Agrégé de l’Université – Président du Think tank Afrique & Partage – Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) - Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan) – Chroniqueur, essayiste, politologue. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
*Il y a un peu plus de 7 mois, avant le 1er juin 2023, qui connaissait Tony Kanku Shiku ? Peu de personnes en réalité. Or, Tony Kanku Shiku est celui qui, depuis les résultats des dernières élections législatives, fait courir la scène politique congolaise. En faisant élire 32 députés, son regroupement politique, l’Alliance des Acteurs Attachés au Peuple (AAAP) devient l’un des piliers de la gouvernance Tshisekedi pour les 5 ans qui viennent.
TONY KANKU SHIKU, Haut représentant de l’autorité morale du regroupement AAAP
LE RENOUVEAU DE LA SCENE POLITIQUE CONGOLAISE
La scène politique congolaise a enregistré, le jeudi 1er juin 2023, la création d’un nouveau mouvement engagé dans la campagne présidentielle auprès
de Félix Tshisekedi : l’Alliance des Acteurs Attachés au Peuple (AAAP). Tout le monde découvre aujourd’hui l’A.A.A.P, un regroupement composé de 62 partis politiques, et son leader charismatique, Tony Sanku Shiku. L’AAAP a fait élire 32 députés dans la nouvelle assemblée nationale. Tony Kanku Shiku n’est-il qu’une étoile filante qui passe dans le ciel congolais pour disparaître rapidement ? Les cieux politiques sont encombrés de ces figures éphémères, qui disparaissent aussi vite qu’elles ont surgi, parce qu’elles n’ont pas ni épaisseur politique, ni programme, ni capacité organisationnelle. Ce ne sera pas le cas de Tony Kanku Shiku, dont on sait qu’il sera appelé à jouer un rôle essentiel au cœur du dispositif tshisékédien pour deux raisons :
1) L’UDPS, le parti de Félix Tshisekedi, est certes arrivé en tête des législatives avec 69 sièges sur les 477 attribués, mais le parti présidentiel ne réunit pas à lui seul une majorité absolue. Tshisekedi sait qu’il peut compter sur le parti de Vital Kamerhe, l’Action des alliés et Union pour la nation congolaise (A/A-UNC), et sur celui de Jean-Pierre Memba, le Mouvement de libération du Congo (MLC). Mais il doit encore négocier avec d’autres mouvements pour dégager une majorité à l’Assemblée.
2) A côté de ses appuis traditionnels, le président de la République a besoin d’ouvrir sa majorité à des figures qui symbolisent le renouvellement de la scène politique congolaise. Tony Kanku Shiku, qui est le Haut représentant de l’autorité morale du regroupement AAAP, est, incontestablement, l’une de ces figures. Il ne vient pas seul, déclarant, le 1er juin 2023, lors du lancement de son mouvement : l’ « AAAP est un regroupement politique qui compte aujourd’hui 62 partis politiques, avec plusieurs réseaux d’associations et organisations de la société civile et de hautes personnalités politiques ».
Participer à l’épanouissement démocratique du Congo
L’une des raisons qui ont poussé Tony Kanku à soutenir Félix Tshisekedi est la volonté du Haut représentant de l’autorité morale du regroupement AAAP de participer à l’épanouissement démocratique du Congo. Il a déclaré : « S’étant rendu compte que le chef de l’État a la volonté manifeste et l’engagement irréversible d’organiser cette année 2023, des élections démocratiques, transparentes, libres et apaisées ; les membres du regroupement politique dénommé l’Alliance des Acteurs Attachés au Peuple (AAAP) ont décidé de se mettre ensemble et se mobiliser en vue d’atteindre l’objectif primordial qu’ils se sont fixé : donner un deuxième mandat au Président de la République Félix Tshisekedi. » Pour Tony Kanku, la reconstruction du Congo passe par un retour au civisme, notamment par l’exercice du droit de vote. Pour cela, il faut que les élections aient lieu aux dates prévues. Trop souvent, en Afrique, elles sont reportées ou annulées par ceux qui veulent se maintenir au pouvoir et installer une forme de pouvoir perpétuel au détriment d’une alternance démocratique.
Alors que Kabila est au pouvoir, on se souvient que l'élection présidentielle de 2016 sera d’abord repoussée en juillet 2017, puis en décembre 2017, puis au premier semestre 2019, pour, finalement, avoir lieu le 30 décembre 2018. Le 10 janvier 2019, Félix Tshisekedi est proclamé président de la République Démocratique du Congo, il prêtera serment le 24 janvier 2019. Affranchi de la tutelle de Kabila en décembre 2020, Félix Tshisekedi réaffirme sa volonté de voir les élections se dérouler aux dates prévues sur l’ensemble du territoire. Le message est reçu à 100 % par Tony Kanku qui fera en sorte que son Regroupement Politique, l’AAAP, soit présent dans les 500 circonscriptions électorales du pays. Lorsqu’on regarde les partis politiques qui se créent, très peu sont dirigés par des figures charismatiques, ils n’ont ni l’envergure nécessaire, ni les moyens, ni l’ancrage et le réseau des soutiens pour être présents sur l’ensemble du territoire. Tony Kanku coche toutes les cases pour s’affirmer sur la scène politique congolaise. Le fait de présenter un candidat dans chacune des 500 circonscriptions du pays, avec l’objectif d’avoir des députés AAAP sur l’ensemble du territoire, lui donne une dimension politique reconnue par les Congolais. Selon un sondage Le Peuple d’Abord, Tony Kanku est l’une des personnalités politiques les plus en vue et son Regroupement, l’AAAP, est en tête du Top 10 des Partis et Regroupements politiques.
Tony Kanku avance en politique avec deux certitudes : 1) Félix Tshisekedi sera dans l’impossibilité de gouverner le pays s’il ne dispose pas de la majorité à l’assemblée nationale, il faut donc lui donner cette majorité qui lui permettra de gouverner sereinement 2) Il est impossible de gouverner sereinement un pays sans une conquête démocratique du pouvoir. On retrouve sur ce dernier point la philosophie politique d’Etienne Tshisekedi, qui s’est toujours opposé à la prise du pouvoir par les armes. L’avenir du Congo passe par l’épanouissement de la démocratie. Tony Kanku veut répondre, avec le Regroupement Politique Alliance des Acteurs Attachés au Peuple et les 32 députés qu’il a fait élire, aux attentes des populations congolaises qui sont avides de démocratie. Avant l’élection présidentielle du 20 décembre 2023, Tony Kanku Shiku au nom du Regroupement AAAP, a affirmé son soutien aux valeurs républicaines de démocratie et de l’Etat de droit.
Alliance électorale éphémère ou projet de société ?
La vie politique est faite, pour la conquête du pouvoir, d’alliances éphémères qui se font et se défont au gré des circonstances. Opposant historique à Mobutu et aux Kabila, Etienne Tshisekedi est l’un des rares opposants à n’avoir jamais pactisé avec le pouvoir, ni à avoir accepté de nouer des alliances de pure circonstance. Si la Plateforme politique AAAP que dirige Tony Kanku est venu au soutien du président sortant, candidat à sa réélection, ce n'est pas pour se dissoudre dans le jeu stérile des alliances éphémères, mais bien pour défendre le bilan du premier mandat de Félix Antoine Tshisekedi, « Fatshi » pour ses partisans, et un projet de société. Ce projet de société a été décliné par Félix Tshisekedi, qui, lors de son Allocution d’investiture pour un second mandat, le 20 janvier 2023, a défini les 5 priorités du second quinquennat : 1) créer plus d'emplois 2) protéger le pouvoir d'achat 3) assurer la sécurité 4) poursuivre la diversification de l’économie 5) garantir plus d'accès aux services de base et renforcer l'efficacité des services publics.
Pour expliquer leur soutien au projet de société que porte Félix Tshisekedi, Tony Kunku et les membres dirigeants de la Plateforme AAAP se réfèrent au bilan économique du président sortant : surendettement modéré, confiance renouvelée du FMI, relance de l’économie avec une croissance prometteuse. Beaucoup reste à faire pour changer les conditions de vie des Congolais et améliorer la sécurité sur l’ensemble du territoire. Rien ne peut être fait sans une majorité stable. Elu en 2019 dans des conditions particulières, figure de pouvoir sous-estimée jusqu’à son émancipation politique en décembre 2020, Félix Tshisekedi s’est affirmé comme un président capable de bâtir un Congo nouveau. S’il peut compter sur des alliés qui l’ont accompagné lors de son premier mandat, comme Vital Kamhere et Jean-Pierre Bemba, il cherche aussi à s’appuyer sur des figures nouvelles, comme Tony Kanku, qui apporte le soutien des 32 députés du Regroupement AAAM. Ce Regroupement politique (62 partis, associations et membres de la société civile), est devenu, en seulement six mois d'existence, une force politique émergente, qui figure parmi les cinq premières forces politiques du pays, confirmant ainsi sa puissance, son influence et le rôle que Tony Kanku veut jouer en tant qu'acteur majeur de la scène politique nationale. Tony Kanku, s’inscrivant dans la vision prospective du Chef de l’Etat, veut accélérer l'évolution politique et sociale de la RDC pour aller vers plus de démocratie et une croissance plus inclusive.
Pour Gauthier Kadima, membre de l’Alliance des Acteurs Attachés au Peuple (AAAP), le succès électoral de l’AAAP repose sur la capacité de Tony Kanku à intégrer la vision du Chef de l'État, Félix Antoine Tshisekedi : « Tony Kanku a su transmettre cette vision avec brio, unifiant ainsi les membres du regroupement autour des objectifs nationaux fixés par le Chef de l'État. » Il ajoute : « Tony Kanku, en tant que leader inspirant, a su guider notre regroupement vers une position d'influence et de responsabilité dans la scène politique nationale ». Leader charismatique, Tony Kanku, dans sa démarche politique, a toujours voulu transcender les clivages et unir la population autour d'une vision commune. Mais, pour Tony Kanku, construire une majorité stable, ce n’est pas tomber dans l’impasse d’un gouvernement d’union nationale. Il doit exister une majorité qui gouverne et une opposition qui s’oppose dans un cadre démocratique et le respect des institutions. C’est ce que propose Félix Tshisekedi.
Instaurer un dialogue constructif entre le gouvernement et les oppositions
Comment garantir la cohésion sociale et l’unité nationale ? L’une des réponses est de respecter les oppositions en leur donnant les moyens constitutionnels de s’exprimer au parlement. Dans son allocution d’investiture, Félix Tshisekedi s’est adressé à ces termes à l’opposition : « je saisis (…) cette occasion pour accomplir mon devoir républicain, celui de saluer mes adversaires qui ont participé à l'élection présidentielle du 20 décembre 2023. (…) Vous êtes donc, Mesdames et Messieurs, une composante consubstantielle à l'événement de ce jour et vous avez, à juste titre, votre place dans la gouvernance de notre pays. En ma qualité de garant de la cohésion nationale, j'y veillerai ; au même titre que j'exhorterai au Parlement d'assurer l'effectivité du rôle de Porte-parole de l'Opposition, que cette dernière voudra bien désigner, conformément à la Constitution. » Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Denis Mukwege (Prix Nobel de la paix) sont des adversaires respectables et des opposants qui auront à s’exprimer comme forces de propositions. Aujourd’hui, l’UDPS de Félix Tshisekedi est en bien meilleure position que dans les années 2019-2020, ce qui lui confère une responsabilité face à l’Histoire en accélérant l’évolution de la scène politique congolaise. Tony Kanku voudra participer à cette évolution en militant pour le plein épanouissement d’une démocratie qui respecte les oppositions.
Félix Tshisekedi n’a-t-il pas déclaré : « Je suis réélu président de tous les Congolais » ? A n’en pas douter, Tony Kanku veut une présidence pour tous les Congolais sur l’ensemble du territoire.
Selon un rapport de la Conférence des évêques congolais (CENCO), les élections qui viennent de se dérouler au Congo le 20 décembre 2024 ont été désastreuses. La Conférence des Evêques congolais est un organe national de l'Église catholique, qui reste la seule institution crédible et présente géographiquement sur l'ensemble du territoire. Ce qui a le plus impressionné les évêques catholiques, c’est la découverte de machines à voter chez des personnes qui les avaient utilisées pour voter pour elles-mêmes.
Ces machines ont été remises aux individus par les personnes en charge non seulement des machines mais aussi du code pour les utiliser.
La CENI, par la voix de sa rapporteur, Mme Nseya Mulela, a rejeté les conclusions des évêques de la CENCO en les invitant à se mêler de leurs affaires. En fait, la CENI ne s’est pas montrée à la hauteur mais s’est simplement moquée de notre société. Et comme l’a dit l’autre personne, une société qui se trompe elle-même est condamnée à vivre dans le chaos. Nous venons d'entrer dans cette période de chaos.
Le MDW d'aujourd'hui parle des réactions des partis politiques après la proclamation des résultats provisoires des élections. Il se dégage un consensus concernant les résultats des élections législatives proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) selon lequel les soi-disant élus ne sont pas du tout élus mais sont seulement désignés ou nommés. Un candidat a même déclaré franchement que la liste de noms publiée par la CENI était tout simplement fabriquée.
Le contexte était donc celui de la confusion générale et de la fabrication des résultats par une CENI dont les agents se sont comportés, comme le montrent les vidéos, de manière totalement débridée, élisant les membres de leurs familles et même ceux absents du pays pendant l'élection. À Popokabaka, les résultats ont également suscité une vague de scepticisme similaire. Les sièges uniques ne répondent pas au système proportionnel applicable aux territoires à sièges multiples. Pour le territoire de Popokabaka où il y a un siège unique, la règle de la majorité simple prévaut.
Les agents de la CENI affectés à Popokabaka ont déterminé le vainqueur à la majorité simple, M. Willy Butwisila, mais la CENI a mystérieusement déclaré que le vainqueur était l'honorable Pasi Za Pamba, qui en était à son troisième mandat. L'explication est simple, l'honorable Pasi connaît très bien le fonctionnement de la CENI et sait très bien que gagner dans les bureaux de vote ne suffit pas pour être déclaré vainqueur par la CENI.
L'honorable Pasi a aussi été accusé d'avoir gagné par sorcellerie parce que plusieurs personnes n'ont pas compris que le chef du Centre CENI de Popokabaka détermine le vainqueur avec une majorité de voix, mais la CENI proclame honorable Pasi pour la quatrième fois sans qu’il ait gagné la majorité des voix à Popokabaka (c'est le discours de ses détracteurs). Comme le mystère est entier, les gens l'explique par la sorcellerie. Cette accusation a été renforcée par le fait que le président fédéral du parti, qui affirmait avoir été trompé, est décédé dans des circonstances encore floues.
Tout cela était dû à la sorcellerie de l’honorable Pasi Za Pamba, disent certaines gens de PopoKabaka. Mais que dit la science sur les sorcières ?
Dans mes cours d'anthropologie, j'explique la sorcellerie comme des croyances et des pratiques spécifiques à des sociétés que j'appelle, en néologisme, «sociétés causales» ou mieux «société anthropo-causale».
La «société causale» est une société dans laquelle tout ce qui arrive à un individu est causé par les humains. Le succès, l'échec, le mariage, l'impossibilité de trouver un mari, la beauté ou la laideur, la fertilité, l'infertilité et enfin la mort, tout cela provient de causes humaines. La mort clinique n’existe pas dans une «société causale». Les actes de décès mentionnant la cause clinique du décès ne sont pas pris en compte dans ce type de société. Bien sûr, nous pouvons mourir du Covid 19, d’un accident vasculaire cérébral ou même du paludisme.
Dans une «société causale», ces maladies proviennent toutes de l’homme. Après le décès d'une personne, dans une «société causale», la famille va consulter une voyante (Nganga) pour savoir qui est responsable de la disparition de leur frère décédé. En effet, tant que la cause humaine n’est pas trouvée, la famille qui a perdu un être cher souffre extrêmement. Dès que la famille connait un deuxième décès et qu'elle ne sait pas qui lui en voulait, l'anxiété atteindra son paroxysme. L'anxiété est une peur dont nous ne connaissons pas la cause. Nous avons peur, mais nous ne savons pas de quoi nous avons peur. Lorsque nous sommes inquiets, nous ne savons pas quoi faire. L'anxiété doit se transformer en peur.
Et c’est là qu’intervient l’un des rôles sociaux de la sorcellerie. Une femme qui ne tombe pas enceinte un an après son mariage a beaucoup d’inquiétude dans notre société. Cette anxiété la paralyse. Il faut découvrir qui est à l’origine de cette infertilité pour que l’inquiétude disparaisse. Un oncle doit intervenir pour enfiler la robe de sorcier et aider à transformer l'anxiété en peur. La femme qui sait qu'elle ne tombait pas enceinte à cause de son oncle boudeur était à moitié guérie car son anxiété se transformerait en peur.
Enfin, lorsque la famille apprend qui est responsable de la mort de leur frère ou sœur, elle se sent quelque peu soulagée car de l'inquiétude qu'est la peur sans objet, on passe à la peur des sorciers. Nous pouvons l’éviter ou lui faire face. En bref, la sorcellerie est un élément du répertoire explicatif important d’une société causale.
