All Section

Cris de détresse de la population du Sud-Kivu : Urgence à la paix et à l'application de la résolution 2773 du Conseil de Sécurité des Nations Unies

Cris de détresse de la population du Sud-Kivu : Urgence à la paix et à l'application de la résolution 2773 du Conseil de Sécurité des Nations Unies

"Je lève les yeux vers les montagnes : d'où le secours me viendra-t-il ?" (Ps 120, 1), un cri de détresse de la population vivant dans les provinces occupées par l’armée rwandaise avec ses complices de l’AFC/M23. Après avoir acquis l’habitude de faire un point de presse sur l’état global de la province depuis le mois de mai 2024, le bureau de la Coordination de la Société civile du Sud-Kivu avait formulé plusieurs recommandations après analyse du contexte. Dans cette situation alarmante, la population de la province du Sud-Kivu fustige le silence du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur la non applicabilité de la Résolution 2773 adopté par le Conseil de sécurité le 21 février 2025. Cette résolution a suscité de l'espoir au peuple meurtri par la guerre d'agression en RDC en affirmant son ferme attachement à la souveraineté, å l'indépendance, à l'unité et à l'intégrité territoriale de la RDC et soulignant la nécessité de respecter la non-ingérence, la politique de bon voisinage et de coopération régionale et condamnant toute violation de l'intégrité territoriale de la RDC. Trois mois après, elle continue à rester lettre morte, suscitant un désespoir au sein de cette population longtemps meurtrie.

Ci-dessous l’intégralité (de façon séquentielle) de la situation globale de février à mai 2025

SITUATION GLOBALE DE FEVRIER A MAI 2025

Le Bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu avait déjà pris l'habitude de faire un point de presse mensuel ou bimensuel sur l'état global de la province depuis le mois de mai 2024, soit un mois après élection de l'actuelle équipe du Bureau de Coordination provinciale. Beaucoup de recommandations ont été formulées après analyse du contexte. Aujourd'hui, plus de trois mois après la prise de la ville de Bukavu par les rebelles de la coalition AFC/M23, cet exercice n'a plus été observé pour les raisons que nul n'ignore.

Le constat amer est que plusieurs alertes ont été faites, des manifestations organisées pour dénoncer l'avancée de la guerre d'agression dont est victime la RDC et menée par le régime de Kigali avec ses supplétifs de l'AFC /M23, mais dommage que nos autorités à Kinshasa n'ont pas été sensibles à ces alertes au point qu'on enregistre aujourd'hui plus de dégâts sur tous les plans, lesquels se sont aggravés avec la guerre que nous ne cesserons de condamner comme Société Civile du Sud Kivu car si dialogue sincère il y avait, elle aurait pu être évitée.

Pire encore, même dans les zones contrôlées par le gouvernement de Kinshasa, on enregistre les violations des droits humains et la population de la province du Sud Kivu dans les 8 territoires, 4 villes qu'elle compte traverse des moments très difficiles.

Comme le Roi David dans le psaume précité, aujourd'hui la population du Sud-Kivu ne sait plus à quel saint se vouer ; et n'espère qu'en Dieu. Elle se sent de plus en plus meurtrie, abandonnée autant par le Gouvernement de Kinshasa qui est légitimement investie de cette lourde mission de protéger sa population et défendre l'intégrité territoriale, et pire encore par la coalition AFC/M23 constituée des autorités rebelles au gouvernement de Kinshasa.

La population du Sud Kivu se demande aussi si le Conseil de Sécurité des Nations Unies est devenu incapable devant cette situation qui prévaut dans les provinces du Nord Kivu et du Sud Kivu au point qu'on n'entend plus parler aujourd'hui de la mise en œuvre de la Résolution 2773 adopté par le Conseil de sécurité le 21 février 2025. Cette résolution a suscité de l'espoir au peuple meurtri par la guerre d'agression en RDC en affirmant son ferme attachement à la souveraineté, å l'indépendance, à l'unité et à l'intégrité territoriale de la RDC et soulignant la nécessité de respecter la non-ingérence, la politique de bon voisinage et de coopération régionale et condamnant toute violation de l'intégrité territoriale de la RDC.

Cette résolution condamne l'offensive et les avancées du M23 au Nord-Kivu et au Sud-Kivu avec le soutien des Forces de défenses rwandaises(RDF), leur contrôle de la ville de Goma, la prise de l'aéroport et des principales entrées de Goma le 21 janvier 2025 et de Bukavu le 14 février 2025(point 1 ), décide que le M23 doit immédiatement cesser les hostilités, se retirer de Goma et Bukavu et de toutes les zones contrôlées, y compris terrestre et lacustres et revenir totalement sur la mise en place de l'administration parallèles illégitimes sur le territoire de la RDC et que ce retrait ne doit pas être entravé (point 2), invite les forces de défense rwandaises à cesser de soutenir le M23 et à se retirer immédiatement du territoire de la RDC, sans conditions préalables(point 4 de l'accord) etc.

