Le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) en République Démocratique du Congo a, dans le cadre de son mandat, documenté, dans un communiqué de presse du 24 novembre 2025, les principales tendances des violations des droits de l’homme et violations du droit international humanitaire sur l’ensemble du territoire national au cours de la période allant du 1er janvier au 30 juin 2025. Le Bureau a également annoncé avoir collaboré avec les mécanismes internationaux, notamment la Mission d’établissement des faits du HCDH, afin de documenter les violations graves et de soutenir les efforts de lutte contre l’impunité.
Ci-dessous, les principales tendances.
Communiqué de presse : le BCNUDH publie les principales tendances des violations des droits de l’homme en République démocratique du Congo du 1er janvier au 30 juin 20251 Dans le cadre de son mandat, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) en République démocratique du Congo assure un suivi étroit de la situation des droits de l’homme et analyse les tendances y relatives. Ces tendances sont régulièrement partagées avec les autorités afin qu’elles prennent les actions nécessaires, y compris traduire en justice les auteurs présumés des violations des droits de l’homme documentées. 1. Au cours du premier semestre de l’année 2025, le BCNUDH a documenté 2.767 violations et atteintes aux droits de l’homme et violations du droit international humanitaire sur l’ensemble du territoire congolais, ce qui représente une augmentation de 11 pour cent par rapport à celles documentées lors du semestre précédent. Parmi ces violations et atteintes, 86 pour cent, soit 2.378, ont été commises dans les provinces en conflit. Le nombre de victimes a augmenté de 12 pour cent par rapport au semestre précédent, passant de 7.705 à 8.6355 victimes. Ces augmentations reflètent l’intensification des conflits armés à l’Est du pays, en particulier à cause de l’offensive du M23 au Nord Kivu et Sud Kivu ainsi que l’activisme persistante d’autres groupes armés, notamment les ADF et la CODECO au Nord Kivu et en Ituri. 2. Le conflit armé dans la province de l’Ituri continue de s’aggraver malgré les pourparlers entre communautés en raison de la recrudescence des attaques des groupes armés comme la CODECO et Zaïre et la création d’autres groupes armés, notamment la Convention pour la Révolution Populaire (CRP) et la Coalition nationale pour la libération du Congo (CNLC). Le BCNUDH a documenté 416 violations et atteintes aux droits de l’homme ainsi que des violations du droit international humanitaire dans la province de l’Ituri, ce qui représente une augmentation de l’ordre de 21 pour cent par rapport à la même période l’année précédente, avec 342 violations et atteintes. 3. Lors du premier semestre de l’année, le groupe armé ADF a continué à s’attaquer aux civils dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. L’ADF a été identifié comme responsable de 198 atteintes aux droits de l’homme dans les provinces de l’Ituri (38) et du Nord-Kivu (160) ayant fait au moins 1.071 victimes. Ces attaques constituent souvent des représailles contre les civils à la suite d'opérations militaires menées par les FARDC/UPDF, et se traduisent par les tueries de civils, le recrutement forcé et l’enlèvement des femmes et filles à des fins d’esclavage sexuel, et par le pillage des ressources. 4. Au cours de la période en revue, les forces armées congolaises ont été responsables de violations des droits de l’homme. Le BCNUDH a documenté 425 violations aux droits de l’homme attribuables aux militaires des FARDC, soit 15 pour cent de l’ensemble des violations et atteintes documentées sur l’ensemble du pays. 5. Entre le 1er janvier et le 30 juin 2025, le BCNUDH a documenté des cas des violences sexuelles liées aux conflits (VSLC) perpétrées contre 266 victimes adultes dont 264 femmes et deux hommes. Ce chiffre représente une augmentation de plus de 100 pour cent par rapport à la même période en 2024, au cours de laquelle 156 victimes avaient été identifiées dont 155 femmes et un homme. La majorité des cas documentés, soit 115 victimes, ont été documentées dans la province du Nord Kivu, suivi de l’Ituri avec 97 victimes, le Sud-Kivu avec 41 victimes et la province du Maniema avec 12 victimes. Enfin, une victime a été enregistrée dans la province du Tanganyika. La plupart des violations documentées ont été attribuées à des membres des groupes armés, notamment le M23 avec 63 victimes, suivis de la CODECO avec 52 victimes, les différentes factions Maï-Maï. Les agents de l’état ont été responsables des violences sexuelles à l’encontre de 70 victimes, notamment les FARDC (69 victimes) et des agents de la PNC (une victime). 6. Au cours du premier semestre de l’année 2025, les restrictions à l’espace civique se sont poursuivies. Entre janvier et juin 2025, le BCNUDH a documenté 62 violations et atteintes aux droits de l’homme en lien avec l’espace civique. Près de de ces violations (60%) ont été enregistrés dans un contexte marqué par avec l’actualité sécuritaire du pays. En outre, la situation des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes s'est considérablement détériorée dans les provinces de l'Est, en particulier au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. La progression du M23 à l’Est s'est accompagnée d’actes de harcèlement, d’intimidation et de répression ciblant les acteurs engagés dans la défense et la promotion des droits humains. 7. Par ailleurs un regain des discours de haine a été observé en lien avec la détérioration de la situation sécuritaire dans les provinces de l’Est. Au moins 12 allégations de discours de haine ont été documentées, dont cinq ont franchi le seuil de Rabat en matière d’incitation à la violence, à l’hostilité et à la discrimination. Ces discours visaient les membres des communautés Tutsi et Banyamulenge perçus par leurs auteurs comme des alliés présumés de l’AFC/M23. 8. Au cours de la période en revue, le BNCUDH a poursuivi ses activités de suivi, de plaidoyer et de renforcement des capacités. Il a apporté un appui à la mise en œuvre de projets d’assistance d’urgence aux victimes, soutenu la formation de magistrats, de membres des forces de sécurité ainsi que d’acteurs communautaires. Le BCNUDH a également contribué à des initiatives liées aux entreprises et aux droits de l’homme. Le Bureau a également collaboré avec les mécanismes internationaux, notamment la Mission d’établissement des faits du HCDH, afin de documenter les violations graves et de soutenir les efforts de lutte contre l’impunité.
L’interpellation des officiers des FARDC a embrasé la toile. Les commentaires sont allés dans les sens les plus divers. Pour tordre le cou aux rumeurs, le président de la CNDH -Commission Nationale des Droits de l’Homme-, Paul Nsapu, a apporté toutes les précisions sur la situation des officiers généraux et supérieurs des FARDC récemment interpellés.
Au cours d’un point de presse conjoint avec le porte-parole des FARDC, le président de la CNDH, Paul Nsapu, a confirmé que ces officiers "sont vivants, en bonne santé et détenus dans des conditions conformes à la loi", avant d’indiquer qu’il a conduit une mission de vérification aux côtés d’autres organisations de défense des droits humains, à la suite des plaintes déposées par de proches des officiers concernés.
Et de préciser : "Nous avons pu échanger avec chacun d’eux. Aucun cas de mauvais traitement n’a été constaté. Ils sont en bonne santé, parfois dans un meilleur état que certains détenus de Makala ou de Ndolo", en soulignant qu’ils bénéficient d’accès au loisir et à la lecture dans leurs lieux d’assignation.
Il a, toutefois, précisé que les visites familiales ont été temporairement suspendues pour des raisons strictement liées à leur sécurité. Une mesure qui, selon lui, relève d’un encadrement légal et ne remet pas en cause leurs droits fondamentaux.
Pour sa part, le général-major Sylvain Ekenge a rappelé que les officiers interpellés sont tenus dans des résidences surveillées et mis à la disposition de l’auditeur général des FARDC pour la poursuite des investigations. Il a aussi réitéré que ces interpellations ont été effectuées "dans le strict respect des lois de la République".