Dire que l’honorable Pasi Za Pamba a gagné grâce à la sorcellerie, bien que cela semble absurde, fait partie du répertoire explicatif culturel d’une société «causale». Dans ces conditions, l'accusation selon laquelle l’honorable Pasi Za Pamba aurait tué en sorcellerie Eric Kiangebeni, qu'il avait menacé dans la journée à la radio locale, n'est qu'un pas en dehors de la logique culturelle de catharsis pour la communauté de Popokabaka. Entre autres choses, la sorcellerie a joué un rôle en faisant passer les familles ou les individus de l'inquiétude angoissante à la peur d'un individu désigné comme sorcier.
Bref, lorsque la Cour constitutionnelle a interprété la disparité entre les résultats des responsables de la CENI/Popo et le fait que la CENI ait déclaré l'Honorable Pasi vainqueur, il deviendra alors déraisonnable (contrairement à la logique cartésienne) de croire que cette victoire était due à la sorcellerie. Il est également déraisonnable de croire que l'honorable Pasi tuerait Eric par sorcellerie. Malgré ces absurdités, la logique culturelle de la « société causale», Kwango accepte volontiers ces accusations.
Est un élément prédictif de réussite, une clé de motivation et du succès, dans la mesure où elle est une assurance et une confiance en ses propres capacités à accomplir des missions ou relever des défis spécifiques.
La confiance en soi nous permet d’avoir une vision réaliste de nos capacités et mieux gérer les pressions, les défis personnels et professionnels, nos émotions et ainsi atteindre nos objectifs.
La confiance en soi est une qualité mentale qui résulte de la certitude basée sur son savoir-faire, son expertise et expériences antérieures ; et une croyance en sa capacité de réussir dans des situations spécifiques.
La confiance en soi nous permet de se montrer ferme et de savoir fixer des limites aux autres et à soi-même pour mieux s'affirmer, de résister aux pressions de toutes sortes et savoir dire « NON » sans vexer.
Ainsi pour renforcer la confiance en soi, il n’y a rien de tel que savoir prendre les risques et se mettre en situations de réussir, même quand le succès n’est pas garanti d’avance.
En matière de leadership, les personnes ayant une grande confiance en eux sont plus susceptibles de réussir et d'influencer les autres par la force de leurs convictions.
Au nom des compatriotes de ton esprit et de ta philosophie, nous te rendons un vibrant hommage en ce jour de la 23ème année de ton odieux et brutal assassinat dans ce bureau où tu nous avais reçu le 26 décembre 2000, 20 jours avant ce drame qui nous a rendu orphelin d’un père idéologique !
Oui, MZee, toi qui choisissais tes collaborateurs pour leurs compétences et expertises sans te préoccuper de leurs tribus, de leurs provinces, ni de leurs religions ! Ainsi, tu fis de nous Ministre d’un très grand Ministère de Transports et Voies de Communications ! Tout ceci sans que nous n’ayions fait aucune demande, aucune démarche. Nous étions au Parlement, à Lubumbashi lorsqu’un de tes collaborateurs, encore vivant, nous invita à Kinshasa. Dans ton bureau du Palais de marbres, en sa présence, tu nous informas que tu venais de nous nommer Ministre. Tu signas l’ordonnance en notre présence et le remis à ton Dircab, Buse Falay (encore vivant) pour lecture à la RTNC.
Tu nous dis : " Ntantu - Mey, j'ai découvert en toi un révolutionnaire par conviction ; j'ai besoin de toi à mes côtés ; mais il faudra continuer à parler. Tu seras Ministre avec moi - même sans Vice Ministre. Ce poste est supprimé ; etc.’’
Oui, Mzee Laurent Désiré KABILA, les Dirigeants de ton genre sont à recréer , à rechercher pour l'émergence de notre pays . Tu animais des débats sans crainte avec des opposants farouches et des leaders de la Société Civile. C'est ainsi que tu nous avais découvert un 3 janvier 2000. Ton esprit de rechercher des compétences et des expertises sans chercher à connaitre leurs tribus, leurs provinces et leur religions a fait que nous nous sommes retrouvés 6 Ministres du Grand Bandundu, tous de la province du Kwilu (à l'époque District) dont 4 de notre Territoire de Bulungu et 2 du Territoire de Bagata.
Tu nous avais nommé Ministre dans le respect de notre identité de leader de la Société Civile que nous gardons jusqu'à ce jour, sans nous obliger à adhérer au CPP (Comité du Pouvoir Populaire)
23 ans après l’assassinat de ton corps ton esprit et ton appel demeurent encore vivants : " Ne jamais trahir le Congo ! "
Le Président National de l'UDS, Monsieur Crispin Kabasele Tshimanga Babanya Kabudi, au meeting du Président FATSHI à Tshikapa
Aux petites heures du dimanche 14 janvier 2024, la Commission Électorale Nationale Indépendante, CENI, a publié les résultats provisoires des législatives nationales.
Comme il fallait s'y attendre, ces résultats sont contestés de part et d'autre.
Dans le cas du Regroupement Politique AESP-A, une situation anormale a été constatée. Ce regroupement politique dont les partis sont membres de l'Union Sacrée de la Nation, a figuré parmi les 44 partis ou regroupements ayant atteint le seuil d'éligibilité d'un pour cent recommandé par la loi électorale. Malheureusement, l'AESP-A s'est retrouvée sans aucun élu. Cette situation inexplicable a poussé le Président National de l'Union des Démocrates Socialistes, UDS, le Sénateur honoraire Crispin Kabasele Tshimanga Babanya Kabudi, en tant que membre de la Conférence des Présidents d'AESP-A, à donner son point de vue personnel.
D'entrée de jeu, il exprime sa surprise : "La CENI est terrible. Elle vous aligne sur la liste des partis et regroupements ayant atteint le seuil d'éligibilité mais refuse de vous attribuer les sièges y afférents. C'est du jamais vu! Un autre paradoxe est de voir les partis et regroupements qui ont eu moins de suffrages qu'AESP-A obtenir des sièges. Personne ne peut nous expliquer ce qui arrive à notre regroupement."
Et de poursuivre : "À mon humble avis, il s'agit d'un coup monté contre l'AESP-A par la CENI. Car, le sort réservé à notre regroupement est injuste."
Il ajoute :"Les candidats de l'UDS, mon parti politique, qui se sont mieux placés à Lukunga, Tshangu, Tshikapa et ailleurs, ont été écartés arbitrairement au profit des concurrents moins performants. Allez-y comprendre quelque chose!"
En guise de conclusion, il préconise la saisine de la Cour Constitutionnelle : "Face à cette injustice flagrante, il n'y qu'une seule solution qui se présente à mes yeux. Je propose à notre regroupement de saisir, sans tarder, la Cour Constitutionnelle, laquelle est habilitée à trancher les contentieux nés des législatives nationales avant de proclamer les résultats officiels."
Propos recueillis par Jean Kabeya Mudiela Ndungu/CP
(Par Hubert Kabasu Babu Katulondi, Ecrivain et Libre Penseur)
Hubert Kabasu Babu Katulondi
Extrait du chapitre 5 du Tome I de l’essai (inédit) intitulé L’ESPRIT DU POUVOIR ET LE POUVOIR DE L’ESPRIT EN RDC (en trois Tome).
Dans la version la plus rependue au Congo, et suite à la reconnaissance par l’Etat Belge de sa responsabilité dans l’assassinat du premier Premier Ministre Congolais E.P. Lumumba le 17 Janvier 19961, ce meurtre est attribué aux impérialistes dans leur lugubre dessein d’éliminer ce héros nationaliste panafricain. Il s’érigeait en obstacle à la continuité de leur prédation sur les ressources du Congo. La culpabilité des Belges et des Américains est absolument indiscutable. Mais les Congolais étaient-ils des innocentes victimes de la manipulation étrangère, sans mobiles personnels, ne sachant pas ce qui se passait ? Est-ce que les gens qui envoient celui dont ils reconnaissent le statut du père du nationalisme à la mort (avec affreuse mutilation et dissolution du cadavre dans l’acide), sont normaux ? La thèse du mental pré-républicain soutenue dans cet essai permet de lever le voile sur cette phase importante de notre histoire.
LA THÈSE DE L’ESPRIT POLITIQUE PRE-RÉPUBLICAIN ET LES POLITICIENS TRACTÉS PAR LES PULSIONS PRIMAIRES
Au-delà des mobiles impérialistes dans la mort de Lumumba, nous devons impérativement aussi cerner la responsabilité des Congolais, actionnée dans ce parricide par leurs pulsions égotisme-narcissique, accumulatives et thanatos. Ces évolués dont le mental gravitant sur leurs mois et leurs personnes qu’ils embellissaient avec une fascinante passion (on les voit d’ailleurs sur leurs photos, tous toujours tirés à quatre épingles, comme des précurseurs des fameux « sapeurs zaïrois » des années 1980-1990). Non-initiés à l’éthique républicaine et convaincus chacun qu’il est le nombril de l’univers étant donné que chacun portait le fantasme du colonisateur (Etre supérieur aux autres), ils avaient de graves difficultés de s’accepter mutuellement. On voit à l’œuvre cette pulsion dans l’âpreté des relations entre ces élites et les divisions qui ont eu lieu dans leurs partis politiques (Lumumba versus Kalonji, Kasavubu contre Bolikango, Kalonji antagonique à Ngalula, Tshombe en conflit contre Sendwe). Et on constate qu’en général c’est Lumumba qui fut victime de la haine de ses contemporains, surtout à Kinshasa (l’ouest), et avait son bastion à l’Est – une situation analogue à celle de J.Kabila 40 ans après !
Lumumba fut aussi victime de la pulsion d’accumulation de la part de ses envieux contemporains. La compétition sociopolitique, dans ce contexte de l’après indépendance était surtout, à en croire les affirmations de Thomas Kanza, une course aux ressources. On sait, par exemple, que beaucoup de politiciens en voulaient à Lumumba à cause des fonds qu’il avait obtenus des libéraux Belges et avec lesquels il se procura sa somptueuse résidence du Boulevard du 30 Juin, à Kinshasa (villa qui fut abandonnée à la ruine. Elle a été réhabilitée sous le régime de J.Kabila. Cette résidence du héros cardinal national qui dans un pays normal serait déclarée monument national et converti en lieu touristique). Il y a aussi le luxueux véhicule Impala avec lequel Lumumba effectua une superbe campagne électorale en 1960, faisant ainsi rougir ses compétiteurs de jalousie. Lumumba, cet outsider venu de la lointaine Stanleyville (Kisangani) et qui s’imposait à Kinshasa, se tira aussi la foudre des députés nationaux dont il fustigea l’augmentation faramineuse des émoluments de 100.000 à 300.000 Francs (Gérard-Libois et B. Verhaegen, 1961).
Par ailleurs, les Commissaires généraux (Jean-Marie Bomboko, Losembe Cardozo, Etienne Tshisekedi, etc.), à qui les officiers militaires confièrent la gestion temporaire du pays, pendant la crise constitutionnelle (Septembre 1960), se livrèrent à une gestion calamiteuse, et attirèrent la foudre des Lumumbistes (Gérard-Libois et B. Verhaegen, 1961). De septembre 1960 à Février 1961, les commissaires généraux, premiers universitaires congolais, doublèrent les avances auprès de la Banque Centrale. Le déficit budgétaire passa de 11 à 300 millions de Francs ! (64 ans après, on fustige les déficits chroniques du régime de l’alternance. Ce régime a aussi recouru aux devises en réserves étrangères pour combler ses carences en trésorerie). Les commissaires généraux aussi considéraient Lumumba comme un ennemi juré à cause des Lumumbistes qui dénonçaient leur gestion calamiteuse. Donc au plan national plus déterminant, l’élimination définitive de Lumumba était, pour ceux qui bénéficiaient de cette gestion désastreuse des Commissaires Généraux, un stratagème prohibant le retour de ce gêneur au pouvoir, afin de se livrer allègrement à la prédation. Dans sa résidence surveillée du Boulevard du 30 juin, Lumumba neutralisé était ébranlé par cette gestion catastrophique. Il voyait déjà la décadence de la République, tombée aux mains des prévaricateurs, s’annoncer. La dilapidation des ressources par la gestion égoïste du budget de l’Etat est donc une pathologie politique originelle.
En définitive, Il existait bel et bien des dispositions psycho-politiques internes, et des réflexes de la horde propices à une volonté des politiciens congolais eux-mêmes d’éliminer Lumumba. Les occidentaux ont exploité une motivation endogène existante. Celle-ci était produite par un mental pré-républicain, fait des instincts ethniques, d’égotisme, de fascination matérielle, de jalousie et du réflexe de l’état de nature de l’anéantissement de l’autre.
2. LA PERVERSION PSYCHO-POLITIQUE CONGOLAISE : LA PULSION THANATOS ORIGINELLE
L’assassinat de Lumumba, dans lequel un Premier Ministre issu de la majorité et jouissant du soutien de la Chambre de Représentants (’Assemblée Nationale) est envoyé à la mort par le Président de la République, Kasavubu, avec l’assentiment de Mobutu, qui était pratiquement son bras droit, met à nu une extraordinaire prouesse machiavélique. Ce meurtre étale aussi une diablerie assassine digne des esprits porteurs de graves perturbations psychiques.
Comment en furent-ils arrivés là ? Quel était leur état psychique pour arriver à commette un crime si odieux, digne d’un film d’horreur ?
On ne peut manquer de déceler une perversion de l’Etre, manifestant un phénomène de perturbation de l’Esprit, défiant toute logique toute normalité psychologique et politique, dans la trame de cet horrible meurtre. Un enchevêtrement alliant volonté froide d’élimination physique, de trahison et de meurtre glacée avec mutilation du corps, digne d’un scénario hollywoodien. Les criminologues attestent que la mutilation des corps des victimes découle d’une psychopathologie sado-schizophrénique (Sharma, 2018 ; Hickey, 2015). Dans une étude sur les crimes avec mutilation des corps, Hakkanen-Nyholm et al (2009) observent la causalité de ces actes dans une enfance perturbée et un déséquilibre mental. Le criminel mutilant les cadavres de ses victimes éprouve une sorte d’orgasme ou de délectation psychique fantasmico-orgasmique. Il trouve aussi dans cet acte abject un sentiment de puissance sur la victime, dans une illusion d’omnipotence. Dans cette optique, on peut déceler dans le parricide dont Lumumba fut victime, le schéma d’un meurtre perpétré par des criminels pathologiques. Comme des personnes assouvissant l’instinct de fauves politiques dans la destruction post-mortem de la victime et une hargne maladive à faire disparaître le corps comme pour l’anéantir à jamais. Dans ce genre de crimes, les criminologues discernent, à partir du modus operandi et surtout de la disparition du corps, le profil des meurtriers comme porteurs d’un déséquilibre psychique de type narcissique et sadique (Dahmer, 2008).
Le fait que les personnes qui avaient été pointées du doigt comme les auteurs directs ou indirects de ce crime (ayant avili notre histoire), notamment Tshombe et Munongo, aient été acceptés par la société comme dirigeants nationaux (avec Tshombe comme premier ministre et Munongo ministre de l’intérieur en 1964), démontre en lui-même que dans l’âme de la société, dans sa matrice logique et éthique, avait connu de graves perturbations ayant complètement tronqué ses critères de validation du pouvoir. C’est pourquoi, dans notre société, on assiste à la sublimation de l’odieux, qui dans d’autres pays provoque la répulsion collective. On y observe l’acclamation du scandaleux, qui ailleurs produit la sanction sociétale immédiate et impose la démission et conduit au suicide à cause du poids écrasant de l’insupportable infamie. Cette adaptation au cruel, et cette sorte de validation du vil, qui ailleurs suscite émoi et condamnation, est observable en RDC jusqu’à ce jour. Une odieuse dénormativisation existentielle collective, au sens de la zombication ou de l’imbecilisation collective dont parle l’illustre Théologien et Philosophe Congolais KA-MANA.
Les schémas explicatifs fournis ci-haut trouvent un élément de véracité accrue dans le fait que les principales personnalités impliquées dans ce parricide furent très liées à Lumumba. Bien plus, ces personnalités avaient bénéficié du soutien de Lumumba pour leur accession au pouvoir. Kasavubu avait été un compagnon de Lumumba à la table ronde de Bruxelles. Il faut rappeler qu’à cette Table Ronde, en 1960, les politiciens Congolais refusèrent unanimement de siéger au début des travaux parce que Lumumba n’y était pas, ayant été incarcéré á la prison de Buluwo à Jadotville (Likasi). Ils réclamèrent la présence de Lumumba qu’ils accueillirent ensuite au pied de l’avion, le portant sur leurs épaules en plein tarmac, dans une joie exubérante. Mais, moins d’une année après, ils formèrent presque le même consensus pour envoyer celui qu’ils avaient sublimé à Bruxelles à une mort infâme a Elisabethville.
