes employés contribuent, par leur travail, au remboursement du prêt bancaire, intérêts compris. Il s'agit là de la manière dont la réalité d'un investissement est communément appréhendée. Dans cette perspective, la rémunération salariale est conceptualisée comme le coût de la force de travail. Il est impératif de répondre à mes besoins afin de valoriser le capital. La rémunération capitaliste satisfait les nécessités des travailleurs afin de maintenir la production de biens économiques. Dans cette optique, il n'existe aucune justification à l'augmentation des rémunérations des professeurs qui ne produisent pas de biens économiques.
Afin de procéder à la rénovation des bâtiments de l’Université Pédagogique Nationale (UPN), il avait été contracté, il y a quelques années, un emprunt auprès d’Afriland Bank par le recteur de l’époque. Le dogme fondamental du capitalisme réside dans la nécessité d'emprunter pour investir. Nous adhérons à cette pratique avec une conviction inébranlable, en d'autres termes, nous appréhendons de la remettre en question. À cette période, la réhabilitation des bâtiments de l’Université Pédagogique Nationale (UPN) s’avérait être un insuccès complet, caractérisée par des constructions non achevées et un endettement considérable de l’université envers la Banque Afriland. Les comptes de l’université ont même été bloqués en raison de litiges avec la banque Afriland. Il convient de noter que cette situation a évolué il y a deux ans, la réhabilitation des bâtiments de l’Université Pédagogique Nationale (UPN) ayant été financée par une subvention gouvernementale congolaise. Il s'agit donc d'un investissement réalisé par le biais d'une subvention. L’Université Pédagogique Nationale (UPN) constitue un bien patrimonial de l’État ainsi qu’un instrument de formation dont les professeurs et les administrateurs détiennent un droit d’usage. Suite à sa rénovation, l'Université Pédagogique Nationale (UPN) ne présente aucune obligation de remboursement de dette, contrairement aux approches initiales d'investissement fondées sur un modèle capitaliste. Le communisme se caractérise par un investissement réalisé par le biais de subventions plutôt que par l'intermédiaire de prêts bancaires. La rémunération des professeurs ne résulte pas d'une action économique entreprise par ces derniers. Leur rémunération est assurée indépendamment du sujet d'enseignement. Les professeurs perçoivent une rémunération correspondant à une qualification spécifique et ce, jusqu'à leur décès. Durant la pandémie de COVID-19, par exemple, les enseignants ont continué à recevoir leur rémunération. Il s'agit d'une subversion au sein du système capitaliste et de son idéologie dominante. Il convient donc de considérer le salaire comme un droit fondamental de la personne, indépendant de la performance relative à la production de biens et services. La rémunération de l'enseignant est corrélée à son niveau de qualification jusqu'à son décès. La rémunération des professeurs ne se trouve pas soumise à la subordination envers un exploiteur.
Mon engagement vise à assurer que l'ensemble de la population congolaise puisse bénéficier de cette conception communiste du travail et de la rémunération. Le capitalisme ne constitue une structure de domination qu'en cas d'adhésion à ce système. La révolution implique, par conséquent, une modification de notre perception du travail. La rémunération salariale constitue un droit inhérent et préalable à l'exécution d'une prestation de travail, et ne saurait être considérée comme une conséquence d'une transaction économique. La révolution se manifeste moins initialement par l'altération du régime politique que par une transformation dans la conception du travail. Selon le Fonds monétaire international (FMI), les enseignants effectuent des dépenses, mais en réalité, ils génèrent une valeur non marchande. La notion de révolution implique un déplacement de l'objet des mobilisations ainsi qu'une généralisation à l'échelle nationale des pratiques observées dans le modèle professoral communiste, caractérisé par un salaire viager individualisé et un investissement fondé sur la subvention plutôt que sur l'emprunt. Actuellement, il apparaît que le Fonds monétaire international (FMI) a remporté la prééminence dans le domaine conceptuel. Il est impératif de se mobiliser afin de reprendre l’ascendant. Nous ne consommons pas de ressources financières ; nous engendrons des valeurs qui ne sont pas soumises au marché. La valeur économique ne saurait être considérée comme un indicateur de l’utilité sociale.
En octobre 2022, notre Cabinet conseil, le CESD Consulting, a mené une recherche qualitative dans la ville de Kinshasa sur ce que pense la population kinoise des antivaleurs.
Coordonnée conjointement par le Professeur Jean Claude Matumweni (investigateur principal) et Mabiala Ma-Umba (co-investigateur), commanditée par la Cellule d’Innovation et de Changement de Mentalités de la Présidence de la République, cette recherche a montré qu’aux yeux de la population, l’insécurité est l’antivaleur la plus nuisible, la plus dangereuse…
En effet, le banditisme est apparu comme la préoccupation majeure dénoncée par la population kinoise. La seconde antivaleur, d’après la population, est en parfaite cohérence avec la première. Il s’agit de l’incivisme des forces de l’ordre qui se traduit notamment, aux dires des Kinois, par des « tracasseries policières, des arrestations arbitraires et la complicité des forces de l’ordre avec les malfaiteurs » !
C’est exactement ce que vient de dénoncer le commissaire principal Mboso Kazadi Jr !
Ce dernier a certes jeté un pavé dans la mare mais cela n’aurait rien de nouveau puisque, aux yeux de la population kinoise, cette complicité durerait depuis de nombreuses années. Ce qui est nouveau, c’est qu’un officier supérieur de la police prenne le courage d’exprimer son ras-le-bol et de dénoncer ce mauvais comportement ! Ce qui est nouveau est qu’il y ait, dans les rangs de la police nationale, un officier supérieur qui dise publiquement : « non, ça suffit ! Retournons dans le droit chemin » !
Sur ce point, l’acte du commissaire principal Mboso Kazadi Jr est héroïque et mériterait d’être encouragé, dans la police et dans d’autres domaines de la vie nationale.
En effet, comme l’a montré notre recherche, la RDC est malade de sa justice mais aussi de ses valeurs ! Dans pratiquement tous les domaines, les antivaleurs sont devenues des normes : on pense que c’est normal de marchander les décisions judiciaires; de monnayer des postes dans l’administration publique; d’injecter des agents fictifs sur les listings de paie de l’administration publique ; de demander des rétro-commissions aux soumissionnaires lors des appels d’offres; d’emporter les biens de l’Etat au moment de quitter des fonctions officielles ; de verser un certain pourcentage aux agents impliqués dans la chaîne des dépenses des finances publiques; de monnayer les côtes dans les écoles, établissements d’enseignement supérieur et universitaire, etc. La liste est interminable !
