Maintien en poste de Félix Tshisekedi jusqu'à la fin de l'agression ?
(Omer Nsongo die Lema)
Sous le titre : "Élection après la guerre, l’UDPS ferme la porte à toute perspective d’un scrutin en 2028", le site "congo-etatsunis.tv" reprend intégralement l'article publié le 5 novembre 2025 dans sa page Facebook...
Dans cette dépêche, l'auteur relève 3 cas de figure. Premier cas : "le parti présidentiel semble préparer l’opinion à l’idée d’un possible report du scrutin" pour cause de guerre. Deuxième cas : "Félix Tshisekedi restera au pouvoir jusqu’à ce que la paix revienne à l’Est’’. En d’autres termes, jusqu'à ce que l'agression rwandaise prenne fin. Troisième cas de figure : "le Chef de l’État serait investi d’une 'mission divine' pour 'sauver la RDC de la main du Rwanda"'.
Vouloir une chose et son contraire
Vrai ? Faux ? En communication, ça s'apparente à une sonde. On veut s'assurer du soutien de l'opinion nationale à cette perspective. Ce qui laisse supposer que l'idée d'une prorogation du mandat de Félix Tshisekedi est déjà adoptée.
Ainsi, comme dans une distribution des rôles pour une scène d'art dramatique, les tâches sont réparties pour une "campagne de sensibilisation" sur l'après 2028. Objectif : promouvoir la thèse de l'impossible tenue des élections pour cause de la guerre, euphémisme pour dire fin de l'agression rwandaise.
Dans cette répartition, il y a des acteurs qui squattent les médias, principalement les chaînes dites YouTube.
Certaines sources suggestionnent d'ailleurs l'existence d'une proposition de loi allant dans ce sens.
Député national Udps, Éric Ngalula est formel : "Nous parlerons de 2028 quand la paix sera revenue à l'Est. Tant qu'il n'y a pas de paix, il n'y aura pas d'élections dans ce pays".
Dans les deux cas, tous se réfèrent au second mandat de Joseph Kabila prorogé de deux ans (2016-2018).
Il se fait seulement que ceux qui promeuvent ce schéma doivent aller au bout de la logique, c'est-à-dire accepter l'instauration d'une Transition issue d'un Dialogue.
Pour mémoire, les Négociations du centre Interdiocésain catholique de Kinshasa) organisées du 12 au 31 décembre 2016 à l'initiative de la CENCO en furent un pour avoir remplacé le Dialogue de la Cité de l'Union africaine clôturé le 18 octobre de la même année.
On ne peut pas vouloir une chose (maintien en poste de Félix Tshisekedi après 2028) et son contraire (rejet du Dialogue).
Un danger réel pour le Président de la République
Il y a aussi ceux qui lient la tenue des élections à la fin de l'agression rwandaise.
Autant le leur dire d'emblée : c'est une réflexion irrationnelle.
Et pour cause !
Primo, l'agression rwandaise est soumise au même principe que toutes les guerres qui se produisent au monde depuis la nuit des temps : on sait comment elle commence ; on ne sait jamais comment elle se termine.
La guerre en cours a démarré en 2022 avec comme première prise territoriale importante la cité de Bunagana, à la frontière congolo-ougandaise. Les éléments du M23 ayant attaqué la RDC sont partis du mont Sabinyo où se croisent trois frontières : RDC-Ouganda, RDC-Rwanda, Rwanda-Ouganda. Les sources fiables affirment que l'infiltration s'était opérée du côté de la frontière rdcongolaise-ougandaise.
Depuis, on ne fait aucun effort pour élucider ce "mystère".
Tout ce que nous savons pour l'instant est que la crise sécuritaire entre la RDC et le Rwanda est "gérée" par le Processus de Washington, processus qui ignore deux acteurs importants voisins de Kigali : Kampala et Bujumbura.