Kasavubu et Lumumba furent des compagnons qui risquèrent leurs vies ensemble dans des voyages en avion sur toute l’étendue de la République après l’indépendance afin de tirer le Congo du chaos face à la session Katangaise et le séparatisme du sud Kasaï. On se rappellera de ce drame où leur avion dont l’atterrissage fut refusé à Elisabethville par Munongo, faillit s’écraser faute de fuel et parvint à se poser à Kindu (récit direct de feu General Dikuta, qui fut élevé au grade de capitaine par Lumumba à Kindu). Mieux, Kasavubu devait pratiquement son élection à la Présidence de la République au soutien de Lumumba. Le choix en faveur de Kasavubu portait une claire logique nationaliste-républicaine manifestée par Lumumba qui orientait ses actions politiques. Thomas Kanza témoigne que face aux pressions exercées sur lui pour soutenir Bolikango au lieu de Kasavubu, Lumumba fut inébranlable. Le témoignage de Kanza (1972) qui s’était rendu avec son Père Mbuta Kanza au Palais de la Nation pour persuader Lumumba de ne pas soutenir Kasavubu, est à la fois éloquent et saisissant. Thomas Kanza (1972: 128) écrit :
«Sa décision, disait-il, était irrévocable. Il fallait, insistait-il, oublier les querelles du passé. Il était convaincu que Kasavubu ferait un excellent président, meilleure en tout cas que Bolikango, qui était, selon lui, un simple homme de paille de la Belgique et un protégé des Catholiques. Si Kasavubu n’est pas élu, avertissait-il, les Bakongo se révolteront et nous savons tous quels désordres peuvent s’en suivre avant comme après l’indépendance. Ils pourront alors se rattacher au Congo-Brazzaville et ce serait le début de la fin pour notre indépendance »
On voit ici, dans une certaine mesure, l’effacement de J.Kabila, qui aurait pu s’arc-bouter comme ses collègues présidents en Afrique Centrale, par un forcing pour un troisième mandat, mais s’est abstenu de ce schéma. Plus remarquable encore, autant il a accepté la victoire électorale du leader de l’UDPS, un parti qui pendant 18 ans l’humiliait et déversait sur lui des torrents d’invectives avilissants, attaquant même sa famille. Indéniablement, J.Kabila, porteur de l’Esprit consociatif était orienté par l’impératif de la cohésion et la paix pour l’avancement du Congo. Mais, en dépit de cela, même après l’alternance, ceux qui ont bénéficié de ses sacrifices et de sa bonne volonté républicaine, n’ont pas cessé de le vilipender dans l’élan de la pulsion thanatos : l’instinct de l’anéantissement des autres.
Il est évident que Kasavubu avait subi les pressions de l’Eglise Catholique (Lumumba aurait menacé de nationaliser l’Université Lovanium), des Américains et des Belges. Mais on ne peut vraiment pas affirmer que comme Président de la République, Kasavubu n’avait pas la possibilité de réserver un sort moins cruel à son bienfaiteur politique Lumumba. Le cas de Mobutu mérite aussi une réinterprétation psycho-politique. Lumumba fut son mentor. Il avait des liens très rapprochés avec Lumumba avec qui ils se livrèrent à des randonnées (après la sortie de Lumumba de la prison à Léopoldville), dans toutes les communes de Kinshasa (sur la mobylette vespa de Mobutu). Lumumba fréquentait la famille de Mobutu, après sa sortie de la prison. Il y fut condamné suite à une affaire relative à son travail au bureau de la Poste de Stanleyville (Kisangani). Mobutu fut l’assistant de Lumumba à Bruxelles. Après la Table Ronde politique, celui-ci lui confia la responsabilité de gérer le contentieux économique. En ultime instance, Lumumba nomma Mobutu secrétaire exécutif du gouvernement et, mieux, l’éleva au grade de colonel en 1960. Quel que soit l’angle sous lequel on peut considérer la relation entre Lumumba et Mobutu, il est établi que Mobutu doit toute son élévation politique et militaire à Lumumba.
Maintenant, on peut se poser la question : comment une telle personne peut envoyer à la mort celui qui l’a catapulté au firmament de l’arène politique et militaire ?
Dans l’optique de la psychologie politique, on peut affirmer qu’un tel acte ne peut avoir été validé dans l’Esprit de Mobutu que par des éléments extérieurs intenses ayant court-circuité ou ébranlé toute la loyauté vis-à-vis de la victime. Une telle perturbation du système de validation psychique et éthique n’est possible que par l’ébranlement des valeurs telles que la sincérité, la fidélité, la loyauté, par des événements d’une intense capacité déstabilisatrice de cette échelle de valeurs. La manipulation par les américains, les manœuvres des Belges seules, ne pouvaient pas amener Kasa-Vubu et Mobutu à accepter la mort de Lumumba, sans dispositions préalables psychologique et éthique, voire logique, en eux, validant cette sollicitation meurtrière.
Les éléments perturbateurs de la gratitude des principales personnalités ayant bénéficié du soutien de Lumumba et l’ayant envoyé à la mort, sont de deux ordres. Le premier résulte d’une sorte de consensus de meurtre par réflexe de la horde combiné aux pulsions d’accumulation et égo-narcissique, comme expliqué dans les chapitres précédents. Mobutu, jeune politicien, avait repéré ces pulsions chez les aînés au sommet de l’Etat (Bomboko, Nendaka, Kalonji, Tshombe, Kasavubu) qui vouaient une haine viscérale à Lumumba. Deuxièmement, pour trahir Lumumba, Mobutu doit avoir subi un intense martèlement psychologique, sur le gain d’un tel acte non seulement par les Américains et des Belges mais surtout par ses aînés qui, eux, étaient les bénéficiaires politiques directs de l’élimination physique de Lumumba. Les ainés avaient le mobile : la conquête immédiate du pouvoir (alors que Mobutu était dans l’armée) conjuguée à la haine politique vis-à-vis de Lumumba bien avant l’indépendance. Mais cela n’innocente nullement Mobutu. La sentence passée par l’histoire le retient sûrement comme l’un des acteurs principaux de cet horrible meurtre – dont les effets de la débilitation politique hantent les Congolais 64 ans après. Quant à Kasavubu, Tshombe et Munongo, ils ne pouvaient qu’éliminer Lumumba, car non seulement ils portaient la pulsion thanatos, mais ils redoutaient le nationalisme, l’unitarisme et le républicanisme de Lumumba. Ces options politiques lumumbiste se dressaient comme obstacles à la réalisation de leur dessein séparatiste qui leur auraient permis de monopoliser les ressources dans leurs «républiquettes».
Le meurtre de Lumumba par les personnes qui lui devaient leur ascension politique, dans une conspiration où les occidentaux (censés être des civilisateurs) étaient les maîtres à penser du crime, a, par sa bouleversante trahison, par la cruauté, par le mensonge et surtout par la mutilation et la disparition du corps de la victime, traumatisé toute la nation. Il s’agit-là du premier acte le plus sinistre de l’histoire politique du Congo par son intense ingratitude traitresse et assassine. Le paroxysme du sacrilège meurtrier par la disparition du corps de la victime. Son impact dans la psyché et le subconscient collectif continu jusqu’aujourd’hui et n’a pas été suffisamment décrypté. Ainsi, les premiers pas du Congo souverain, en formation de sa personnalité politique collective, furent marqués par cet acte d’un machiavélisme inégalé en Afrique. Les politiciens Congolais furent en effet les premiers en Afrique à tuer leur premier ministre. Et aucun procès, même à titre posthume n’a eu lieu au Congo, comme si la société elle-même avait approuvé cette abomination, dont elle a tellement honte que sa voix dépérît dans la gorge par les frissons de la honte, chaque fois qu’elle veut en parler.
3. LE PARRICIDE-SACRILEGE ET LE MYTHE FONDATEUR DE LA NATION
Les jeunes universitaires Congolais qui étaient au point de terminer leurs études à Lovanium en 1960 et dans les universités Belges, les aînés tels que Kalonji, Kasavubu, Nendaka, Tshombe, Munongo, Ileo, ainsi que tous les Congolais à l’âge de conscience furent tous acteurs et spectateurs de cette tragédie-sacrilège. Mais ils furent aussi victimes inconscientes d’une distorsion psycho-cognitive produite par ce meurtre-abomination.
Comme dans la mythologie Grecque, la tragédie de Lumumba apparaît avec les traits d’un phénomène d’envoûtement collectif. En faisant périr le héros cardinal qui incarnait le rêve de la Res Publica congolaise, de la nation, la société rejeta elle-même l’idéal de son «étant républicain». En offrant le père du républicanisme congolais, du nationalisme authentique, en holocauste au profit de leur conquête du pouvoir, les premiers politiciens congolais répudièrent, par ce sacrilège, les principes de l’unité et de l’intégration nationale qu’il incarnait. Dans nos cultures africaines, un tel meurtre parricide (comme tout autre crime profanateur tel que l’inceste) a toujours des conséquences débilitantes sur la descendance : débilité discursive, déviationnisme comportemental, schizophrénie politique, impotence développementale. Il faut un rituel national de libération-purification cathartique, un rite de libération spirituelle de la nation, de l’envoûtement de ce meurtre-sacrilège, pour faire fleurir cette vision dont il était le père.
Dans cette optique, au plan de l’anthropologie politique, le meurtre de Lumumba peut être appréhendé comme la conséquence de ce que Girard désigne comme une « rivalité mimétique ». Elle conduit les hommes : « A désirer toujours selon les désirs des autres. C'est-à-dire, à entrer en conflit pour s’approprier l’objet convoité, au risque de s’abîmer dans une violence sans limite » (Girard, 1972 : 269). A l’époque de l’indépendance où la mentalité magico-religieuse et le fétichisme s’imposaient avec acuité, ce meurtre-sacrilège suscita un mythe et diverses autres thèses d’ensorcellement. Lumumba dont le corps avait disparu était devenu un Esprit errant. Il hantait tous les villages et les villes réclamant la restitution de son cadavre. Verahegen (1966) fait allusion aux guerriers Simba dont les chants de guerre reprenaient en refrain « nous ne pourrons pas toucher des femmes, ni nous laver avant d’avoir vu Lumumba ».
Une observation de taille mérite d’être formulée à ce sujet. Dans certaines sociétés, le meurtre du père (le parricide) est un rituel de transformation ou de purification. Un peu comme dans le mythe Freudien du meurtre du père par ses enfants. Ce parricide devient un interdit. Les enfants se repentent et s’engagent à ne plus poser un tel acte. Leur père devient le symbole du sacré. Un sacré stabilisateur. Un sacré intégrateur. Celui qui tisse le lien entre les enfants, ravivant en eux la conscience d’une communauté de destin et éclaire leurs esprits sur le bénéfice d’une cohabitation pacifique par le partage équitable des ressources. C’est pourquoi la mort de Lumumba mérite une réinterprétation psycho-politique pour en faire le socle symbolique de la république. En tant que communauté nationale, cette mort est notre mythe constructeur qui, pour paraphraser Girard (1972-269), est :
« Le sacrifice du bouc émissaire dont chacun affectera de croire qu’il a quelque responsabilité dans l’affaire et que, pour cette raison, il n’a pas lieu d’être vengé mais seulement sacralisé».
Mais, au Congo, ce parricide-sacrilège a libéré une énergie psychologique politiquement idiotisante. Une sorte de force débilitante dans l’arène politique. Les meurtriers ont, comble du machiavélisme, exploité le mort et son nom pour conquérir le pouvoir et le maintenir. Le nom de Lumumba est devenu cette incantation, ce credo fétichiste, que l’on déclame pour toucher la sensibilité des Congolais afin de chercher la validation politique dans la conscience collective, même si, comme on l’a vu, les actions menées n’ont aucune essence républicaine ni nationaliste du Lumumbisme. A ce sujet, il convient de souligner que le nationalisme se conçoit premièrement par rapport à la nation dans la recherche de la cohésion nationale et la prospérité de tous. C’est secondairement qu’il s’envisage par rapport à l’extérieur, car les fragmentations nationales produisent la vulnérabilité exogène.
Comme on peut le réaliser maintenant, les Congolais qui n’avaient jamais été les acteurs politiques pendant la colonisation, débutèrent leur expérience germinative de la gestion de l’Etat par le meurtre de celui dont la vision tirait les Congolais de leur cloisonnement dans les ethnies et aires existentielles primaires. Eu égard au fait que ce meurtre était aussi organisé grâce aux « mindelé » (blancs considérés comme porteurs d’une intelligence supérieure à l’époque), elle sculpta une image tronquée de la politique dans la psyché des Congolais. Les manœuvres, la manipulation, la falsification de la vérité, la haine et la cruauté qui aboutirent à la tragédie de Lumumba constituèrent, dans la conscience collective, les caractéristiques essentielles de la politique. Dans son inscription sur notre psyché, l’élément respect de la valeur humaine de l’autre, richesse commune, gratitude, loyauté, furent éliminés. C’est d’ailleurs à partir de cette époque que dans le langage courant la politique fut associée à la fourberie ( luvunu), à la sorcellerie ((Tshididi), au sacrilège, au mensonge. Dans d’autres sociétés, ces traits sont des caractéristiques accidentelles, exceptionnelles de la politique. Lorsque quelques acteurs les pratiquent, ils sont sanctionnés par leur propre conscience qui le pousse à la démission et au suicide. Cela est observé dans les systèmes politiques développés (plus logiques et éthiques) où la société réagit toujours avec vigueur lorsque la fourberie, le mensonge, les contrevérités, surgissent dans la politique. Cette sensibilité éthique des républiques matures à la déviation scandaleuse discursive et comportementale en politique, est absente au Congo parce que, justement, le mental pré-républicain est dominant.
(Texte inédit et protégé)
Imhotep Kabasu Babu Katulondi
Ecrivain et Libre Penseur
(Président d’AGIR NEW CONGO, www.agirnewcongo.com)
(Par Jean-Marie Mutamba Makombo, Professeur Emérite / Université de Kinshasa)
Félix Tshisekedi has had a dream
Jean-Marie Mutamba Makombo, Professeur Emérite / Université de Kinshasa
Pour le lecteur averti, le titre pastiche « I have a dream » et fait un clin d’œil à Martin Luther King. Oui, Fatshi a eu un rêve, et s’est exprimé le 15 novembre 2019 à Berlin lors d’un voyage officiel en Allemagne : « Venez avec nous, et je vous promets de faire du Congo l’Allemagne de l’Afrique ».
On s’est demandé : « Pourquoi l’Allemagne ? ». Fatshi n’a pas parlé de la Belgique, la métropole coloniale, qui a été son deuxième pays de résidence. Il n’a pas parlé de la France, le pays du Siècle des Lumières et des Droits de l’Homme, le pays dont le Congo a adopté la langue officielle.
Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a parlé de l’Allemagne. Pas parce que le 15 novembre est la date anniversaire de l’ouverture de la conférence africaine de Berlin en 1884. Pas parce que l’Etat Libre du Congo, le Free State of Congo, est né à Berlin le 26 février 1885. Mais c’est à cause de l’exemple donné au monde par « le miracle allemand ». Ne voilà-t-il pas un pays né en 1870 à la suite de l’unité allemande, qui a connu deux guerres mondiales qui l’ont laissé exsangue et humilié (1914-1918, 1940-1945).
A chaque fois le pays s’est relevé – et de quelle manière ?
Et il s’est réunifié le 3 octobre 1990. L’Allemagne est devenue le pays le plus peuplé d’Europe, et son économie est devenue la plus puissante en Europe, faisant d’elle la première nation motrice de l’Union Européenne. C’est l’exemple, le paradigme qu’entend suivre Fatshi : Transformer la République Démocratique du Congo en locomotive économique de l’Afrique.
Beaucoup de personnes disent que le Congo n’a pas eu beaucoup de chances : des sécessions à l’origine, un pouvoir autocrate et prédateur qui a entretenu « le mal zairois », des viols, des massacres à l’est du pays, des tentatives d’implosion et des menaces de balkanisation depuis trente ans. Le géant traîne un boulet. Pourtant de nombreux atouts sont là, qui font du Congo un pays convoité parce que « scandaleusement riche ».
Des esprits chagrins Congo bashing ont fait des gorges chaudes du rêve de Fatshi : « Transportez les R.D. Congolais en Allemagne, et versez les Allemands en R.D.Congo. Vous verrez les transformations une génération plus tard ! ».
C’est donc un problème de mentalités. Fatshi n’est pas dupe. Au cours de cette interview, il a reconnu que rien ne pourrait se faire si les réformes en cours ne s’accompagnaient pas d’un véritable changement de mentalités en R.D.C. Il faut nettoyer les écuries d’Augias. Le prédécesseur de Fatshi avait déjà eu à déplorer qu’il ne trouvait pas 15 Messieurs-Dames « Propre « pour la tâche. Les R.D. Congolais doivent acquérir le sens du TRAVAIL et de la DISCIPLINE propre aux Allemands.
Ce n’est pas impossible. Je me rappelle qu’en 1997 Laurent Désiré Kabila venait à son cabinet de travail au Palais de la Nation avant 7h30 du matin. La grille était fermée à cette heure-limite. Et tous les collaborateurs qui venaient après étaient pénalisés. Nous en avions pris de la graine.
A bas le défaitisme : « Mosala ya l’Etat esilaka te ! On arrive à 10 heures, et on repart à 14 heures ».