En marge de cette mise au point, le porte-parole de l’Armée a dénoncé les récentes spéculations véhiculées par certaines ONG et médias, avant de revenir sur les attaques persistantes des rebelles du M23-AFC malgré l’accord de Doha. Il a appelé les négociateurs à prendre les mesures appropriées face à ces provocations, soulignant la disponibilité opérationnelle de l’Armée.
La Communauté Internationale accuse des signes de lassitude après un peu plus de trois décennies d’instabilité de l’Est congolais. Aux côtés des sanctions à l’encontre du régime rwandais et du leadership de l’AFC/M23, l’Union européenne appuie l’armée congolaise en renforcement des capacités des FARDC dans l’exécution de leurs missions essentielles. Il s’agit de la protection des populations civiles et la consolidation de l’autorité de l’État.
Pour ce faire, l’Union européenne a approuvé une nouvelle mesure d’appui à hauteur de 10 millions d’euros destiné aux Forces armées de la République démocratique du Congo dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix. Cette décision a été officialisée par le Conseil de l’UE.
Ce financement complémentaire permettra de doter les FARDC en équipements militaires non létaux, adaptés aux besoins opérationnels des unités engagées sur le terrain. Il s’agit de la deuxième intervention du genre en faveur de l’armée congolaise : la première, adoptée en 2023, ciblait la 31ᵉ brigade de réaction rapide basée à Kindu. Avec cette nouvelle enveloppe, l’assistance globale de l’Union européenne atteint désormais 30 millions d’euros.
L’appui européen portera sur des outils destinés à améliorer le commandement et le contrôle des opérations, les conditions de déploiement, la prise en charge médicale, ainsi que l’équipement pour les patrouilles de surveillance sur les frontières fluviales. Les premières dotations sont prévues avant la fin de l’année 2026.
Le Conseil souligne par ailleurs que cette initiative témoigne de l’engagement continu de l’UE dans la réforme du secteur de la sécurité en RDC. Elle s’inscrit dans un cadre global qui associe plusieurs leviers d’intervention, y compris l’aide au développement, pour soutenir le processus de paix dans le pays.
Le Président de la République Démocratique du Congo a rencontré hier à Luanda, en marge du 7ème Sommet Union Africaine–Union Européenne, son homologue sénégalais, Bassirou Diomaye Faye. Les deux Chefs d’État ont échangé sur le renforcement de la coopération bilatérale entre Kinshasa et Dakar, la consolidation des liens d’amitié entre leurs peuples respectifs, ainsi que sur les défis majeurs auxquels l’Afrique est confrontée, notamment sur les plans sécuritaire, économique et institutionnel.
Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des consultations politiques en cours entre dirigeants africains présents à Luanda pour ce sommet UA-UE, qui se déroule sur deux jours.
En attendant, le Président Félix Tshisekedi est attendu pour intervenir lors de la première session thématique du sommet, consacrée à la paix, la sécurité, la gouvernance et le multilatéralisme.
Pendant deux jours, les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine et de l’Union européenne vont orienter leurs réflexions sur le renforcement de la paix, de la stabilité, de l’intégration économique et du commerce intercontinental, tout en répondant aux défis contemporains tels que la transition écologique, la transformation numérique et le rôle croissant de l’Afrique sur la scène mondiale.
Plusieurs allocutions sont attendues pendant la cérémonie d’ouverture notamment, celle du Président angolais João Lourenço, Président de l’UA et hôte du Sommet, celle du Président du Conseil européen ainsi que le discours du Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres.
Le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo devrait aussi s’exprimer au cours de la première session thématique « Paix, sécurité, gouvernance et multilatéralisme » programmée ce lundi en milieu d’après-midi.
Le Sommet de Luanda envisage les modalités de relance de la relation Europe-Afrique. Il s’agit d’un partenariat de près de 25 ans visant à tracer les grandes lignes d’une coopération renforcée pour la prochaine décennie. Il devrait aboutir à une Déclaration de principes du Droit international.
Un incendie majeur a ravagé une partie des entrepôts centraux de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) à Kinshasa, dans la commune de Limete, dans la nuit du mercredi 20 novembre 2025. Fort heureusement, aucune perte en vie humaine ni aucun blessé ne sont à déplorer, l'incident a causé plutôt d'importants dégâts matériels. Selon le communiqué officiel de l'institution, des milliers de batteries au lithium destinées aux dispositifs électroniques de vote (DEV) ainsi que d'autres équipements logistiques essentiels ont été consumés par les flammes. L'origine du feu a été localisée dans la salle de stockage de ces mêmes batteries. La CENI souligne que la prompte réaction de ses équipes et des services de secours a permis de maîtriser le sinistre et de préserver une partie significative du matériel.
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
COMMISSION ELECTORALE NATIONALE INDEPENDANTE
CENI
COMMUNIQUE DE PRESSE N°014/CENI/2025
La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) porte à la connaissance de l'opinion publique qu'un incendie s'est déclaré, le mercredi 20 novembre 2025, dans une partie de ses Entrepôts Centraux situés au n° 3075 de l'avenue des Entrepôts, au quartier Kingabwa dans la commune de Limete à Kinshasa.
Aucun décès ni blessé n'a été enregistré à la suite de cet incident. Cependant, des pertes matérielles été constatées. L'incendie a entraîné la destruction de plusieurs équipements parmi lesquels :
- 3773 batteries en lithium des dispositifs électroniques de vote (DEV) datant de 2018,
- 17476 batteries en lithium des DEV datant de 2022 & 2023,
- 1778 panneaux solaires,
- 672 imperméables appartenant à la Base Centrale de Recensement (BCR) de l'Institut National de la Statistique (INS),
- 96 batteries ISO appartenant à la BCR/INS,
- 1360 écritoires appartenant à la BCR/INS,
- 771 casques moto appartenant à la BCR/INS,
- 410 rétroviseurs moto appartenant à la BCR/INS,
- 1606 paires de bottes,
- 1610 tentes de campagne.
Les premières investigations ont permis d'identifier l'origine de l'incendie, localisée dans la salle de stockage des batteries en lithium.
La vigilance et la réactivité des logisticiens et l'application des mesures de sécurité ont eu pour effet de limiter considérablement l'ampleur des dégâts matériels causés par l'incendie. Leur action a permis de préserver une partie significative des équipements stockés dans l'entrepôt, réduisant ainsi les pertes et contribuant au rétablissement rapide de la sécurité sur le site.
Par ailleurs, la mobilisation rapide des autorités de la ville de Kinshasa, l'appui des équipes de sapeurs-pompiers de SEP CONGO, CONGO FUTUR, MODERN CONTRUCTION, ANGEL COSMETIC et la promptitude des équipes techniques constituées du personnel de la CENI ont joué un rôle déterminant dans l'extinction de l'incendie.
En ce mois de novembre 2025, Son Excellence le Professeur Emile Ngoy, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République Démocratique du Congo en France, a reçu à Paris, une délégation d’experts du secteur public congolais en mission officielle. Cette délégation, conduite par Son Excellence Monsieur Guylain Nyembo, Ministre d’Etat, Ministre du Plan, séjourne en France afin de présenter le cadre général des investissements en République Démocratique du Congo.
Au cours de cette rencontre, les échanges ont mis en lumière : le rôle stratégique des institutions publiques dans la création d’un environnement économique attractif et sécurisé, l’importance de la collaboration entre le secteur public et le secteur privé pour renforcer la transparence, la compétitivité et la mutualisation des expériences, les opportunités émergentes offertes par la RDC dans plusieurs filières prioritaires, notamment les infrastructures, l’énergie, l’agriculture, les mines et les technologies. L’Ambassadeur et le Ministre ont réaffirmé leur engagement commun à renforcer les partenariats internationaux et à promouvoir une image dynamique et ambitieuse de la RDC auprès des investisseurs présents en France et en Europe.