Cela fait déjà trois mois que la résolution a été prise et aucune application n'a été observée.

Pendant ce temps, la majorité de nos élus qui n'ont pas été en vacances parlementaires et les ministres ressortissants du Sud Kivu ne s'expriment pas ouvertement sur ce dossier de guerre d'agression, ni parvenir à s'unir autour du caucus de députés et sénateurs au niveau national, en vue de communier avec la population ne fut ce qu'en posant des gestes de charité dans leurs fiefs respectifs comme ils ont l'habitude de le faire pendant la campagne électorale ou pendant leurs missions ou vacances parlementaires. Complicité ou incapacité devant la situation actuelle ? la population sud kivutienne s'interroge !

Par ailleurs, voici la situation globale documentée par les structures de la Société Civile et compilée par le Bureau de Coordination sur une période qui s'étend de février à mai 2025

 

l. Situation dans les zones dites libérées (sous occupation de la coalition AFC/M23 soutenue par le Rwanda à travers les RDF)

a. Ville de Bukavu (occupée depuis le 14 février 2025)

- La population est terrorisée par des cas d'enlèvements, surtout des jeunes à destination inconnue. Le cas le plus récent est celui du chef de groupement de Kaniola BALOLEBWAMI MATEMBURA Pierrot enlevé le soir du 29 mai 2025 à Nyawera par un militaire de l'AFCM23 à bord d'une jeep land cruiser vers 18h (d'après les dernières nouvelles, ce dernier se retrouverait au cachot de l'ANR Bukavu et n'a pas droit aux visites des membres de sa famille ni de ses avocats.

Beaucoup des cas de vols à mains armées dans les communes de Bagira, Ibanda et Kadutu commis par la plupart des prisonniers qui ont quitté la prison centrale de Bukavu et tes différents cachots et par des hommes en armes non autrement identifié.

- Extorsion des véhicules de l'Etat congolais et de certains paisibles citoyens emportés au Rwanda après stockage dans le bureau de l'OVD à Bukavu, certains véhicules y sont même démontés. Avec la dénonciation du vaillant pasteur Bujiriri, la coalition AFC M23 a pu remettre certains véhicules à certains privés. Actuellement tous les véhicules pris dans la ville de Bukavu par l'AFC M23 et qui y sont restés pour leurs services, sont en train d'être repeint tous par une couleur autre que celle des FARDC et deviennent tous des véhicules militaires. Il y a même le maire actuel de la ville de Bukavu, Monsieur MUGANZA WAKANDWA qui roule carrosse dans un véhicule appartenant au Bureau diocésain des œuvres médicales, un service de l'Archidiocèse de Bukavu et qui ne veut pas le restituer à l'Eglise malgré les multiples demandes.

Cas d'assassinats ciblant pour la plupart de fois des jeunes accusés d'être Wazalendo

- Les banques et coopératives ne fonctionnent pas créant une insécurité économique aux conséquences fâcheuses : hausse vertigineuse de prix des denrées alimentaire, difficulté d'accès aux salaires par les fonctionnaires de l'Etat et surtout les pauvres enseignants longtemps clochardisés de même que les infirmiers. Les écoles et universités, les hôpitaux, les associations sans but lucratif, les opérateurs économiques, tout le monde souffre de cette situation et c'est malgré la promesse fallacieuse des autorités du mouvement, faite au meeting meurtrier de la place de l'indépendance quelques jours après la prise de la ville et consistant à ouvrir urgemment les banques. Les autorités de l'AFC M23 ont même nommé des nouveaux agents la CADECO, celle-ci ne fonctionne pas non plus, II faut cependant noter que la situation sécuritaire dans la ville actuellement n'est pas favorable pour les opérations bancaires étant donné les cambriolages qui s'y effectuent dans la journée et vers la soirée font peur. (Cas de braquage de l'alimentation charcom et d'un opérateur de Airtel money victime de balles réelles à Nyawera). Il y a également l'absence de la justice formelle, l'absence des prisons, l'absence des éléments de la police nationale pour la sécurisation des banques qui aggravent la situation.

- Aujourd'hui le dollar se change entre 2900 et 3200fc contrairement à 2800, 2850fc dans les zones contrôlées par le gouvernement. Une mesure d'haricots varie entre 5000fc et 6000fc alors que vendue avant entre 3500fc et 4500fc

Les maisons de télécommunication Artel, Vodacom, Orange, Africel, faute de devises à cause de la fermeture des banques, imposent à leurs clients de montants supplémentaires lors de retrait des fonds et c'est malgré l'envoi des frais de retrait. Ainsi pour retirer une Somme de 100$, le client doit en perdre 10$.

