RDC : La misère du peuple ne peut plus attendre !

(Par Jonas Tshiombela, Avocat du Peuple).
Kinshasa, 23 septembre 2025. La démission de Vital Kamerhe à la présidence de l’Assemblée nationale a fait la une des médias. Mais soyons honnêtes : ce n’est pas la priorité du peuple congolais. Dans les rues de Kinshasa, Lubumbashi, Goma, Kisangani ou Beni, personne ne mange une démission. Personne ne soigne ses enfants malades avec les jeux de coulisses politiques. Personne n’enterre dignement ses morts avec les discours enflammés des certains animateurs des institutions ou acteurs politiques. Pendant que les politiciens se battent pour des postes, le peuple se bat pour sa survie. À l’Est, chaque jour, des Congolais sont massacrés, des villages brûlés, des femmes violées, des enfants traumatisés, sous le silence complice des certains dirigeants des institutions et autres opérateurs politiques de la République. Est-ce de la trahison d'un peuple en détresse ? Difficile à répondre. Dans nos campagnes, des mères accouchent à même le sol faute de maternités équipées. Dans nos villes, des familles entières dorment sans électricité, sans eau potable, pendant que des milliards s’évaporent dans la corruption. La jeunesse, désespérée, rêve d’un avenir ailleurs, au point de risquer sa vie dans les forêts, les déserts et les océans pour fuir un pays qui pourtant regorge de richesses. La politique congolaise ressemble trop souvent à un festin d’élites repues, alors que le peuple n’a même plus les miettes. Où est la morale ? Où est l’éthique politique ? Où est la dignité de servir une nation martyrisée ?
Mesdames et Messieurs les députés, Mesdames et Messieurs les sénateurs, vous avez fait preuve d’unité pour démettre un homme. Mais l’Histoire vous demande aujourd’hui de faire preuve de courage pour relever une nation. Le même acharnement que vous avez mis à défendre vos intérêts politiques, mettez-le au service du peuple : paix, sécurité, justice, lutte contre la corruption, accès aux soins, à l’école, à l’eau et à l’emploi. La sagesse africaine nous enseigne : « Quand le tambour résonne trop fort, il annonce la tempête. » Le silence du peuple ressemble à un tambour qui gronde. Et souvenez-vous : nul n’a jamais vaincu un peuple en colère.
La société civile, elle aussi, est convoquée devant sa responsabilité morale. Elle ne peut pas se contenter d’observer et de commenter. Elle doit rappeler aux dirigeants que le pouvoir n’est pas un héritage familial ni un privilège de caste, mais un service sacré.
M. Kamerhe s’en va. Mais la faim, la peur, la misère, elles, restent. Si demain, le peuple se lève avec la même énergie que vous déployez pour vos querelles politiques, aucun de vous ne sera épargné.
Conclusion: L’heure d’agir est arrivée
Il ne suffit plus de promettre, il faut agir. L’histoire n’épargne pas les dirigeants qui se sont détournés de leur peuple. La colère qui s’accumule dans les cœurs congolais est une bombe à retardement. À vous, dirigeants : choisissez entre entrer dans l’histoire comme les bâtisseurs d’un Congo nouveau, ou disparaître comme les fossoyeurs d’un peuple que vous avez méprisé. À vous, société civile : redevenez la voix qui bouscule, qui dérange, qui force à changer. À vous, peuple congolais : votre dignité est votre arme, votre unité est votre bouclier, votre voix est votre pouvoir. Le Congo n’attend plus. Il est temps de transformer la douleur en force, la colère en courage, et l’indignation en action.
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