Le séjour de Son Excellence le Ministre du Plan a été rythmé par plusieurs moments forts, à commencer par sa participation au forum « Ambition Africa 2025 », organisé par Business France sous le haut patronage du Président Emmanuel Macron, les 18 et 19 novembre à Bercy. Le ministre y a présenté la vision de développement de la RDC à travers le Plan National Stratégique de Développement (PNSD 2024-2028), ainsi que plusieurs projets structurants, dont le Projet Vert Kindu-Kinshasa et le Grand Inga. Il a notamment plaidé pour un renforcement rapide des partenariats responsables et durables entre l’Afrique, l’Europe et la RDC. En symbole de cette présence congolaise, la Tour Eiffel a, durant ces deux jours, flotté aux couleurs du drapeau congolais.
Le 21 novembre 2025, le Salon Hoche à Paris 8ᵉ a accueilli, avec le soutien de Business France, le forum « Invest in DRC ». L’événement a permis au Ministre d’État, Ministre du Plan, Guylain Nyembo, d’exposer aux investisseurs français et au président du CIAN la stratégie économique de la RDC, appuyée par le PNSD 2024-2028, les réformes visant à améliorer le climat des affaires et les priorités sectorielles : énergie verte, hydrogène, mines, agro-industrie, digitalisation et infrastructures. Les agences publiques telles que l’ARCA, la DGCDI, SEGUCE, AZES, le CEEC, l’ANSER, la SNEL, l’ACGT et l’UC-PPP ont présenté leurs projets phares.
En marge du forum, l’Ambassadeur de la RDC en France, le Professeur Émile Ngoy, a réuni le ministre d’Etat, Ministre du Plan et les élus français d’origine congolaise du CEFOCK, poursuivant ainsi sa tradition d’accueil et de mise en réseau des autorités congolaises.
Le 22 novembre, toujours aux Salons Hoche, la Directrice générale de l’ANAPI, Madame Rachel Pungu Luamba, a organisé avec l’Ambassade de la RDC un forum consacré à la diaspora congolaise, la plus importante d’Europe. Intitulée « Rencontre d’affaires avec la diaspora congolaise », cette initiative visait à présenter les missions de l’Agence nationale pour la promotion des investissements et les dispositifs d’accompagnement offerts aux entrepreneurs désireux d’investir en RDC. Là encore, les organismes publics (ARCA, DGCDI, SEGUCE, AZES, CEEC, ANSER, SNEL, ACGT, UC-PPP) ont exposé leurs projets prioritaires et leurs rôles respectifs.
La rencontre s’est clôturée par une intervention de l’Ambassadeur Émile Ngoy, qui a salué la participation du public et exprimé son souhait de voir cet événement reconduit. Il a également rendu hommage aux élus français d’origine congolaise pour leur attachement à la RDC, qu’ils continuent de représenter et de valoriser au-delà des frontières.
Dans une intervention qui sonne comme un véritable plaidoyer pour la justice sociale, le Ministre des Droits humains, Me Samuel Mbemba Kabuya, a lancé le samedi 22 novembre 2025 un double message fort à l'endroit des employeurs et des travailleurs congolais. D'une part, une recommandation ferme pour le paiement ponctuel des salaires et avantages de fin d'année ; d'autre part, l'annonce d'un programme inédit d'écoute et de médiation qui débutera dès le 6 janvier 2026. Une offensive en deux temps pour garantir le respect de la dignité humaine en milieu professionnel.
A l'approche des fêtes de Noël et du Nouvel An, une période traditionnellement marquée par des dépenses familiales importantes, le Ministre des Droits humains a pris les devants pour prévenir les tensions sociales et garantir que chaque travailleur puisse célébrer dignement. Dans sa communication, Me Samuel Mbemba Kabuya a exhorté chaque employeur, du secteur public comme privé, à faire preuve de responsabilité.
"A l'approche des festivités de Noël et du Nouvel An, le Ministre des Droits humains recommande à chaque employeur de prendre les dispositions nécessaires pour payer en temps utile les salaires et tous les avantages auxquels les travailleurs ont droit à la fin de l'année afin de permettre à ceux-ci de fêter dans le respect de leurs droits fondamentaux et de la dignité humaine," a-t-il déclaré avec fermeté.
Pour donner tout son poids à sa recommandation, le Ministre a solidement ancré son propos dans le marbre de la loi, rappelant les obligations claires qui incombent aux employeurs. Il a spécifiquement cité l'article 7, alinéa h, du Code congolais du travail, qui définit la rémunération de manière exhaustive.
"Conformément au Code congolais du travail, les travailleurs ont droit à la rémunération", a-t-il martelé, avant de détailler ce que ce droit recouvre : "Il en est ainsi notamment du salaire ou traitement, des commissions, de l’indemnité de vie chère, des primes, de la participation aux bénéfices, des sommes versées à titre de gratification ou de mois complémentaires, des sommes versées pour prestations supplémentaires, de la valeur des avantages en nature, de l'allocation de congé ou de l'indemnité compensatoire de congé, des sommes payées par l'employeur pendant l'incapacité de travail et pendant la période précédant et suivant l'accouchement".
Ce rappel détaillé vise à ne laisser aucune place à l'ambiguïté : le paiement de fin d'année n'est pas une faveur, mais une obligation légale et un droit fondamental.
La porte du Ministère ouverte aux travailleurs
Me Samuel Mbemba Kabuya a annoncé une initiative d'une portée considérable. A compter du mardi 6 janvier 2026, il institutionnalise une journée d'audience hebdomadaire dédiée aux travailleurs.
"Dès le 06 janvier 2026, il recevra, chaque mardi, les travailleurs congolais ayant des dénonciations à faire par rapport à leurs droits violés", précise sa communication. Cette mesure offre un canal direct et de haut niveau pour les employés qui se sentent lésés, exploités ou dont les droits fondamentaux sont bafoués par leurs employeurs.
Le Ministre promet une action concrète. Il s'engage personnellement à "organiser la médiation entre les employeurs et les travailleurs en situation de conflits liés aux droits fondamentaux de ces derniers". Cette démarche de médiation institutionnelle vise à résoudre les conflits à l'amiable lorsque c'est possible, mais aussi à mettre la pression nécessaire pour que justice soit rendue, restaurant ainsi un climat de confiance et de respect mutuel dans le monde du travail.
Cette double initiative du Ministre des Droits humains est un signal puissant. Elle réaffirme que la dignité du travailleur est une composante non négociable des droits humains et que l'État, à travers son ministère, entend jouer pleinement son rôle de régulateur et de protecteur.
(Par Jeanne Lagarde, Chargée de plaidoyer Afrique subsaharienne de RSF)
La République démocratique du Congo (RDC) a chuté de 10 places par rapport à l'année dernière dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) en 2025 et occupe désormais la 133 place sur 180 pays et territoires. En cause, la guerre qui sévit à l'est du pays depuis plusieurs années, notamment depuis la prise de la ville de Goma, en janvier 2025, par les rebelles du M23 soutenus par l'armée rwandaise.
L'année 2025 a été particulièrement terrible pour les journalistes du Nord et du Sud-Kivu. Dès le mois de janvier, un directeur de radio communautaire s’inquiétait : Nous ne savons plus quoi faire pour échapper aux bombes qui sont en train de tomber sur les civils. Les journalistes sont ciblés pour leur travail d’information : assassinats, enlèvements, arrestations arbitraires, détentions, agressions, pillages et fermetures de radios communautaires par dizaines, vol de matériel, menaces directes….
