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En RDC, faire d’un procès un exemple de lutte contre l’impunité

 Une projection du documentaire sur le procès du chef de guerre Sheka, organisée dans un hôtel de Kinshasa, en RD Congo.

Treize villages et une coalition de groupes armés : le Nduma Defense of Congo (NDC), du tristement célèbre chef de guerre Ntabo Ntaberi, dit « Sheka ». Tel est le décor du drame survenu en 2010 dans les territoires de Walikale et de Masisi, au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo.

Près de 400 personnes, parmi lesquelles des enfants, ont été violées par les miliciens sous les ordres de Sheka. L’enfer a duré quatre jours.

Treize années plus tard, début décembre 2023, un film-documentaire sur le procès de ce chef de guerre est projeté à Kinshasa, dans la salle de conférence de l’hôtel Fleuve Congo. Il s’intitule : « En RDC, traduire un criminel de guerre devant la justice ».

Dans la salle plongée dans la pénombre, l’émotion est à son comble. Certains invités peinent à retenir leurs larmes face aux faits insoutenables. Le film révèle une réalité crue. Chaque image, chaque témoignage résonne comme un appel à l'action contre l'impunité. Au fur et à mesure qu’il se déroule, les spectateurs se trouvent transportés au cœur de cette quête de vérité, confrontés à la cruauté du monde mais aussi inspirés par la résilience de ceux qui luttent pour la justice.

Une victoire pour les victimes

Le documentaire est le fruit d’un partenariat entre la Haute cour militaire et l’Auditorat général des Forces armées de la RDC (FARDC), avec la MONUSCO, à travers sa Section d’appui à la justice (JSS), et le Bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de l’Homme (BCNUDH). Sa projection est donc le résultat d’un projet mené conjointement par ces instances.

Ce n’est pas un deuil mais une célébration des efforts conduits par les autorités judiciaires militaires congolaises pour lutter contre l’impunité des crimes de guerre et crimes internationaux. En effet, en 2020, au terme d’un procès tenu entre le 27 novembre 2018 et 23 novembre 2020, Ntabo Ntaberi Sheka est condamné à la prison à perpétuité pour crimes de guerre, y compris pour viol et esclavage sexuel, au titre de sa responsabilité individuelle et de sa responsabilité de supérieur hiérarchique. Une victoire pour les victimes ainsi que pour la justice militaire congolaise, dans sa lutte contre l’impunité.

« Votre présence témoigne de l’intérêt que vous ne cessez de porter à la marche de la justice militaire congolaise », a déclaré le général-major Joseph Mutombo, premier président de la Haute cour militaire, s’adressant à l’audience présente.

Face à lui, des représentants des juridictions militaires congolaises, de la présidence et du gouvernement congolais, notamment des ministères de la Justice, de la Défense et des Droits humains, ainsi que de la société civile, et enfin des représentants de la communauté internationale, dont le système des Nations Unies.

Pour les organisateurs, la projection de ce film-documentaire vise à « présenter le résultat d’une justice engagée et fonctionnelle, dès lors que les efforts sont mobilisés par les juridictions nationales pour la poursuite et le jugement des crimes internationaux ». Il s’agit en même temps de « sensibiliser une large audience à l’impact de ce dossier dans la lutte contre l’impunité des crimes graves, et d’illustrer le principe de complémentarité de la justice pénale internationale ».

L’origine d’un traumatisme

Sheka est d’abord un opérateur économique dans le domaine des mines. En 2009, il devient seigneur de guerre et prend la tête du NDC. La coalition des groupes armés qu’il dirige est active dans le territoire de Walikale, une région forestière peu peuplée du Nord-Kivu. Son groupe se distingue alors par des viols systématiques, commis dans tous les villages où il passe.

Ces agressions sexuelles répétées ont eu de graves conséquences sur les victimes, qui sont essentiellement des femmes et des filles, ainsi que sur leurs communautés. Et ce n’est pas un cas isolé. Pendant plus de vingt ans, l’est de la République démocratique du Congo a été instable en raison de conflits armés, impliquant de multiples groupes armés nationaux et internationaux. Tous sont auteurs de plusieurs violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’Homme, dont des crimes graves.

Malgré les obstacles, les autorités judiciaires congolaises, celles militaires en particulier, s'engagent dans la lutte contre l'impunité pour faciliter l'accès à une réponse judicaire.