Théorie de la déviance positive
Qu’advient-il dans une société comme la nôtre lorsque ce qui était anormal devient normal, quand les antivaleurs se transforment en normes sociales ?
Cette société court inévitablement vers son déclin, à moins qu’il y ait un sursaut collectif pour arrêter la déchéance !
À certains égards, nous vivons déjà cette situation en RDC : beaucoup de nos répondants Kinois l’ont fait remarquer, en y voyant les signes évidents du déclin de notre société. Alors, jusqu’où irons-nous avant qu’on ne note un « sursaut collectif », ce « wake up call » qui nous tirera de notre insouciance ?
Il y a peut-être lieu d’évoquer ici la théorie de la « déviance positive » qui pourrait fournir des outils conceptuels nécessaires à la dynamique des « changements individuels et collectifs des mentalités » tant souhaités !
Dans toute communauté, la déviance reflète des attitudes ou des comportements non conformes aux normes socialement admises. On parle de « déviance positive » quand on trouve dans une société des gens comme le major Mboso qui adoptent des comportements atypiques mais qui sont pourtant dans la bonne voie ou qui trouvent des stratégies appropriées pour résoudre avec succès des problèmes auxquels tout le monde est confronté, malgré le fait qu’ils vivent dans les mêmes conditions, sans nécessairement disposer des ressources additionnelles ou des connaissances particulières (Pascale, Sternin & Sternin, 2010).
Aux yeux de leurs collègues, ils sont « déviants » alors que ce sont eux qui sont dans la bonne voie et qui, en dépit du fait que les anti valeurs sont devenues des normes sociales, ont, eux, le courage de résister, de persévérer dans la bonne voie et de constituer une *masse critique* de citoyens sur lesquels il faudra compter pour amener le reste de la société à se ressaisir !
Vu sous cet angle, je prierais le major Mboso de ne pas démissionner mais de continuer à lutter de l’intérieur pour changer le système, en se basant sur la stratégie suivante : faire en sorte qu’il puisse continuer à rallier d’autres officiers autour de sa vision jusqu’à constituer une « masse critique » de rénovateurs qui vont progressivement changer le système et « forcer » la haute hiérarchie à les soutenir, à agir dans leur sens, à endosser leur vision et leurs réformes…
Des « déviants positifs » comme le major Mboso, nous en avons besoin dans tous les domaines de la vie sociale, économique et politique : nous devons les identifier, les encourager à persévérer à rester dans le bon chemin malgré le mauvais exemple qu’ils voient et qu’ils vivent autour d’eux !
À ce sujet, je ne peux m’empêcher d’évoquer l’exemple de deux filles, Keren et Andrea, élèves finalistes qui, en 2023, ont terminé leurs études secondaires au lycée Liziba: elles ont fait preuve d’intégrité en ne succombant pas à la tentation de la tricherie, en refusant les offres des réseaux mafieux qui vendaient les items d’examens d’Etat. Elles sont restées dans l’histoire. Elles ont réussi leurs examens d’Etat haut la main.
Partout, nous devons aider les « déviants positifs » comme le major Mboso à créer une dynamique qui aboutira à constituer plusieurs masses critiques de citoyens engagés en faveur des valeurs morales, éthiques et républicaines, prêts à jouer leur rôle d’agents de changement positif ! C’est à ce prix que nous pourrions espérer redresser la RDC, notre beau pays !
MABIALA Ma-Umba
Expert - Consultant indépendant -
Ancien directeur de l’éducation et de la jeunesse à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Kinshasa, 20 août 2025.La publication récente des résultats des Examens d’État en République Démocratique du Congo a été marquée par des scènes de violences inquiétantes : des écoles pillées, du matériel détruit, des infrastructures saccagées par des élèves frustrés par leur échec. Un tel spectacle, choquant et révoltant, ne peut laisser indifférent quiconque aspire à une éducation de qualité dans notre pays. Mais au-delà de l’acte de vandalisme qu’il faut fermement condamner, une question cruciale s’impose : qu’est-ce qui pousse ces jeunes à s’attaquer à leurs propres écoles ? Des témoignages récurrents pointent du doigt certains responsables d’établissements scolaires qui auraient exigé des frais illégaux, pudiquement appelés « frais de suivi », auprès des élèves finalistes. En clair, ces jeunes auraient payé dans l’espoir d’un « accompagnement » vers la réussite, et se sentent aujourd’hui trahis. Si ces allégations sont confirmées, il s’agirait d’une pratique scandaleuse, contraire à toute éthique éducative, qui ternit la crédibilité du système scolaire congolais.
La responsabilité ne doit pas être diluée :
1. Les élèves doivent comprendre que l’échec fait partie du parcours et ne justifie en aucun cas la violence ni la destruction de biens publics.
2. Les autorités scolaires doivent répondre de leurs actes si elles se sont livrées à des pratiques mafieuses, monnayant la réussite des examens.
3. Le ministère de l’Éducation doit impérativement ouvrir une enquête sérieuse, sanctionner les responsables, et mettre en place des mécanismes transparents pour éradiquer ces dérives.
La complaisance et l’impunité dans le secteur éducatif sont un poison qui détruit l’avenir de la jeunesse congolaise. L’école doit redevenir un sanctuaire du savoir, et non une machine à rançonner les parents et les élèves. Il est urgent que le gouvernement prenne des mesures exemplaires :
1. interdiction et contrôle strict des frais scolaires parallèles, audits réguliers des établissements,
2. sanctions publiques contre les chefs d’établissements indélicats, campagnes de sensibilisation sur la valeur de l’effort et du mérite.
La RDC ne peut prétendre à l’émergence si ses écoles deviennent des foyers de corruption et de frustration. Les dirigeants du secteur éducatif doivent se lever avec courage, car chaque école détruite, chaque élève humilié par un système injuste, est une pierre arrachée au socle de notre avenir commun. Il est temps de réaffirmer haut et fort : l’éducation n’est pas une marchandise. La réussite scolaire ne s’achète pas, elle se mérite.