Ces atteintes sont accompagnées de leur lot de conséquences. Les radios communautaires, vecteurs d'information de proximité essentiels, sont réduites au silence et reprennent difficilement. Une majorité de journalistes sont contraints de fuir, d'entrer dans la clandestinité et d'abandonner leur travail, laissant un désert informationnel derrière eux. L'autocensure s'installe. En un mot, l'accès à l'information est gravement compromis. Et, alors que la situation exige plus de rigueur que jamais dans le traitement de l'information, il faut aussi composer avec d'autres enjeux. Parmi eux, le contrôle de l'information par les parties prenantes de la guerre : dans les territoires occupés, le M23 interdit de relayer certains médias basés dans la capitale Kinshasa, impose des directives et des éléments de langage, menace les journalistes quand il n'essaie pas de les recruter en tant que communicants. De son côté, le Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication (CSAC), censé être le garant de la liberté de la presse, multiplie les décisions restrictives et la censure.
Alors que la presse est prise en étau entre les violences et injonctions des rebelles du M23 et les menaces des autorités étatiques, que l'insécurité est omniprésente et que les infrastructures nécessaires à la transmission de l’information sont perturbées, vers qui s'informer ? Et comment continuer à le faire ? Ce rapport restitue un travail de recherche et de recueil de témoignages mené par les équipes de Journaliste en danger (JED), partenaire de RSF depuis plusieurs années. Il dresse de manière méticuleuse et à travers plusieurs témoignages un tableau alarmant de la situation des médias et des journalistes à l’est de la RDC depuis la prise de Goma en janvier 2025, et met en lumière la vulnérabilité des professionnels des médias, dont le travail est plus essentiel que jamais.
Il rappelle, enfin, une nécessité trop souvent oubliée : toute solution à cette grave crise doit absolument prendre en compte la protection et le respect du droit à l’information. Ce dernier ne peut être assuré qu'en cessant d'attaquer ou de mettre en danger les journalistes
Depuis Genève, en Suisse, où il séjourne, dans le cadre d’une mission officielle stratégique, Patrick Muyaya Katembwe, Ministre de la Communication et médias, a accepté de s’exprimer sur la situation actuelle du pays, lors d’une interview accordée à Bienvenu Bakumania, DG de l’ACP, et Willy Kalengayi, DG de Géopolis.
Durant cet entretien exclusif, le Porte-parole du Gouvernement a apporté un éclairage complet sur les efforts engagés pour la restauration de la paix dans l’Est de la RDC ainsi que sur l’évolution des processus de Doha et Washington, où Kinshasa est en pourparlers respectivement avec le M23 et le Rwanda pour résoudre durablement la crise qui dure depuis plus de trois décennies. Dans sa communication, le Ministre Patrick Muyaya Katembwe a réaffirmé la détermination du Gouvernement congolais, sous le leadership du Président Félix Tshisekedi, à défendre jusqu’au bout la souveraineté et l’étendue du territoire national, appelant à la plus grande vigilance populaire face à toute manipulation.
‘’Il y a trop d’agitation. Il ne faut pas tromper le peuple de Dieu. Nous sommes un Gouvernement. Nous n’allons pas nous mettre dans un jeu de ping-pong avec ceux qui sont appelés à disparaitre. Il ne faut pas vous faire des illusions sur la finalité des discussions. Ils vont surement trouver autre chose. Sur la forme actuelle, ils n’existeront plus. C’est cela la vérité qu’ils ne veulent pas admettre. Toute cette agitation et tous ces mensonges qui ne reflètent en rien l’esprit des discussions, s’inscrivent dans une seule volonté, celle de justifier leur existence et penser entretenir une certaine clientèle. L’Accord de Washington fixe le cadre. Au chapitre de l’intégration, tout est clair. On parle de l’intégration au cas par cas. Dans la gymnastique du rôle entre père et fils, le père renie les liens avec son fils. Et vis-versa. Mais, nous savons tous la réalité, les facilitateurs savent que le fils n’aurait jamais existé sans le père. Aujourd’hui, dans tout ce qui sera conclu, il ne faut pas rêver. Le processus est certes complexe. Mais nous nous sommes mis d’accord sur huit points. Il y a des principes. Lorsque vous regardez les dispositifs de l’Accord-cadre de Doha, on parle de Washington, la Constitution. Ce n’est pas aisé de penser qu’on peut dérouter le peuple lorsque l’on sait les soubassements de discussions que nous avons. Pour nous, comme Gouvernement, la première urgence est humanitaire parce que nous avons en face de nous des gens qui donnent la mort’’, a clarifié, dans sa communication, le Ministre de la Communication et médias, Patrick Muyaya Katembwe.
Aimé Boji Sangara, Président de l’Assemblée nationale de la RDC, a reçu, lundi 24 novembre 2025, l’Ambassadeur plénipotentiaire de la République française en République démocratique du Congo, Rémi Maréchaux. La rencontre, qui a eu lieu au Palais du Peuple, s’inscrit dans le cadre des échanges institutionnels réguliers entre les deux pays et marquait la présentation des civilités au nouveau Président de la Chambre basse du Parlement congolais.
Elle s’est également déroulée dans un contexte où le Parlement accompagne activement la diplomatie engagée par le Chef de l’État, Son Excellence Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, en faveur du renforcement des partenariats stratégiques de la RDC.
Au cours de l’entretien, les deux personnalités ont abordé les perspectives de coopération parlementaire entre la RDC et la France. L’ambassadeur Maréchaux a mis en avant la vitalité du Groupe d’amitié parlementaire RDC–France, particulièrement actif dans la promotion des échanges législatifs, des missions d’étude et du partage d’expériences entre députés des deux pays. Il a également rappelé la présence, au sein de l’Assemblée nationale française, de députés d’origine congolaise, un facteur renforçant davantage les liens historiques, culturels et humains entre les deux peuples.
Le diplomate français a exprimé le souhait de voir les deux Parlements approfondir leur collaboration à travers des programmes conjoints, des rencontres thématiques et diverses initiatives destinées à soutenir la gouvernance démocratique et le développement institutionnel. Il a insisté sur l’importance d’un dialogue régulier entre institutions représentatives, notamment autour des questions de législation, de contrôle parlementaire, de diplomatie parlementaire et de développement durable. Pour sa part, le Président Aimé Boji Sangara a salué cette démarche et réaffirmé la disponibilité de l’Assemblée nationale à travailler en étroite synergie avec l’ensemble des partenaires internationaux de la RDC. Il a rappelé le rôle central du Parlement dans la consolidation de la démocratie congolaise et s’est dit disposé à encourager toutes les initiatives visant à renforcer les capacités institutionnelles de la Chambre basse.
À l’issue de l’audience, l’ambassadeur Rémi Maréchaux s’est déclaré «chaleureusement reçu» par le Président de l’Assemblée nationale et a exprimé sa confiance quant à l’avenir des relations entre les deux institutions.
C’est hier, lundi 24 novembre 2025, que Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la République, a participé à Luanda, en Angola, au 7ème Sommet des Chefs d’État et de gouvernement Union européenne - Union africaine (AU-EU Summit), organisé sous le thème « Promouvoir la paix et la prospérité grâce à un multilatéralisme effectif ».