Pour le colonel Hyppolite Ndaka, auditeur supérieur de la cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu en charge des poursuites dans le cadre de l’affaire Sheka, ces efforts sont essentiels pour promouvoir la paix, la réconciliation au sein des communautés meurtries par des décennies de conflits, mais aussi pour renforcer la confiance entre celles-ci et les institutions étatiques.

« C’est un motif d’encouragement pour nous mobiliser davantage afin de garantir l’accès à la justice des autres crimes qui sont encore en attente dans différents tiroirs », estime pour sa part Me Nadine Sayiba, avocate au barreau du Nord-Kivu, représentante des parties civiles lors du procès.

Quant au Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies, coordonnateur résident et humanitaire des Nations Unies en RDC, Bruno Lemarquis, il a estimé que « le film témoigne de la détermination des autorités congolaises à mener un combat essentiel contre les criminels de guerre en RDC ». 

Ainsi, il a encouragé la justice congolaise à poursuivre ses efforts pour faciliter l'accès des victimes ainsi que leur pleine participation au processus judiciaire, ainsi que les partenaires nationaux et internationaux à participer à la dynamique engagée par le gouvernement congolais dans la lutte contre l’impunité des crimes les plus graves, y compris dans le cadre de la justice transitionnelle en faveur d’une paix durable.

MONUSCO et Jean-Claude Wenga

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Gestion des contentieux électoraux, RDC : le Cadre de Concertation invite la CENI et les juridictions impliquées au sens de responsabilité

Dieudonné Kamuleta, Président de la Cour Constitutionnelle

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Denis Kadima, le Président de la CENI

*‘’En perspective de la publication des résultats provisoires et définitifs, nous en appelons au sens de responsabilité de la CENI et de toutes les juridictions impliquées dans la gestion des contentieux électoraux’’, soutient, dans une déclaration, le Cadre de Concertation du Processus électoral en RDC.

PRISE DE POSITION DU CADRE DE CONCERTATION AU REGARD DU PROCESSUS ELECTORAL EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO (RDC)

Nous, parties prenantes du Cadre de concertation au processus électoral (Pool de Kinshasa), plateforme qui regorge à son sein plusieurs organisations issues de la société civile de la RDC à savoir les Syndicats, les ONGDH, les Eglises, les journalistes, les Maraichers, les organisations des jeunes et les Organisations partenaires du réseau Service Civil pour la Paix (SCP).

Conformément au calendrier électoral, nous félicitons la Commission Nationale Electorale nationale Indépendante (CENI) pour la tenue des élections présidentielle, législatives nationales et provinciales ainsi que celle des conseillers communaux dans le délai constitutionnel en date du 20 décembre 2023 en République Démocratique du Congo. Le Cadre de concertation salue l’engouement et la détermination de la population à se choisir ses futurs dirigeants. Cependant, ce rendez-vous historique a connu quelques dysfonctionnements d’ordre technique et logistique ainsi que des irrégularités et incidents rapportés ici et là.

Eu égard aux tensions qui caractérisent l’attente des résultats, le Cadre de concertation pool de Kinshasa lance un appel à l’ensemble de la population congolaise et aux parties prenantes (acteurs politiques et ceux de la société civile) à s’engager dans la dynamique de la paix en vue de préserver la cohésion nationale et de consolider la démocratie en RDC.

Nous invitons également tous les congolais en général et tous les acteurs politiques en particulier à ne pas s’engager dans des activités susceptibles d’embraser le pays après la publication des résultats provisoires et définitifs des élections du 20 décembre 2023. En cas de contestation de ceux-ci, il serait préférable de s’engager dans la voie légale plutôt que de mener des actions susceptibles d’entrainer la violence.

En perspective de la publication des résultats provisoires et définitifs, nous en appelons au sens de responsabilité de la CENI et de toutes les juridictions impliquées dans la gestion des contentieux électoraux. 

Fait à Kinshasa, le 29/12/2023

Le Cadre de concertation

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L’OMS dénonce la « pandémie » de cigarettes électroniques chez les jeunes dans le monde

 Une femme fume une cigarette électronique.

L’Agence de santé des Nations Unies appelle les Etats à prendre des « mesures urgentes » pour contrôler l’usage de la cigarette électronique afin de protéger les enfants. 

