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Ce que prévoit le plan signé par la RDC et le Rwanda

Ce que prévoit le plan signé par la RDC et le Rwanda

 Réunis à Luanda le 25 novembre, les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda ont approuvé un document qui avait été signé par leurs experts en matière de sécurité. Celui-ci encadre les opérations contre les FDLR et précise les modalités du désengagement des forces rwandaises. Un instrument clé que Jeune Afrique a pu consulter. Après une série de rendez-vous manqués ou infructueux ces derniers mois, les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda ont franchi une étape dans le processus de médiation piloté depuis 2022 par le président angolais, João Lourenço. Réunis pour la sixième fois dans la capitale angolaiseOlivier Nduhungirehe, le chef de la diplomatie rwandaise, et son homologue congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, ont « examiné et approuvé le Concept d’opérations (Conops) ». L’annonce a été faite par le Ministère angolais des Affaires étrangères dans la foulée de la réunion qui s’est tenue le 25 novembre.

Âpres négociations

Ce document fixe le cadre dans lequel doit être mené le « plan harmonisé » censé permettre d’apaiser les tensions entre les deux pays. D’un côté, il encadre les opérations prévues contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe fondé par d’anciens génocidaires rwandais qui combat aux côtés de l’armée congolaise face au M23. De l’autre, il fixe les modalités du désengagement des forces rwandaises qui soutiennent les rebelles. Depuis novembre 2021, ceux-ci ont conquis, avec l’aide de l’armée rwandaise, de vastes pans de la province du Nord-Kivu.

Une première mouture, négociée fin août, avait été retoquée par la partie congolaise mi-septembre. Le document discuté le 25 novembre a cette fois été approuvé par les ministres des trois pays. Intitulé « Concept des opérations du plan harmonisé de neutralisation des FDLR et de désengagement des forces/levée des mesures défensives du Rwanda », il a fait l’objet d’âpres négociations. Rédigé par la facilitation angolaise, il a été signé le 31 octobre par le patron de l’Agence nationale de renseignement (ANR) de la RDC, Justin Inzun Kakiak, par le secrétaire général adjoint de la National Intelligence and Security Agency (Niss, les renseignements rwandais), Jean-Paul Nyirubutama, ainsi que par le chef des renseignements extérieurs angolais, Matias Bertino Matondo.

Ce document de sept pages se fixe plusieurs « objectifs politiques », notamment celui de « rétablir un climat de confiance » entre la RDC et le Rwanda, de « créer un environnement sûr et sécurisé favorisant la reprise des activités socio-économiques » et de « mettre un terme [aux] discours de haine et attaques verbales ».

Pour y parvenir, chaque pays se voit confier une série de missions : la RDC doit « neutraliser les FDLR » et « favoriser [leur] rapatriement au Rwanda », « garantir les conditions d’une paix et d’une stabilité durables dans la sous-région des Grands Lacs » et « assurer le retour des déplacés dans leurs milieux d’origine ». De son côté, Kigali doit « désengager ses forces/lever ses mesures de défense » et « assurer la réintégration sociale des ex-combattants FDLR démobilisés et rapatriés au Rwanda ».

« Actions ciblées contre les FDLR »

Selon le Conops, tout cela peut être fait en trois mois. La première phase, qui s’étend sur quinze jours, doit notamment être consacrée à « l’analyse du niveau de menace posée par les FDLR », à la localisation de leurs positions, de leurs équipements ainsi que ceux de leurs groupes dissidents. Le Rwanda doit, dans l’intervalle, fournir des informations sur ses « mesures défensives » et mettre un terme à ce que le Conops qualifie « d’opérations transfrontalières ponctuelles ».

La deuxième phase du plan prévoit la neutralisation des FDLR et de ses « supplétifs ». Cela passera par des « actions ciblées contre les FDLR », puis par une « évaluation conjointe de l’exécution de ce plan de neutralisation ». La levée des mesures défensives du Rwanda devra également être effectuée puis évaluée à cette occasion.

Après une revue générale de ces opérations (c’est la troisième étape), la dernière phase du Conops devra être celle de la « stabilisation », grâce à la « démobilisation, au rapatriement et à la réintégration des ex-combattants FDLR » et grâce à la « normalisation des relations bilatérales entre la RDC et le Rwanda ». Tout au long de ce processus, un mécanisme de vérification spécialement mis en place par la médiation angolaise sera chargé d’assurer le suivi des progrès effectués.

Reste désormais à voir si l’adoption de ce document, qui n’est qu’une étape dans la résolution du conflit, sera suivie d’effets sur le terrain. Il se fixe des objectifs ambitieux comme l’éradication de la menace FDLR en RDC, la levée des mesures de défense du Rwanda, le rétablissement de l’autorité de l’État dans l’est de la RDC ou encore le rapatriement et la réinstallation des réfugiés présents dans les deux pays. Mais il évoque aussi des « risques et contraintes » : la « stigmatisation de certaines communautés », le risque de « représailles des FDLR contre les populations », ou encore le « manque de volonté politique et de confiance mutuelle » entre la RDC et le Rwanda.

(Avec Jeune Afrique)

 

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