Devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, New York : Bintou Keita invite les politiques congolais au dialogue

La Cheffe de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation au Congo, MONUSCO, a présenté, ce mardi 30 septembre 2025, son briefing du rapport trimestriel du Secrétaire Général devant le Conseil de Sécurité de l’ONU, à New York, sur la situation sécuritaire en RDC. Dans son allocution, la Représentante Spéciale du Secrétaire Général de l’ONU en RDC a invité les responsables politiques à «être inclusifs» et à «choisir le dialogue». Car, sans cela, dit-elle, «les élections générales de 2028 ne pourront bénéficier d’un climat de sécurité et de confiance». Elle a aussi appelé à «condamner les discours de haine d’où qu’ils proviennent». Ci-dessous, un extrait de son allocution devant le Conseil de sécurité.
Extrait de l’allocution de Bintou Keita, RSSG de l’ONU
Permettez-moi d’abord de souligner les progrès enregistrés depuis le 27 juin.
Plusieurs jalons importants ont été franchis. Des pays et organisations
régionales : les États-Unis, le Qatar, l’Union africaine, la Communauté
d’Afrique de l’Est et la Communauté de Développement de l’Afrique
australe se sont engagés de manière concrète en faveur de la paix. Les
parties se sont engagées dans les pourparlers de paix.
À la suite de la signature de l’Accord de Washington le 27 juin, deux réunions
du Comité de surveillance conjoint et du Mécanisme conjoint de coordination
de la sécurité ont eu lieu.
Les pourparlers de Doha ont repris. Ils ont abouti à la signature en juillet
d’une déclaration de principe entre le Gouvernement de la RDC et l’AFC/M23.
Les facilitateurs de l’Union africaine ont rencontré des femmes, des leaders
communautaires et des représentants de la société civile. Tous sont des
acteurs indispensables pour une paix inclusive.
Toutefois, la paix tarde à se concrétiser sur le terrain.
Depuis juin, la MONUSCO a comptabilisé 1’087 civils tués lors d’actes de
violence en Ituri et au Nord-Kivu. Et le bilan s’alourdit de jour en jour.
Monsieur le Président,
Au sein du pays, une initiative de dialogue interne a vu le jour. Elle est portée
par les principales confessions religieuses et soutenue par le Président Félix
Tshisekedi. Elle a déjà produit des résultats : une feuille de route publiée en
août marque une étape décisive. Ouvrir l’espace civique et renforcer la
cohésion sociale sont essentiel. Sans cela, les élections générales de 2028
ne pourront bénéficier d’un climat de sécurité et de confiance.
J’appelle tous les responsables politiques à être inclusifs. A condamner les
discours de haine d’où qu’ils proviennent. A choisir le dialogue. En même
temps, j’exhorte la population à s’abstenir de tels discours, à ne pas propager
la désinformation et la mésinformation.
Monsieur le Président,
Cependant, la violence n’est pas l’apanage d’un seul groupe armé. Les
Forces démocratiques alliées (ADF) ont également continué leurs attaques
au Nord-Kivu et en Ituri. Lié à l'État islamique Province d’Afrique centrale, les
ADF ont exécuté 300 civils au cours des trois derniers mois.
Les ADF ciblent les rassemblements solennels. Les services religieux. Les
funérailles.
Des hommes, des femmes et des enfants sont tués, blessés ou enlevés.
En Ituri également, les affrontements entre la Convention pour la Révolution
Populaire (CRP) et l'armée congolaise viennent ajouter au lourd bilan. Les
attaques de la Coopérative pour le Développement du Congo (CODECO)
persistent. Et les civils, malheureusement, sont pris au piège. Dans la nuit de
dimanche à lundi, la MONUSCO a abrité 3’500 personnes dans sa base de
Gina après les affrontements entre le CRP et les FARDC.
Dans ce contexte, j'exhorte tous les groupes armés participant au dialogue de
paix Aru II en Ituri, à honorer leurs engagements et à libérer les 400 enfants
qu'ils détiennent encore.
Au Sud-Kivu, la situation des droits de l’homme reste profondément
préoccupante. Bien que cette province ne relève plus du mandat
opérationnel de la MONUSCO depuis juillet 2024, la situation qui s’y
développe demande l’attention de ce Conseil. Les Wazalendo et les groupes
armés alliés continuent d’opérer en toute impunité, et de graves violations et
abus des droits de l’homme persistent.
La MONUSCO continue de recenser les violations et abus graves, y compris
les violences sexuelles liées au conflit. Nous savons toutefois que tous les
cas ne sont pas signalés. Dans les zones contrôlées par l’AFC/M23, les
restrictions à la liberté de mouvement réduisent encore davantage notre
capacité à mener des enquêtes sur le terrain. Le Bureau conjoint des Nations
Unies pour les droits de l’homme doit pouvoir accéder à ces zones afin de
surveiller la situation des droits de l'homme, conformément au mandat
confié par le Conseil. À cet égard, j’encourage le déploiement de la
commission d’enquête indépendante sans délai, pour laquelle le
financement est encore pendant.
Dans ce contexte, j'exhorte tous les groupes armés participant au dialogue de
paix Aru II en Ituri, à honorer leurs engagements et à libérer les 400 enfants
qu'ils détiennent encore.
À ce jour, le Plan de réponse humanitaire n’a reçu que 15,2 % du financement
requis, contre 41 % à la même période l’an dernier. Le retrait de certains
bailleurs majeurs a provoqué un effondrement du financement.
Résultat :
Plus de 27,7 millions de personnes sont en insécurité alimentaire, dont 5,7
millions en Ituri et au Nord-Kivu.
Dans certains endroits, l’aide est suspendue.
Moins de personnes recevront une assistance. Pour d’autres, les rations
seront réduites.
La mortalité maternelle augmente.
L’écart se creuse entre besoins vitaux et moyens disponibles.
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