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L’Afrique ne doit plus subir. Elle doit désormais dicter le jeu.

(Par Bodom Matungulu – Président du Think Tank RDC Strategie)

Alors que la Banque africaine de développement célèbre ses 60 ans à Abidjan, et qu’un nouveau président entre en fonction, l’Afrique se retrouve face à une exigence historique : reprendre le contrôle de son développement. En mobilisant ses propres ressources, en affirmant sa souveraineté financière et en refondant ses institutions, le continent doit passer du statut d’éternel dépendant à celui de stratège global.

A l’heure du changement, rendre hommage à la continuité

Avant de tourner la page, il convient de saluer le leadership du président sortant, Akinwumi Adesina qui aura marqué de son empreinte l’évolution stratégique de la BAD. Sous sa direction, l’institution a consolidé sa crédibilité, accru sa réactivité face aux crises – sanitaires, climatiques ou géopolitiques et défendu sans relâche les intérêts du continent sur les grandes scènes financières internationales. Il serait injuste d’ignorer également le rôle décisif du personnel de la Banque, dont l’engagement, la compétence et la résilience ont contribué à faire de la BAD un pilier incontournable du développement africain.

Sidi Ould Tah, président du consensus africain

Ce 29 mai 2025, à Abidjan, la désignation de Sidi Ould Tah à la présidence de la BAD marque un moment fort, autant institutionnel que symbolique. Le Mauritanien a été élu au troisième tour de scrutin, avec un soutien massif des pays régionaux, consacrant une dynamique clairement amorcée dès le second tour.

Sa victoire, face au Zambien Samuel Munzele Maimbo, qui avait dominé le premier tour grâce aux voix des actionnaires non-régionaux, illustre une réappropriation du processus de gouvernance par les États africains eux-mêmes. Candidat du consensus, Ould Tah incarne une volonté de cohésion stratégique, à un moment où les fractures géopolitiques mondiales imposent à l’Afrique de resserrer ses rangs.

Le capital africain existe. Il doit être souverain.

Le thème de cette 60e Assemblée annuelle « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement » est plus qu’un slogan. Il pose la seule vraie question : l’Afrique peut-elle encore déléguer la maîtrise de ses leviers économiques à des acteurs extérieurs ? La réponse, de plus en plus clairement, est non.

Notre capital est pluriel : humain, technologique, culturel, financier. Il est dans nos diasporas, nos entrepreneurs, nos terres agricoles, nos innovations locales. Pourtant, trop souvent, il est drainé, conditionné ou marginalisé par des logiques exogènes. Ce déséquilibre structurel est au cœur de nos vulnérabilités.

Une BAD de rupture, pas de continuité

La mission du nouveau président ne sera pas simplement d'assurer la continuité. Il devra impulser une transformation audacieuse, refondant la Banque comme vecteur de souveraineté financière. Car la BAD ne doit plus seulement accompagner des projets. Elle doit orienter, catalyser, imposer une vision continentale du développement, indépendante des fluctuations d’agendas extérieurs.

Il faut mobiliser l’épargne africaine, structurer les marchés de capitaux régionaux, faire émerger des instruments de financement innovants et bâtir une architecture économique propre au continent. Cela suppose aussi de repenser les partenariats : non plus dans une logique d’assistanat, mais d’égal à égal.

Conclusion : du moment symbolique au tournant stratégique

L’élection de Sidi Ould Tah intervient à un moment-charnière. Les tensions mondiales, la réforme de la gouvernance financière internationale, la quête de justice climatique, et les défis d’industrialisation confèrent à l’Afrique une fenêtre d’opportunité unique. À condition de s’en saisir, et de ne plus attendre qu’on décide à sa place.

L’Afrique ne peut plus se contenter de subir. Elle doit désormais dicter ses priorités, maîtriser ses instruments et défendre sa souveraineté économique avec fermeté et clarté.

Ce 60e anniversaire ne doit pas être un simple jalon institutionnel. Il doit marquer le début d’une nouvelle ère stratégique pour le continent.

L’Afrique ne doit plus subir. Elle doit désormais dicter le jeu.
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Changement de narratif oblige, Médias : Patrick Muyaya invite les cameramen congolais à la pratique responsable du métier de la prise de vue !