Dans une lettre adressée à la Représentante Linda T. Sánchez et à ses collègues de la Chambre des représentants des Etats-Unis, le Forum des Intellectuels Congolais de l’Étranger (FICE), porté par son Président, le Docteur Ngoie Joel Nshisso, a réagi aux récentes préoccupations exprimées sur l’exploitation des minerais critiques en République Démocratique du Congo. S’il salue l’engagement américain sur cette question stratégique, le FICE tient à corriger certaines informations jugées obsolètes, en rappelant les réformes majeures menées sous la présidence de Félix Tshisekedi pour renforcer la gouvernance, la transparence et la protection des droits humains. L’organisation souligne que la majorité des violations signalées proviennent de zones échappant au contrôle de l’Etat, occupées par le groupe armé M23 et ses soutiens extérieurs, et appelle à une coopération directe avec les Etats-Unis afin de bâtir un modèle d’exploitation minière transparent, éthique et mutuellement bénéfique. In extenso, scrutez l’intégralité de leur correspondance transmise conjointement en version anglaise aux Congressman signataires de la lettre.
14 août 2025
L'honorable Linda T. Sánchez
Chambre des représentants des États-Unis
Washington, DC 20515
Cher Représentant Sánchez et à vos chers collègues :
Le Forum des Intellectuels Congolais de l'Etranger (FICE) suit de près les négociations d'un accord sur les minerais critiques entre les Etats-Unis et la République démocratique du Congo. Votre lettre et celle de vos éminents collègues de la Chambre (datée du 8 août 2025) sont appréciées par nos membres congolais-américains, et nous vous remercions de votre engagement sur une question si importante pour nos deux nations.
Je dois toutefois souligner avec respect que plusieurs des sources citées dans votre lettre s'appuient sur des informations obsolètes qui ne reflètent pas la réalité actuelle, en grande partie en raison des réformes substantielles entreprises sous la direction du Président Félix Tshisekedi. Si le travail des enfants et les violations des droits humains persistent malheureusement dans le secteur minier, ces incidents se produisent majoritairement dans les provinces de l'Est de la RDC, zones sous le contrôle du groupe armé M23, soutenu par des forces extérieures, notamment rwandaises, depuis plusieurs années. Ces exactions se produisent hors de portée du gouvernement légalement établi, et il va sans dire que tous ces faits sont bien documentés par les Nations Unies et d'autres observateurs internationaux sur le terrain.
L'accord de Washington, signé en juin 2025 ici même à Washington, DC, et dont les Etats-Unis ont contribué à la négociation, vise spécifiquement à mettre fin à cette occupation rebelle. Une fois que le M23 et les forces armées rwandaises se seront retirés du territoire souverain congolais, ces atrocités diminueront à mesure que notre gouvernement reprendra le contrôle et appliquera la loi nationale.
Réformes majeures de la gouvernance et des institutions
Au cours des cinq dernières années, la RDC a mis en œuvre de profondes réformes institutionnelles pour améliorer la gouvernance, la responsabilité et la protection des droits de l’homme :
Nous avons lancé des organismes indépendants tels que l’Agence de Prévention et de Lutte contre la Corruption (APLC) et revitalisé l’Inspection Générale des Finances (IGF), qui a mené des audits des entreprises publiques et engagé des poursuites judiciaires anti-corruption de grande envergure.
Les libertés civiles se sont étendues : le droit de manifester pacifiquement a été rétabli, les prisonniers politiques ont été graciés et la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) est désormais pleinement opérationnelle. La protection du travail a été renforcée grâce à une augmentation du salaire minimum et au lancement d’un programme national d’inspection du travail pour garantir les droits des travailleurs dans tout le pays.
Réponse aux préoccupations en matière de droits de l'homme et d'environnement
Nous partageons votre point de vue selon lequel l'exploitation des ressources ne doit pas se faire au détriment des droits humains ni de la protection de l'environnement. A cette fin, la RDC a intensifié la surveillance par le biais du Cadastre Minier (CAMI), adopté des protocoles d'approvisionnement responsable conformes aux normes de l'OCDE et noué des partenariats avec des organisations internationales pour garantir le respect des normes du travail et de l'environnement.
Conflits d'intérêts et mesures de transparence
La RDC applique une tolérance zéro aux conflits d'intérêts et aux négociations opaques dans son secteur minier. Nous soutenons des processus rigoureux de diligence raisonnable, des registres publics de toutes les parties contractantes et des audits indépendants par des tiers afin de garantir l'intégrité de tous les accords.
Développement inclusif et durable
La RDC s'engage à faire en sorte que les bénéfices de ses ressources profitent à tous ses citoyens. L'une de ses initiatives phares est le Programme de Développement Local des 145 Territoires (PDL-145T), un programme de développement rural transformateur couvrant l'ensemble du pays. Ce programme vise à réduire la pauvreté, à améliorer les infrastructures et à promouvoir l'équité territoriale, garantissant ainsi aux communautés rurales une part de la prospérité générée par nos ressources.
Un partenariat pour la paix et la prospérité
La RDC considère les Etats-Unis comme un partenaire essentiel pour promouvoir la paix, la stabilité et la prospérité. L'Accord de Washington constitue non seulement un cadre de paix, mais aussi le fondement d'une coopération économique responsable. Nous invitons les membres du Congrès à collaborer directement avec nous pour élaborer un modèle d'exploitation des minerais critiques transparent, éthique et mutuellement bénéfique.
En conclusion, je réaffirme l’engagement de la République démocratique du Congo à ouvrir le dialogue, à travailler de bonne foi avec le Congrès et l’Administration américains et à poursuivre un partenariat qui reflète nos valeurs communes en matière de droits de l’homme, de protection de l’environnement et de développement durable.
Veuillez agréer, Monsieur le Représentant Sánchez, l'assurance de ma très haute considération. Je serais ravi de vous rencontrer, vous et vos collègues, afin d'aborder plus en détail ces questions importantes.
Tout semble être prêt. Le décor semble être planté comme l'attestent nombre de déclarations. Le Gouvernement Suminwa II, issu de l'Union nationale, semble se profiler, et serait bientôt publié. Ce serait donc un Gouvernement remanié et transformé en un Gouvernement issu de l’Union nationale, qui entrerait incessamment en fonction. Toutefois, une préoccupation majeure traverse les esprits, et complique la lecture de nombre d'analystes, d'observateurs, d'acteurs et de témoins de la vie politique de la RD Congo.
Elle pourrait se résumer en une question centrale, qui est celle de savoir : pourquoi, le Président de la République, Félix Tshisekedi, tout en recherchant la Cohésion nationale afin de rassembler tous les Congolais autour d’une cause noble, n'aurait mieux fait de nommer un nouveau Gouvernement dirigé par une figure de l'opposition ou de la Société civile ?
Même si cette question semble être légitime, cependant, le Président de la République, en tant que le Garant de la Constitution, est appelé au strict respect de celle-ci, et de surcroît, la Constitution demeure au sommet de la hiérarchie des normes.