Au cours de la cérémonie d’ouverture, les dirigeants européens et africains ont vanté le partenariat entre les deux continents établis en 2000 en Egypte. Tous ont plaidé pour un renforcement de ce partenariat. Le Chef de l’Etat s’est exprimé devant ses pairs d’Afrique et d’Europe dans le groupe thématique « Paix, sécurité, gouvernance et multilatéralisme ». Dans son discours, il leur a demandé de faire le bilan des 25 ans du partenariat Europe - Afrique établi depuis Le Caire, en Égypte. « Ce sommet est un moment de bilan pour examiner avec lucidité ce que notre partenariat a réellement changé dans la vie de nos peuples ; un moment de vérité pour reconnaître ce qui doit être corrigé, repensé, parfois refondé ; un moment de projection pour tracer, ensemble, les contours d’un partenariat plus robuste, plus équilibré, et résolument tourné vers l’avenir », a dit en substance le Président Félix Tshisekedi.
«Si nous voulons parler de prospérité, de mobilité, de commerce et d’investissement, nous devons d’abord regarder en face la réalité qui frappe encore trop de régions de notre continent : la paix et la sécurité y sont devenues des urgences vitales », a indiqué le Chef de l’État. « Les principes qui fondent notre ordre continental, à savoir : le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États, la non-ingérence et le non-recours à la force, sont aujourd’hui mis à rude épreuve. La République Démocratique du Congo en est malheureusement un exemple douloureux », a-t-il rajouté. Toutefois, le Président de la République soutient le multilatéralisme qui veut un respect égal des règles internationales, une coopération fondée sur la transparence et une solidarité authentique qui n’abandonne aucun peuple à son sort lorsque ses droits fondamentaux sont bafoués.
Par ailleurs, le Président Tshisekedi a déclaré : « tant que des populations entières resteront exposées aux massacres, aux violences sexuelles, aux déplacements forcés et à l’insécurité permanente, nous ne pourrons ni parler sereinement de prospérité, ni parler de mobilité humaine maîtrisée. Aucun agenda économique, aucun projet migratoire ne peut être durable s’il ignore les drames humains qui en constituent le terreau ».
Le Chef de l’État a souhaité que ce 7ème Sommet Union africaine – Union européenne de Luanda soit le sommet du passage à l’action ; « celui où notre partenariat, déjà vieux d’un quart de siècle, assume pleinement sa maturité en plaçant la paix, la dignité humaine et la prospérité partagée au cœur de notre projet commun ».
Dans un message envoyé à madame le Bourgmestre a.i de la Commune de Fungurume, l'honorable Aline Makano Tshilombo, ce samedi 8 novembre 2025, le Journaliste et écrivain, Christy Ilunga, lui a témoigné sa sympathie et son soutien dans l’exercice de ses fonctions tout en lui accordant également son pardon au regard de tous les événements malheureux qui ont secoué sa vie entre les mois de juin et juillet de l’année en cours. Une reprise de contact à travers une paix de brave pour une cause commune : la construction d’un Congo fort, uni et prospère ! Ci-dessous, l’intégralité de son message.
Message de l’Écrivain Christy Ilunga et Journaliste adressé à l'honorable Aline Makano Tshilombo, Bourgmestre A.I de Fungurume.
Madame le Bourgmestre A.I de la commune de Fungurume,
Je tiens par le présent acte à vous transmettre ce présent courrier pour vous témoigner ma sympathie et mon soutien dans l'exercice de vos fonctions. Et surtout, pour vous accorder mon pardon.
Me trouvant actuellement à Kinshasa, Capitale de la RDC où je me suis refugié depuis le mois de Juillet dernier après les événements malheureux qui ont secoué et décimé ma vie, en me rendant fragile et épuisé. En bon chrétien épris d'un esprit de paix et, doté de la capacité de reconnaître les imperfections humaines, j'exprime ma profonde affliction par rapport à tout ce que l'on a vécu. Je vous pardonne.
J'ai profondément réfléchi sur le sens élevé de l'épître de Matthieu 6:14, et, je me suis décidé de briser le silence. Bien que vous m'aviez bloqué sur WhatsApp pendant plus d'une année, et qu'aujourd'hui, vous avez décidé de bon gré sans que je vous le demande de débloquer mon numéro +243832000053; et, "j'avoue haut et fort que je vous accorde mon indulgence de tout cœur dans le but de favoriser la paix, l'Unité et la concorde". Me débloquer sur WhatsApp est un geste d'humilité et de grandeur posé par une représentante du Chef de l’État que vous êtes. Le Journaliste et Écrivain Christy Ilunga qui s’opposait à votre gestion pour des raisons bien connues et qui a été enlevé, lynché et réduit à rien démontre clairement que vous voulez que nous restaurions nos bonnes bases en cherchant la paix et la concorde.
Par votre geste évoqué ci-haut, J'ai compris que seul l'amour, l'unité et la paix peuvent bâtir une nation. Quoi que nous fassions, rien ne peut être fait si nous n'avons pas l'amour entre nous.
J'ai brisé le silence pas pour plaire aux gens mais pour honorer mon Dieu Jah et restaurer nos relations bien que je vis loin de Fungurume. Encore une fois je vous pardonne.
En outre, je considère les événements de Juin et Juillet qui ont submergé ma vie à Fungurume comme un tremplin. Ils m'ont servi de leçons et j’ai payé le prix.
Honorable Aline Makano Tshilombo Bourgmestre A.I de Fungurume, rien ne peut être fait sans la paix ni l'amour, j'insiste. Vous aviez décidé de rétablir nos liens indirectement mais moi je vous dis que je vous ai pardonné.
Sans être forcé ni intimidé par qui que ce soit pour faire la paix avec vous, je tiens à vous rassurer que puisque Dieu veut que vous soyez là où vous êtes actuellement (votre poste de Bourgmestre A.I de Fungurume).
Mettons de côté tout ce qui nous divise!
Unissons-nous pour une cause commune (la construction d’un Congo fort, uni et prospère)!
Rassurez-vous de mon soutien pendant le reste de votre mandat !
Docteur en médecine à l’Université de Paris en 1963, lors d’une mission d’inspection dans la région de Gbadolite, à l’Équateur, où Mobutu est né ; le professeur médecin découvre les ravages du goitre et organise avec succès une campagne d’élimination de cette maladie. Mobutu découvre le médecin, fait de lui son médecin. Depuis, Pierre Diomi Mawesa n’a pas quitté le Maréchal. Il est à ses côtés dans l’avion à son départ de Kinshasa pour Gbadolite, le 16 mai 1997 puis dans son exil deux jours s’en va à Lomé, au Togo, d’où il reçoit l’ordre de son ami Gnassingbé Eyadema de s’en aller aussitôt et qu’il quitte deux jours plus tard pour Rabat, au Maroc. Mobutu était devenu infréquentable pour la communauté internationale. Après la mort de Mobutu, le médecin s’en va en Afrique du Sud, à Cape Town, où il est braqué par des criminels. Il quitte l’Afrique du Sud, va à Washington d’où il regagne le Congo. Pierre Diomi Mawesa meurt à Kinshasa le 8 novembre 2022, dans sa résidence de Binza-Pigeon. Il avait 92 ans.
Ses mémoires que sa succession s’apprête à publier disent long sur la fin du Maréchal. L’une des prises de position clés de ce livre « Moi Diomi, médecin du Maréchal Mobutu », est celle-ci : «L’isolement du président Mobutu à Kawele a entraîné des conséquences catastrophiques sur sa santé et sur son régime politique. Le fossé s’était élargi entre le peuple et Mobutu. Pendant six bonnes années, la population ne le voyait plus. Ainsi, les Zaïrois ont appris à se passer de lui et à l’oublier. L’apathie et la résignation qui l’ont envahi lui ont fait perdre de vue que le fauteuil de Chef de l’État du Zaïre pouvait être conquis par quelqu’un d’autre par des moyens non démocratiques. Il avait plus ou moins atomisé l’opposition interne mais il n’avait pas suffisamment conjuré le danger qui pouvait provenir au-delà des frontières du Zaïre. Ceux qui avaient placé Mobutu à la tête du Zaïre ont décidé de le remplacer par quelqu’un d’autre».
