Controverses autour des salaires des députés, Fossé entre les déclarations de Vital Kamerhe et les réalités budgétaires

Lors de la clôture de la session parlementaire de mars, Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, a affirmé que les salaires d’un député s’élève à 14 millions de francs congolais (environ 5000$ USD) avantages compris. Cependant, cette déclaration suscite une vive controverse, car elle semble diverger considérablement par rapport aux prévisions budgétaires réelles.
Selon la loi de Finances 2024 en cours d’exécution, l’enveloppe globale de la rémunération annuelle de 500 députés nationaux est de 140, 4 milliards de francs congolais, soit environ 50 150 165 USD au taux de 2800fc pour 1 dollar. Ainsi, le Trésor public décaisse chaque mois 4179180 USD pour les salaires des députés correspondant à une rémunération individuelle de 8 358 USD.
Il est important de noter que les dépenses du Trésor public s’effectuent selon le taux budgétaire actuel de 2500 FC pour 1 USD. En appliquant ce taux, l’Assemblée nationale débourserait plus de 56 millions USD par an pour la rémunération des députés nationaux, soit 4680 682 par mois équivalant à une rémunération mensuelle de 9 361 USD par député.
Les chiffres avancés par Kamerhe (5 000$USD ) sont donc inférieurs au montant réel prévu par la loi des Finances et calculés selon le taux budgétaire. Cette incohérence soulève des questions sur la transparence et la gestion des fonds publics alloués à l’Assemblée nationale.
Par ailleurs, la société civile a dénoncé l’existence d’une ligne de crédit dénommée fonds spécial d’intervention allouée à certaines institutions, dont l’Assemblée nationale. Pour cette année, ce fonds est de 163, 9 millions USD, selon la loi des Finances 2024.
Selon plusieurs experts, ce montant servirait à financer des primes et gratifications non officielles, augmentant ainsi la rémunération des députés de manière non transparente.
Dans une correspondance adressée à Vital Kamerhe fin mai, le Centre de recherches en finances publics et développement local (Crefdl) a exhorté le nouveau président de l’Assemblée nationale à promouvoir la transparence concernant cette ligne de crédit, ainsi que l’autre dénommée ‘’Autre’’ personnel alloué à l’institution.
Un rapport de contrôle citoyen publié en mai dernier par le (Crefdl) révèlerait que le Trésor public avait dépensé près de 330 millions USD pour la rémunération des députés nationaux et des sénateurs entre 2021 et 2023. La différence notable entre les déclarations de Kamerhe et les réalités budgétaires, associées à l’existence des fonds opaques de corruption et à la mauvaise gestion des Finances publiques par le Parlement.
Michel Okaso
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