Violences sexistes dans les sphères politico-administratives, RDC : le Mouvement RSLF mène une enquête impliquant 308 femmes et hommes des arènes administratifs et politiques

Dans le cadre du projet ‘’Tufaulu Pamoja’’ (réussir ensemble), un atelier a eu lieu le vendredi 09 mai dernier en République Démocratique du Congo. Cet atelier avait pour thème : « L’étude sur les violences sexistes dans les sphères politiques et administratives : obstacles à la participation équitable des femmes aux sphères décisionnelles ». Ce dernier était basé sur une enquête réalisée par le Mouvement « Rien Sans les Femmes » (RSLF), qui est un Mouvement qui milite pour une représentation forte des femmes et des jeunes filles dans les instances de prise de décision, sous le financement de l’ambassade de Suède (CAFOD). Cette enquête expose une vérité amplement ignorée.
Une enquête qui a duré pendant un mois, soit du 15 mars au 15 avril 2023, et dont la conclusion n’a été publiée que le 10 mai de l’année en cours. Elle a impliqué 308 femmes et hommes, tous, issus des arènes administratives et politiques. Cette enquête, orchestrée avec un concours de 44 enquêteurs supervisés à travers tout le pays, fut implacable emmêlant interviews, questions et groupe de discussions.
La recherche menée, dans 11 villes des 9 provinces du pays, précise que près d’un quart de ces femmes victimes de violences sexistes finissent par abandonner leurs postes. Avec un climat de travail dégradant, les ambitions s’éteignent et les portes se ferment.
Lors de cet atelier, le Coordonnateur de l’enquête, le Consultant Eugène Ngabu a déclaré : « l’objectif de cette étude consiste notamment, à identifier les différentes formes de violences basées sur le genre (VBG) dans les sphères politiques et administratives en République Démocratique du Congo, de comparer les formes de violences auxquelles sont confrontées les femmes par rapport aux hommes et déterminer les conséquences de ces violences sur la participation des femmes dans ces deux sphères».
Il a, par la suite, ajouté que les résultats de l’étude montrent que la majorité des enquêtés provenaient de la sphère administrative, soit 57,14% contre 42,86% pour la sphère politique et que 44% des répondants qui ont participé à cette étude sont directement victimes de ces violences sexistes ou même celles basées sur le genre.
Au cours de la présentation du rapport de cette étude, Monsieur E. Ngabu a relevé que les femmes pouvaient quitter un parti politique sans subir d’impact financier, mais que ce n’était pas le cas pour celles qui sont dans l’administration publique : elles sont obligées d’endurer les violences sexistes pour ne pas tomber dans l’incertitude.
Il a, par ailleurs, énuméré quelques conséquences des violences sexistes dans ces sphères : l’abandon du travail ; la détérioration du climat de travail ; l’abus de pouvoir ; la banalisation de la femme et de la jeune fille ainsi que le clientélisme.
Des recommandations
Ainsi, mettre en place des mesures pour surmonter ces violences auxquelles les femmes font face pour entrer dans ces sphères, politique et administrative, s’avère indispensable. Vu l’importance de ces mesures, l’étude a pu identifier quelques actions pour surmonter ces violences : organiser quelques activités de sensibilisation sur l’impact de la femme dans les partis politiques ; identifier les femmes ambitieuses et les renforcer en aptitudes dans tous les domaines, particulièrement en leadership ; et arranger des plaidoyers pour l’attribution des postes de responsabilité aux femmes.
En outre, quelques recommandations pour pallier à ces problèmes ont également été soulevées. Eugène Ngabu a fait savoir que parmi les recommandations énoncées, l’étude a proposé des réformes législatives, comme l’adoption de nouvelles lois autonomes pour interdire et criminaliser la violence contre les femmes en politique, ainsi que le renforcement des lois et politiques nationales contre le harcèlement et la violence dans les administrations publiques.
Dans ce même angle, il a déclaré en disant : « concernant les réformes institutionnelles, il s’agit de concevoir et de mettre en œuvre des politiques de prévention et d’élimination du sexisme, du harcèlement et de la violence à l’égard des femmes dans les sphères politiques et administratives ».
Par la même occasion, la chargée de programme du Réseau genre et droit de la femme dans le Mouvement Rien Sans les Femmes, Nathalie Yoka, a soulevé l’importance de faire participer les femmes et les jeunes filles sur un pied d’égalité avec les hommes aux instances de prise de décision.
Cet atelier a été marqué par la présence des membres des partis politiques, des jeunes, d’autorités administratives et des membres du Mouvement «Rien Sans les Femmes».
Hamlish Nketani
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