Il y a 32 ans, la Conférence Nationale Souveraine a laissé une boussole. La Commission de l’Ethique a conclu : « La IIIème République sera morale ou ne sera pas ». Il faut éradiquer les antivaleurs qui ont élu domicile dans l’homme et dans la cité. Il faut recourir à une nouvelle « race » de gestionnaires (savoir, savoir-être et savoir-faire ». C’est la condition pour réaliser les prophéties de Frantz Fanon et de Baba Ibrahima Kaké : « L’Afrique est un revolver dont la gâchette se trouve au Congo », « Quand le Zaïre s’éveillera, le monde s’étonnera ».
Je termine comme j’ai commencé, par un pastiche : « KISALU FWETE BANDA ! ».
Discuter de la politique américaine est extrêmement difficile car le sujet suscite de nombreuses opinions polarisantes. D’un côté, le Parti démocrate considère Trump, à tort ou à raison, non seulement comme une personne désagréable, mais surtout comme quelqu’un qui n’est pas qualifié pour être président des Etats-Unis parce qu’il est trop grossier, masochiste et superficiel. D’un autre côté, une grande partie des Républicains ne jurent que par Trump, qu’ils soutiennent sondage après sondage et, surtout, accusation après accusation.
Entre les deux partis, un grand pourcentage d’Américains sont encore indécis quant aux prochaines élections. Ils ne sont ni pour Trump ni pour Biden, et cela, pour de nombreuses raisons. L’existence de ces « indécis » montre le niveau de polarisation de l’opinion qui paralyse une certaine partie de l’électorat américain. Il faut aussi ajouter à ce groupe le Parti démocrate, certains sous-groupes, comme les électeurs africains ou latino-américains qui penchent davantage vers Trump que vers Biden. Et au sein du Parti républicain, il y a des anti-Trump qui voteront certainement pour son adversaire s’il y a un remake entre les deux.
L’ancien président Trump a été accusé de deux crimes graves par le gouvernement fédéral américain. La possession de documents secrets qui n'auraient pas dû se trouver chez lui. L'incitation à la violence dans la soirée du 6 janvier 2021.
L'Etat de Géorgie l'a également accusé d'avoir faussement allégué une fraude lors des élections de 2020 en Géorgie, et enfin l'Etat de New York le poursuit en justice pour avoir payé le silence d'une prostituée lors des élections de 2016.
Ce qui est le plus surprenant, c'est que toutes ces allégations ne semblent pas avoir stoppé, du moins dans les sondages, la ferveur d'amour d'un large parti d'électeurs américains pour l'ancien président Trump.
On a l’impression que plus on publie les accusations, plus les gens sont attirés par ce personnage de Trump.
Il est rare de souligner qu’une personne soit à la fois sur le point d’aller en prison et sur le point d’occuper le siège présidentiel le plus puissant du monde. Il s'agit d'une situation inhabituelle. Comment sommes-nous arriver là?
Nous posons des questions caractéristiques du MDW. Nous avons volontairement laissé de côté l’aspect éthique pour nous concentrer sur la généalogie. Je partage avec les démocrates l’opinion selon laquelle Trump est un personnage peu sympathique. C'est ce que nous appelons un Hyppolite mal léché.
Je regrette cependant que les démocrates se concentrent uniquement sur le phénomène Trump et ne vont pas jusqu’à se demander ce qui a rendu Trump possible. Trump, de qui est-il le nom ?
Dans une condamnation quelque peu esthétique de Donald Trump, les démocrates n’ont pas pris la peine de comprendre pourquoi ce milliardaire a remporté les voix de tant d’Américains ? Au cours des dix dernières années, le pouvoir américain s’est de plus en plus tourné vers l’élite au détriment des autres classes sociales. La division du pouvoir entre les aristocrates a clairement éliminé une grande partie des Américains sans diplôme universitaire.
En fait, la misère de l'Amérique a été sous-estimée, en particulier dans le Midwest, le Sud et le Sud-Ouest.
De nombreuses familles américaines ont fait défaut sur leurs dettes et ont dû quitter leur domicile car elles ne pouvaient plus payer leur hypothèque. Lorsque j'enseignais à l'Université de Notre Dame dans l'Indiana, dans la ville de South Bend, il y avait des maisons abandonnées. Hormis la ville de Notre Dame où se trouve l'université, toutes les zones entourant South Bend dégagent un sentiment de désolation sociale.
La même chose est arrivée à une ville appelée Jacksonville dans l'Indiana, une ville presque morte qui symbolisait la pauvreté d'une Amérique où les élites se battaient pour autre chose que relever le niveau des plus pauvres.
Les énergies sont occupées par les enjeux de la culture ou de la foi en matière d’avortement. Je pense que Trump a réussi à devenir porte-parole des personnes qui se sentent exclues et marginalisées ; des situations de misère qui sont encore courantes aujourd’hui.
Tous les partisans de Trump ne sont pas stupides ou répréhensibles, et encore moins ceux qui campent sur leurs positions de porteurs d’armes à feu. S'ils ne sont pas scolarisés, ces habitants qui portent sur eux toute la pauvreté américaine ont une intelligence pratique et cherchent avant tout à offrir un avenir réaliste à leurs enfants.
Trump ouvre pour eux cette lueur d’espoir ;
C'est ainsi qu'ils se sont accrochés à lui. Les élites qui sous-estiment cette situation condamnent Trump par le biais du système juridique du pays. C’est là que l’on voit la disparité entre les attentes de certains – d’un côté les démocrates et ceux qui sont absolument anti-Trump – et de l’autre les agriculteurs, les petites gens sans diplômes.
Nous pensons qu'il serait extrêmement sage que les démocrates, s'ils veulent vraiment remporter les élections et s'ils veulent vraiment empêcher Trump de revenir à la Maison Blanche, aient le courage d'évaluer la situation ; l’orientation qu’ils ont donnée à la société américaine, et d’autre part, avoir le courage de parler à Biden pour lui demander de céder la place à quelqu’un de plus jeune et de plus rigoureux pour le remplacer aux prochaines élections.
Trump a compris qu’une grande partie de l’Amérique se sentait marginalisée par les puissants et il a décidé de les protéger. C'est ainsi qu'il a remporté les élections contre Mme Clinton.
Trump est donc le nom de toute cette partie oubliée ou marginalisée de l’Amérique.
A mon avis, les opinions sur Trump, même en Europe, se limitent à la surface des choses. Il faut dépasser le personnage pour voir l'espoir qu'il porte à ses supporters. Le MDW ne soutient pas Trump personnellement, mais nous sommes attentifs à ceux qui ont rendu Trump possible : les milliers de vies oubliées dans une Amérique élitiste. Ces choses méritent notre attention.
Christian Gambotti, Agrégé de l’Université – Président du Think tank Afrique & Partage – Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) - Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan) – Chroniqueur, essayiste, politologue. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
Félix Antoine Tshisekedi pour bâtir un Congo plus fort
Une réélection attendue
Le mardi 9 janvier 2024, la Cour constitutionnelle a confirmé la réélection du président Félix Tshisekedi. Selon les résultats définitifs – proclamés par la cour – le président sortant remporte l’élection avec 73,47% des suffrages exprimés. Lors de la proclamation des résultats provisoires le 31 décembre 2023, une Mission d'observation des Églises catholique et protestante, qui avait effectué son propre comptage, avait noté que le Président sortant s'est « largement démarqué des autres, avec plus de la moitié des suffrages à lui seul ». Est-ce une surprise ? Non. Les cas d’irrégularité constatés dans certains endroits ne viennent pas contredire la dynamique d’une campagne électorale unitaire qui a permis la réélection de Félix Tshisekedi, seule figure de rassemblement. Les opposants (Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Augustin Matata Ponyo, Delly Sesanga) se sont rencontrés tout au long de 2023 sans être capables de s’entendre sur une candidature unique contre le président sortant et bâtir un programme commun de gouvernement. Parmi les candidats qui méritent le respect, le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre, ne pouvait pas prétendre être élu : il ne disposait ni des moyens ni des équipes nécessaires pour porter sa candidature auprès des 45 millions d’électeurs et sur l’ensemble du territoire immense de la République Démocratique du Congo, notamment dans des zones reculées, enclavées, difficiles d’accès, De son côté, face à une opposition divisée et des tensions électorales qui ont toujours ponctué l'histoire politique de la RDC, Félix Tshisekedi pouvait compter sur l’appui des 500 partis politiques qui composent l’« Union sacrée pour la nation » et la dynamique unitaire impulsée par les poids lourds de la politique congolaise que sont Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa. Bien avant le 20 décembre, la victoire de Félix Tshisekedi pour un second mandat ne faisait aucun doute.
Félix Tshisekedi, un président qui va s’affirmer
Après son élection en 2019, Félix Tshisekedi va connaître, pendant 4 mois, une longue période d’incertitude politique, essentiellement marquée par la guerre d’influence que mène contre lui l’ancien président Joseph Kabila. Au bout de 4 mois, la nomination d’un Premier ministre proposé par Joseph Kabila, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, venu de nulle part, car en retrait de la vie politique, permet de sceller un accord entre Tshssekedi et Kabila. Est-ce le début d’une véritable alternance au sommet de l’Etat ? Présent à Kinshasa le jour de la nomination de Sylvestre Ilunga Ilunkamba au poste de Premier ministre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, parlera, dans un langage très diplomatique, d’« alternance » réussie. La réalité est plus complexe : le président élu, Félix Tshisekedi, dispose certes des prérogatives importantes que lui confère la Constitution ; mais, Kabila conserve tous les autres leviers du pouvoir, une large majorité au Parlement et, au sein du gouvernement, des ministres qu’il a choisis et qui sont majoritaires ; autre difficulté pour Tshisekedi, à l’Assemblée nationale, les partisans de Moïse Katumbi, de retour au pays et qui s’oppose à l’accord politique entre Tshisekedi et Kabila, sont nombreux. Comment gouverner dans ces conditions ?
Fin connaisseur de la vie politique congolaise, Félix Tshisekedi sait qu’il lui faut gouverner en s’appuyant sur la coalition des opposants à Kabila, tout en évitant de rester enfermé dans le statut de plus petit dénominateur commun de tous les opposants, un statut qui lui interdit tout avenir politique. De 2019 à 2020, Félix Tshisekedi, tout en donnant le sentiment qu’il accepte cette forme de cogestion du pays, s’attèle à mettre en place l'« Union sacrée de la nation », une majorité qui, en décembre 2020, renversera la majorité constituée autour de son prédécesseur Joseph Kabila. Après deux ans de cogestion du pays par les deux hommes, Félix Tshisekedi peut enfin s’affranchir de la tutelle de Kabila, gouverner seul et décider des grandes orientations des politiques publiques.
Gouverner seul, l’objectif est atteint. Mais, dans quel but ? Une majorité de Congolais et la communauté internationale sont convaincus que Félix Tshidekedi porte un véritable projet de société qui s’inscrit dans une vision prospective de l’avenir de la RDC avec, comme boussole, le développement. La France tient à manifester son soutien à ce président arrivé au pouvoir de façon pacifique. Elle accordera un programme d'aide de 300 millions d'euros à la RDC pendant les cinq ans du mandat de Félix Tshisekedi. Le 29 avril 2023, à huit mois de l’élection présidentielle, Félix Tshisekedi peut, au Stade des Martyrs à Kinshasa, défendre son bilan et présenter l’« Union Sacrée de la nation », une coalition de 500 partis politiques soutenant sa candidature en vue de sa réélection en décembre. A ses côtés, figurent Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa, les trois hommes, qui, par leur engagement sur le terrain, joueront un rôle-clef dans la réélection de Félix Tshisekedi.
Les trois raisons de cette réélection
Je vois trois raisons à cette réélection : 1) lorsqu’il est élu en 2018, Félix Tshisekedi ouvre une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC, celle d’une alternance démocratique 2) Son bilan est, sur de nombreux points, positif, ce que reconnaît le FMI 3) En 2023, il incarne plus que jamais une figure de rassemblement
A) L’alternance démocratique : une page nouvelle de l’histoire de la RDC
En 2019, deux ans après la disparition de son père, Félix Tshisekedi, porteur d’un nom mythique, accède à la magistrature suprême à l’issue de la première alternance démocratique que connaît la République Démocratique du Congo. Avec cette alternance démocratique, c’est une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC que Félix Tshisekedi se propose d’écrire. Dans l’esprit des Congolais, Félix Tshisekedi est l’héritier politique de son père, Etienne Tshisekedi, qui s’est toujours opposé à la prise du pouvoir par les armes. Figure emblématique de l’opposition, rival de Mobutu et des Kabila, Etienne Tshisekedi est l’un des rares opposants à n’avoir jamais pactisé avec le pouvoir. Dans le droit fil de l’héritage politique de son père, en 2011, alors qu’il est élu député, Félix Tshisekedi renoncera à siéger sur les bancs de l’Assemblée nationale, montrant ainsi qu’il refuse de cautionner des institutions qu’il juge « illégitimes ». Elu président, Félix Tshisekedi cherchera immédiatement à redonner toute leur légitimité aux institutions de la République. Effet de cette volonté : malgré les nombreuses difficultés largement documentées, le quadruple scrutin (présidentielle, législatives, provinciales et locales) se tiendra à la date prévue, le 20 décembre 2023. Lorsqu’il est, à partir de décembre 2020, enfin débarrassé du fardeau de la cogestion du pays avec Kabila, Félix Tshisekedi peut devenir lui-même et s’inscrire définitivement dans les pas de son père en ouvrant la voie à la démocratisation de la vie politique congolaise. Dans le domaine économique, son bilan est positif sur de nombreux points, ce que reconnaît le FMI.
B) Un bilan positif sur de nombreux points reconnu qui se traduit par l’appui du FMI
J’avais écrit, dans une précédente analyse que Félix Tshisekedi pouvait se prévaloir de la facilité élargie de crédit accordée par le FMI à la RDC. Cette facilité de crédit vient en effet confirmer que la politique budgétaire du gouvernement répond aux attentes des bailleurs de fonds internationaux avec « des progrès dans les réformes de la gestion des finances publiques et des investissements. » Le FMI note que, malgré une situation socio-économique, socio-politique et sécuritaire complexe (séquence électorale avec l’élection présidentielle du 20 décembre, conflit dans l’Est du pays), la gouvernance Tshisekedi a pu « faire progresser les réformes visant à améliorer la gouvernance et la transparence, y compris dans le secteur minier, renforcer les cadres de lutte contre la corruption (…), améliorer le climat des affaires ( …), soutenir le développement du secteur privé et promouvoir une croissance diversifiée, durable et inclusive. » Cet appui du FMI est essentiel au moment où les pays africains rencontrent des difficultés pour obtenir les financements dont ils ont besoin. La prise de position du FMI a pu, incontestablement, servir les intérêts électoraux du président-candidat Félix Tshisekedi : « Les progrès réalisés dans le cadre du programme FEC ont été globalement satisfaisants. Tous les critères de réalisation (CR) à fin juin 2023 ont été respectés sauf un : le CR sur le solde budgétaire intérieur n'a pas été atteint en raison de la sous-performance des recettes du gouvernement central et d'ajustements insuffisants des dépenses. » Il n’est donc pas étonnant que la communauté internationale et les bailleurs de fonds internationaux aient souhaité la réélection de Félix Tshisekedi. Pour le FMI, il s’agit à présent de consolider les acquis, sachant qu’il reste beaucoup à faire dans trois domaines : la lutte contre la pauvreté, la lutte contre l’insécurité et la lutte contre la corruption. Seule, une figure de rassemblement peut continuer à écrire cette page nouvelle de l’histoire politique de la RDC.
3) Félix Tshisekedi, une figure du rassemblement
Sur un vaste territoire, qui compte plus de 100 millions d’habitants, le gouvernement est confronté à la multiplication des conflits armés, notamment dans l’Est du pays en proie à des violences depuis près de trente ans, seule une figure de rassemblement, capable de réunir autour d’elle les poids lourds de la politique congolaise, peut prétendre rétablir la sécurité, préalable indispensable à l’unité nationale et au développement. Félix Tshisekedi et ses soutiens savent ce qu’il faut faire, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud du pays, comme le résume ce slogan d’une campagne électorale victorieuse : « Unité, Sécurité, Prospérité ». Pour y arriver, il faut rassembler, car il s’agit d’éradiquer les mauvaises habitudes et les pratiques délictueuses dans toutes les instances du pouvoir, dans toutes les institutions étatiques, dans le secteur privé et dans toutes les strates de la société. Un mot d’ordre : rompre avec un passé fait de divisions. « Tous unis pour un Congo plus fort », c’est ce que dit Félix Tshisekedi sur ses affiches de remerciement après sa réélection. Elu en 2018, réélu en 2023, Félix Tshisekedi qui, en réalité ne gouverne que depuis décembre 2020, aura disposé de 8 ans pour reconstruire le pays et réconcilier les Congolais entre eux. Un bilan sera fait en 2028. Nous verrons à ce moment-là si Félix Tshisekedi aura accompli le rêve du père, être une figure de rassemblement pour accomplir deux autres rêves, le rêve de démocratie et le rêve de prospérité.