Extraits.
Dans la matinée du 16 mai 1997, contre toute attente, le maréchal Mobutu quittera Kinshasa pour aller provisoirement dans son fief de Kawele. Deux jours plus tard, il abandonnera le territoire national en ébullition, pour aller s’abriter à Lomé chez son ami de longue date, le général Gnassingbé Eyadema. Ce jour-là, dans la matinée, il avait mis longtemps à se décider de quitter le Zaïre parce qu’il a souhaité attendre la suite des événements dans son palais de Kawele. N’eussent été les pressions d’un de ses fils et de son médecin personnel, il allait probablement mourir d’une mort violente causée par des éléments de la DSP en débandade. Il allait contraindre son entourage présent à Kawele à disparaître tragiquement avec lui. En effet, les troupes zaïroises fuyant le front nord-est convergeaient vers Gbadolite pour empêcher le chef d’État déchu de quitter le pays. Déjà, au départ de Kinshasa, il avait échappé à un attentat tendu par certains de ses généraux. À la suite de l’échec de cette tentative, un colonel de la DSP fut dépêché à Kawele par ces généraux avec mission d’éliminer physiquement le fuyard. Mais, la vigilance de ce qui restait de la sécurité présidentielle est parvenue à déjouer ce macabre projet.
Selon des sources proches de la Présidence de la République du Togo, le maréchal Mobutu n’était pas attendu ce jour-là à Lomé. Le gouvernement de ce pays n’était d’ailleurs pas content de le voir débarquer sur le territoire togolais. C’est ce qui a fait qu’arriver le 18 mai, Mobutu et sa suite ont dû quitter le Togo le 23 mai 1997. Considéré comme un pestiféré dans toute l’Afrique noire, il a fini par trouver refuge chez le roi Hassan II du Maroc. Pour ceux qui ont connu les relations étroites qui unissaient Mobutu et Eyadema, il était difficile d’imaginer qu’un jour ce dernier pouvait poser des restrictions dans l’hospitalité à offrir à son frère aîné malade.
Très diminué par des graves ennuis de santé et fortement démoralisé par la trahison des personnes sur lesquelles il avait l’habitude de compter, pour la première fois, le maréchal Mobutu s’est senti très seul. La présence du trio BOKOFA, composé de ses épouses jumelles et de son beau-frère qui l’avait pratiquement séquestré pendant plus de six années à Kawele, n’a pas dissipé son amertume. (…).
L’ancien chef de l’État est mort tristement dans l’isolement et l’humiliation. Mais, en notre qualité de témoin oculaire de la fin de ce colosse, nous pouvons affirmer que Mobutu est demeuré digne et de marbre face de ces épreuves. Il est vrai qu’il a beaucoup regretté la manière dont son régime a brusquement pris fin. Il était triste de n’avoir pas pu sécuriser matériellement le dernier carré de fidèles qui ont accepté de le suivre dans son exil. Il n’avait plus d’autorité sur les trois éléments de sa belle-famille qui s’étaient approprié sa fortune bien avant sa mort.
Les ordres qu’il donnait n’étaient plus suivis car ses épouses ne l’écoutaient plus. On avait la nette impression qu’elles se réjouissaient de sa mort imminente. Aujourd’hui, ses veuves mènent une vie dispendieuse et ostentatoire au Maroc, en France, au Portugal, en Espagne et même aux États-Unis d’Amérique. À en croire les anciens gardes du corps, elles n’ont rien perdu de leur verve oratoire et surtout de leur arrogance. Beaucoup d’anciens gardes du corps mènent une existence difficile à l’étranger et d’autres sont morts dans la misère.
L’oncle Popolipo, rongé par le remord et la peur de ses nombreux ennemis, tente par tous les moyens à se faire oublier. De Kinshasa, plusieurs personnes veulent connaître le contenu de cinquante malles en fer que l’épouse de Mobutu avait emportées lors de son départ précipité de Gbadolite alors qu’au Maroc le maréchal Mobutu n’avait plus d’habits à mettre. Sa canne et sa toque étaient introuvables au moment de son ensevelissement. Seuls les anciens gardes du corps commis à l’épouse du défunt président pourront un jour témoigner du contenu de ces malles dont madame Bobi ne s’est jamais séparée avant de les placer en lieu sûr.
Ses erreurs doivent servir l’avenir.
Qu’on l’aime ou pas, on ne peut nier cette évidence : Mobutu a marqué son époque d’une empreinte indélébile, par le fait que malgré des nombreuses embûches, il s’est maintenu à la tête du Zaïre pendant plus de trois décennies. Ce fut un grand visionnaire qui, à ses débuts, avait caressé le rêve de bâtir une grande Nation au cœur du continent africain. (…).
Mobutu a vécu un destin exceptionnel mais, hélas, dramatique de par sa fin. Il n’a pas dérogé au sort de «guides éclairés» des années 60. Il est mort paisiblement dans son lit loin des récriminations de ses ennemis. (…).
À la fin de son régime, beaucoup de ses homologues africains l’ont déclaré infréquentable alors que certains parmi eux lui doivent la survie de leurs propres régimes tout aussi dictatoriaux. Comme s’ils obéissaient à une consigne générale, ils lui ont tourné le dos lorsqu’il avait, à son tour, désespérément besoin d’aide pour s’en sortir. (…).
Même à titre privé, beaucoup se sont abstenus d’adresser un mot ou à faire un geste de compassion envers la famille du disparu. Grande fut la tristesse de ses proches de constater combien l’ancien Chef de l’État zaïrois était haï par ses pairs africains. Par pure hypocrisie, même ses «frères» du temps de la splendeur du Zaïre l’ont traité comme une brebis galeuse. (…). Les funérailles du roi Hassan II du Maroc ont drainé à Rabat un nombre important de têtes couronnées et des présidents parmi lesquels on compte des anciens amis de Mobutu. Par peur du «qu’en dira-t-on», aucun d’eux n’a ressenti le désir d’aller se recueillir sur la tombe de leur ancien ami.
L’erreur de Mobutu fut d’avoir cultivé l’orgueil au point d’en faire une vertu. Il n’a même pas voulu demander pardon au peuple qui a tant souffert de la mégalomanie et de la tyrannie de son régime. Et pourtant, au cours de sa longue maladie, Mobutu s’était bien rendu à l’évidence qu’il était, après tout, un homme de chair et de sang. Il pouvait se tromper comme tout le monde. Le peuple souverain du Zaïre aurait pu lui pardonner ses échecs d’autant plus que le Zaïrois n’a pas l’habitude de poursuivre les morts dans leurs tombes pour leur demander des comptes. La preuve est que déjà, à travers l’ensemble du pays, face à son sort d’aujourd’hui, le peuple congolais le regrette déjà. S’il était encore en vie, la majorité de Congolais se seraient tournés vers lui pour la solution des problèmes actuels.
À côté de Mobutu Sese Seko que tout le monde a plus ou moins connu, quelques personnes ont eu le privilège de côtoyer le Mobutu de l’arrière scène qui, habituellement échappait aux projecteurs des médias. L’image qu’elles ont gardée de lui n’a rien de commun avec celle d’un impitoyable dictateur. Beaucoup de ces compatriotes ont plutôt découvert en lui un personnage timide, prévenant, généreux, secourable et capable de compassion. C’est autant dire que Mobutu n’avait pas que des défauts.
