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Le M23 ayant cessé d'exister : Le Pouvoir Udps aurait-il pour nouvel interlocuteur l’Afc de Corneille Nangaa ?

Le M23 ayant cessé d'exister : Le Pouvoir Udps aurait-il pour nouvel interlocuteur l’Afc de Corneille Nangaa ?

Plaidoyer en faveur de Corneille Nangaa ou de l’Alliance Fleuve Congo ? Loin de là. Plutôt rappel d'une réalité à laquelle le régime Tshisekedi pourrait être appelé à faire face, à l'instar du régime Kabila devant le M23 créé un certain 4 avril 2012, trois ans après la signature de l'Accord du 23 mars 2009 à Goma avec le Cndp. En effet, en raison de la non-application des dispositions essentielles de cet accord favorables à son interlocuteur, le Pouvoir Pprd s'était retrouvé à Kampala le 18 décembre 2013 avec ce nouvel interlocuteur, distinct du Cndp. Interlocuteur venu avec cinq revendications majeures : révision de la Constitution, formation d'un gouvernement de transition, mise en place des autres institutions de la République, restructuration de la 'Ceni', organisation des élections générales, dissolution du Sénat,  dissolution des assemblées provinciales et démission des gouverneurs des provinces. Ce qui suscita la réaction musclée de l'abbé Apollinaire Malu-Malu en ces termes : "Toutes les propositions que vous avez reçues (...), pour nous, c'est de la vaste blague. Ça n'à rien à voir avec notre dialogue et il n'en sera pas question». Ainsi, s'arrêta le Processus de Kampala consacré par les Déclarations de Nairobi en janvier 2014…

L’HISTOIRE : ETERNEL RECOMMENCEMENT

Bis repetita : éliminé du processus de Nairobi réservé aux groupes armés congolais et écarté de celui de Luanda réservé à la RDC et au Rwanda, qualifié sur ces entrefaites d'organisation *terroriste*, mais surtout sanctionné par les Nations Unis, le M23 a vraiment mauvaise presse. Aucune crédibilité ne lui est accordée dans les médias dits internationaux (lisons occidentaux). 

Aussi, n'a-t-il d’autre choix pour sa survie que sa dilution intervenue le 22 février 2024 dans l'AFC, même si une aile dissidente s’est autoproclamée dans le but de se rapprocher du Gouvernement central et prendre sa place.

Comme en 2012, le Pouvoir se retrouve désormais avec un nouvel interlocuteur (AFC) qui finirait bien par réclamer sa place dans le Processus de Nairobi. 

Or, Nairobi - quelle que soit la formule qu'on optera pour sa tenue - renvoie à Lusaka, processus ayant débouché sur l'Accord du 11 juillet 1999 et qui intégra, à la fois, l'Opposition politique et la Société civile. Au chapitre 5 relatif au «DIALOGUE NATIONAL (NÉGOCIATIONS POLITIQUES INTERCONGOLAISES», il est spécifié au point a : «Le processus des négociations politiques intercongolaises doit inclure outre les parties congolaises, à savoir le Gouvernement de la République démocratique du Congo, le Rassemblement congolais pour la démocratie et le Mouvement pour la libération du Congo, l’opposition politique ainsi que les représentants des forces vives de la nation». D'où, le Dialogue intercongolais démarré à Addis-Abeba en octobre 2001 pour se terminer à Sun City II en avril 2003, après les étapes de Sun City I en février et de Pretoria en décembre 2002.

Pour l'Histoire, pendant les négociations de Lusaka, le Rcd d'Adolphe Onosumba, ou plutôt d'Azarias Ruberwa, et le Mlc de Jean-Pierre Bemba s'étaient constitués avocats de l'Opposition politique et de la Société civile dans leur pluralité. 

Dans la même perspective, comme pour prévenir le Pouvoir Udps, les groupes rebelles à n’avoir pas apprécié le blocage du Processus de Nairobi pourraient coaliser avec l'AFC pour plaider, eux aussi, pour l'implication de l'Opposition politique et la Société civile actuelles dans leur pluralité. 

Les faits et gestes de Félix Tshisekedi ne sont pas sans rappeler ceux de Laurent-Désiré Kabila. Mzee, en effet, affichait à l’égard des rebelles la même attitude que Fatshi. Bien qu’ayant bénéficié du soutien total des pays membres de la Sadc – dont l’Angola, le Zimbabwe et la Namibie qui lui fournirent troupes et armes _ la composante Gouvernement fut contrainte par le Processus de Lusaka à signer l’accord qui conduisit au cessez-le-feu et aussi aux négociations politiques. 