Conclusion
Pour bien comprendre le rôle de l’action politique, il faut toujours se souvenir de ce que disait Nelson Mandela : « J’ai découvert un secret : après avoir gravi une colline, tout ce qu'on découvre, c'est qu'il reste beaucoup d'autres collines à gravir. » Félix Tshisekedi vient de gravir, depuis 2019, de nombreuses collines. Il lui reste beaucoup d’autres collines à gravir. Pays immense, disposant de richesses naturelles qui semblent inépuisables, qu’elles proviennent du sous-sol ou du sol, la RDC possède tous les atouts pour offrir à tous les Congolais des conditions de vie meilleures. Etre élu ou réélu, ce n’est rien. Il faut ensuite gouverner en ayant comme seuls juges le peuple et l’Histoire. Quelle image de lui voudra laisser Félix Tshisekedi ? Il avait déjà réussi à faire réapparaître le RDC sur les écrans-radar de la scène internationale. Sa présidence de l’Union Africaine avait témoigné de sa volonté de faire entendre la voix de l’Afrique. Aujourd’hui, la planète entière se précipite à Kinshasa pour signer des contrats avec le gouvernement qui doit répondre aux attentes des populations et garantir la souveraineté du pays. Gouverner, c’est alors savoir choisir ses partenaires et ses « amis ». Le deuxième mandat de Félix Tshisekedi doit être celui d’un volontarisme politique destiné à rendre le Congo aux Congolais et faire descendre les richesses du pays jusqu’aux populations congolaises, qui sont avides de trois choses : la croissance, la consommation et la démocratie.
Finalement, dans un pays-monde qui concentre tous les défis que l’Afrique doit relever, Félix Tshisekedi ne doit se poser qu’une seule question : comment gérer les richesses naturelles de la RDC pour accélérer le développement, créer plus de croissance, plus d’emplois, plus d’accès aux services de base, plus d’éducation, plus de stabilité politique et de sécurité, plus de démocratie ?
Décryptage de la victoire de Félix Tshisekedi: voici les 3 raisons d’une reelection !
(Une chronique de Chritian Gambotti)
Christian Gambotti, Agrégé de l’Université – Président du Think tank Afrique & Partage – Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) - Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan) – Chroniqueur, essayiste, politologue. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
Félix Antoine Tshisekedi pour bâtir un Congo plus fort
Une réélection attendue
Le mardi 9 janvier 2024, la Cour constitutionnelle a confirmé la réélection du président Félix Tshisekedi. Selon les résultats définitifs – proclamés par la cour – le président sortant remporte l’élection avec 73,47% des suffrages exprimés. Lors de la proclamation des résultats provisoires le 31 décembre 2023, une Mission d'observation des Églises catholique et protestante, qui avait effectué son propre comptage, avait noté que le Président sortant s'est « largement démarqué des autres, avec plus de la moitié des suffrages à lui seul ». Est-ce une surprise ? Non. Les cas d’irrégularité constatés dans certains endroits ne viennent pas contredire la dynamique d’une campagne électorale unitaire qui a permis la réélection de Félix Tshisekedi, seule figure de rassemblement. Les opposants (Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Augustin Matata Ponyo, Delly Sesanga) se sont rencontrés tout au long de 2023 sans être capables de s’entendre sur une candidature unique contre le président sortant et bâtir un programme commun de gouvernement. Parmi les candidats qui méritent le respect, le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre, ne pouvait pas prétendre être élu : il ne disposait ni des moyens ni des équipes nécessaires pour porter sa candidature auprès des 45 millions d’électeurs et sur l’ensemble du territoire immense de la République Démocratique du Congo, notamment dans des zones reculées, enclavées, difficiles d’accès, De son côté, face à une opposition divisée et des tensions électorales qui ont toujours ponctué l'histoire politique de la RDC, Félix Tshisekedi pouvait compter sur l’appui des 500 partis politiques qui composent l’« Union sacrée pour la nation » et la dynamique unitaire impulsée par les poids lourds de la politique congolaise que sont Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa. Bien avant le 20 décembre, la victoire de Félix Tshisekedi pour un second mandat ne faisait aucun doute.
Félix Tshisekedi, un président qui va s’affirmer
Après son élection en 2019, Félix Tshisekedi va connaître, pendant 4 mois, une longue période d’incertitude politique, essentiellement marquée par la guerre d’influence que mène contre lui l’ancien président Joseph Kabila. Au bout de 4 mois, la nomination d’un Premier ministre proposé par Joseph Kabila, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, venu de nulle part, car en retrait de la vie politique, permet de sceller un accord entre Tshssekedi et Kabila. Est-ce le début d’une véritable alternance au sommet de l’Etat ? Présent à Kinshasa le jour de la nomination de Sylvestre Ilunga Ilunkamba au poste de Premier ministre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, parlera, dans un langage très diplomatique, d’« alternance » réussie. La réalité est plus complexe : le président élu, Félix Tshisekedi, dispose certes des prérogatives importantes que lui confère la Constitution ; mais, Kabila conserve tous les autres leviers du pouvoir, une large majorité au Parlement et, au sein du gouvernement, des ministres qu’il a choisis et qui sont majoritaires ; autre difficulté pour Tshisekedi, à l’Assemblée nationale, les partisans de Moïse Katumbi, de retour au pays et qui s’oppose à l’accord politique entre Tshisekedi et Kabila, sont nombreux. Comment gouverner dans ces conditions ?
Fin connaisseur de la vie politique congolaise, Félix Tshisekedi sait qu’il lui faut gouverner en s’appuyant sur la coalition des opposants à Kabila, tout en évitant de rester enfermé dans le statut de plus petit dénominateur commun de tous les opposants, un statut qui lui interdit tout avenir politique. De 2019 à 2020, Félix Tshisekedi, tout en donnant le sentiment qu’il accepte cette forme de cogestion du pays, s’attèle à mettre en place l'« Union sacrée de la nation », une majorité qui, en décembre 2020, renversera la majorité constituée autour de son prédécesseur Joseph Kabila. Après deux ans de cogestion du pays par les deux hommes, Félix Tshisekedi peut enfin s’affranchir de la tutelle de Kabila, gouverner seul et décider des grandes orientations des politiques publiques.
Gouverner seul, l’objectif est atteint. Mais, dans quel but ? Une majorité de Congolais et la communauté internationale sont convaincus que Félix Tshidekedi porte un véritable projet de société qui s’inscrit dans une vision prospective de l’avenir de la RDC avec, comme boussole, le développement. La France tient à manifester son soutien à ce président arrivé au pouvoir de façon pacifique. Elle accordera un programme d'aide de 300 millions d'euros à la RDC pendant les cinq ans du mandat de Félix Tshisekedi. Le 29 avril 2023, à huit mois de l’élection présidentielle, Félix Tshisekedi peut, au Stade des Martyrs à Kinshasa, défendre son bilan et présenter l’« Union Sacrée de la nation », une coalition de 500 partis politiques soutenant sa candidature en vue de sa réélection en décembre. A ses côtés, figurent Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa, les trois hommes, qui, par leur engagement sur le terrain, joueront un rôle-clef dans la réélection de Félix Tshisekedi.
Les trois raisons de cette réélection
Je vois trois raisons à cette réélection : 1) lorsqu’il est élu en 2018, Félix Tshisekedi ouvre une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC, celle d’une alternance démocratique 2) Son bilan est, sur de nombreux points, positif, ce que reconnaît le FMI 3) En 2023, il incarne plus que jamais une figure de rassemblement
A) L’alternance démocratique : une page nouvelle de l’histoire de la RDC
En 2019, deux ans après la disparition de son père, Félix Tshisekedi, porteur d’un nom mythique, accède à la magistrature suprême à l’issue de la première alternance démocratique que connaît la République Démocratique du Congo. Avec cette alternance démocratique, c’est une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC que Félix Tshisekedi se propose d’écrire. Dans l’esprit des Congolais, Félix Tshisekedi est l’héritier politique de son père, Etienne Tshisekedi, qui s’est toujours opposé à la prise du pouvoir par les armes. Figure emblématique de l’opposition, rival de Mobutu et des Kabila, Etienne Tshisekedi est l’un des rares opposants à n’avoir jamais pactisé avec le pouvoir. Dans le droit fil de l’héritage politique de son père, en 2011, alors qu’il est élu député, Félix Tshisekedi renoncera à siéger sur les bancs de l’Assemblée nationale, montrant ainsi qu’il refuse de cautionner des institutions qu’il juge « illégitimes ». Elu président, Félix Tshisekedi cherchera immédiatement à redonner toute leur légitimité aux institutions de la République. Effet de cette volonté : malgré les nombreuses difficultés largement documentées, le quadruple scrutin (présidentielle, législatives, provinciales et locales) se tiendra à la date prévue, le 20 décembre 2023. Lorsqu’il est, à partir de décembre 2020, enfin débarrassé du fardeau de la cogestion du pays avec Kabila, Félix Tshisekedi peut devenir lui-même et s’inscrire définitivement dans les pas de son père en ouvrant la voie à la démocratisation de la vie politique congolaise. Dans le domaine économique, son bilan est positif sur de nombreux points, ce que reconnaît le FMI.
B) Un bilan positif sur de nombreux points reconnu qui se traduit par l’appui du FMI
J’avais écrit, dans une précédente analyse que Félix Tshisekedi pouvait se prévaloir de la facilité élargie de crédit accordée par le FMI à la RDC. Cette facilité de crédit vient en effet confirmer que la politique budgétaire du gouvernement répond aux attentes des bailleurs de fonds internationaux avec « des progrès dans les réformes de la gestion des finances publiques et des investissements. » Le FMI note que, malgré une situation socio-économique, socio-politique et sécuritaire complexe (séquence électorale avec l’élection présidentielle du 20 décembre, conflit dans l’Est du pays), la gouvernance Tshisekedi a pu « faire progresser les réformes visant à améliorer la gouvernance et la transparence, y compris dans le secteur minier, renforcer les cadres de lutte contre la corruption (…), améliorer le climat des affaires ( …), soutenir le développement du secteur privé et promouvoir une croissance diversifiée, durable et inclusive. » Cet appui du FMI est essentiel au moment où les pays africains rencontrent des difficultés pour obtenir les financements dont ils ont besoin. La prise de position du FMI a pu, incontestablement, servir les intérêts électoraux du président-candidat Félix Tshisekedi : « Les progrès réalisés dans le cadre du programme FEC ont été globalement satisfaisants. Tous les critères de réalisation (CR) à fin juin 2023 ont été respectés sauf un : le CR sur le solde budgétaire intérieur n'a pas été atteint en raison de la sous-performance des recettes du gouvernement central et d'ajustements insuffisants des dépenses. » Il n’est donc pas étonnant que la communauté internationale et les bailleurs de fonds internationaux aient souhaité la réélection de Félix Tshisekedi. Pour le FMI, il s’agit à présent de consolider les acquis, sachant qu’il reste beaucoup à faire dans trois domaines : la lutte contre la pauvreté, la lutte contre l’insécurité et la lutte contre la corruption. Seule, une figure de rassemblement peut continuer à écrire cette page nouvelle de l’histoire politique de la RDC.
3) Félix Tshisekedi, une figure du rassemblement
Sur un vaste territoire, qui compte plus de 100 millions d’habitants, le gouvernement est confronté à la multiplication des conflits armés, notamment dans l’Est du pays en proie à des violences depuis près de trente ans, seule une figure de rassemblement, capable de réunir autour d’elle les poids lourds de la politique congolaise, peut prétendre rétablir la sécurité, préalable indispensable à l’unité nationale et au développement. Félix Tshisekedi et ses soutiens savent ce qu’il faut faire, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud du pays, comme le résume ce slogan d’une campagne électorale victorieuse : « Unité, Sécurité, Prospérité ». Pour y arriver, il faut rassembler, car il s’agit d’éradiquer les mauvaises habitudes et les pratiques délictueuses dans toutes les instances du pouvoir, dans toutes les institutions étatiques, dans le secteur privé et dans toutes les strates de la société. Un mot d’ordre : rompre avec un passé fait de divisions. « Tous unis pour un Congo plus fort », c’est ce que dit Félix Tshisekedi sur ses affiches de remerciement après sa réélection. Elu en 2018, réélu en 2023, Félix Tshisekedi qui, en réalité ne gouverne que depuis décembre 2020, aura disposé de 8 ans pour reconstruire le pays et réconcilier les Congolais entre eux. Un bilan sera fait en 2028. Nous verrons à ce moment-là si Félix Tshisekedi aura accompli le rêve du père, être une figure de rassemblement pour accomplir deux autres rêves, le rêve de démocratie et le rêve de prospérité.
Conclusion
Pour bien comprendre le rôle de l’action politique, il faut toujours se souvenir de ce que disait Nelson Mandela : « J’ai découvert un secret : après avoir gravi une colline, tout ce qu'on découvre, c'est qu'il reste beaucoup d'autres collines à gravir. » Félix Tshisekedi vient de gravir, depuis 2019, de nombreuses collines. Il lui reste beaucoup d’autres collines à gravir. Pays immense, disposant de richesses naturelles qui semblent inépuisables, qu’elles proviennent du sous-sol ou du sol, la RDC possède tous les atouts pour offrir à tous les Congolais des conditions de vie meilleures. Etre élu ou réélu, ce n’est rien. Il faut ensuite gouverner en ayant comme seuls juges le peuple et l’Histoire. Quelle image de lui voudra laisser Félix Tshisekedi ? Il avait déjà réussi à faire réapparaître le RDC sur les écrans-radar de la scène internationale. Sa présidence de l’Union Africaine avait témoigné de sa volonté de faire entendre la voix de l’Afrique. Aujourd’hui, la planète entière se précipite à Kinshasa pour signer des contrats avec le gouvernement qui doit répondre aux attentes des populations et garantir la souveraineté du pays. Gouverner, c’est alors savoir choisir ses partenaires et ses « amis ». Le deuxième mandat de Félix Tshisekedi doit être celui d’un volontarisme politique destiné à rendre le Congo aux Congolais et faire descendre les richesses du pays jusqu’aux populations congolaises, qui sont avides de trois choses : la croissance, la consommation et la démocratie.
Finalement, dans un pays-monde qui concentre tous les défis que l’Afrique doit relever, Félix Tshisekedi ne doit se poser qu’une seule question : comment gérer les richesses naturelles de la RDC pour accélérer le développement, créer plus de croissance, plus d’emplois, plus d’accès aux services de base, plus d’éducation, plus de stabilité politique et de sécurité, plus de démocratie ?
Décryptage de la victoire de Félix Tshisekedi: voici les 3 raisons d’une reelection !
(Une chronique de Chritian Gambotti)
Christian Gambotti, Agrégé de l’Université – Président du Think tank Afrique & Partage – Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) - Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan) – Chroniqueur, essayiste, politologue. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
Félix Antoine Tshisekedi pour bâtir un Congo plus fort
Une réélection attendue
Le mardi 9 janvier 2024, la Cour constitutionnelle a confirmé la réélection du président Félix Tshisekedi. Selon les résultats définitifs – proclamés par la cour – le président sortant remporte l’élection avec 73,47% des suffrages exprimés. Lors de la proclamation des résultats provisoires le 31 décembre 2023, une Mission d'observation des Églises catholique et protestante, qui avait effectué son propre comptage, avait noté que le Président sortant s'est « largement démarqué des autres, avec plus de la moitié des suffrages à lui seul ». Est-ce une surprise ? Non. Les cas d’irrégularité constatés dans certains endroits ne viennent pas contredire la dynamique d’une campagne électorale unitaire qui a permis la réélection de Félix Tshisekedi, seule figure de rassemblement. Les opposants (Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Augustin Matata Ponyo, Delly Sesanga) se sont rencontrés tout au long de 2023 sans être capables de s’entendre sur une candidature unique contre le président sortant et bâtir un programme commun de gouvernement. Parmi les candidats qui méritent le respect, le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre, ne pouvait pas prétendre être élu : il ne disposait ni des moyens ni des équipes nécessaires pour porter sa candidature auprès des 45 millions d’électeurs et sur l’ensemble du territoire immense de la République Démocratique du Congo, notamment dans des zones reculées, enclavées, difficiles d’accès, De son côté, face à une opposition divisée et des tensions électorales qui ont toujours ponctué l'histoire politique de la RDC, Félix Tshisekedi pouvait compter sur l’appui des 500 partis politiques qui composent l’« Union sacrée pour la nation » et la dynamique unitaire impulsée par les poids lourds de la politique congolaise que sont Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa. Bien avant le 20 décembre, la victoire de Félix Tshisekedi pour un second mandat ne faisait aucun doute.
Félix Tshisekedi, un président qui va s’affirmer
Après son élection en 2019, Félix Tshisekedi va connaître, pendant 4 mois, une longue période d’incertitude politique, essentiellement marquée par la guerre d’influence que mène contre lui l’ancien président Joseph Kabila. Au bout de 4 mois, la nomination d’un Premier ministre proposé par Joseph Kabila, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, venu de nulle part, car en retrait de la vie politique, permet de sceller un accord entre Tshssekedi et Kabila. Est-ce le début d’une véritable alternance au sommet de l’Etat ? Présent à Kinshasa le jour de la nomination de Sylvestre Ilunga Ilunkamba au poste de Premier ministre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, parlera, dans un langage très diplomatique, d’« alternance » réussie. La réalité est plus complexe : le président élu, Félix Tshisekedi, dispose certes des prérogatives importantes que lui confère la Constitution ; mais, Kabila conserve tous les autres leviers du pouvoir, une large majorité au Parlement et, au sein du gouvernement, des ministres qu’il a choisis et qui sont majoritaires ; autre difficulté pour Tshisekedi, à l’Assemblée nationale, les partisans de Moïse Katumbi, de retour au pays et qui s’oppose à l’accord politique entre Tshisekedi et Kabila, sont nombreux. Comment gouverner dans ces conditions ?