« Ce qu'on peut dire aujourd’hui, c’est que c'est vraiment urgent. A l'heure actuelle, il y a 88 pays qui n’ont pas encore régulé le marketing autour des cigarettes électroniques, et ce sont surtout les enfants, les très jeunes enfants, à partir de 8 ans, qui utilisent en nombre ce type de cigarettes »,  explique le Dr Rüdiger Krech, Directeur pour la promotion de la santé à l’OMS, au micro d’ONU Info.

Inefficaces pour arrêter de fumer

Les cigarettes électroniques sont inefficaces pour arrêter de fumer, contrairement aux déclarations de leurs concepteurs. Au lieu de cela, « des preuves alarmantes ont émergé sur les effets néfastes sur la santé de la population », souligne l’OMS.

L’industrie du tabac est responsable du décès de près 8 millions de personnes par an, rappelle le Dr Krech, « et dès que qu’elle constate qu’il y a une diminution de fumeurs, la tactique de cette l'industrie est d’en recruter des nouveaux pour l'avenir et pour ce faire, elle essaie notamment de promouvoir les cigarettes électroniques ». Les jeunes deviennent ainsi les victimes de pratiques commerciales très agressives pour les inciter à « vapoter ».

« Les cigarettes électroniques ciblent les enfants par le biais des médias sociaux et des influenceurs, avec au moins 16.000 saveurs. Certains de ces produits utilisent des personnages de dessins animés ou ont des designs élégants, qui plaisent à la jeune génération », regrette le Dr Krech.

Les enfants piégés dès leur plus jeune âge

« Les enfants sont recrutés et piégés dès leur plus jeune âge pour utiliser des cigarettes électroniques et peuvent devenir accros à la nicotine », dénonce le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'OMS dans un communiqué publié ce jeudi. 

Ces campagnes marketing agressives fonctionnent. L’OMS a ainsi constaté une nette augmentation de l’utilisation de la cigarette électronique chez les jeunes. Au Canada par exemple, le taux d'utilisation chez les 16-19 ans a doublé entre 2017 et 2022, et a triplé chez les jeunes au Royaume-Uni au cours des trois dernières années.

Cause de cancers 

Les cigarettes électroniques qui contiennent de la nicotine créent une forte dépendance et sont nocives pour la santé. Bien que les effets à long terme sur la santé ne soient pas entièrement compris, il a été établi qu’elles génèrent des substances toxiques, dont certaines sont connues pour causer des cancers ou augmenter le risque de troubles cardiaques et pulmonaires. L'utilisation de cigarettes électroniques peut également affecter le développement du cerveau et entraîner des troubles de l'apprentissage chez les jeunes, insiste l’OMS. 

Dans ce contexte, l’agence de santé des Nations Unies appelle les Etats à prendre des mesures fortes et décisives pour empêcher la consommation de cigarettes électroniques chez les jeunes en prônant notamment l’interdiction des arômes.

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Afrique : le Secrétaire Exécutif de la Caritas Congo Asbl a échangé avec la Directrice de la Caritas Afrique du Sud à Johannesburg

*En visite de courtoisie en République Sud-Africaine (RSA), Monsieur l’Abbé Edouard Makimba Milambo, Secrétaire Exécutif de la Caritas Congo Asbl, a échangé, le  vendredi 29 décembre 2023,  avec la Directrice de la Caritas du pays de Nelson Mandela, la Révérende Sœur Maria de Lurdes Lodi Rissini. Cet échange de travail et d’expériences s’est déroulé dans un esprit plein de cordialité et de fraternité, au bureau de la Caritas Afrique du Sud, situé au sein de la Cathédrale Christ Roi de Johannesburg.

Il sied de signaler que la Caritas Afrique du Sud a été fondée en 1970 pour répondre à la pauvreté de la population pendant l’apartheid. Elle se concentre sur la justice sociale, la paix et la réconciliation, le développement humain  et le changement climatique. Elle s’engage à permettre aux personnes de toutes religions, origines et milieux, de réaliser tout leur potentiel et de contribuer au bien commun.

Etant donné les attaques xénophobes en Afrique du Sud, le besoin d’intégrer les demandeurs d’asile et les migrants dans les communautés sud-africaines a pris une nouvelle importance.