Aux non-initiés, tout en le soulignant avec force, sachez que, même en cas de formation d'un Gouvernement d'Union nationale et de nomination d'un Gouvernement issu de l’Union nationale, la Constitution ne donne pas au Président de la République, la possibilité de nommer un Premier Ministre venu de l'Opposition politique ou de la Société civile.
Dans notre cas de figure, le Président de la République réélu, Félix Tshisekedi, n'a pas de marge de manœuvre, car, il est à mi-parcours de son deuxième mandat, et que faute de Majorité parlementaire après la proclamation des résultats des élections législatives du 20 décembre 2023, et comme l'exige la Constitution, il avait déjà désigné une Personnalité, en l'occurrence, l'Honorable Augustin Kabuya, à qui il avait confié une mission d'information qui était celle d'identifier une coalition, et que cette Coalition majoritaire existe déjà bel et bien, et continue à soutenir par ailleurs, l'action, le Projet de société du Président de la République, Félix Tshisekedi.
C'est pourquoi, une analyse scientifique basée sur la Neutralité Axiologique, est entrée en lice afin de tenter d'éclairer la lanterne des Congolais.
Ma réflexion
« La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n'est aux faits eux-mêmes, parce que pour elle, se soumettre, ce serait cesser d'être. »
I. Précisions conceptuelles :
Gouvernement d'union nationale et gouvernement issu de l'union nationale
Comme je l'avais souligné et mis en relief dans ma précédente Réflexion, théorisons d'entrée de jeu, ces deux concepts afin d'éclairer la lanterne.
I. 1 Gouvernement d'union nationale
D'entrée de jeu, me semble-t-il, il convient d'enlever l'équivoque en replaçant chaque concept dans son contexte.
On parle du Gouvernement d'union nationale, quand stratégiquement, le pouvoir en place, souhaite intégrer dans la future équipe gouvernementale, un nombre significatif des partis politiques et des leaders politiques de l'Opposition, et des personnes venant de la Société civile, afin de gouverner ensemble d'une manière plus stable, pour des motifs qui pourraient être variés : à titre illustratif, affermir ou raffermir la Cohésion nationale,...
Scientifiquement, on parle donc du Gouvernement d' Union nationale, au moment de sa formation, c'est-à-dire, au moment où le pouvoir en place, en clair, la Majorité présidentielle, est en négociations, en tractations, en consultations, avec des forces politiques de l'Opposition, et la Société civile, afin qu'ils acceptent d'intégrer la future équipe gouvernementale, et cela donc, avant la nomination du futur Gouvernement.
I. 2. Gouvernement issu de l'union nationale
Ce qualificatif convient quand ce Gouvernement d'Union nationale formée, est enfin, nommé par le Président de la République, ensuite publié.
Il est donc impropre de parler du Gouvernement d'Union nationale quand tous les membres du Gouvernement sont nommés et en exercice, car après leur nomination, ils font désormais partie, et cela, automatiquement, du pouvoir en place, c’est-à-dire, de la Majorité présidentielle et de la Coalition majoritaire.
Ce Gouvernement nommé, travaille sur base d'un accord gouvernemental, centré sur le projet de société du Président de la République élu ou réélu, et en fonction, et sur base de certaines orientations délibérées et voulues par des nouveaux partenaires qui ont intégré ledit Gouvernement.
Un Gouvernement issu de l'Union nationale, n'est pas synonyme d'un Gouvernement issu de la cohabitation.
Ici, le Président de la République dont le mandat court toujours, et son Projet de société, priment.
Pour s'en convaincre, dans notre cas de figure, si le Gouvernement Suminwa est remanié, et que le nouveau Gouvernement est formé sur base d'une large ouverture, appelée Union nationale ; on parlera plutôt du Gouvernement Suminwa II, issu de l’Union nationale, et non du Gouvernement d'Union nationale.
Ii. La nomination du Premier Ministre : l'article 78 de la Constitution à la rescousse
L'alinéa 1 de l'article 78 de la Constitution, nous rappelle que :
" Le Président de la République nomme le Premier ministre au sein de la majorité parlementaire après consultation de celle-ci.
Il met fin à ses fonctions sur présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement " (2)
Selon cette disposition constitutionnelle, le Premier Ministre doit donc être nommé au sein de la Majorité parlementaire.
C'est-à-dire, AVANT d'entrer dans ses fonctions de Premier Ministre, en clair, AVANT d'être nommé Premier Ministre, celui-ci DOIT faire partie de la Majorité parlementaire, car c'est là-dedans qu'il sera choisi pour être nommé.
Ici, dans l’esprit du Constituant congolais, la Majorité parlementaire nous renvoie au fait qu’un parti politique a suffisamment des Députés pour constituer, à lui, tout seul, la Majorité au Parlement, plus précisément, à l’Assemblée Nationale, c’est-à-dire, la Majorité absolue ou plus, donc la moitié de Députés +1 = 500/2 + 1 = 251 Députés ( = Majorité absolue) ou plus de 251 députés.
Dans notre cas de figure, cela n'était pas le cas, car la publication des résultats des élections législatives du 20 décembre 2023 par la CENI, nous a révélés qu'aucun parti politique n'avait à lui, tout seul, la majorité absolue de députés, soit 251 députés, ou plus de la majorité absolue, soit plus de 251 députés, à l'Assemblée nationale ;
C'est pourquoi, le Président de la République, Félix Tshisekedi, s'était appuyé sur l'alinéa 2 de l'article 78 de la Constitution, qui stipule :
" Si une telle majorité n’existe pas, le Président de la République confie une mission d’information à une personnalité en vue d’identifier une coalition" (3)
Ici, dans l'esprit du Constituant congolais, si aucun Parti politique n’a obtenu, à lui, tout seul, la Majorité absolue de Députés, soit 251 Députés, voire plus ; ce qui fut le cas après les élections législatives du 20 décembre 2023,le Président de la République confie à une Personnalité la mission d'information afin d’identifier une coalition et de dégager une Majorité absolue ou plus, au niveau de l’Assemblée Nationale, au motif de permettre au Gouvernement de gouverner d’une manière plus stable.
C'était ainsi que l'Honorable Augustin Kabuya, avait été désigné par le Président de la République, pour remplir cette mission.
C'est ce qu'il avait d'ailleurs fait.