Fin connaisseur de la vie politique congolaise, Félix Tshisekedi sait qu’il lui faut gouverner en s’appuyant sur la coalition des opposants à Kabila, tout en évitant de rester enfermé dans le statut de plus petit dénominateur commun de tous les opposants, un statut qui lui interdit tout avenir politique. De 2019 à 2020, Félix Tshisekedi, tout en donnant le sentiment qu’il accepte cette forme de cogestion du pays, s’attèle à mettre en place l'« Union sacrée de la nation », une majorité qui, en décembre 2020, renversera la majorité constituée autour de son prédécesseur Joseph Kabila. Après deux ans de cogestion du pays par les deux hommes, Félix Tshisekedi peut enfin s’affranchir de la tutelle de Kabila, gouverner seul et décider des grandes orientations des politiques publiques.
Gouverner seul, l’objectif est atteint. Mais, dans quel but ? Une majorité de Congolais et la communauté internationale sont convaincus que Félix Tshidekedi porte un véritable projet de société qui s’inscrit dans une vision prospective de l’avenir de la RDC avec, comme boussole, le développement. La France tient à manifester son soutien à ce président arrivé au pouvoir de façon pacifique. Elle accordera un programme d'aide de 300 millions d'euros à la RDC pendant les cinq ans du mandat de Félix Tshisekedi. Le 29 avril 2023, à huit mois de l’élection présidentielle, Félix Tshisekedi peut, au Stade des Martyrs à Kinshasa, défendre son bilan et présenter l’« Union Sacrée de la nation », une coalition de 500 partis politiques soutenant sa candidature en vue de sa réélection en décembre. A ses côtés, figurent Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa, les trois hommes, qui, par leur engagement sur le terrain, joueront un rôle-clef dans la réélection de Félix Tshisekedi.
Les trois raisons de cette réélection
Je vois trois raisons à cette réélection : 1) lorsqu’il est élu en 2018, Félix Tshisekedi ouvre une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC, celle d’une alternance démocratique 2) Son bilan est, sur de nombreux points, positif, ce que reconnaît le FMI 3) En 2023, il incarne plus que jamais une figure de rassemblement
A) L’alternance démocratique : une page nouvelle de l’histoire de la RDC
En 2019, deux ans après la disparition de son père, Félix Tshisekedi, porteur d’un nom mythique, accède à la magistrature suprême à l’issue de la première alternance démocratique que connaît la République Démocratique du Congo. Avec cette alternance démocratique, c’est une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC que Félix Tshisekedi se propose d’écrire. Dans l’esprit des Congolais, Félix Tshisekedi est l’héritier politique de son père, Etienne Tshisekedi, qui s’est toujours opposé à la prise du pouvoir par les armes. Figure emblématique de l’opposition, rival de Mobutu et des Kabila, Etienne Tshisekedi est l’un des rares opposants à n’avoir jamais pactisé avec le pouvoir. Dans le droit fil de l’héritage politique de son père, en 2011, alors qu’il est élu député, Félix Tshisekedi renoncera à siéger sur les bancs de l’Assemblée nationale, montrant ainsi qu’il refuse de cautionner des institutions qu’il juge « illégitimes ». Elu président, Félix Tshisekedi cherchera immédiatement à redonner toute leur légitimité aux institutions de la République. Effet de cette volonté : malgré les nombreuses difficultés largement documentées, le quadruple scrutin (présidentielle, législatives, provinciales et locales) se tiendra à la date prévue, le 20 décembre 2023. Lorsqu’il est, à partir de décembre 2020, enfin débarrassé du fardeau de la cogestion du pays avec Kabila, Félix Tshisekedi peut devenir lui-même et s’inscrire définitivement dans les pas de son père en ouvrant la voie à la démocratisation de la vie politique congolaise. Dans le domaine économique, son bilan est positif sur de nombreux points, ce que reconnaît le FMI.
B) Un bilan positif sur de nombreux points reconnu qui se traduit par l’appui du FMI
J’avais écrit, dans une précédente analyse que Félix Tshisekedi pouvait se prévaloir de la facilité élargie de crédit accordée par le FMI à la RDC. Cette facilité de crédit vient en effet confirmer que la politique budgétaire du gouvernement répond aux attentes des bailleurs de fonds internationaux avec « des progrès dans les réformes de la gestion des finances publiques et des investissements. » Le FMI note que, malgré une situation socio-économique, socio-politique et sécuritaire complexe (séquence électorale avec l’élection présidentielle du 20 décembre, conflit dans l’Est du pays), la gouvernance Tshisekedi a pu « faire progresser les réformes visant à améliorer la gouvernance et la transparence, y compris dans le secteur minier, renforcer les cadres de lutte contre la corruption (…), améliorer le climat des affaires ( …), soutenir le développement du secteur privé et promouvoir une croissance diversifiée, durable et inclusive. » Cet appui du FMI est essentiel au moment où les pays africains rencontrent des difficultés pour obtenir les financements dont ils ont besoin. La prise de position du FMI a pu, incontestablement, servir les intérêts électoraux du président-candidat Félix Tshisekedi : « Les progrès réalisés dans le cadre du programme FEC ont été globalement satisfaisants. Tous les critères de réalisation (CR) à fin juin 2023 ont été respectés sauf un : le CR sur le solde budgétaire intérieur n'a pas été atteint en raison de la sous-performance des recettes du gouvernement central et d'ajustements insuffisants des dépenses. » Il n’est donc pas étonnant que la communauté internationale et les bailleurs de fonds internationaux aient souhaité la réélection de Félix Tshisekedi. Pour le FMI, il s’agit à présent de consolider les acquis, sachant qu’il reste beaucoup à faire dans trois domaines : la lutte contre la pauvreté, la lutte contre l’insécurité et la lutte contre la corruption. Seule, une figure de rassemblement peut continuer à écrire cette page nouvelle de l’histoire politique de la RDC.
3) Félix Tshisekedi, une figure du rassemblement
Sur un vaste territoire, qui compte plus de 100 millions d’habitants, le gouvernement est confronté à la multiplication des conflits armés, notamment dans l’Est du pays en proie à des violences depuis près de trente ans, seule une figure de rassemblement, capable de réunir autour d’elle les poids lourds de la politique congolaise, peut prétendre rétablir la sécurité, préalable indispensable à l’unité nationale et au développement. Félix Tshisekedi et ses soutiens savent ce qu’il faut faire, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud du pays, comme le résume ce slogan d’une campagne électorale victorieuse : « Unité, Sécurité, Prospérité ». Pour y arriver, il faut rassembler, car il s’agit d’éradiquer les mauvaises habitudes et les pratiques délictueuses dans toutes les instances du pouvoir, dans toutes les institutions étatiques, dans le secteur privé et dans toutes les strates de la société. Un mot d’ordre : rompre avec un passé fait de divisions. « Tous unis pour un Congo plus fort », c’est ce que dit Félix Tshisekedi sur ses affiches de remerciement après sa réélection. Elu en 2018, réélu en 2023, Félix Tshisekedi qui, en réalité ne gouverne que depuis décembre 2020, aura disposé de 8 ans pour reconstruire le pays et réconcilier les Congolais entre eux. Un bilan sera fait en 2028. Nous verrons à ce moment-là si Félix Tshisekedi aura accompli le rêve du père, être une figure de rassemblement pour accomplir deux autres rêves, le rêve de démocratie et le rêve de prospérité.
Conclusion
Pour bien comprendre le rôle de l’action politique, il faut toujours se souvenir de ce que disait Nelson Mandela : « J’ai découvert un secret : après avoir gravi une colline, tout ce qu'on découvre, c'est qu'il reste beaucoup d'autres collines à gravir. » Félix Tshisekedi vient de gravir, depuis 2019, de nombreuses collines. Il lui reste beaucoup d’autres collines à gravir. Pays immense, disposant de richesses naturelles qui semblent inépuisables, qu’elles proviennent du sous-sol ou du sol, la RDC possède tous les atouts pour offrir à tous les Congolais des conditions de vie meilleures. Etre élu ou réélu, ce n’est rien. Il faut ensuite gouverner en ayant comme seuls juges le peuple et l’Histoire. Quelle image de lui voudra laisser Félix Tshisekedi ? Il avait déjà réussi à faire réapparaître le RDC sur les écrans-radar de la scène internationale. Sa présidence de l’Union Africaine avait témoigné de sa volonté de faire entendre la voix de l’Afrique. Aujourd’hui, la planète entière se précipite à Kinshasa pour signer des contrats avec le gouvernement qui doit répondre aux attentes des populations et garantir la souveraineté du pays. Gouverner, c’est alors savoir choisir ses partenaires et ses « amis ». Le deuxième mandat de Félix Tshisekedi doit être celui d’un volontarisme politique destiné à rendre le Congo aux Congolais et faire descendre les richesses du pays jusqu’aux populations congolaises, qui sont avides de trois choses : la croissance, la consommation et la démocratie.
Finalement, dans un pays-monde qui concentre tous les défis que l’Afrique doit relever, Félix Tshisekedi ne doit se poser qu’une seule question : comment gérer les richesses naturelles de la RDC pour accélérer le développement, créer plus de croissance, plus d’emplois, plus d’accès aux services de base, plus d’éducation, plus de stabilité politique et de sécurité, plus de démocratie ?
Décryptage de la victoire de Félix Tshisekedi: voici les 3 raisons d’une reelection !
(Une chronique de Chritian Gambotti)
Christian Gambotti, Agrégé de l’Université – Président du Think tank Afrique & Partage – Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) - Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan) – Chroniqueur, essayiste, politologue. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
Félix Antoine Tshisekedi pour bâtir un Congo plus fort
Une réélection attendue
Le mardi 9 janvier 2024, la Cour constitutionnelle a confirmé la réélection du président Félix Tshisekedi. Selon les résultats définitifs – proclamés par la cour – le président sortant remporte l’élection avec 73,47% des suffrages exprimés. Lors de la proclamation des résultats provisoires le 31 décembre 2023, une Mission d'observation des Églises catholique et protestante, qui avait effectué son propre comptage, avait noté que le Président sortant s'est « largement démarqué des autres, avec plus de la moitié des suffrages à lui seul ». Est-ce une surprise ? Non. Les cas d’irrégularité constatés dans certains endroits ne viennent pas contredire la dynamique d’une campagne électorale unitaire qui a permis la réélection de Félix Tshisekedi, seule figure de rassemblement. Les opposants (Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Augustin Matata Ponyo, Delly Sesanga) se sont rencontrés tout au long de 2023 sans être capables de s’entendre sur une candidature unique contre le président sortant et bâtir un programme commun de gouvernement. Parmi les candidats qui méritent le respect, le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre, ne pouvait pas prétendre être élu : il ne disposait ni des moyens ni des équipes nécessaires pour porter sa candidature auprès des 45 millions d’électeurs et sur l’ensemble du territoire immense de la République Démocratique du Congo, notamment dans des zones reculées, enclavées, difficiles d’accès, De son côté, face à une opposition divisée et des tensions électorales qui ont toujours ponctué l'histoire politique de la RDC, Félix Tshisekedi pouvait compter sur l’appui des 500 partis politiques qui composent l’« Union sacrée pour la nation » et la dynamique unitaire impulsée par les poids lourds de la politique congolaise que sont Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa. Bien avant le 20 décembre, la victoire de Félix Tshisekedi pour un second mandat ne faisait aucun doute.
Félix Tshisekedi, un président qui va s’affirmer
Après son élection en 2019, Félix Tshisekedi va connaître, pendant 4 mois, une longue période d’incertitude politique, essentiellement marquée par la guerre d’influence que mène contre lui l’ancien président Joseph Kabila. Au bout de 4 mois, la nomination d’un Premier ministre proposé par Joseph Kabila, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, venu de nulle part, car en retrait de la vie politique, permet de sceller un accord entre Tshssekedi et Kabila. Est-ce le début d’une véritable alternance au sommet de l’Etat ? Présent à Kinshasa le jour de la nomination de Sylvestre Ilunga Ilunkamba au poste de Premier ministre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, parlera, dans un langage très diplomatique, d’« alternance » réussie. La réalité est plus complexe : le président élu, Félix Tshisekedi, dispose certes des prérogatives importantes que lui confère la Constitution ; mais, Kabila conserve tous les autres leviers du pouvoir, une large majorité au Parlement et, au sein du gouvernement, des ministres qu’il a choisis et qui sont majoritaires ; autre difficulté pour Tshisekedi, à l’Assemblée nationale, les partisans de Moïse Katumbi, de retour au pays et qui s’oppose à l’accord politique entre Tshisekedi et Kabila, sont nombreux. Comment gouverner dans ces conditions ?
Fin connaisseur de la vie politique congolaise, Félix Tshisekedi sait qu’il lui faut gouverner en s’appuyant sur la coalition des opposants à Kabila, tout en évitant de rester enfermé dans le statut de plus petit dénominateur commun de tous les opposants, un statut qui lui interdit tout avenir politique. De 2019 à 2020, Félix Tshisekedi, tout en donnant le sentiment qu’il accepte cette forme de cogestion du pays, s’attèle à mettre en place l'« Union sacrée de la nation », une majorité qui, en décembre 2020, renversera la majorité constituée autour de son prédécesseur Joseph Kabila. Après deux ans de cogestion du pays par les deux hommes, Félix Tshisekedi peut enfin s’affranchir de la tutelle de Kabila, gouverner seul et décider des grandes orientations des politiques publiques.
Gouverner seul, l’objectif est atteint. Mais, dans quel but ? Une majorité de Congolais et la communauté internationale sont convaincus que Félix Tshidekedi porte un véritable projet de société qui s’inscrit dans une vision prospective de l’avenir de la RDC avec, comme boussole, le développement. La France tient à manifester son soutien à ce président arrivé au pouvoir de façon pacifique. Elle accordera un programme d'aide de 300 millions d'euros à la RDC pendant les cinq ans du mandat de Félix Tshisekedi. Le 29 avril 2023, à huit mois de l’élection présidentielle, Félix Tshisekedi peut, au Stade des Martyrs à Kinshasa, défendre son bilan et présenter l’« Union Sacrée de la nation », une coalition de 500 partis politiques soutenant sa candidature en vue de sa réélection en décembre. A ses côtés, figurent Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa, les trois hommes, qui, par leur engagement sur le terrain, joueront un rôle-clef dans la réélection de Félix Tshisekedi.
Les trois raisons de cette réélection
Je vois trois raisons à cette réélection : 1) lorsqu’il est élu en 2018, Félix Tshisekedi ouvre une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC, celle d’une alternance démocratique 2) Son bilan est, sur de nombreux points, positif, ce que reconnaît le FMI 3) En 2023, il incarne plus que jamais une figure de rassemblement
A) L’alternance démocratique : une page nouvelle de l’histoire de la RDC
En 2019, deux ans après la disparition de son père, Félix Tshisekedi, porteur d’un nom mythique, accède à la magistrature suprême à l’issue de la première alternance démocratique que connaît la République Démocratique du Congo. Avec cette alternance démocratique, c’est une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC que Félix Tshisekedi se propose d’écrire. Dans l’esprit des Congolais, Félix Tshisekedi est l’héritier politique de son père, Etienne Tshisekedi, qui s’est toujours opposé à la prise du pouvoir par les armes. Figure emblématique de l’opposition, rival de Mobutu et des Kabila, Etienne Tshisekedi est l’un des rares opposants à n’avoir jamais pactisé avec le pouvoir. Dans le droit fil de l’héritage politique de son père, en 2011, alors qu’il est élu député, Félix Tshisekedi renoncera à siéger sur les bancs de l’Assemblée nationale, montrant ainsi qu’il refuse de cautionner des institutions qu’il juge « illégitimes ». Elu président, Félix Tshisekedi cherchera immédiatement à redonner toute leur légitimité aux institutions de la République. Effet de cette volonté : malgré les nombreuses difficultés largement documentées, le quadruple scrutin (présidentielle, législatives, provinciales et locales) se tiendra à la date prévue, le 20 décembre 2023. Lorsqu’il est, à partir de décembre 2020, enfin débarrassé du fardeau de la cogestion du pays avec Kabila, Félix Tshisekedi peut devenir lui-même et s’inscrire définitivement dans les pas de son père en ouvrant la voie à la démocratisation de la vie politique congolaise. Dans le domaine économique, son bilan est positif sur de nombreux points, ce que reconnaît le FMI.