Mû par la recherche de la vérité, l’auteur de ce livre s’est imposé un examen sans complaisance de la portion de vie du maréchal Mobutu, à laquelle il avait été associé. Déjà avant la parution de ce livre, des membres de sa belle-famille nous ont reproché d’avoir osé écrire sur des aspects inédits de la vie du maréchal Mobutu. Avec Michel Gonod nous pouvons répondre : «Le droit au respect de la vie privée n’est pas transmissible. Il appartient aux vivants, pas aux héritiers». En plus, dans l’une de ses prises de position, Feu Manda Mobutu, fils aîné du maréchal Mobutu, avait déclaré ce qui suit : «Notre père n’appartient plus à la famille, il appartient à tout le monde».
Aussi, estimons-nous que personne ne peut nous dénier le droit et le devoir de jeter un regard critique sur le passé du défunt maréchal Mobutu pour dégager les enseignements capables d’orienter les futurs dirigeants du Congo. Les erreurs de Mobutu devraient servir à ceux qui ambitionnent de gouverner le Congo. Certaines personnes qui se disaient «membres de la famille présidentielle», n’ont plus le droit d’imposer leurs vues partisanes à ceux qui publient des analyses sur le maréchal Mobutu. Du vivant de Mobutu, la «famille» a causé plus de tort à son régime que ceux qui, aujourd’hui, veulent partager avec d’autres les informations qu’ils détiennent grâce aux postes qu’ils avaient occupés ou à cause des relations personnelles qu’ils ont entretenues avec le disparu.
Ceux qui ont trahi Mobutu sont bien connus. Ces sont eux qui ont creusé le trou dans laquelle Mobutu est tombé parce qu’il ne s’était pas suffisamment méfié d’eux. Ils étaient les premiers à l’abandonner dès qu’ils ont constaté que cette fois, il ne s’en sortirait plus. Toutefois, il y a eu une poignée de Zaïrois qui ne l’ont pas déserté malgré son infortune. Ils l’ont arraché d’un pays en ébullition pour le mettre à l’abri en prenant des risques incalculables pour leurs propres vies. Ils l’ont protégé et l’ont soigné jusqu’à sa mort.
Nous n’avons aucune fausse modestie d’affirmer que nous sommes de ceux-là. Si, malgré tout, il y a des gens qui croient que Mobutu leur appartient toujours en exclusivité, ils se trompent car nous connaissons la manière dont il s’est séparé d’eux. Quant à nous, nous tenons à souligner que la confiance qu’il nous a personnellement témoignée pendant des longues années est un gage d’estime. En dépit de la haine imméritée que nous voue certains membres de sa belle-famille, il a tenu, malgré des fortes pressions exercées sur lui, à nous garder près de lui jusqu’à la fin. Il est le seul à en connaître les raisons.
D’autres nous reprochent d’avoir soigné un dictateur. Mais combien sont-ils ceux qui ont ouvertement refusé de servir le pays sous le régime Mobutu à cause de la mauvaise réputation du président ? Le fait d’avoir travaillé sous la dictature de Mobutu ne veut pas dire qu’on a cautionné ses méthodes politiques ou ses décisions solitaires. Le poste que nous avions occupé, nous ne l’avions pas sollicité. On sait pertinemment bien, qu’en République du Zaïre, il était malaisé de démissionner sur base de divergence d’opinion. D’autre part, il serait contraire à la vérité si nous affirmions que nous avions travaillé pour Mobutu sous la contrainte.
Aujourd’hui que beaucoup de ceux qui ont bénéficié des largesses et de la protection de cet homme le renient sans vergogne, nous n’éprouvons aucune gêne d’avoir pris soin de lui. Des personnes irresponsables nous ont reproché d’avoir prolongé les souffrances du peuple zaïrois en nous occupant de la santé de son bourreau. La profession que nous avons choisie a des normes qu’un praticien digne de ce nom ne peut impunément fouler aux pieds. La vie du malade appartient au malade lui-même et non à son médecin. Nous pensons avoir honoré notre contrat en servant le pays avec honorabilité à travers la personne de Mobutu. Par ailleurs, on ne peut douter de notre disponibilité pour cet homme auquel nous avions, en dépit d’énormes difficultés, consacré plus de deux décennies de notre vie. Nous n’avons jamais cherché à marchander les services que nous rendions car l’argent et les biens matériels n’étaient pas nos préoccupations prioritaires.
Des propos mensongers ont été colportés par des gens sans scrupule qui ont fait état des millions de $US que Mobutu aurait légués aux gens qui l’ont accompagné dans son exil. Nous croyons connaître l’origine de ces ragots. À vrai dire les millions de $US en question ne sont jamais arrivés à destination et on ignore qui les détiendrait aujourd’hui. Tout le monde y compris les médecins qui ont volontairement risqué leurs vies à côté de celle de Mobutu, ont eu pour unique récompense, la satisfaction d’avoir servi jusqu’au bout malgré les intimidations de certains.
De son vivant, Mobutu ne nous a pas enrichis, ce n’était pas à sa mort qu’il allait le faire. Comme il a agi à l’égard de Motoko et ses hommes qui l’ont arraché d’une mort ignominieuse et violente au Zaïre, Mobutu nous a tous abandonnés, sans ressources, dans les rues de Rabat. Les seuls choix qui nous restaient à faire, était de devenir esclaves de la belle-famille du maréchal ou de nous clochardiser. Ses veuves se sont farouchement opposées à ce que Mobutu sécurise matériellement les membres de sa suite car du vivant de celui-ci, elles ont vécu à couteaux tirés avec plusieurs personnes de l’entourage du défunt. Le moment était donc venu pour elles de régler de vieux comptes avec ceux qu’elles ne sont jamais parvenus à domestiquer. Il est étrange que des personnalités qui ont travaillé pour celui qui était l’un des chefs d’État les plus riches au monde ne soient pas capables de se prendre en charge à la fin de leur carrière. Cela prouve une fois de plus que le système Mobutu était irrationnel.
Furieux qu’on lui prolonge la vie.
Vers la fin du régime, il devenait difficile de travailler pour le président du Zaïre sans être accusé de vouloir lorgner quelques avantages. C’est pourquoi, Bobi et son clan nous ont manifesté une grande hostilité qui ne pouvait pas s’expliquer autrement. Nous avions parfaitement conscience du désagrément que nous causions à ces personnes en continuant à soigner le maréchal Mobutu alors que le pronostic était déjà connu.
Et, pourtant, le devoir professionnel nous obligeait de continuer à prodiguer les soins à notre malade jusqu’au bout. Depuis longtemps, nous avions compris que nous gênions des personnes qui nous reprochaient d’être toujours là et de prolonger la vie d’un être dont elles n’avaient plus besoin. En plus, elles croyaient que nous aussi avions les yeux rivés sur la fortune du maréchal Mobutu. À cause de cela, elles nous ont manqué de respect et nous ont querellés plusieurs fois pour nous contraindre à cesser les soins au malade.
Après la disparition du maréchal Mobutu, nous avions décidé de partir. Comme la veuve du président n’avait d’égard que pour ceux qui acceptaient de se laisser asservir, notre place n’était plus à ses côtés. D’autant plus qu’un ami proche nous avait vivement conseillé de nous éloigner de ce milieu au plus tôt. Les gens qui se prennent pour des génies peuvent devenir un danger pour toute personne qui les ramène constamment à leurs vraies dimensions.
Le chef de l’État zaïrois se savait malade depuis de nombreuses années mais il a continué à négliger les recommandations pressantes des médecins qui l’invitaient à se soumettre aux soins que nécessitait son état de santé. En raison de certaines croyances et autres tabous culturels, il avait volontairement minimisé les chances de guérison que lui offrait la médecine hippocratique moderne. Pendant plus d’une décennie, il a focalisé son attention sur des futilités. Il lui a manqué le courage de se pencher sur la gravité de sa maladie. On peut se demander si la déception causée par la remise en question de son autorité par ses anciens alliés politiques passés à l’opposition et son échec dans le domaine économique et social n’étaient pas à la base de ce découragement.