Force est donc de constater qu'à l'époque, aucun parti politique de l'Opposition n'avait rallié la Majorité présidentielle AVANT la nomination du Premier Ministre, pour qu'il soit identifié par l'Honorable Augustin Kabuya, l'Informateur, aux fins de faire partie de la Coalition majoritaire, et peut-être de voir un leader venu de l'Opposition, avoir l'opportunité d'être nommé Premier Ministre.
C'était ainsi que Madame Judith Suminwa Tuluka, faisant partie de la Coalition majoritaire, avait été choisie au sein cette Coalition, et a été nommée Première Ministre.
Cela dit, et de surcroît, l'alinéa 3 de l'article 78 de la Constitution nous rappelle que :
" La mission d’information est de trente jours renouvelable une seule fois." (4)
Pour rappel, l'Honorable Augustin Kabuya a été désigné " Informateur" par le Président de la République, Félix Tshisekedi, le 7 février 2024. (5)
Aujourd'hui, nous sommes en début août 2025, donc à une année et demie de sa désignation, et de surcroît, sa mission avait déjà pris fin, et les résultats de celle-ci sont connus, et ont été publiés.
Cela dit, il convient de noter pour les partis politiques de l'Opposition qui auraient accepté de faire partie du Gouvernement qui serait issu de l’Union nationale, et qui serait dirigé par Madame Judith Suminwa Tuluka, même s'ils entreront automatiquement dans la Majoritaire présidentielle et dans la Coalition majoritaire, car ils feront désormais partie du pouvoir, ils ne viendront que se greffer à une Coalition majoritaire qui existe déjà depuis près de deux ans, et qui a été déjà identifiée par " l'Informateur "; une Coalition majoritaire confortable dont le nombre de députés et les noms de députés la composant sont connus, ainsi que les partis politiques auxquels ils appartiennent, identifiés.
Cette Coalition majoritaire confortable, est donc ainsi, la Coalition majoritaire originelle qui accompagne déjà le Président de la République, le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi.
Dans ce même ordre d'idées, les conséquences de cette configuration seront tranchantes pour les partis politiques de l'Opposition et les personnes venant de la Société civile, qui auraient accepté d'intégrer ce Gouvernement, vu que le Président de la République ne désignera plus un nouvel Informateur pour qu'il refasse ce qui existe déjà.
Sa mission a déjà pris fin depuis une année et demie.
Refaire cet exercice, est anticonstitutionnel.
En clair, le Premier Ministre de ce Gouvernement qui serait issu de l’Union nationale, ne pouvait pas ou ne peut pas venir de l'Opposition politique ni de la Société civile.
Ce serait une fraude à la Constitution, en d'autres termes, une grave violation de la Constitution.
Iii. De l'espace constitutionnel pour l'intégration des ministrables venus de l'opposition politique et de la société civile : l'alinéa 4 de l'article 78 de la Constitution à la rescousse
Pour s’en convaincre, mettons en relief l’alinéa 4 de l'article 78 de la Constitution. Celui-ci stipule :
" Le Président de la République nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions sur proposition du Premier Ministre. " (6)
L’alinéa 4 de l’article 78 de la Constitution est très clair !
Il ne donne aucune indication quant à l’appartenance politique des autres Membres du Gouvernement lors de leur nomination.
Force est donc de constater que, cette disposition constitutionnelle, ne lie aucunement la compétence du Président de la République à une quelconque appartenance politique des autres Membres du Gouvernent lors de leur nomination.
Sous cet angle, c’est donc la compétence discrétionnaire du Président de la République qui agit.
Même si dans les usages du Système Politique congolais, le Premier Ministre est appelé à tenir compte de la Majorité parlementaire ou de la Coalition majoritaire lorsqu’il propose les noms des candidats ministrables au Président de la République, aux fins de leur nomination, et cela, afin d'éviter un blocage persistant ou une crise grave lors de la formation du Gouvernement, mais aussi, par la suite, permettre au Président de la République et à son Gouvernement, de faire passer des lois et des réformes au Parlement.
Cependant, ni le Premier Ministre ni le Président de la République, ne sont contraints par une quelconque disposition législative ou constitutionnelle ; c’est-à-dire, qu’aucune disposition législative ou constitutionnelle ne les oblige de choisir les ministrables et de les nommer, exclusivement, au sein de la Majorité parlementaire ou de la Coalition majoritaire.
Même si on peut comprendre que la Majorité parlementaire ou la Coalition majoritaire devra être très bien représentée au sein du Gouvernement pour des motifs techniques susmentionnés ; le Président de la République et le Premier Ministre, sont donc libres, ils ont un réel pouvoir et, un choix réel.
Au finish, le Président de la République peut ainsi, se servir de sa compétence discrétionnaire pour intégrer aussi, dans l’équipe gouvernementale, des personnes non issues de la Majorité parlementaire, de la Coalition majoritaire ou des Partis politiques, car la Constitution lui donne cette possibilité ; et cela, selon les critères que lui et son Premier Ministre, pourraient définir.
S'il le fait, il ne violera aucunement une quelconque disposition législative ou constitutionnelle. C'est ici que le Gouvernement qui serait issu de l’Union nationale, trouve sa légalité.
Scientia Vincere Tenebras (La Science Vaincra les Ténèbres).
Professeur Jean-Denis Kasese Otung Abienda
Professeur à l'Université Pédagogique Nationale (UPN)
Professeur, Chercheur et Collaborateur Scientifique à l'Université Libre de Bruxelles (ULB)
Membre de la Faculté de Philosophie et des Sciences Sociales (ex - Faculté des Sciences Sociales et Politiques / Solvay Brussels School of Economics and Management) de l'Université Libre de Bruxelles (ULB)
Membre de l'Institut de Sociologie (IS) de l'Université Libre de Bruxelles (ULB)
Membre du Centre d'Études de la Coopération Internationale et du Développement (CECID) de l'Université Libre de Bruxelles (ULB).
NOTES ET RÉFÉRENCES
1. Henri POINCARÉ, « Discours : Fêtes du 75ème anniversaire de l'Université Libre de Bruxelles (ULB) », ULB, Bruxelles, le 21 novembre 1909.
