Révolution de la Conscience Révoltée(8) , Quand les masques tombent : Nicolas Kazadi parle, et tout le monde se découvre"
(Par Jonas Tshiombela)
Avocat du Peuple
Il aura fallu qu’il quitte les lambris dorés du ministère des Finances pour que Nicolas Kazadi parle. Aujourd’hui, l’ancien grand argentier de la République démocratique du Congo lève le voile sur les coulisses opaques de la gestion publique, dénonçant conflits d’intérêts, pillage organisé et pressions politiques. Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi ce silence durant tout son mandat ? Et pourquoi ses anciens collègues, complices ou silencieux hier, crient-ils aujourd’hui au scandale avec une indignation tardive ?
Une prise de parole tardive… mais révélatrice
Il faut être honnête : Nicolas Kazadi ne pouvait peut-être pas parler avant. Ministre au cœur du système, il était tenu par la loyauté gouvernementale, l’omerta politique, et peut-être aussi par le jeu dangereux des équilibres internes. Mais son silence n’est pas excusable pour autant. Il est aussi responsable que les autres de ce système qui continue à broyer les Congolais les plus vulnérables.
Cependant, en brisant aujourd’hui ce silence, il jette une lumière crue sur un fonctionnement étatique gangréné par les intérêts privés, la prédation et le cynisme. Son témoignage est précieux, mais il pose une autre question : fallait-il vraiment attendre sa dénonciation pour que les autres ceux qui le critiquent aujourd’hui se réveillent ?
Les détracteurs d’hier, silencieux d’hier
Ils sont nombreux, aujourd’hui, à tirer sur Kazadi à boulets rouges. Certains y voient une revanche politique, d’autres une manœuvre pour masquer leur propre passivité. Mais où étaient-ils quand il fallait exiger des comptes en temps réel ? Pourquoi ce réveil soudain ? L’indignation sélective est aussi une forme de complicité.
La vérité est que la plupart des élites politiques congolaises ont cultivé le silence, la lâcheté ou la duplicité. Et c’est cette culture du silence alimentée par les deals souterrains et les intérêts partagés qui permet aujourd’hui encore aux milliards publics de disparaître dans les poches d’une minorité.
Justice absente, peuple trahi
Comme toujours, la justice congolaise brille par son absence. Aucun procureur ne s’est encore saisi des dossiers évoqués. Aucun audit public n’a été déclenché. Aucune commission indépendante n’a été constituée. Pendant ce temps, la majorité des Congolais vit sans eau, sans lumière, sans soins de santé, sans avenir pour leurs enfants.
L’impunité n’est pas une fatalité : c’est une décision politique. C’est le choix de protéger les siens au lieu de servir la nation. Et tant que ce choix prévaudra, le pillage continuera, comme un cancer incurable.
Reprendre le contrôle du destin national
Les dénonciations de Kazadi qu’elles soient sincères ou stratégiques doivent être un point de départ. Pas un simple épisode médiatique. L’heure est venue d’en finir avec les règlements de comptes entre factions pour construire un véritable mécanisme de redevabilité et de sanction.Pistes de rupture concrète :
1. Création d’un parquet financier autonome, doté de compétences nationales et internationales, avec obligation de résultats.
2. Mise en place d’une plateforme nationale de signalement des crimes économiques, ouverte aux citoyens et protégée par la loi.
3. Audit public et participatif de toutes les dépenses majeures des cinq dernières années, avec sanctions pour les auteurs de malversations.
4. Inscription dans la Constitution du caractère imprescriptible des crimes économiques majeurs.
5. Mobilisation citoyenne autour de la justice sociale et du contrôle populaire des ressources.
Il ne suffit plus de dénoncer. Il faut agir. Le peuple congolais mérite autre chose qu’un théâtre de dénonciations politiciennes. Il mérite la vérité, la justice et la réparation. Et cela ne viendra ni des anciens ministres repentis, ni des politiciens en quête de revanche, mais d’un sursaut national et populaire.
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