Patrick Muyaya Katembwe, Ministre de la Communication et médias, a échangé pour la première fois avec une délégation de l’Union nationale des cameramen du Congo (UNCC), constituée du président et du secrétaire général, ce mercredi 28 mai 2025 dans la soirée au sein de son cabinet.

Cette rencontre a permis au président élu, Merlin Kamalandua Meyi, de présenter les civilités et le programme d’action de son association au ministre. « Nous avons eu le privilège d'être reçus par Son Excellence, le Ministre de la Communication, Patrick Muyaya. C'est un honneur pour nous, parce que depuis que nous sommes à la tête de cette structure, d'être reçus par notre ministre de tutelle. C'est une occasion pour nous de présenter d'abord nos civilités, mais aussi passer en revue de toutes les étapes que l'UNCC a connues depuis ces élections jusqu'à ces jours. Des échanges fructueux. L'Excellence a été très heureux de voir que les cameramen aujourd'hui soient organisés. Nous avons présenté notre cahier des charges pour notre mandat de 5 ans », a déclaré le président de l’UNCC.

En organisation structurée, l’Union nationale des cameramen du Congo a présenté aux ministres ses quelques réalisations depuis l’arrivée du comité Kamalandua et ses perspectives. Il s’agit de la dotation d’un bureau à la concession Procoki, l’identification en cours de tous les cameramen de la République, la campagne patriotique contre le poison Rwandais, la promotion de la destination RDC à travers les belles images ainsi que l’installation des comités provinciaux. À cet effet, le comité en exercice commence avec la reconnaissance du comité provincial du Kongo Central, le lundi 2 juin prochain. Après s’en suivra, l’installation de celui de la Tshopo et d’autres.

«Nous avons présenté à l’Excellence, notre programme semestriel que nous avons déjà élaboré. Comme nous descendons au Kongo Central, ce dimanche 1er juin, c’était aussi l'occasion de recevoir la bénédiction de notre père. L'Excellence Muyaya qui fut aussi cameramen, pour ceux qui ne le savent pas, connaît nos problèmes et a promis de réagir de manière stratégique et structurée. Étant notre modèle, étant notre icône, mais aussi notre ministre de tutelle, c'était vraiment l'occasion de recevoir ses orientations, ses conseils, mais aussi sa bénédiction, parce que nous serions sur Matadi pour l'installation du comité provincial du Kongo Central. En un mot, nous sommes très heureux aujourd'hui d'être reçus par notre ministre », a dit Merlin Kitambala, président en exercice.

De poursuivre : ‘’Nous avons également un programme d'aller installer le comité provincial de la Tshopo. Là également, il y a déjà un comité provisoire qui est mis en place et nous irons juste pour l’installer. Nous avons un calendrier vraiment élaboré et lors de l'Assemblée générale que nous allons également le présenter à nos membres’’.

Mobilisation professionnelle

Il a profité de cette occasion pour appeler les cameramen qui traînent encore les pas à rejoindre le train UNCC pour bénéficier des formations et autres avantages à leur endroit. « L’UNCC commence et c'est aussi l'occasion d'appeler tous les membres à s’activer partout où ils sont et aux noms membres de s’approcher de nous. Car, le train est déjà en marche. Venez, adhérez-vous, mais aussi identifiez-vous parce que les choses sérieuses commencent », a lancé le président national.

Pour Merlin Kamalandua Meyi, un cameraman est un grand monsieur. Sans lui, il n'y a pas la télévision. Il est donc temps que nous nous réveillons. Il est temps que les cameramen soient vraiment honoré. « Nous sommes très heureux, très contents parce que le premier citoyen de la Communication et Médias, le premier cameraman vient de nous recevoir ce soir. C'est notre sentiment de joie. Au nom de tous les cameramen, je remercie le ministre Patrick Muyaya pour cette marque de considération », a-t-il conclu.