2. L’alinéa 1 de l’article 78 de la Constitution de la RD Congo du 18 février 2006
3. L’alinéa 2 de l’article 78 de la Constitution de la RD Congo du 18 février 2006
4. L’alinéa 3 de l’article 78 de la Constitution de la RD Congo du 18 février 2006
5. PRÉSIDENCE. CD, " Le Président Tshisekedi s’est entretenu avec Augustin Kabuya, nouvellement nommé informateur", Publié le 7 février 2024
6. L’alinéa 4 de l’article 78 de la Constitution de la RD Congo du 18 février 2006
7. KASESE OTUNG ABIENDA, Jean-Denis, Droit administratif, UPN, Inédit, Kinshasa,
(Par le Professeur Christian-Junior Kabange Nkongolo)
Introduction
La vocation de tout accord de paix est celle de signer la fin d’un conflit armé. C’est dans ce contexte qu’il convient de situer l’Accord de paix de Washington signé le 27 juin 2025 entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Ce nouvel épisode qui s’ajoute au nombre des multiples tentatives de pacification de l'est de la RDC, est particulièrement marqué par l'optimise des uns, notamment dû à la présence des États -Unis comme garant, et le pessimisme de ceux qui éprouvent une sensation du déjà-vu.
Néanmoins, ce qu’il y a de commun de part et d’autre, c’est que tout « vrai » congolais, quelles que soient ses appréhensions, voudrait voir la fin de la déstabilisation de la RDC et surtout, celle des souffrances imposées à tous les compatriotes qui vivent dans la partie est du pays. Ainsi donc, en réalité, les plus grands défis résident dans l'interprétation de cet Accord autant que dans la nécessité qu’il y a à garantir l’exécution de ce à quoi chacune des parties s'est engagée.
L’effectivité et l’efficacité d’un accord de paix reposent sur une double exigence, liée à une interprétation bona fides ainsi qu’à l’existence des mécanismes politico-juridiques à même d’amener les parties à assumer leurs obligations respectives. Il est donc question dans les lignes qui suivent de mettre en exergue cette double dimension, qui souligne à la fois, la pertinence des principes de droit international qui, dans une certaine mesure, conditionnent l’interprétation de l’Accord de Washington, ainsi que le pragmatisme qui caractérise la résolution des conflits en relations internationales et dont la finalité est de faciliter l’exécution de l'accord.
Toutefois, l'ambition ici n'est pas celle de vider toutes les questions autour de l'Accord de Washington. Il sera succinctement abordé la question du désengagement et du retrait immédiat et sans conditions préalables des troupes rwandaises en parallèle avec la question de la neutralisation des FDLR.
S'agit-il d'un préalable ou d'un simple concours des circonstances ? Ensuite, sous le prisme du pragmatisme, la question de la ratification sera abordée, avant de plancher in fine sur les ramifications au processus de Doha.
Le respect des principes du droit international dans l'interprétation de l'Accord
L'interprétation d'un traité ou d'un accord de paix constitue la première étape de sa mise en œuvre dans un processus de règlement pacifique des différends. Les articles 31, 32 et 33 de la Convention de Vienne sur le droit des traités (23 mai 1969) qui prévoient les « règles générales » de l'interprétation ainsi que ses moyens « complémentaires », combinent plusieurs méthodes d'interprétation.
Dans un premier temps, il y a le principe de la bonne foi qui impose une interprétation des mots en tenant compte de leur sens ordinaire, du contexte, de l'objet et du but poursuivis par le traité. C'est essentiellement à ce stade, qu'il convient d'entreprendre une analyse croisée entre le concept de « désengagement » et celui de « retrait immédiat et inconditionnel » en vue de déterminer leurs portées identiques ou non.
Il faut pour se faire, retenir dès l'entame, que le préambule et les annexes de l'Accord font partie intégrante du contexte (article 31 (2) de la Convention de Vienne susmentionnée). Ensuite, en parallèle au contexte, l'article 31 (3) (c) de la Convention de Vienne susmentionnée exige qu'il soit tenu compte de toute règle pertinente de droit international applicable dans les relations entre les parties.
Comme on le verra, cet aspect est déterminant en rapport avec tous les aspects de l'Accord, mais plus particulièrement avec la question de la neutralisation des FDLR. Lorsque l'ambiguïté ou l'obscurité persiste ou s'il y a risque d'en arriver à un résultat manifestement absurde ou déraisonnable, des moyens d'interprétation complémentaires peuvent être utilisés, notamment les travaux préparatoires, mais aussi les circonstances dans lesquelles l'accord a été signé.
a) Désengagement ou retrait immédiat et sans conditions préalables.
Ici, la question est celle de savoir si le désengagement a la même portée que le retrait immédiat et sans conditions préalables des troupes rwandaises. Pour répondre à cette préoccupation, il faut avant tout reconnaître que le désengagement, de manière générale, sous-entend soit un retrait des troupes ou simplement un repli stratégique (Voir notamment Doctrine interarmées : Désengagement (Centre interarmées de concepts, de doctrines et d'expérimentations (Novembre 2013)).
Dans l'un ou l'autre cas, le désengagement signifie que l'on quitte une posture offensive pour se replier dans une posture défensive. Or, à la suite du désengagement, l'armée rwandaise ne peut prendre une posture défensive que sur son propre territoire et non sur le territoire de la RDC, sinon alors on perpétuerait l'agression de la RDC. Ceci est d'autant plus vrai qu'en tenant compte, comme le veut l'article 31 de la Convention de Vienne susmentionnée, de toute règle pertinente de droit international applicable dans les relations entre les parties, on ne peut donner au « désengagement » une signification ou un sens qui porte atteinte à l'obligation de respecter l'intégrité territoriale d'un Etat.
L'Accord de Washington ne peut pas être interprété en marge des principes fondamentaux du droit international, notamment la souveraineté et l'intégrité territoriale. Prenant en considération, le préambule et les annexes qui font parties intégrantes du contexte, il va sans dire que l'Accord de Washington ne peut s'interpréter qu'en accord avec les principes de la Charte des Nations unies, rappelés notamment dans l’Acte constitutif de l’Union africaine, les résolutions 2773 et 2783 du Conseil de Sécurité, l'Accord de principe signé entre les parties le 25 avril 2025 ainsi que dans le propre texte de l'Accord à son article 1er.
Ceci explique aussi pourquoi dans le CONOPS à l'annexe, c’est dès la phase 1 qui concerne uniquement les actes de préparation, que le RWANDA est déjà dans l'obligation de cesser toutes les opérations militaires transfrontalières ponctuelles. Enfin de compte, on se rend bien compte qu'il n'y a pas incompatibilité entre le retrait immédiat et sans conditions préalables et le désengagement des troupes rwandaises, sinon alors la résolution 2773 que les parties se sont engagées à mettre en œuvre (voir l’article 5 (2) de l'Accord de Washington) n'aurait pas exigé ce retrait, tout en invitant les parties à l’application du plan harmonisé de Luanda (voir les paragraphes 4 et 5 de la résolution 2773).