Quand on voit les troupes de la Sadc se déployer à l’Est (comme autrefois à l’Ouest et au Centre), on est en droit de se demander si l'Histoire n’est pas en train de (nous) confirmer ce qu'elle a toujours été : un éternel recommencement.

AU LIEU DE S’OBSTINER À RÉINVENTER LA ROUE

Comment pourrait-on en arriver-là ? La réponse serait dans la gouvernance institutionnelle. 

En effet, que reprochait-on à Laurent-Désiré Kabila entre mai 1997 et janvier 2001 ? D’abord, la violation de la Constitution, ou tout au moins ce qui en tenait lieu. Ensuite, la violation des Droits de l’homme et de tous les concepts qui l’accompagnent, notamment la Démocratie et l’Etat de droit. Enfin, la violation des règles élémentaires macroéconomiques. 

Evidemment, à son corps défendant, Mzee justifiait certaines de ses décisions par la gestion de la guerre de l’Est. La même gestion à laquelle va faire face Joseph Kabila et fait maintenant face Félix Tshisekedi.

On se souviendra qu’à l’époque, profitant de son aura à l’étranger, précisément en Occident, l’Udps menait la fronde anti-L-D.K. Il engageait la responsabilité entière et totale de ce dernier dans la crise sécuritaire, laissant ou donnant l’impression de prendre fait et cause pour le Rwanda du même Paul Kagame et l’Ouganda du même Yowerie Museveni. 

C’est de cette situation que Joseph Kabila va hériter à son accession aux affaires le 18 janvier 2001, quarante-huit heures après l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila. 

Aujourd’hui au sommet de l’Etat, l’Udps – supposé avoir une mémoire d’éléphant – est appelé à appréhender intelligemment et à circonscrire sagement les enjeux tels qu’ils se présenter ou pourraient l’être. 

Au départ, il devrait s’interdire de pratiquer la politique de l’autruche. Il est de son devoir de se préparer à admettre l’éventualité, pour ne pas dire l’inéluctabilité, d’une médiation avec l’AFC. A moins d’anticiper avec l’Opposition politique et la Société civile dans sa pluralité. 

En dépit de l’existence de l’USN sortie plutôt déchirée qu’unie des élections de décembre 2023, l’Udps devrait s’identifier à la composante Gouvernement à l’époque du Dialogue intercongolais, composante devenue Pprd en 2022.

Au lieu alors de s’obstiner à réinventer la roue comme il le fait, le parti présidentiel a intérêt à se mettre à lire et à relire correctement l’Histoire de l’ex-parti présidentiel dans la gestion des crises politiques, économiques et sociales sur fond de la crise sécuritaire de l’Est. 

ON MULTIPLIE À L’INTÉRIEUR COMME À L’EXTÉRIEUR TROP DE FRONTS ANTI !

Il devrait faire sienne la sentence d’un certain Joseph Kabila dans son premier discours sur l’état de la Nation post-électoral du 7 décembre 2007, à savoir «… tout en maintenant la pression militaire, nous n’avons pas négligé l’aspect politique et diplomatique. L’histoire a en effet abondamment démontré que même en cas de victoire militaire, la consolidation de la paix se fait toujours autour d’une table», avant d’ajouter : «Puisque  c’est  sur  le  territoire  congolais  que  se déroulent  ces  confits  et  que  ce  sont  les  populations congolaises qui en souffrent le plus, la République Démocratique du Congo doit assumer le leadership dans la quête d’une solution véritable et durable ».

Au stade actuel, il ne sert à rien de stigmatiser des initiatives de nature à concourir à la résolution de la crise congolaise. Les signaux, il faut savoir non seulement les capter ; mais encore les analyser pour voir dans quelle mesure les intégrer dans la solution finale. 

Jusqu’à ce jour – la confusion autour de l’Accord Gouvernement/M23 faisant foi – les indices laissent entrevoir une navigation à vue de la gestion de la crise sécuritaire à l’Est. Pire, on multiplie à l’intérieur et à l’extérieur trop de fronts contre soi, et en plus au même moment,  parfois pour des intérêts passagers !

On en veut pour preuve l’impression que dégagent les sociétaires de l’USN ces temps derniers : celle d’être fin pouvoir pendant que la Céni les a pourtant proclamés vainqueurs des élections de 2023, voici deux mois !

S’ils ne croient pas dans leur propre victoire, on ne voit pas comment croiraient-ils dans celle de la guerre à l’Est au moment où s’effectue la recomposition des interlocuteurs potentiels pour un dialogue qui finirait bien par se tenir...

Omer Nsongo die Lema

 

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