On peut aussi s’interroger si l’ignorance de la bonne gouvernance, le refus à peine voilé de la démocratie, les violations fréquentes des droits humains et son désaveu par le peuple qui, à un moment donné, ont fait de lui un homme désespéré, n’ont pas influencé sa conduite. Il s’était malgré tout accroché au pouvoir en attendant des hypothétiques élections qui lui auraient donné une nouvelle légitimité. Hélas, le sort en avait décidé autrement. Il a pris des sérieux risques, il a malheureusement perdu ! Mobutu était un homme anxieux car depuis les années 60, il vivait sous un stress permanent. Dans son désespoir, avait-il opté pour une solution radicale afin d’en finir une fois pour toutes ? Le refus systématique des soins appropriés contre une affection connue de longue date avait de quoi surprendre.
La pratique de la médecine auprès du maréchal Mobutu n’a pas été aisée. Nous avions subi des pressions pour que la médecine se pratique comme lui-là concevait. Il ne nous a pas toujours aidé dans l’accomplissement de notre tâche. Pire, l’interférence constante et intempestive du clan de son épouse dans sa vie publique et privée était, pour tous les collaborateurs de Mobutu, un véritable casse-tête.
Ce sont les jumelles qui sont les plus concernées ainsi que leur frère Fangbi dont l’omniprésence dans tous les secteurs était devenue intolérable par un grand nombre d’entre nous. Il voulait s’occuper de tout alors qu’il n’était capable que de peu.
Dans le présent ouvrage, il sera largement question de ce trio dont le comportement a paru inquiétant surtout pendant la maladie du maréchal Mobutu. L’agressivité liée à l’impatience dont ils ont fait preuve, était suspecte. En plus, l’arrogance et le mépris qu’ils affichaient à l’égard des collaborateurs du chef de l’État ont perturbé le bon fonctionnement de la présidence de la République. Ces trois personnes s’étaient arrogées des droits illimités sur la personne du maréchal Mobutu et sur la présidence de la République en tant qu’institution.
Mobutu était devenu la propriété privée du clan Bobi. Ils ont profité de sa maladie pour lui dicter ce qu’ils voulaient. Ils se sont placés au-dessus des lois et des institutions. Après des années de réclusion à Kawele, Mobutu voyait tout à travers le prisme déformant du clan de sa femme. Par la présence active auprès du président, ce groupe a entravé au sommet, le fonctionnement normal de l’État.
C’est pourquoi, il est nécessaire de placer les projecteurs au bon endroit pour que chacun découvre la responsabilité des uns et des autres. On peut se poser les questions suivantes : Qui ont poussé Mobutu à quitter le siège des institutions républicaines pour aller, pendant plus de six ans, se blottir au village en compagnie de ses épouses monozygotes et de son beau-frère ? Qui sont à la base de la mise à l’écart de la majorité de collaborateurs qui habituellement assistaient le chef de l’État dans l’exercice de ses fonctions ? Enfin, qui a introduit et entretenu l’exclusion et l’intolérance à la présidence de la République ?
Les services de renseignements n’ont pas échappé à la désorganisation générale voulue par ceux qui souhaitaient la fin rapide du régime et la mort de Mobutu pour faire main basse sur sa fortune. Serait-il un effet du hasard que les proches de Mobutu et les aînés des garçons issus du premier lit soient morts avant lui pour que le moment venu, Mobutu soit livré jusqu’à la fin de sa vie, mains et pieds liés à sa belle-famille ?
Seule une sœur aînée, l’unique parente de Mobutu, que la belle-famille a volontairement reléguée à N’Djamena qui a pu, in extremis, aller soutenir le malade. Cette femme était pratiquement ignorée lors des tractations relatives à la succession de son frère. Aujourd’hui, elle vit en Belgique dans une précarité totale. Au Maroc, pour son vécu quotidien, elle dépendait de l’humeur instable des veuves de son frère. Celles-ci occupaient des luxueuses et gigantesques villas dont elles sont propriétaires.
Sans chercher à nous immiscer dans les affaires privées d’une famille d’autrui, on peut se poser la question de savoir pourquoi Francisca, sœur aînée du maréchal Mobutu, a été délibérément reléguée au Tchad loin de son frère malade qui avait besoin de se confier pour la dernière fois. C’est sur l’insistance du malade lui-même qu’elle a enfin de compte rejoint Rabat à deux semaines seulement de la mort de celui-ci.
D’après les coutumes zaïroises, cette femme bien que vieille et illettrée aurait dû jouer un rôle prépondérant pendant la maladie et les obsèques de son frère. Curieusement, ce sont les deux épouses et leur grand frère qui se sont substitués à la place de cette parente de Mobutu. Avant son décès, le président Mobutu a résumé son exaspération en nous disant : «Docteur, nous sommes en présence de deux familles bien distinctes : celle de ma femme et la mienne représentée par ma sœur. Ne l’oublie jamais et il ne faut pas confondre».
Jusqu’à présent, le rôle politique joué par le trio issu d’une même famille, n’est pas suffisamment connu du grand public congolais. C’est pourquoi, il est de notre devoir d’en parler dans le présent livre. Il est vrai que le principal responsable de tout ce qui s’est passé au Zaïre est Mobutu lui-même. Mais, on peut affirmer sans crainte d’être contredit que l’implication de sa belle-famille dans sa fin peu glorieuse, ne fait pas de doute.
À quelques mois de sa mort, le président Mobutu a fini par se rendre compte de la grave erreur qu’il avait commise de placer une confiance aveugle en des personnes qui ne la méritaient peut-être pas. Il n’avait pas vite compris la vraie motivation de leur présence permanente à ses côtés. Aujourd’hui, tout le monde sait que ce n’est pas à cause d’un amour débordant pour Mobutu qu’ils se sont agglutinés autour de lui et l’ont tenu à l’écart de ses responsabilités constitutionnelles pendant plus d’un septennat.
Peu après l’expiration de l’ancien chef de l’État zaïrois, sa veuve a reconnu explicitement sa culpabilité en nous affirmant : «Papa akei na kanda!» (Papa est parti en colère!). Si le président Mobutu est parti mécontent, ce n’est pas sans raison. C’est peut-être parce qu’il avait, enfin, découvert les vrais visages de ses épouses et de son beau-frère et surtout leur rôle dans ce qui lui est arrivé. Comme le maréchal Mobutu ne nous a pas associé à la conversation qu’il a eue avec sa belle-famille, nous ne sommes pas censés connaître les causes exactes de son mécontentement.
Sa veuve sait très bien ce que Mobutu lui a reproché avant de mourir. Cela devait être grave parce qu’elle était terrorisée en s’adressant à nous. Le président Mobutu doit s’être rendu compte que même ses intimes l’avaient trahi et que certaines personnes n’étaient pas fâchées de l’imminence de sa mort. Il en était triste et même frustré ; lui qui a exaucé le moindre de leurs désirs et qui leur a tout donné. Lorsqu’il a découvert ce qu’ils étaient en réalité, c’est en homme déçu qu’il a quitté cette terre.
Depuis la Suisse, Mobutu avait renoncé à prendre la nourriture préparée par Bobi. Il devait y avoir une raison ! Pendant des mois, les veuves du maréchal Mobutu avaient l’habitude d’aller chaque vendredi s’incliner devant le mausolée avec des fleurs à la main pour parler au défunt en pleurant. Elles n’ont pas arrêté, malgré l’intervention de maman Bolozi qui leur avait demandé avec insistance de laisser reposer son frère en paix.