Dès la mise à exécution de l'Accord en conjonction avec la résolution 2773 et le CONOPS, le désengagement et le retrait des RDF feront partie des premières opérations qui doivent se réaliser avant d'envisager la suite, notamment les opérations ciblées contre les FDLR. On ne peut pas résoudre la crise pacifiquement si le Rwanda n'est pas disposé à respecter et à faire respecter les règles de droit international.
b) Neutralisation des FDLR à la lumière des principes de droit international
Dans la suite de ce qui vient d'être dit sur le désengagement, la neutralisation des FDLR doit aussi se faire conformément aux principes de droit international. Le principe de l'interdiction du recours à la menace ou à l'emploi de la force contre un autre État prévu à l'article 2 de la Charte des Nations Unies est mieux explicité dans certains instruments, notamment la résolution 2131 (XX)de l'Assemblée générale, datée du 21 décembre 1965, qui stipule entre autre que tous les États devaient s'abstenir d'organiser, d'aider, de fomenter, de financer, d'encourager ou de tolérer des activités armées subversives ou terroristes dirigées contre un autre État.
En réalité, il s'agit d'une obligation réciproque qui pèse non pas simplement sur la RDC, mais aussi vice-versa sur le Rwanda et même l'Ouganda, de respecter le territoire de d’un autre État et de ne pas fournir d'appui à des activités subversives contre cet État. Or à y voir de près, c'est la RDC qui a été longtemps victime de la complicité de ses voisins et non le contraire. Depuis 1997, toutes les rebellions contre les régimes en place en RDC ont été lancées et/ou soutenues à partir de l'un ou l'autre de ces deux États (AFDL, RCD, CNDP, M23 et AFC).
En revanche, concernant les FDLR, quelques observations méritent d'être faites pour bien apprécier l’ampleur de ce qu’ils pourraient représenter en termes de menace :
➢ Absence d'attaques par les FDLR contre le Rwanda pendant plus de deux décennies :
Depuis plus de 25 ans, il n’y a PAS eu d’attaque authentifiée et vérifiée des FDLR contre le Rwanda à partir du territoire congolais. Voilà pourquoi, lors de son audition devant l’Assemblée nationale française, l’Ambassadeur Rwandais n’a pas été capable de répondre à la question de savoir à quand remontait l’attaque récente des FDLR contre le Rwanda.
Même la prétendue implication des FDLR dans l’attaque de BWINDI en 1999 n'a jamais été prouvée de manière irréfutable. Tout a toujours porté à croire qu’il s’agissait d’une mise en scène par l’armée rwandaise elle-même.
➢ Expéditions de l'armée rwandaise sur le sol de la RDC :
L’armée rwandaise s’est retrouvée sur le sol congolais à plusieurs reprises (sous l’AFDL en 1997, lors de la 2e guerre en soutien au RCD Goma, lors des opérations conjointes (UMOJA WETU 2009) et même récemment avec l'AFC/M23), sans vraiment se préoccuper de mettre la main sur les FDLR, l’objectif étant avant tout de mettre la main base sur les ressources minières du Kivu comme le souligné dans plusieurs rapports du panel d'experts des Nations Unies.
Il y a plusieurs FDLR qui sont aujourd’hui dans l’armée rwandaise et qui sont envoyés en RD Congo chaque fois qu’il faut trouver un prétexte pour justifier l'invasion du Kivu.
Le Groupe d’experts sur la RDC a réussi à percer le mystère autour de cette question lorsqu’il révèle noir sur blanc au paragraphe 30 de son rapport à mi-parcours, publié le 30 décembre 2023, que « depuis le début du mois d’octobre 2023, [...] les RDF et le M23 déployés dans les territoires de Nyiragongo, de Rutshuru et de Masisi ont été soutenus par plusieurs équipes d’appui tactique et de reconnaissance comprenant au total 250 ex-combat- tants des FDLR et opérant sous le commandement du service du renseignement de la défense du Rwanda » (voir S/2023/990).
Bien plus, des témoignages récoltés auprès des belligérants peu après la publication du rapport du Groupe d’experts, attestent que M. Bimenyimana alias Cobra, ancien FDLR rapatrié au Rwanda depuis quelques années, a dirigé un bataillon des RDF déployé aux alentours de la cite de Sake en territoire de Masisi.
➢ Disproportionnalité du rapport de force
À la vue de l’arsenal militaire de l’armée rwandaise, il est impossible et inimaginable que le résidu des FDLR puisse disposer d'un matériel et des moyens humains suffisants pour attaquer et renverser le régime de KIGALI. Le rapport de force est de loin disproportionné, entre une armée d'hommes assortie d'un matériel bien sophistiqué et une centaine d'hommes dont la plupart ont déjà pris considérablement de l'âge. De ces observations, il ressort que la question de la neutralisation des FDLR doit être nettement dissociée du soutien militaire unilatéral apporté par les RDF à la rébellion de l'AFC/M223.
Bien que l 'obligation de neutraliser les FDLR pèse sur la RDC, la question est envisagée uniquement dans une perspective et un cadre de collaboration tant au niveau du mécanisme de vérification en vigueur depuis 2012 qu'au niveau du mécanisme de coordination de sécurité prévu par l'Accord de Washington. Ceci a pour implication que toute mesure unilatérale d'envoie des troupes sur le sol congolais prise dans le passé par le RWANDA, sans accord ou consentement préalable de la RDC, ne peut en AUCUN CAS être envisagée sous le prisme de ces mécanismes.
Dans le contexte de la neutralisation des FDLR, la RDC, afin d'arracher tout prétexte fallacieux au Rwanda, a accepté de se soumettre à un régime de collaboration avec tous les partenaires régionaux et internationaux et non pas à un régime de perpétuation de l'agression. Cette démarcation vaut son pesant d'or car à l'article 1 point 4 de l'Accord de Washington, les parties s'interdisent expressis verbis tout acte d’agression et conviennent de ne pas commettre, soutenir ou tolérer des incursions militaires ou d’autres actes, directs ou indirects, qui menacent la paix et la sécurité de l’autre partie ou qui portent atteinte à la souveraineté ou à l’intégrité territoriale de l’autre partie.
La Cour Internationale de Justice, commentant la définition de l'agression annexée à la résolution 3314 (XXIX) de l’Assemblée générale, a souligné que cette qualification s'applique non seulement à l'envoie des bandes armées dans un autre État, mais aussi dans l'hypothèse d'une assistance à des rebelles prenant la forme de fourniture d’armements ou d’assistance logistique ou autre (Affaire des Activités militaires et paramilitaires au Nicaragua, Arrêt du 27 juin 1986 (CIJ Rec. 1986, pp. 14 et s.), para. 195).