Salubrité médiatique au rendez-vous

Le ministre a, quant à lui, demandé au comité Kitambala d’exiger aux cameramen membres de respecter les normes de ce métier noble qui se pratique quotidiennement aux côtés du journalisme et de la communication. Car, la télévision où les images sont diffusées est d’une exigence extrême. Le ministre a également rappelé au comité que, pour une ASBL, les cotisations des membres sont importantes pour un bon fonctionnement. Sinon, l’UNCC sera appelée à disparaître et ce métier sera en danger.

«C’est en demeurant professionnel que l’UNCC ira de l’avant, les partenaires viendront vers vous et le reste suivra automatiquement. En interne, prenez aussi le temps nécessaire de partager vos connaissances et cela permettra à vos collègues professionnels de corriger leurs erreurs», a déclaré le Ministre.

Il sied de noter que l’UNCC a pour vision de fédérer et de valoriser le métier de cameramen comme un membre utile au sein de la corporation grâce à une démarche socioéconomique et professionnelle qui sécurise et anoblit le cameraman congolais. Cette association sans but lucratif reconnue par le ministère de la Justice et Garde des sceaux travaille étroitement avec l’Union nationale de la presse du Congo, l’Asbl fédératrice de tous les professionnels de médias en République Démocratique du Congo.

L’UNCC poursuit, entre autres objectifs, Garantir la prise en compte des droits et intérêts des cameramen y compris notamment les femmes, les jeunes et les personnes vivant avec handicap ;  Promouvoir le processus de formation et mise à niveau des cameramen ; Œuvrer pour une corporation saine, assainie et l'implication des réseaux, associations sans but lucratif et organisations non gouvernementales dans la définition, l’élaboration et la mise en œuvre des politiques et programmes relatifs ; Assurer le renforcement des capacités des réseaux, et organisations des membres en vue d'accroitre leur expertise et leur professionnalisme sur les questions liées à la pratique journalistique ; Assurer le plaidoyer aussi bien auprès des autorités nationales dans le respect ces dispositions légales internes et les engagements internationaux souscrits par le pays en matière de la liberté de la presse pour la prise en compte du métier de cameramen comme membre à part entière de la corporation.

La Pros.

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11ème Session de la Conférence des Gouverneurs, RDC : Jacquemain Shabani dresse un état des lieux alarmant de la mise en œuvre des recommandations  

Un chapitre important de l'évaluation de la gouvernance provinciale en République Démocratique du Congo s'est clos le mercredi 28 mai 2025. C'est sous l'égide du Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, Jacquemain Shabani Lukoo, que s'est achevé l'atelier d'évaluation de la mise en œuvre des recommandations issues de la 11ème Session de la Conférence des Gouverneurs. Tenue à Kalemie du 27 au 29 novembre 2024, cette conférence avait tracé une feuille de route ambitieuse pour le développement des provinces.

Les discussions au cours de cet atelier de trois jours, qui a rassemblé experts nationaux et provinciaux du 26 au 28 mai à Kinshasa, ont tourné autour du sort des 60 recommandations formulées quelques mois plus tôt. Le verdict est nuancé. Sur ce total, seules 4 recommandations soit 6,6 %, ont été menées à leur terme. Une part plus conséquente, 38 recommandations représentant 63,3 %, est actuellement en cours d'exécution, témoignant d'une dynamique engagée mais nécessitant une vigilance continue. Cependant, le chiffre qui interpelle est celui des 18 recommandations, soit 30%  qui n’ont connu aucun début d'exécution. Ce constat souligne les obstacles et les défis qui persistent dans la concrétisation des engagements pris.

Ces recommandations couvraient un large spectre d'action : 21 concernaient la sphère politique, administrative, sécuritaire, juridique et culturelle ; 25 se penchaient sur les aspects socio-économiques et financiers ; et 14 étaient dédiées à la reconstruction et aux infrastructures. La ventilation de l'état d'avancement au sein de ces différentes commissions n'a pas été détaillée, mais le tableau global appelle à une réflexion approfondie.

Un atelier pour stimuler l'action et la transparence

L'objectif de cette rencontre n'était pas seulement de dresser un état des lieux. Il s'agissait avant tout de vérifier la concrétisation des actions sur le terrain, d'inciter les responsables à assumer pleinement leur rôle dans ce processus crucial, et d'œuvrer à accroître la transparence dans la gestion de la chose publique. Il était également question de valoriser les progrès réalisés, afin de motiver l'ensemble des acteurs à poursuivre leurs efforts pour une meilleure cohérence de la gouvernance à travers le pays.