Il y a eu pillage au marché de Kadutu, à la Société Bralima, dans les entrepôts du PAM causant d'énormes préjudices aux grands et petits commerçants et empêchant à des personnes vulnérables d'accéder à l'aide humanitaire. Beaucoup d'autres commerçants ont subi des actes de pillage deux jours avant la prise de la ville et même après.

- Un meeting a été organisé par les autorités de l'AFC/M23 le 27 février 2025 à la place de l'indépendance le 27 février 2025. 15 personnes sont mortes suites aux éclats de grenade ou des bombes lancés dans la foule à quelques minutes de la fin du meeting. Les victimes ont été enterrées au cimetière de Musigiko à Bagira avec l'assistance du CICR.

- L'on assiste à une véritable insécurité alimentaire dans les ménages qui consomment difficilement deux repas par jour.

- A cause de l'insécurité et du traumatisme liée à la guerre, la circulation est réduite à partir de 18h30. Désormais plus de karaoké, fêtes des mariages qui se déroulaient au-delà de 21h.

- Les élèves ont été perturbés dans leur scolarité au cours de cette année.

- Les commerçants font face à une multitude des taxes presque dans tous les domaines et parfois à une double taxation qui frappe plus les petits commerçants qui exercent le commerce transfrontalier ou qui amènent les denrées alimentaires de Goma vers Bukavu et d'autres territoires comme Idjwi, Kabare, Kalehe et Walungu. L'on taxe même les denrées alimentaires apportés aux familiers dans la ville et qui ne sont pas destinés au commerce, cas de taxes d'ananas, légumes, régime de bananes, venant de Bunyakiri, Mudaka, Idjwi, etc. entre 500 et 20.000Fc. Plus de communication ordinaire par route entre Uvira et Bukavu.

Certains rescapés ont déclaré à la Société Civile que certains de plus de 1500 policiers qui s'étaient rendus au M23 et amenés en formation à Rumangabo seraient morts dans des circonstances peu élucidées et le sort d'autres n'est pas connu jusqu’à présent car le recyclage était prévu pour une période d'un mois mais ces policiers n'ont pas regagné la ville de Bukavu depuis lors et beaucoup de familles restent sans nouvelles de leurs fils et filles/ femmes/maris

- Les travaux des réhabilitations des routes par les placements des pavés dans la ville de Bukavu sont aux arrêts

- Des cas de viols ont été rapportés lors de vols à mains armées perpétrées dans certaines familles dans la ville de Bukavu. L'on rapporte également d'autres cas de viols aux environs du camp Saio.

- Des informations recueillies sur place avaient fait également état de certains cas des personnes enlevées et dont les membres de familles avaient récupéré les corps au camp Saio entre le mois de février et mars 2025. Ce phénomène semble avoir cessé ces deux derniers mois,

- Avec le retrait des FARDC signalé deux jours avant la prise de la ville, beaucoup d’armes ont été abandonnées au camps Saio et d'autres au camp TP à l'industriel et récupérées par les bandits qui opèrent dans la ville et ses environs. Des images des jeunes enfants en tenue militaire et détenant des armes avaient été tués lors de la prise de la ville de Bukavu. Ces enfants, probablement des militaires FARDC en fuite, avaient terrorisé ta ville deux jours avant la prise de la ville de Bukavu.

- Les maisons de l'Etat dont la plupart étaient spoliées pendant le règne du Gouverneur Ngwabije font objet de destruction et de vente. On assiste également à des nouvelle\les spoliations de maisons de l'Etat surtout dans la commune de lbanda.

- La justice ne fonctionne plus. Désormais au Palais de justice de Bukavu un Point focal justice désigné par PAFC M23 qui a mis également en place une chambre pour le traitement des dossiers civils et les dossiers pénaux sont traités par l’ANR qui aurait changé de dénomination car devenue « Direction de sécurité et renseignement on ne sait selon quelle législation congolaise ! Depuis lors, les Magistrats, les avocats et défenseurs judiciaires et autres auxiliaires de la justice ont été contraints au chômage suite à cette situation et leurs familles vivent dans des conditions sociales très difficiles. La plupart d'entre eux sont incapables de payer les loyers, les soins médicaux, la scolarité des enfants et même de quoi manger. Qui réparera ces préjudices ?

- Des sources sûres font état de renvoi au pays voisin, le Rwanda, d'importantes sommes d'argent collectées à titre des taxes et Impôts.

(La suite dans nos prochaines éditions)

Comments est propulsé par CComment

Author’s Posts

Image

Download Our Mobile App

Image
Image
© 2025 JoomShaper. All Rights Reserved

Design & Developed by IKODI DESIGN & IT SOLUTIONS