Ce que l'on retient alors ici, c'est que :
− les troupes rwandaises venues en RDC unilatéralement doivent quitter le territoire congolais sans conditions, nonobstant les opérations de ciblages et de neutralisation des FDLR ;
− Les mesures défensives du Rwanda ne peuvent, sous aucun prétexte, s'exercer sur le territoire de la RDC ;
− Les représentants du Rwanda et des autres États de la région et même des autres partenaires internationaux ne peuvent se retrouver sur le territoire de la RDC en rapport avec la question des FDLR que moyennant le consentement de la RDC dans le cadre des mécanismes de vérification créé en 2012 et du mécanisme conjoint de sécurité prévu par l'Accord. Toute autre présence équivaudrait à un acte d'agression.
La question de la ratification et le pragmatisme dans l'exécution de l'Accord de Washington
L'accord de paix de Washington est-il déjà effectif ou doit-on attendre sa ratification par le parlement congolais ? Le fait que le Rwanda ait procédé à sa ratification contraint-t-il la RDC à procéder de la sorte ? Pour répondre à cette préoccupation, il faut au préalable faire une distinction entre l'approche de droit international et celle qui relèverait strictement du droit interne.
En droit international, lorsqu'un traité doit être soumis à la ratification, il dispose généralement de la formule suivante : “les États expriment leur consentement à être liés par la signature sous réserve de ratification, d'acceptation ou d'approbation. ” Or, l'Accord de Washington ne contient pas une telle formule.
Son article 9 stipule plutôt qu'il prend effet dès la signature, exactement comme dans les accords en forme simplifiée. On peut donc affirmer qu'il a été conclu sous une formée simplifié et que de ce fait, son application en droit international est à envisager au jour de sa signature. Mais dans le fond, s'agissant d'un accord de paix qui vise à mettre fin à un « conflit armée international », c'est légitime en droit interne, de se poser la question en rapport avec l'article 214 de notre Constitution.
Ce dernier exige que les traités de paix soient ratifiés en vertu d’une loi. A vrai dire, il n'y a rien qui puisse empêcher une telle démarche, si nécessaire. Seulement, le pragmatisme qui ressort des approches propres aux relations internationales impose parfois une autre dynamique dans la conception des accords de paix.
On peut ainsi se poser la question du pourquoi l'Accord de Lusaka du 10 juillet 199 n'avait pas non plus été ratifié alors qu'il impliquait la signature par six États africains. La question de la régularité du processus de conclusion d'un traité s'est aussi posée en rapport avec la ratification du statut de Rome par la RDC, dont le décret-loi n0013/2002 du 30 mars 2002 portant autorisation à la ratification du Statut de Rome, a été décrié par plusieurs auteurs (Prof. Balanda Minkwin, Prof. Lunda Bululu et le Prof. Kazadi Mpiana ), sans que cela ne remette en cause son effectivité de nos jours en RD Congo (Lira à ce sujet Kazadi Mpiana, J. (2012).
La Cour Pénale Internationale et la République Démocratique Du Congo : 10 Ans Après. Étude De L’impact Du Statut De Rome Dans Le Droit Interne Congolais. Revue québécoise de droit international / Quebec Journal of International Law / Revista quebequense de derecho internacional, 25(1), 57 90. https://doi.org/10.7202/1068641ar ).
Peut-être que les experts internationalistes dans les milieux universitaires pourront approfondir la question et nous éclairer là-dessus. Dans tous les cas, autant chaque État reste maître de sa procédure en interne, autant, sans préjudice des dispositions finales de l'Accord de Washington (article 8, point 2), le principe est qu'un Etat ne saurait évoquer ses dispositions internes pour refuser d'honorer ses engagements internationaux librement consentis (voir article 27 de la Convention de Vienne susmentionnée).
Le plus important pour la RDC, c'est d'aller plus vite vers la pacification de l'est et soulager les souffrances de nos populations, plutôt que de se livrer à une surdose de juridisme. Il faudra nécessairement à certaines étapes, un certain degré de pragmatisme (problem-solving) pour arriver à aller de l'avant et atteindre le but poursuivi par l'Accord de Washington, à savoir l’instauration d’une paix durable.
Les ramifications avec le processus de Doha
Pédagogiquement, il est bon de commencer par rappeler que ce qui a été signé le 11 juillet 2025 à Doha n‘est qu’un accord de principe, c'est-à-dire un accord dans lequel les parties se mettent d'accord sur les conditions suivant lesquelles un accord futur devra être conclu entre elles. C'est une sorte d'accord préparatoire un peu comme l'accord de principe du 25 avril 2025 qui avait précédé l'Accord de paix de Washington.
Parmi les questions les plus discutées dans l’opinion publique, il y a à celle relative à la restauration de l'autorité de l'État. En réalité, cette démarche ne peut être entreprise que sous la houlette du Chef de l'État et des autres institutions prévues par la Constitution. Cette tâche ne saurait être confiée à un mouvement rebelle d'autant plus que la restauration de l'autorité de l'État sous-entend la dissolution de tous les mouvements rebelles. Il n'en saurait être autrement.
C’est sans doute à ce niveau qu’on peut principalement établir une ramification entre Doha et Washington d’autant plus que l'Accord de Washington prévoit la fin de tout soutien aux groupes armes non étatique ainsi que le désengagement, la démobilisation et l'insertion conditionnelle dans les forces de sécurité.
Conclusion
Au demeurant, il faut considérer l’Accord de paix de Washington non pas comme un point de chute, mais plutôt comme une nouvelle étape qui s’insère dans les efforts de pacification totale de la partie est de la République démocratique du Congo. C’est sans tergiverser la raison pour laquelle on ne peut pas se hasarder à avancer une date fortuite sur le retour effectif de la paix sur terrain.
Le processus qui s’ouvre avec l’Accord Washington aura l’avantage, soit d’apporter la paix tant recherchée par les populations de l’est, soit alors d’exposer pour la nième fois la mauvaise foi de Kigali à appliquer les résolutions communes prises pour la paix.
En attendant de revenir sur les aspects économiques de l’Accord de Washington, il faut souligner que l’effectivité des processus de Washington et Doha aura pour conséquence la mise en échec de la balkanisation tant voulue par certains oiseaux de mauvais augure.