La Révérende Sœur Maria de Lurdes Lodi Rissini a parlé de ces programmes les plus importants de la Caritas Afrique du Sud à son hôte, avec de la documentation à l’appui, au cours de leur entretien de plus d’une heure, suivi d’un repas fraternel, vendredi 29 décembre 2023.

Sr Rissini recevant le prix de l’Ambassadeur italien (Ph. ACI Afrique)

Pour mémoire, ACI Afrique signale que Sœur Maria de Lurdes Lodi Rissini a reçu le 10 mars 2022 l’Ordre de l’Étoile d’Italie, en sa qualité de Coordinatrice de Caritas Afrique du Sud et du Bureau des migrants et des réfugiés de la Conférence des évêques catholiques d’Afrique du Sud (SACBC), reconnaissant ainsi son engagement et ses efforts en faveur des migrants, des réfugiés et des pauvres.

Une des stratégies de la Vision de l’Abbé Edouard : s’approcher aussi des Caritas d’Afrique

 A son tour, l’Abbé Edouard Makimba a présenté la Caritas Congo Asbl et ses différentes interventions pour la promotion du Développement durable, de la Santé ainsi que la réponse humanitaire /Social, à travers ses 48 Caritas-Développement diocésaines, opérationnelles sur toute l’étendue de la République Démocratique du Congo (RDC). Le prêtre a également partagé avec la Directrice de la Caritas Afrique du Sud sa Vision à 5 axes, basée sur la construction d’une Caritas en RDC plus forte, plus crédible et transparente, axée sur la promotion de l’Ethique et la bonne Gouvernance financière, le professionnalisme en vue de la redynamisation du Réseau Caritas et de la mobilisation de plus de ressources pour répondre aux besoins des populations vulnérables.  

« Dans ma stratégie de mise en œuvre de ma Vision, je voudrais aussi m’approcher de certaines Caritas  Sœurs d’Afrique. Après mon voyage auprès des Caritas Sœurs du Nord (en Europe particulièrement), je saisis des opportunités comme celle-ci pour m’approcher des Caritas de la Région Afrique, autres que celles appartenant à la Zone ACEAC (Caritas Burundi, RDC et Rwanda) avec qui nous nous sommes rencontrés récemment à Bujumbura. Je l’ai fait à Brazzaville auprès de la Caritas Congo ; et me voici ici en Afrique du Sud », a indiqué l’Abbé Edouard Makimba.

Ce dernier a profité de sa présence en RSA pour inviter d’ores et déjà la Révérende Sœur Mariade Lurdes à prendre part au grand Forum que Caritas Congo Asbl va organiser dans le contexte de sa Vision en octobre-novembre 2024 à Kinshasa.

C’est le premier contact officiel entre ces deux Caritas nationales, toutes appartenant à la Caritas Africa (l’une de 7 Régions de la Confédération Caritas Internationalis) qui compte 46 Caritas nationales d’Afrique subsaharienne.

GMK/Caritasdev.cd

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RDC : Félix Tshisekedi réélu avec 73 % des voix

 C’est à 16 h02 (1 heure de plus dans les provinces de l’Est de la RDC) sous la lumière du jour que le président de la CENI, Denis Kadima, a débuté la lecture de la décision 130 de la CENI portant proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle du 20 décembre 2023.

Entouré des membres de la centrale électorale, Denis Kadima a indiqué que le candidat Félix Tshisekedi a totalisé 13 millions des voix sur 18 millions des votants soit 73% des voix.

« Est élu provisoirement Président de la République, le Candidat Felix Tshisekedi Tshilombo », a dit Denis Kadima.

Réélu pour un second mandat, le Président Tshisekedi est suivi de Moise Katumbi ayant totalisé 3 millions des voix, soit 18%.

Martin Fayulu s’en sort avec 3% des voix tandis que Denis Mukwege a obtenu 0,22% des suffrages.

Cellcom/Présidentielle

RDC : Félix Tshisekedi réélu avec 73 % des voix
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Fiducia supplicans: des évêques d’Afrique donnent des orientations

 

*Trois jours après sa publication, la déclaration Fiducia supplicans continue de susciter des vives réactions, particulièrement parmi les fidèles africains. Face à cette situation, certains évêques ont rendu publiques des déclarations, pour donner des orientations à suivre. Ils ont dans la majorité des cas, déclaré que la bénédiction des couples de même sexe  «n’est pas autorisée» dans leurs pays. Cela par respect pour les sensibilités culturelles, et éviter toute confusion.