B) Un bilan positif sur de nombreux points reconnu qui se traduit par l’appui du FMI
J’avais écrit, dans une précédente analyse que Félix Tshisekedi pouvait se prévaloir de la facilité élargie de crédit accordée par le FMI à la RDC. Cette facilité de crédit vient en effet confirmer que la politique budgétaire du gouvernement répond aux attentes des bailleurs de fonds internationaux avec « des progrès dans les réformes de la gestion des finances publiques et des investissements. » Le FMI note que, malgré une situation socio-économique, socio-politique et sécuritaire complexe (séquence électorale avec l’élection présidentielle du 20 décembre, conflit dans l’Est du pays), la gouvernance Tshisekedi a pu « faire progresser les réformes visant à améliorer la gouvernance et la transparence, y compris dans le secteur minier, renforcer les cadres de lutte contre la corruption (…), améliorer le climat des affaires ( …), soutenir le développement du secteur privé et promouvoir une croissance diversifiée, durable et inclusive. » Cet appui du FMI est essentiel au moment où les pays africains rencontrent des difficultés pour obtenir les financements dont ils ont besoin. La prise de position du FMI a pu, incontestablement, servir les intérêts électoraux du président-candidat Félix Tshisekedi : « Les progrès réalisés dans le cadre du programme FEC ont été globalement satisfaisants. Tous les critères de réalisation (CR) à fin juin 2023 ont été respectés sauf un : le CR sur le solde budgétaire intérieur n'a pas été atteint en raison de la sous-performance des recettes du gouvernement central et d'ajustements insuffisants des dépenses. » Il n’est donc pas étonnant que la communauté internationale et les bailleurs de fonds internationaux aient souhaité la réélection de Félix Tshisekedi. Pour le FMI, il s’agit à présent de consolider les acquis, sachant qu’il reste beaucoup à faire dans trois domaines : la lutte contre la pauvreté, la lutte contre l’insécurité et la lutte contre la corruption. Seule, une figure de rassemblement peut continuer à écrire cette page nouvelle de l’histoire politique de la RDC.
3) Félix Tshisekedi, une figure du rassemblement
Sur un vaste territoire, qui compte plus de 100 millions d’habitants, le gouvernement est confronté à la multiplication des conflits armés, notamment dans l’Est du pays en proie à des violences depuis près de trente ans, seule une figure de rassemblement, capable de réunir autour d’elle les poids lourds de la politique congolaise, peut prétendre rétablir la sécurité, préalable indispensable à l’unité nationale et au développement. Félix Tshisekedi et ses soutiens savent ce qu’il faut faire, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud du pays, comme le résume ce slogan d’une campagne électorale victorieuse : « Unité, Sécurité, Prospérité ». Pour y arriver, il faut rassembler, car il s’agit d’éradiquer les mauvaises habitudes et les pratiques délictueuses dans toutes les instances du pouvoir, dans toutes les institutions étatiques, dans le secteur privé et dans toutes les strates de la société. Un mot d’ordre : rompre avec un passé fait de divisions. « Tous unis pour un Congo plus fort », c’est ce que dit Félix Tshisekedi sur ses affiches de remerciement après sa réélection. Elu en 2018, réélu en 2023, Félix Tshisekedi qui, en réalité ne gouverne que depuis décembre 2020, aura disposé de 8 ans pour reconstruire le pays et réconcilier les Congolais entre eux. Un bilan sera fait en 2028. Nous verrons à ce moment-là si Félix Tshisekedi aura accompli le rêve du père, être une figure de rassemblement pour accomplir deux autres rêves, le rêve de démocratie et le rêve de prospérité.
Conclusion
Pour bien comprendre le rôle de l’action politique, il faut toujours se souvenir de ce que disait Nelson Mandela : « J’ai découvert un secret : après avoir gravi une colline, tout ce qu'on découvre, c'est qu'il reste beaucoup d'autres collines à gravir. » Félix Tshisekedi vient de gravir, depuis 2019, de nombreuses collines. Il lui reste beaucoup d’autres collines à gravir. Pays immense, disposant de richesses naturelles qui semblent inépuisables, qu’elles proviennent du sous-sol ou du sol, la RDC possède tous les atouts pour offrir à tous les Congolais des conditions de vie meilleures. Etre élu ou réélu, ce n’est rien. Il faut ensuite gouverner en ayant comme seuls juges le peuple et l’Histoire. Quelle image de lui voudra laisser Félix Tshisekedi ? Il avait déjà réussi à faire réapparaître le RDC sur les écrans-radar de la scène internationale. Sa présidence de l’Union Africaine avait témoigné de sa volonté de faire entendre la voix de l’Afrique. Aujourd’hui, la planète entière se précipite à Kinshasa pour signer des contrats avec le gouvernement qui doit répondre aux attentes des populations et garantir la souveraineté du pays. Gouverner, c’est alors savoir choisir ses partenaires et ses « amis ». Le deuxième mandat de Félix Tshisekedi doit être celui d’un volontarisme politique destiné à rendre le Congo aux Congolais et faire descendre les richesses du pays jusqu’aux populations congolaises, qui sont avides de trois choses : la croissance, la consommation et la démocratie.
Finalement, dans un pays-monde qui concentre tous les défis que l’Afrique doit relever, Félix Tshisekedi ne doit se poser qu’une seule question : comment gérer les richesses naturelles de la RDC pour accélérer le développement, créer plus de croissance, plus d’emplois, plus d’accès aux services de base, plus d’éducation, plus de stabilité politique et de sécurité, plus de démocratie ?
Décryptage de la victoire de Félix Tshisekedi: voici les 3 raisons d’une reelection !
(Une chronique de Chritian Gambotti)
Christian Gambotti, Agrégé de l’Université – Président du Think tank Afrique & Partage – Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) - Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan) – Chroniqueur, essayiste, politologue. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
Félix Antoine Tshisekedi pour bâtir un Congo plus fort
Une réélection attendue
Le mardi 9 janvier 2024, la Cour constitutionnelle a confirmé la réélection du président Félix Tshisekedi. Selon les résultats définitifs – proclamés par la cour – le président sortant remporte l’élection avec 73,47% des suffrages exprimés. Lors de la proclamation des résultats provisoires le 31 décembre 2023, une Mission d'observation des Églises catholique et protestante, qui avait effectué son propre comptage, avait noté que le Président sortant s'est « largement démarqué des autres, avec plus de la moitié des suffrages à lui seul ». Est-ce une surprise ? Non. Les cas d’irrégularité constatés dans certains endroits ne viennent pas contredire la dynamique d’une campagne électorale unitaire qui a permis la réélection de Félix Tshisekedi, seule figure de rassemblement. Les opposants (Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Augustin Matata Ponyo, Delly Sesanga) se sont rencontrés tout au long de 2023 sans être capables de s’entendre sur une candidature unique contre le président sortant et bâtir un programme commun de gouvernement. Parmi les candidats qui méritent le respect, le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre, ne pouvait pas prétendre être élu : il ne disposait ni des moyens ni des équipes nécessaires pour porter sa candidature auprès des 45 millions d’électeurs et sur l’ensemble du territoire immense de la République Démocratique du Congo, notamment dans des zones reculées, enclavées, difficiles d’accès, De son côté, face à une opposition divisée et des tensions électorales qui ont toujours ponctué l'histoire politique de la RDC, Félix Tshisekedi pouvait compter sur l’appui des 500 partis politiques qui composent l’« Union sacrée pour la nation » et la dynamique unitaire impulsée par les poids lourds de la politique congolaise que sont Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa. Bien avant le 20 décembre, la victoire de Félix Tshisekedi pour un second mandat ne faisait aucun doute.
Félix Tshisekedi, un président qui va s’affirmer
Après son élection en 2019, Félix Tshisekedi va connaître, pendant 4 mois, une longue période d’incertitude politique, essentiellement marquée par la guerre d’influence que mène contre lui l’ancien président Joseph Kabila. Au bout de 4 mois, la nomination d’un Premier ministre proposé par Joseph Kabila, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, venu de nulle part, car en retrait de la vie politique, permet de sceller un accord entre Tshssekedi et Kabila. Est-ce le début d’une véritable alternance au sommet de l’Etat ? Présent à Kinshasa le jour de la nomination de Sylvestre Ilunga Ilunkamba au poste de Premier ministre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, parlera, dans un langage très diplomatique, d’« alternance » réussie. La réalité est plus complexe : le président élu, Félix Tshisekedi, dispose certes des prérogatives importantes que lui confère la Constitution ; mais, Kabila conserve tous les autres leviers du pouvoir, une large majorité au Parlement et, au sein du gouvernement, des ministres qu’il a choisis et qui sont majoritaires ; autre difficulté pour Tshisekedi, à l’Assemblée nationale, les partisans de Moïse Katumbi, de retour au pays et qui s’oppose à l’accord politique entre Tshisekedi et Kabila, sont nombreux. Comment gouverner dans ces conditions ?
Fin connaisseur de la vie politique congolaise, Félix Tshisekedi sait qu’il lui faut gouverner en s’appuyant sur la coalition des opposants à Kabila, tout en évitant de rester enfermé dans le statut de plus petit dénominateur commun de tous les opposants, un statut qui lui interdit tout avenir politique. De 2019 à 2020, Félix Tshisekedi, tout en donnant le sentiment qu’il accepte cette forme de cogestion du pays, s’attèle à mettre en place l'« Union sacrée de la nation », une majorité qui, en décembre 2020, renversera la majorité constituée autour de son prédécesseur Joseph Kabila. Après deux ans de cogestion du pays par les deux hommes, Félix Tshisekedi peut enfin s’affranchir de la tutelle de Kabila, gouverner seul et décider des grandes orientations des politiques publiques.
Gouverner seul, l’objectif est atteint. Mais, dans quel but ? Une majorité de Congolais et la communauté internationale sont convaincus que Félix Tshidekedi porte un véritable projet de société qui s’inscrit dans une vision prospective de l’avenir de la RDC avec, comme boussole, le développement. La France tient à manifester son soutien à ce président arrivé au pouvoir de façon pacifique. Elle accordera un programme d'aide de 300 millions d'euros à la RDC pendant les cinq ans du mandat de Félix Tshisekedi. Le 29 avril 2023, à huit mois de l’élection présidentielle, Félix Tshisekedi peut, au Stade des Martyrs à Kinshasa, défendre son bilan et présenter l’« Union Sacrée de la nation », une coalition de 500 partis politiques soutenant sa candidature en vue de sa réélection en décembre. A ses côtés, figurent Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa, les trois hommes, qui, par leur engagement sur le terrain, joueront un rôle-clef dans la réélection de Félix Tshisekedi.
Les trois raisons de cette réélection
Je vois trois raisons à cette réélection : 1) lorsqu’il est élu en 2018, Félix Tshisekedi ouvre une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC, celle d’une alternance démocratique 2) Son bilan est, sur de nombreux points, positif, ce que reconnaît le FMI 3) En 2023, il incarne plus que jamais une figure de rassemblement
A) L’alternance démocratique : une page nouvelle de l’histoire de la RDC
En 2019, deux ans après la disparition de son père, Félix Tshisekedi, porteur d’un nom mythique, accède à la magistrature suprême à l’issue de la première alternance démocratique que connaît la République Démocratique du Congo. Avec cette alternance démocratique, c’est une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC que Félix Tshisekedi se propose d’écrire. Dans l’esprit des Congolais, Félix Tshisekedi est l’héritier politique de son père, Etienne Tshisekedi, qui s’est toujours opposé à la prise du pouvoir par les armes. Figure emblématique de l’opposition, rival de Mobutu et des Kabila, Etienne Tshisekedi est l’un des rares opposants à n’avoir jamais pactisé avec le pouvoir. Dans le droit fil de l’héritage politique de son père, en 2011, alors qu’il est élu député, Félix Tshisekedi renoncera à siéger sur les bancs de l’Assemblée nationale, montrant ainsi qu’il refuse de cautionner des institutions qu’il juge « illégitimes ». Elu président, Félix Tshisekedi cherchera immédiatement à redonner toute leur légitimité aux institutions de la République. Effet de cette volonté : malgré les nombreuses difficultés largement documentées, le quadruple scrutin (présidentielle, législatives, provinciales et locales) se tiendra à la date prévue, le 20 décembre 2023. Lorsqu’il est, à partir de décembre 2020, enfin débarrassé du fardeau de la cogestion du pays avec Kabila, Félix Tshisekedi peut devenir lui-même et s’inscrire définitivement dans les pas de son père en ouvrant la voie à la démocratisation de la vie politique congolaise. Dans le domaine économique, son bilan est positif sur de nombreux points, ce que reconnaît le FMI.
B) Un bilan positif sur de nombreux points reconnu qui se traduit par l’appui du FMI
J’avais écrit, dans une précédente analyse que Félix Tshisekedi pouvait se prévaloir de la facilité élargie de crédit accordée par le FMI à la RDC. Cette facilité de crédit vient en effet confirmer que la politique budgétaire du gouvernement répond aux attentes des bailleurs de fonds internationaux avec « des progrès dans les réformes de la gestion des finances publiques et des investissements. » Le FMI note que, malgré une situation socio-économique, socio-politique et sécuritaire complexe (séquence électorale avec l’élection présidentielle du 20 décembre, conflit dans l’Est du pays), la gouvernance Tshisekedi a pu « faire progresser les réformes visant à améliorer la gouvernance et la transparence, y compris dans le secteur minier, renforcer les cadres de lutte contre la corruption (…), améliorer le climat des affaires ( …), soutenir le développement du secteur privé et promouvoir une croissance diversifiée, durable et inclusive. » Cet appui du FMI est essentiel au moment où les pays africains rencontrent des difficultés pour obtenir les financements dont ils ont besoin. La prise de position du FMI a pu, incontestablement, servir les intérêts électoraux du président-candidat Félix Tshisekedi : « Les progrès réalisés dans le cadre du programme FEC ont été globalement satisfaisants. Tous les critères de réalisation (CR) à fin juin 2023 ont été respectés sauf un : le CR sur le solde budgétaire intérieur n'a pas été atteint en raison de la sous-performance des recettes du gouvernement central et d'ajustements insuffisants des dépenses. » Il n’est donc pas étonnant que la communauté internationale et les bailleurs de fonds internationaux aient souhaité la réélection de Félix Tshisekedi. Pour le FMI, il s’agit à présent de consolider les acquis, sachant qu’il reste beaucoup à faire dans trois domaines : la lutte contre la pauvreté, la lutte contre l’insécurité et la lutte contre la corruption. Seule, une figure de rassemblement peut continuer à écrire cette page nouvelle de l’histoire politique de la RDC.
3) Félix Tshisekedi, une figure du rassemblement
Sur un vaste territoire, qui compte plus de 100 millions d’habitants, le gouvernement est confronté à la multiplication des conflits armés, notamment dans l’Est du pays en proie à des violences depuis près de trente ans, seule une figure de rassemblement, capable de réunir autour d’elle les poids lourds de la politique congolaise, peut prétendre rétablir la sécurité, préalable indispensable à l’unité nationale et au développement. Félix Tshisekedi et ses soutiens savent ce qu’il faut faire, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud du pays, comme le résume ce slogan d’une campagne électorale victorieuse : « Unité, Sécurité, Prospérité ». Pour y arriver, il faut rassembler, car il s’agit d’éradiquer les mauvaises habitudes et les pratiques délictueuses dans toutes les instances du pouvoir, dans toutes les institutions étatiques, dans le secteur privé et dans toutes les strates de la société. Un mot d’ordre : rompre avec un passé fait de divisions. « Tous unis pour un Congo plus fort », c’est ce que dit Félix Tshisekedi sur ses affiches de remerciement après sa réélection. Elu en 2018, réélu en 2023, Félix Tshisekedi qui, en réalité ne gouverne que depuis décembre 2020, aura disposé de 8 ans pour reconstruire le pays et réconcilier les Congolais entre eux. Un bilan sera fait en 2028. Nous verrons à ce moment-là si Félix Tshisekedi aura accompli le rêve du père, être une figure de rassemblement pour accomplir deux autres rêves, le rêve de démocratie et le rêve de prospérité.
Conclusion
Pour bien comprendre le rôle de l’action politique, il faut toujours se souvenir de ce que disait Nelson Mandela : « J’ai découvert un secret : après avoir gravi une colline, tout ce qu'on découvre, c'est qu'il reste beaucoup d'autres collines à gravir. » Félix Tshisekedi vient de gravir, depuis 2019, de nombreuses collines. Il lui reste beaucoup d’autres collines à gravir. Pays immense, disposant de richesses naturelles qui semblent inépuisables, qu’elles proviennent du sous-sol ou du sol, la RDC possède tous les atouts pour offrir à tous les Congolais des conditions de vie meilleures. Etre élu ou réélu, ce n’est rien. Il faut ensuite gouverner en ayant comme seuls juges le peuple et l’Histoire. Quelle image de lui voudra laisser Félix Tshisekedi ? Il avait déjà réussi à faire réapparaître le RDC sur les écrans-radar de la scène internationale. Sa présidence de l’Union Africaine avait témoigné de sa volonté de faire entendre la voix de l’Afrique. Aujourd’hui, la planète entière se précipite à Kinshasa pour signer des contrats avec le gouvernement qui doit répondre aux attentes des populations et garantir la souveraineté du pays. Gouverner, c’est alors savoir choisir ses partenaires et ses « amis ». Le deuxième mandat de Félix Tshisekedi doit être celui d’un volontarisme politique destiné à rendre le Congo aux Congolais et faire descendre les richesses du pays jusqu’aux populations congolaises, qui sont avides de trois choses : la croissance, la consommation et la démocratie.
