85ème session de la CADHP, Guerre dans l’Est : Samuel Mbemba plaide pour des mesures dissuasives contre le Rwanda
C’est depuis Banjul, en Gambie, que la voix de la République Démocratique du Congo a retenti avec force hier, mardi 21 octobre 2025. Devant la prestigieuse 85ème session de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), le Ministre des Droits Humains, Maître Samuel Mbemba Kabuya, a livré un plaidoyer vibrant et un réquisitoire sans concession contre le Rwanda, accusé d'être l'auteur d'un Genocost qui endeuille l'Est du pays depuis trois décennies. Un grand discours qui appelle l'Afrique à prendre ses responsabilités face à une tragédie humaine sans précédent.
Désigné pour prendre la parole au nom des Etats membres de l'Union Africaine lors de la cérémonie d'ouverture, Samuel Mbemba a saisi cette tribune continentale pour dresser un tableau en deux temps de la situation des droits humains en RDC. D'un côté, les avancées significatives réalisées sous le leadership du Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo ; de l'autre, le drame humanitaire abyssal imposé par une guerre d'agression qui ne dit pas son nom.
Les acquis du mandat de Félix Tshisekedi mis en lumière
Avec la rigueur d'un homme de droit, Me Samuel Mbemba a d'abord tenu à rappeler les efforts colossaux du Gouvernement congolais pour ancrer une culture des droits fondamentaux. Il a ainsi énuméré des réformes phares qui transforment la société congolaise : la promotion active de la parité homme-femme, la gratuité de l’enseignement de base qui a remis des millions d'enfants sur le chemin de l'école, la mise en place de programmes de formation professionnelle pour arracher la jeunesse au désœuvrement, ou encore la prise en charge médicale des enfants drépanocytaires.
Le Ministre a particulièrement insisté sur deux piliers de la vision du Chef de l'Etat : la Couverture Santé Universelle, dont la gratuité de la maternité constitue une révolution pour des milliers de femmes, et l'instauration d'une justice transitionnelle. Ce mécanisme, a-t-il précisé, vise à assurer une "prise en charge holistique des femmes victimes des victimes de la guerre d’agression nous imposée par le Rwanda", reconnaissant ainsi leur statut et leur souffrance.
Après avoir exposé ces progrès, le ton du Ministre s'est durci pour aborder ce qu'il a qualifié de "défi majeur de la RDC pour les droits humains". Sans détour, il a pointé du doigt la guerre d'agression rwandaise comme la source de violations massives et systématiques des droits de l’homme depuis 30 ans.
Les chiffres qu'il a avancés sont glaçants: plus de 10 millions de morts et plus de 10 millions de déplacés internes. Pour couper court à tout déni, le Ministre a souligné que ces chiffres sont corroborés par différents rapports de l’ONU, dont le dernier en date remonte à juillet 2025 et fustige clairement le Rwanda et ses supplétifs de l’AFC/M23.
Humanisant cette statistique macabre, il a lancé à l'assemblée : "Il s’agit des hommes et des femmes comme vous dont les vies ont basculé au drame du jour au lendemain". Pour matérialiser l'horreur, il a listé les noms de localités devenues des symboles de la barbarie : Kishishe, Kibumba, Kitchanga, Maboya, Kanyabayonga, Bwito et Minova. Dans ces lieux, a-t-il martelé, des populations "ont subi une épuration ethnique systématique pour s’accaparer de leurs terres minières". Le mot est lâché, le mobile est exposé : un génocide économique, un Genocost.
Un appel pressant à la conscience africaine
Face à ce drame que l’humanité n’ait jamais connu, la RDC a décidé de ne plus se taire et d'agir. Me Samuel Mbemba a fait deux annonces capitales. Premièrement, la résolution historique adoptée par le Parlement congolais le 17 octobre 2025, reconnaissant officiellement les génocides commis en RDC. Deuxièmement, la création prochaine d'un mémorial du Genocost à Kinshasa, invitant solennellement les participants à venir s'y recueillir pour prendre la mesure de la tragédie.
Le point d'orgue de son intervention a été un appel direct et puissant à la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Le Ministre a demandé à l'institution panafricaine "d’envoyer un signal fort pour décourager l’entêtement du Rwanda et la main invisible derrière lui". Cette interpellation vise non seulement Kigali, mais aussi les puissances qui, dans l'ombre, soutiennent cette entreprise de déstabilisation et de prédation.
En conclusion de son intervention, Me Samuel Mbemba a élargi sa réflexion en plaidant pour une décolonisation des droits humains, suggérant que l'Afrique doit s'approprier les concepts et les mécanismes de justice pour répondre de manière authentique et efficace à ses propres tragédies.
La Pros.



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