Dans son allocution de clôture, le Vice-Premier Ministre Shabani Lukoo n'a pas manqué de saluer l'implication personnelle du Chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi, également Président de la Conférence des Gouverneurs. Son engagement a été souligné comme un facteur déterminant pour la réussite et le bon déroulement de ces travaux d'évaluation, essentiels pour ajuster le tir et redynamiser les actions.

Cet exercice d'évaluation s'inscrit dans un cycle continu d'amélioration. Déjà, les regards se tournent vers la 12ème Session de la Conférence des Gouverneurs. Elle se tiendra à Kolwezi, dans la province du Lualaba, du 10 au 13 juin 2025. Le thème retenu pour cette prochaine édition est : ‘’La santé, facteur de cohésion sociale et de développement durable des provinces’’. Un choix qui promet des débats riches et des orientations stratégiques pour l'avenir du pays.

Nathan Mundele

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Face à la délégation des parlementaires européens : Vital Kamerhe plaide pour une pression accrue en faveur de la paix en RDC

Le Président de l'Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo, l'honorable Vital Kamerhe, a reçu le mercredi 28 mai 2025, une délégation de onze parlementaires européens. Conduite par Hilde Vautmans, cette mission de coopération intervient à un moment critique où l'Est du pays reste enlisé dans des conflits armés dévastateurs et une crise humanitaire d'une ampleur alarmante. Au cours de ces échanges, Vital Kamerhe a lancé un appel vibrant à une action internationale plus résolue pour ramener la paix.

La venue de la délégation européenne à Kinshasa se veut un signal fort du soutien de l'Union européenne à l'intégrité territoriale de la RDC, un principe mis à rude épreuve par l'instabilité persistante. Les parlementaires européens, visiblement émus et préoccupés par les témoignages des violences infligées aux populations civiles, ont exprimé leur profonde inquiétude. Le sort des femmes et des enfants dans les zones occupées, premières victimes des atrocités, ainsi que la détresse des millions de déplacés internes, ont particulièrement retenu leur attention. Ils ont manifesté une volonté claire d'accompagner la RDC dans la recherche d'une issue durable à cette crise qui n'a que trop duré.

Face à ses interlocuteurs européens, Vital Kamerhe, avec la gravité que lui confère sa fonction et sa connaissance intime des réalités congolaises, a brossé un tableau de la complexité du conflit. Loin des simplifications hâtives, il a insisté sur la nécessité impérieuse d'un dialogue inclusif. Pour le Président de la Chambre basse, identifier clairement toutes les parties prenantes est un préalable indispensable à l'établissement des fondations d'un cessez-le-feu qui soit, cette fois, véritable et respecté.

Au-delà du constat, Vital Kamerhe a prôné une stratégie à double détente, une réponse qui allie l'urgence humanitaire à une action diplomatique de fond. ‘’Il faut une intervention humanitaire d’urgence, notamment pour les femmes et les enfants déplacés. Mais il faut surtout une pression diplomatique pour imposer un cessez-le-feu réel’’, a-t-il martelé, soulignant l'interdépendance de ces deux axes.

La question sensible de l'exploitation des vastes ressources minières du Congo, souvent perçue comme l'un des nerfs de la guerre, a également été abordée. Sur ce point, le Président de l'Assemblée Nationale a plaidé pour une gestion qui soit à la fois équitable et responsable, en pleine conformité avec les normes internationales. Une exploitation qui profite au peuple congolais et contribue à la stabilité, plutôt qu'à attiser les convoitises et les conflits.

Cette rencontre de haut niveau s'est achevée sur une note d'engagement mutuel. Les deux parties ont convenu de la nécessité de renforcer la coopération parlementaire. Un partenariat consolidé entre l'Assemblée Nationale et les instances européennes est envisagé comme un levier supplémentaire pour promouvoir activement la paix, la sécurité et, à terme, le développement durable d'une Nation éprouvée mais résiliente.

La Pros.