Le souhait de tous les Congolais étant sa fin dans l'immédiat, faut-il encore qu'on y parvienne ! Cela veut simplement dire que cette guerre va se terminer soit avant, soit pendant, soit après l'année 2028.
En clair, selon la volonté des protagonistes internes et externes !
En plus, comme le souligne si bien Didier Mumengi dans une vidéo, on fait bien la guerre lorsqu'on connaît très bien l'ennemi, notamment ses motivations.
Peut-on dire de la RDC qu'elle connaît l'ennemi Rwanda dans ses motivations profondes ?
Vraisemblablement, non ! A moins de s'être ressourcée suffisamment auprès des experts...
À supposer, après adoption au Parlement de cette proposition de loi et promulgation de celle-ci par le Président de la République, que le Rwanda mette subitement fin à la guerre en 2026 ou en 2027, avec quel argument le Pouvoir soutiendra-t-il la thèse de l'impossible tenue des élections en 2028 ?
Déjà, l'argument de lier le processus électoral à l'occupation des territoires est un non-sens en ce que le scrutin de 2023 a eu lieu en pleine guerre ; la cité de Bunagana étant occupée comme bien d'autres localités où il n'y a pas eu élections ! Pourtant, le scrutin validé par la Céni et la Cour constitutionnelle a légitimité le mandat actuel du chef de l'Etat.
Secundo, faire dépendre le maintien en poste de ce dernier par la fin de la guerre a un côté "absurde".
En effet, autour de Félix Tshisekedi gravitent des "va-t-en-guerre" qui voudraient la prolongation de l'agression pour une raison ou une autre. Par exemple la fierté d'infliger une défaite retentissante à Paul Kagame, si seulement on y parvient. Ou encore l'affairisme selon l'adage "Faites la guerre pendant que nous faisons des affaires" !
Bien plus, ces "va-t-en-guerre" peuvent même devenir un danger réel pour le Président de la République s'il lui arrive de s'investir sérieusement et totalement dans le schéma d'une solution négociée.
Capables de toutes les compromissions, ils peuvent s'allier avec toutes les puissances extérieures et toutes les forces politiques et sociales intérieures pour maintenir le pays en état de guerre permanent.
Au final, c'est Félix Tshisekedi qui en fera les frais.
Voir Felix Tshisekedi pris au piège d'une prorogation du mandat au forcing
Au regard de ce qui précède, le chef de l'État ne gagne rien du schéma d'un processus électoral lié à la fin de la guerre, encore moins d'une prolongation de mandat sans passer par le Dialogue.
Par contre, il a tout à gagner en initiant le Dialogue national pour la Refondation de la République Démocratique du Congo et à y proposer un cahier des charges convaincant.
Après tout, le Dialogue national sera la "confrontation des cahiers des charges".
Dans cette optique, il ne va nullement de son intérêt d'agir avec flottement comme cela semble bien le cas en ce que tantôt il donne l'impression d'être pour cette initiative, tantôt il s'y oppose.
Car, il se met dans une situation délicate si, s'inspirant de la sagesse de Salomon, les forces politiques et sociales actuellement indexées du fait de ne pas dénoncer l'agression rwandaise se réveillent un matin et le fassent publiquement avec pour seul argument le salut de la Nation !
On ne voit pas quelle fierté ni honneur le chef de l'État pourrait en tirer en convoquant dans ces conditions le Dialogue national. Il ne pourrait même pas poser d'autres conditions qui auraient pour conséquence de convaincre l'opinion d'être à la base du "blocage" !
Le risque, comme on peut le percevoir au regard de tous les cas de figure évoqués ci-dessus, est de voir Félix Tshisekedi pris au piège d'une prorogation du mandat au forcing !
Pour rappel, ses opposants (politiques, armés, religieux etc.) n'ont pas de mandat constitutionnel.
Pour rappel, ses opposants (politiques, armés, "religieux", etc.) n'ont pas de mandat constitutionnel !
Lui, il y est soumis...
Omer Nsongo die Lema
@omernsongo
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