Finalement, dans un pays-monde qui concentre tous les défis que l’Afrique doit relever, Félix Tshisekedi ne doit se poser qu’une seule question : comment gérer les richesses naturelles de la RDC pour accélérer le développement, créer plus de croissance, plus d’emplois, plus d’accès aux services de base, plus d’éducation, plus de stabilité politique et de sécurité, plus de démocratie ?
Décryptage de la victoire de Félix Tshisekedi: voici les 3 raisons d’une reelection !
(Une chronique de Chritian Gambotti)
Christian Gambotti, Agrégé de l’Université – Président du Think tank Afrique & Partage – Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) - Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan) – Chroniqueur, essayiste, politologue. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
Félix Antoine Tshisekedi pour bâtir un Congo plus fort
Une réélection attendue
Le mardi 9 janvier 2024, la Cour constitutionnelle a confirmé la réélection du président Félix Tshisekedi. Selon les résultats définitifs – proclamés par la cour – le président sortant remporte l’élection avec 73,47% des suffrages exprimés. Lors de la proclamation des résultats provisoires le 31 décembre 2023, une Mission d'observation des Églises catholique et protestante, qui avait effectué son propre comptage, avait noté que le Président sortant s'est « largement démarqué des autres, avec plus de la moitié des suffrages à lui seul ». Est-ce une surprise ? Non. Les cas d’irrégularité constatés dans certains endroits ne viennent pas contredire la dynamique d’une campagne électorale unitaire qui a permis la réélection de Félix Tshisekedi, seule figure de rassemblement. Les opposants (Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Augustin Matata Ponyo, Delly Sesanga) se sont rencontrés tout au long de 2023 sans être capables de s’entendre sur une candidature unique contre le président sortant et bâtir un programme commun de gouvernement. Parmi les candidats qui méritent le respect, le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre, ne pouvait pas prétendre être élu : il ne disposait ni des moyens ni des équipes nécessaires pour porter sa candidature auprès des 45 millions d’électeurs et sur l’ensemble du territoire immense de la République Démocratique du Congo, notamment dans des zones reculées, enclavées, difficiles d’accès, De son côté, face à une opposition divisée et des tensions électorales qui ont toujours ponctué l'histoire politique de la RDC, Félix Tshisekedi pouvait compter sur l’appui des 500 partis politiques qui composent l’« Union sacrée pour la nation » et la dynamique unitaire impulsée par les poids lourds de la politique congolaise que sont Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa. Bien avant le 20 décembre, la victoire de Félix Tshisekedi pour un second mandat ne faisait aucun doute.
Félix Tshisekedi, un président qui va s’affirmer
Après son élection en 2019, Félix Tshisekedi va connaître, pendant 4 mois, une longue période d’incertitude politique, essentiellement marquée par la guerre d’influence que mène contre lui l’ancien président Joseph Kabila. Au bout de 4 mois, la nomination d’un Premier ministre proposé par Joseph Kabila, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, venu de nulle part, car en retrait de la vie politique, permet de sceller un accord entre Tshssekedi et Kabila. Est-ce le début d’une véritable alternance au sommet de l’Etat ? Présent à Kinshasa le jour de la nomination de Sylvestre Ilunga Ilunkamba au poste de Premier ministre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, parlera, dans un langage très diplomatique, d’« alternance » réussie. La réalité est plus complexe : le président élu, Félix Tshisekedi, dispose certes des prérogatives importantes que lui confère la Constitution ; mais, Kabila conserve tous les autres leviers du pouvoir, une large majorité au Parlement et, au sein du gouvernement, des ministres qu’il a choisis et qui sont majoritaires ; autre difficulté pour Tshisekedi, à l’Assemblée nationale, les partisans de Moïse Katumbi, de retour au pays et qui s’oppose à l’accord politique entre Tshisekedi et Kabila, sont nombreux. Comment gouverner dans ces conditions ?
Fin connaisseur de la vie politique congolaise, Félix Tshisekedi sait qu’il lui faut gouverner en s’appuyant sur la coalition des opposants à Kabila, tout en évitant de rester enfermé dans le statut de plus petit dénominateur commun de tous les opposants, un statut qui lui interdit tout avenir politique. De 2019 à 2020, Félix Tshisekedi, tout en donnant le sentiment qu’il accepte cette forme de cogestion du pays, s’attèle à mettre en place l'« Union sacrée de la nation », une majorité qui, en décembre 2020, renversera la majorité constituée autour de son prédécesseur Joseph Kabila. Après deux ans de cogestion du pays par les deux hommes, Félix Tshisekedi peut enfin s’affranchir de la tutelle de Kabila, gouverner seul et décider des grandes orientations des politiques publiques.
Gouverner seul, l’objectif est atteint. Mais, dans quel but ? Une majorité de Congolais et la communauté internationale sont convaincus que Félix Tshidekedi porte un véritable projet de société qui s’inscrit dans une vision prospective de l’avenir de la RDC avec, comme boussole, le développement. La France tient à manifester son soutien à ce président arrivé au pouvoir de façon pacifique. Elle accordera un programme d'aide de 300 millions d'euros à la RDC pendant les cinq ans du mandat de Félix Tshisekedi. Le 29 avril 2023, à huit mois de l’élection présidentielle, Félix Tshisekedi peut, au Stade des Martyrs à Kinshasa, défendre son bilan et présenter l’« Union Sacrée de la nation », une coalition de 500 partis politiques soutenant sa candidature en vue de sa réélection en décembre. A ses côtés, figurent Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa, les trois hommes, qui, par leur engagement sur le terrain, joueront un rôle-clef dans la réélection de Félix Tshisekedi.
Les trois raisons de cette réélection
Je vois trois raisons à cette réélection : 1) lorsqu’il est élu en 2018, Félix Tshisekedi ouvre une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC, celle d’une alternance démocratique 2) Son bilan est, sur de nombreux points, positif, ce que reconnaît le FMI 3) En 2023, il incarne plus que jamais une figure de rassemblement
A) L’alternance démocratique : une page nouvelle de l’histoire de la RDC
En 2019, deux ans après la disparition de son père, Félix Tshisekedi, porteur d’un nom mythique, accède à la magistrature suprême à l’issue de la première alternance démocratique que connaît la République Démocratique du Congo. Avec cette alternance démocratique, c’est une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC que Félix Tshisekedi se propose d’écrire. Dans l’esprit des Congolais, Félix Tshisekedi est l’héritier politique de son père, Etienne Tshisekedi, qui s’est toujours opposé à la prise du pouvoir par les armes. Figure emblématique de l’opposition, rival de Mobutu et des Kabila, Etienne Tshisekedi est l’un des rares opposants à n’avoir jamais pactisé avec le pouvoir. Dans le droit fil de l’héritage politique de son père, en 2011, alors qu’il est élu député, Félix Tshisekedi renoncera à siéger sur les bancs de l’Assemblée nationale, montrant ainsi qu’il refuse de cautionner des institutions qu’il juge « illégitimes ». Elu président, Félix Tshisekedi cherchera immédiatement à redonner toute leur légitimité aux institutions de la République. Effet de cette volonté : malgré les nombreuses difficultés largement documentées, le quadruple scrutin (présidentielle, législatives, provinciales et locales) se tiendra à la date prévue, le 20 décembre 2023. Lorsqu’il est, à partir de décembre 2020, enfin débarrassé du fardeau de la cogestion du pays avec Kabila, Félix Tshisekedi peut devenir lui-même et s’inscrire définitivement dans les pas de son père en ouvrant la voie à la démocratisation de la vie politique congolaise. Dans le domaine économique, son bilan est positif sur de nombreux points, ce que reconnaît le FMI.
B) Un bilan positif sur de nombreux points reconnu qui se traduit par l’appui du FMI
J’avais écrit, dans une précédente analyse que Félix Tshisekedi pouvait se prévaloir de la facilité élargie de crédit accordée par le FMI à la RDC. Cette facilité de crédit vient en effet confirmer que la politique budgétaire du gouvernement répond aux attentes des bailleurs de fonds internationaux avec « des progrès dans les réformes de la gestion des finances publiques et des investissements. » Le FMI note que, malgré une situation socio-économique, socio-politique et sécuritaire complexe (séquence électorale avec l’élection présidentielle du 20 décembre, conflit dans l’Est du pays), la gouvernance Tshisekedi a pu « faire progresser les réformes visant à améliorer la gouvernance et la transparence, y compris dans le secteur minier, renforcer les cadres de lutte contre la corruption (…), améliorer le climat des affaires ( …), soutenir le développement du secteur privé et promouvoir une croissance diversifiée, durable et inclusive. » Cet appui du FMI est essentiel au moment où les pays africains rencontrent des difficultés pour obtenir les financements dont ils ont besoin. La prise de position du FMI a pu, incontestablement, servir les intérêts électoraux du président-candidat Félix Tshisekedi : « Les progrès réalisés dans le cadre du programme FEC ont été globalement satisfaisants. Tous les critères de réalisation (CR) à fin juin 2023 ont été respectés sauf un : le CR sur le solde budgétaire intérieur n'a pas été atteint en raison de la sous-performance des recettes du gouvernement central et d'ajustements insuffisants des dépenses. » Il n’est donc pas étonnant que la communauté internationale et les bailleurs de fonds internationaux aient souhaité la réélection de Félix Tshisekedi. Pour le FMI, il s’agit à présent de consolider les acquis, sachant qu’il reste beaucoup à faire dans trois domaines : la lutte contre la pauvreté, la lutte contre l’insécurité et la lutte contre la corruption. Seule, une figure de rassemblement peut continuer à écrire cette page nouvelle de l’histoire politique de la RDC.
3) Félix Tshisekedi, une figure du rassemblement
Sur un vaste territoire, qui compte plus de 100 millions d’habitants, le gouvernement est confronté à la multiplication des conflits armés, notamment dans l’Est du pays en proie à des violences depuis près de trente ans, seule une figure de rassemblement, capable de réunir autour d’elle les poids lourds de la politique congolaise, peut prétendre rétablir la sécurité, préalable indispensable à l’unité nationale et au développement. Félix Tshisekedi et ses soutiens savent ce qu’il faut faire, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud du pays, comme le résume ce slogan d’une campagne électorale victorieuse : « Unité, Sécurité, Prospérité ». Pour y arriver, il faut rassembler, car il s’agit d’éradiquer les mauvaises habitudes et les pratiques délictueuses dans toutes les instances du pouvoir, dans toutes les institutions étatiques, dans le secteur privé et dans toutes les strates de la société. Un mot d’ordre : rompre avec un passé fait de divisions. « Tous unis pour un Congo plus fort », c’est ce que dit Félix Tshisekedi sur ses affiches de remerciement après sa réélection. Elu en 2018, réélu en 2023, Félix Tshisekedi qui, en réalité ne gouverne que depuis décembre 2020, aura disposé de 8 ans pour reconstruire le pays et réconcilier les Congolais entre eux. Un bilan sera fait en 2028. Nous verrons à ce moment-là si Félix Tshisekedi aura accompli le rêve du père, être une figure de rassemblement pour accomplir deux autres rêves, le rêve de démocratie et le rêve de prospérité.
Conclusion
Pour bien comprendre le rôle de l’action politique, il faut toujours se souvenir de ce que disait Nelson Mandela : « J’ai découvert un secret : après avoir gravi une colline, tout ce qu'on découvre, c'est qu'il reste beaucoup d'autres collines à gravir. » Félix Tshisekedi vient de gravir, depuis 2019, de nombreuses collines. Il lui reste beaucoup d’autres collines à gravir. Pays immense, disposant de richesses naturelles qui semblent inépuisables, qu’elles proviennent du sous-sol ou du sol, la RDC possède tous les atouts pour offrir à tous les Congolais des conditions de vie meilleures. Etre élu ou réélu, ce n’est rien. Il faut ensuite gouverner en ayant comme seuls juges le peuple et l’Histoire. Quelle image de lui voudra laisser Félix Tshisekedi ? Il avait déjà réussi à faire réapparaître le RDC sur les écrans-radar de la scène internationale. Sa présidence de l’Union Africaine avait témoigné de sa volonté de faire entendre la voix de l’Afrique. Aujourd’hui, la planète entière se précipite à Kinshasa pour signer des contrats avec le gouvernement qui doit répondre aux attentes des populations et garantir la souveraineté du pays. Gouverner, c’est alors savoir choisir ses partenaires et ses « amis ». Le deuxième mandat de Félix Tshisekedi doit être celui d’un volontarisme politique destiné à rendre le Congo aux Congolais et faire descendre les richesses du pays jusqu’aux populations congolaises, qui sont avides de trois choses : la croissance, la consommation et la démocratie.
Finalement, dans un pays-monde qui concentre tous les défis que l’Afrique doit relever, Félix Tshisekedi ne doit se poser qu’une seule question : comment gérer les richesses naturelles de la RDC pour accélérer le développement, créer plus de croissance, plus d’emplois, plus d’accès aux services de base, plus d’éducation, plus de stabilité politique et de sécurité, plus de démocratie ?
Je dénonce ‘’la circulaire N°001/UDPS/CEP/2024 du 09/01/2024 relative à la convocation des élections des Gouverneurs, Vice-gouverneurs et Sénateurs.’’, sous la signature de son Président SHABANI LUKOO B. Jacquemain. Cette circulaire est discriminatoire et ne tient nullement compte du noble combat des combattants de la base. Un combat de plus de 30 ans, à mains nues, à zéro argent et qui a vu nombreux de combattants perdre leur travail et leurs biens, fuir leurs résidences, croupir dans des cachots et prisons ou perdre leur vie…
A lire la circulaire au point relatif aux Eléments constitutifs du dossier, elle ignore royalement les combattants compétents, honnêtes et loyaux (et il y en a beaucoup) qui ne peuvent pas réunir cette somme d’argent pour privilégier les affairistes et les copains qui ont eu le « Nguya » d’être aux affaires lors du 1er mandat : Pour le candidat Gouverneur ou Vice-gouverneur :
- Le curriculum vitae détaillé, le tout se terminant pas la formule « Je jure sur l’honneur que les renseignements ci-dessus sont sincères et exacts » ; - Quatre (4) photos format passeport ;
- Le symbole du logo du parti ;
- Une (1) photocopie de la carte d’électeur ; - Une (1) photocopie de l’acte de naissance ou de l’attestation de naissance ;
- Une (1) photocopie certifiée conforme du diplôme d’études supérieures ou universitaires ou de l’attestation en tenant lieu ou de l’attestation justifiant d’une expérience professionnelle d’au moins cinq ans dans le domaine politique, administratif ou socio-économique.
- Une preuve bancaire du paiement de la caution non remboursable du traitement du dossier aux comptes du Parti. Pis encore, vous l’avez lu la fameuse Circulaire, elle ne fait aucune mention d’honnêteté et de loyauté…même si je sais qu’à ce niveau, la Cour rendra toujours le puissant, blanc comme neige et le misérable, noir comme le fond d’une vieille poêle. Et pour tout couronner, lisez le dernier trait :« … la CEP de l’UDPS doit faire payer de l’argent (caution) aux combattants (démunis) avant de traiter leurs dossiers… scandaleux !».
Un combattant a dit : « Toutes les grandes options politiques comme, entre autres, la gestion des ambitions, devraient tenir compte des organes de base.
Les candidatures à présenter par le parti devraient tenir compte des avis et considérations des organes de base, c’est-à-dire, analyser, proposer, gérer et décider avec le concours de fédérations des entités concernées même si, pour des raisons stratégiques (c’est moi qui ajoute :«si stratégie il y a, elle est d’un intérêt privé), les organes centraux peuvent décider de coopter ou de présenter un ou plusieurs autres candidats !
La collaboration est la clé d’un meilleur climat post-compétition ! La notion de caution non remboursable ne reflète pas le combat de notre très regretté, ya TSHITSHI d’heureuse mémoire. L’UDPS est un parti de masse. Pas étonnant que nos mandataires et élus sur les listes UDPS une fois aux affaires, ne se sentent pas redevables vis-à-vis du parti (mais des individus). Avec cette loi du plus offrant, ne soyons pas surpris que nos bourreaux d’hier, même les très impopulaires, se retrouvent demain majoritaires dans nos organes de décision. Nous avons le devoir, dans l’intérêt du parti, de faire le distinguo entre organes techniques et organes délibérants afin de clarifier toutes les situations futures ».
Le Kasaï Oriental en est un exemple parfait : Depuis 2019, ce sont des gouverneurs incompétents et voleurs qui ont été nommé par Kinshasa (des individus) en lieu et place de l’Assemblée provinciale qui devrait les élire. Bref, au lieu de respecter les organes de base (les fédérations), Kinshasa a respecté ses deals avec ses copains allant jusqu’à sacrifier toute une province.
Nous avons dit et il faut que les instances du parti (des individus, d’ailleurs bien identifiés) se ravisent pour que le 2è mandat de FATSHI soit meilleur que le premier.