Publiée par le dicastère pour la Doctrine de la Foi (DDF) le 18 décembre, la déclaration intitulée "Fiducia supplicans" continue de faire couler beaucoup d’encre sur le continent africain, où son accueil a été plutôt mitigé. Les chrétiens continuent à réagir et à demander des clarifications. Des prêtres, religieuses, religieux, théologiens et d’autres personnes tentent tant bien que mal de fournir des explications, mais beaucoup de fidèles, hommes et femmes d’Église ne semblent pas satisfaits. Certains se disent surpris, perdus, perplexes, d'autres se sont dits choqués et confus au sujet des propos exprimés dans ce texte.

Bien que le document affirme que dans l’Eglise catholique le mariage reste «une union exclusive, stable et indissoluble entre un homme et une femme, naturellement ouverte à la génération d’enfants» et que «la doctrine de l'Église sur ce point reste ferme», ce que les fidèles ont du mal à accepter est la possibilité concédée de bénir les couples de même sexe. 

«Dans l'horizon ainsi tracé, il est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe, sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales, afin de ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage», a écrit le dicastère pour la Doctrine de la Foi.

C'est dans ce contexte que beaucoup d'évêques africains se sont exprimés. Les réactions de certains épiscopats du continent laissent ouverte la question sur l'application du document doctrinal dans le contexte africain.

Etre clair, pour éviter la confusion

Face à de nombreuses inquiétudes exprimées par leurs fidèles, les évêques de certains pays africains se sont exprimés, à la fois pour clarifier des interprétations erronées de "Fiducia supplicans" et donner des directives à suivre.

« Pour des raisons pastorales, les bénédictions de toute nature et les unions entre personnes de même sexe de toute nature ne sont pas autorisées au Malawi », ont écrit les évêques de ce pays d’Afrique australe. Leurs confrères du pays voisin, la Zambie, interdisent la mise en pratique de cette bénédiction, en évoquant trois raisons : éviter la confusion et l’ambiguïté pastorales, le respect des lois du pays et l’héritage culturel. C’est en ces termes que la Conférence des évêques catholiques de la Zambie s’est exprimée: «afin d'éviter toute confusion et ambiguïté pastorales, de ne pas enfreindre la loi de notre pays qui interdit les unions et activités entre personnes de même sexe», et «tout en tenant compte de notre héritage culturel qui n'accepte pas les relations entre personnes de même sexe», la Conférence juge que la déclaration, «concernant la bénédiction des couples de même sexe est pour une réflexion plus approfondie et non pour une mise en œuvre en Zambie».

Le 21 décembre 2023, les évêques du Cameroun se sont exprimés, «face à la vague d’indignation, d’interrogation et d’inquiétude que suscite au sein du peuple de Dieu la Déclaration "Fiducia supplicans" sur la bénédiction des couples de même sexe». Dans une déclaration signée par Mgr Andrew Nkeya, archevêque de Bamenda et président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, les prélats interdisent «formellement toutes les bénédictions des "couples homosexuels" dans l’Eglise du Cameroun».

Les évêques du Togo ont indiqué suivre de près les interrogations, inquiétudes et remous provoqués par la déclaration du DDF. Dans leur mise au point, «en ce qui concerne la bénédiction des couples homosexuels, les évêques du Togo recommandent aux prêtres de s’en abstenir»

L’enseignement de l’Eglise sur le mariage n’a pas changé

Pour leur part, les évêques du Nigeria ont tout d’abord expliqué le contenu du document, qui porte sur les différentes formes de bénédiction, «qui peut être étendue à tous les enfants de Dieu, quelque soit leur condition morale, lorsqu’ils le demandent». «Demander la bénédiction de Dieu ne dépend pas de la qualité de l'individu. L’imperfection est la raison pour laquelle nous recherchons la grâce de Dieu», ont-ils expliqué. En conclusion, les prélats nigérians «assurent à tout le Peuple de Dieu que l’enseignement de l’Église catholique sur le mariage reste le même. Il n’y a donc aucune possibilité dans l’Église de bénir les unions et activités homosexuelles. Cela irait à l’encontre de la loi de Dieu, de l’enseignement de l’Église, des lois de notre nation et des sensibilités culturelles de notre peuple».