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Examen d'Etat 2025 en RDC : les élèves de Kinshasa sont favorisés par rapport à ceux des provinces

Alors que l’éducation devrait être un droit égal pour tous, les frais de participation aux examens nationaux en République Démocratique du Congo mettent en lumière une réalité particulièrement inquiétante. Ces frais varient fortement d’une province à l’autre. A Kinshasa, les élèves ne paient que 31 000 FC pour passer la session ordinaire de l'examen d'État.

Pendant ce temps, leurs camarades d’autres provinces comme l’Équateur ou le Maï-Ndombe doivent s’acquitter de 85 000 FC, voire davantage dans certaines régions. C’est ce que révèlent les données publiées récemment sur le site officiel du ministère de l’Éducation nationale et de la Nouvelle Citoyenneté. Une disparité choquante que le Gouvernement central, selon certains observateurs, semble entériner.

Des exemples édifiants

A Kinshasa, un élève paie 26 000 FC pour le Tenasosp, 54 000 FC pour la hors session, et 31 000 FC pour la session ordinaire de l'examen d'État. A l’Équateur, ces frais s’élèvent respectivement à 35 000 FC, 95 000 FC, et 85 000 FC. Dans la province de la Tshuapa, la session ordinaire atteint 90 000 FC. À l’inverse, dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, les examens sont entièrement gratuits en raison du contexte sécuritaire. Ça se comprend !

Une logique décentralisée… mais inéquitable

En RDC, ce sont les gouverneurs de province qui fixent les frais de participation aux examens. Cette mesure, liée à la décentralisation, visait à adapter les coûts aux réalités locales. Mais, dans la pratique, elle a entraîné de fortes disparités.

Le paradoxe est frappant : les provinces les plus économiquement défavorisées imposent parfois les frais les plus élevés. Là où le coût de la vie est déjà difficile, les familles doivent supporter une charge financière disproportionnée pour permettre à leurs enfants d’accéder aux examens nationaux. À l’inverse, Kinshasa, la capitale où se concentre une grande partie des ressources publiques, affiche les tarifs les plus bas. Une situation qui alimente un sentiment d’injustice et de frustration chez de nombreux parents vivant dans les provinces.

Cette situation soulève une question fondamentale : comment garantir une éducation équitable si l’accès aux examens dépend du lieu de résidence ? Le principe d’égalité des chances, inscrit dans la Constitution congolaise, est ici mis à mal. Il est impératif que le gouvernement central, en collaboration avec les autorités provinciales, procède à l’harmonisation des frais de participation aux examens nationaux. Une telle mesure permettrait de rétablir l’équité, d’éviter que la réussite scolaire ne soit conditionnée par des critères géographiques, et de garantir à tous les élèves, sans distinction, les mêmes chances de réussite.

Aussi longtemps que ces inégalités persisteront, de nombreuses familles choisiront d’envoyer leurs enfants à Kinshasa. La capitale, déjà surpeuplée, devient le refuge d’un espoir éducatif que le reste du pays ne semble plus garantir. Ce phénomène d’exode interne provoque un abandon progressif des provinces, l’affaiblissement des identités locales et un déséquilibre territorial profond.

Beaucoup de jeunes quittent leur terre d’origine, abandonnent leur culture, leur langue, leurs repères, avec l’idée que l’avenir ne se construit qu’à Kinshasa.

L’Etat, par des réformes mal équilibrées, ne contribue-t-il pas à ce déséquilibre ? Cette politique tarifaire à double vitesse est un signal clair : certaines vies scolaires valent plus que d’autres. L’éducation est un droit, pas un privilège. Pour qu’elle le reste, la République Démocratique du Congo doit mettre fin aux disparités injustifiées dans les frais d’examens nationaux. Il en va de l’égalité des chances, de la justice sociale et de l’avenir de notre jeunesse. Harmoniser, c’est aussi freiner l’exode vers Kinshasa, renforcer la cohésion nationale, et rappeler que chaque élève congolais, de Boende à Goma, de Kananga à Kinshasa, a autant de valeur, de potentiel et de mérite.

Bahati Kasindi/CP

Examen d'Etat 2025 en RDC : les élèves de Kinshasa sont favorisés par rapport à ceux des provinces
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