Conférence des Nations Unies sur l'Océan, Nice : Eve Bazaïba défend une vision intégrée alliant la protection des forêts et des mers

Lors de la troisième Conférence des Nations Unies sur l'Océan, qui se tient à Nice, en France, depuis le 9 juin 2025, Eve Bazaïba, Ministre d’Etat, Ministre de l'Environnement et du Développement Durable, a livré le mercredi 12 juin, un discours marquant, porteur d'un message d'urgence et d'espoir. Au nom du Président Félix-Antoine Tshisekedi, elle a non seulement alerté sur l'état critique du poumon bleu de la planète, mais a surtout positionné la RDC comme un pilier incontournable de la solution climatique mondiale.
"L'océan nous rappelle son existence, sa souffrance, son asphyxie, sa montée irréversible." C'est par ces mots forts qu'Eve Bazaïba a ouvert son allocution, personnifiant l'océan pour mieux interpeller une audience mondiale. Au cours de son discours, elle a présenté l’océan comme une entité vivante qui subit les assauts d'une crise dont la responsabilité humaine, collective et individuelle est engagée. Ce cri d'alarme, lancé depuis la tribune onusienne, vise à secouer les consciences et à souligner que la survie même de l'humanité dépend de l'équilibre fragile entre l'air, l'eau et la terre.
La RDC, un Pays-Solution aux multiples trésors
L’essentiel du message de la Ministre d’Etat a été de présenter la République Démocratique du Congo non pas comme un pays en quête d'aide, mais comme un pays-solution face aux dérèglements climatiques. Cette affirmation repose sur un patrimoine naturel exceptionnel, souvent méconnu dans sa totalité.
Si le monde connaît la RDC pour ses forêts, qui représentent 62% du massif forestier du bassin du Congo, Eve Bazaïba a souligné que celles-ci sont devenues le premier poumon de la planète, surpassant l'Amazonie en termes de services écosystémiques rendus à l'humanité, notamment par la séquestration du carbone et la purification de l'air. Mais la richesse de la RDC ne s'arrête pas à son poumon vert. Le pays détient 52% des réserves d'eau douce de tout le continent africain, ce qui équivaut à 10% des réserves mondiales. Il abrite également la plus vaste superficie de tourbières tropicales, de véritables puits de carbone naturels qui stockent l'équivalent de plus de deux ans d'émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Le discours a magnifiquement illustré le lien indissociable entre les écosystèmes terrestres et marins à travers l'image du majestueux fleuve Congo. Avec un débit colossal de 44 000 mètres cubes d'eau douce déversés chaque seconde dans l'océan Atlantique, le fleuve est une artère vitale qui nourrit l'océan et constitue une porte d'entrée maritime vers le cœur de l'Afrique. Cette interaction harmonieuse entre "les deux poumons bleus et verts" du système environnemental mondial a été au centre de la vision intégrée et défendue par la RDC.
Passant de la vision à l'action, Eve Bazaïba a détaillé une série de projets ambitieux qui témoignent de l'engagement de la RDC :
- La création de la réserve marine de Muanda : Ce projet vise à protéger le littoral congolais, long de seulement 40 kilomètres mais d'une importance capitale. Il s'appuie sur le Parc Marin des Mangroves existant, créé en 1992, un écosystème fragile mais essentiel pour la reproduction de la faune océanique et la protection des communautés locales contre l'érosion côtière.
- Une stratégie nationale pour l'économie bleue : La RDC a déjà entamé l'élaboration de cette stratégie, avec des ateliers consultatifs tenus en 2024 pour définir les priorités. L'objectif est d'exploiter durablement les ressources halieutiques, de soutenir une pêche résiliente et de développer des infrastructures portuaires vertes.
- L'initiative "fleuve propre, océan vivant" : Cette initiative s'attaque à la source du problème de la pollution marine en luttant contre les déchets déversés dans le fleuve Congo, qui finissent inévitablement leur course dans l'océan.
- Le renforcement des communautés locales : Conscient que la protection de l'environnement ne peut se faire sans les populations, le programme met un accent particulier sur l'implication des femmes, des jeunes et des peuples autochtones dans la gouvernance marine locale et la lutte contre l'érosion côtière.
Plus loin, elle a affirmé que "la RDC est prête à coopérer, à innover et à défendre les forêts", tendant ainsi la main à la communauté internationale, tout en lançant un avertissement lucide : seule, elle n'y parviendra pas. Cet appel à la collaboration mondiale a résonné à Nice comme un rappel que sauver l'océan et les forêts n'est pas une question de choix, mais une nécessité absolue pour un avenir commun.
Nathan Mundele
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