Après avoir expliqué le contenu du document du DDF, les évêques du Ghana ont conclu que «les prêtres ne peuvent pas bénir les unions ou les mariages entre personnes de même sexe».

La déclaration Fiducia supplicans «n'approuve pas le "mariage entre les personnes de même sexe" et ne veut pas donner une certaine reconnaissance à une telle union. Elle ne cherche pas non plus à donner une alternative de "bénédiction des unions" pour remplacer le mariage sacramentel», écrivent les évêques du Kenya. Dans notre contexte, précisent-ils, «la situation sociale du mariage homosexuel n'est pas acceptée dans notre culture». En bénissant une personne, on ne bénit pas les actes immoraux qu’elle peut poser, mais on espère que les prières offertes pour lui peuvent le ramener sur le chemin de conversion, expliquent-ils, appelant les peuples à fixer le regard sur le Christ, qui va bientôt naître à Bethlehem.

Dans sa déclaration du 21 décembre, la Conférence des évêques catholiques d’Afrique du Sud (SACBC) déplore tout d’abord les spéculations autour de Fiducia Supplicans, certaines avançant que l’Eglise a entamé un processus visant à permettre le mariage entre les personnes même sexe. Se basant sur le document du DDF, ils soulignent que «le mariage reste exclusivement entre un homme et une femme». La SACBC recommande de prendre les suggestions de ce texte avec prudence, en attendant ses prochaines recommandations.

Solliciter l’autorisation de l’évêque pour éviter le scandale et la confusion

S’exprimant à ce sujet, l’évêque de Matadi, en République Démocratique du Congo, a commencé par rappeler le premier paragraphe du canon 1055 pour souligner que «l’Église n'a pas changé de doctrine sur le mariage. Le mariage entre un homme et une femme, ordonné au bien des époux et à la procréation et à l'éducation des enfants, reste la seule union sacramentelle (cf. can. 1055 s1) dans l'Église». S’exprimant au sujet des bénédictions spontanées qui peuvent entre imparties aux «couples qui ne vivent pas selon les normes de ta doctrine morale chrétienne ou des couples de même sexe», Mgr André-Giraud Pindi Mwanza souligne que «cette bénédiction n'est pas une reconnaissance de leur union par l'Egtise».

Dans le contexte de Matadi, et pour éviter des abus dans la célébration des sacrements et des sacramentaux, «j'exige que le prêtre qui sera confronté à ta demande de bénédiction d'un couple de même sexe sollicite d'abord l'autorisation de l'évêque diocésain. J'exhorte les prêtres de ne pas conférer spontanément une telle bénédiction pour éviter, auprès du peuple de Dieu, "toute forme de confusion et de scandale"».

Dans l’archidiocèse d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, le cardinal Jean Pierre Kutwã demande d’être «patient», en recommandant «d'attendre» et de se «conformer» à ses dispositions.

Préparer une déclaration commune du SCEAM

Dans une lettre signée le 20 décembre, le cardinal Fridolin Ambongo, président du Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM) demande aux présidents des Conférences épiscopales de lui faire parvenir leurs avis, afin de «rédiger une seule déclaration synodale, valable pour toute l’Eglise d’Afrique». «L’ambiguïté de cette déclaration, qui se prête à des nombreuses interprétations et manipulations, suscite beaucoup de perplexité parmi les fidèles», écrit-il. Le président du SCEAM souligne ainsi la nécessité pour l’épiscopat africain de s’exprimer clairement afin de donner une orientation claire aux fidèles. Les avis doivent parvenir au Secrétariat du SCEAM avant la deuxième quinzaine de janvier 2024.

(Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican)

 

Fiducia supplicans: des évêques d’Afrique donnent des orientations
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Un ‘‘climat de division’’ crée un environnement plus difficile pour le maintien de la paix

 Des Casques Bleus tchadiens arrivent à Gao, mettant fin à la présence de l'ONU dans la région de Kidal, dans le nord du Mali.

Les missions de maintien de la paix de l’ONU en Afrique subsaharienne opèrent dans des conditions politiques et sécuritaires plus difficiles en raison d’une multiplication des crises et d’un « climat de division » entre les États membres, notamment au Conseil de sécurité. C’est ce qu'affirme le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Jean-Pierre Lacroix.

Un ‘‘climat de division’’ crée un environnement plus difficile pour le maintien de la paix
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